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20 - 8e RDV : Deux pieds sur la ligne d'arrivée ?

Nos propos et ceux de Madame Mésange ont été reconstitués à partir de ma mémoire. Ils sont le reflet de ce qu'ils ont provoqué en moi, plutôt que l'exact enchaînement des mots prononcés par la psychologue. Je tenais à le préciser, car ce dernier rendez-vous était très chargé en émotion. Mon témoignage n'est pas journalistique. Je ne prends pas de notes pendant les entretiens que nous réalisons dans le cadre de l'adoption.

Cela étant dit, revenons-en à nos moutons !

Le jeudi 31 mai, à 15h30, nous avions donc rendez-vous avec Madame Mésange. Dans la salle d'attente, Mr Ours me cachait son stress pour éviter d'alimenter le mien qui débordait déjà ; mes doigts jouaient de la batterie sur tout ce qui pouvait leur tomber sous la pulpe. Comme chaque fois, notre psychologue vînt nous chercher dans la salle d'attente, et nous invita à nous assoir autour de la même table ronde qui avait accueilli nos précédents entretiens.

"J'ai avancé dans la rédaction de votre dossier, commença-t-elle. Comme c'est la dernière fois que nous nous voyons, nous ferons un bilan à la fin de la séance. J'imagine que vous avez envie de savoir si votre dossier est positif ou négatif ?"

Un peu déstabilisé par cette question très directe et très réductrice, je réponds :

"Euh... Beu.. Oui, on aimerait bien avoir votre ressenti. Comme vous voulez !"

Sans commenter ma réponse, elle affirme avec aplomb :

"Donc, si on reprend votre dossier, votre projet concerne 2 enfants...

- Non ! la reprend-on instantanément, nous en avions parlé la dernière fois, nous avons décidé de moduler ça en précisant que nous en voulions 1 ou 2.

Elle sourit étrangement et pointe Mr Ours du menton.

"Pourtant, j'ai cru comprendre que Monsieur en voulait deux."

Nous plissons les yeux, incrédules.

"Effectivement, se défend Mr Ours, mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit. Là, vous nous parlez de ce qu'on souhaite, nous, on vous parle du projet d'adoption et nous avions bien différencié avec vous nos souhaits et la réalité des choses. Nous vous avions expliqué qu'ultimement, si on regarde la frise de notre vie, nous aimerions avoir deux enfants. Oui ! Mais ça, c'est sans compter sur le fait qu'il y a très peu de fratries en France et que les Conseils de Famille auront sûrement beaucoup de mal à nous accorder deux enfants. Du coup, nous avions naturellement modulé ce chiffre avec 1 ou 2, et vous sembliez très bien avoir compris notre raisonnement.

- Non, j'ai compris que vous en vouliez deux. Vous m'aviez même dit qu'en avoir un deuxième, si vous en choisissiez d'abord d'en avoir un premier, serait impossible.

- Je ne crois pas qu'on ait dit "impossible". Ou alors, si on a prononcé ce mot, on a certainement mis de l'eau dans notre vin juste après, avec d'autres arguments. On n'a jamais vu ça comme quelque chose d'impossible, seulement comme quelque chose de peu probable, quelque chose de difficile, mais pas impossible.

Puis, elle ajoute :

"Vous m'aviez même confié que vous en vouliez deux parce que comme vous êtes deux, vous pourriez vous occuper d'un enfant chacun, avoir un enfant chacun. "

Mon cerveau me crie qu'elle se paye notre tête, puisqu'à chaque fois qu'elle intervient, elle ponctue ses phrases d'un sourire que je n'arrive pas analyser comme de la bienveillance. Si ce n'est pas de la bienveillance, est-ce de la gêne ? Si ce n'est pas de la gêne, qu'est-ce que c'est ?

Malgré tout, nous gardons notre sang-froid et nous passons un temps certain à détricoter ce qu'elle a cru comprendre sur différents sujets. Mon impression, c'est que Madame Mésange réutilise des phrases sorties de leur contexte, comme des arguments qui ont orienté nos décisions. Je ne sais pas à qui revient la faute, mais je suis très surpris. Oui, dans nos premiers entretiens, avant de moduler clairement notre projet entre 1 ou 2 enfants, nous avions glissé sur le ton de l'humour et sans nous étaler plus que ça :

"Deux enfants, deux adultes. C'est parfait, un parent peut s'occuper d'un enfant pendant que l'autre parent s'occupe du second". Alors, transformer ceci en l'argument "avoir un enfant chacun", je trouve ça totalement tordu. Et puis, à la limite, elle aurait compris ça lors du second rendez-vous et nous l'aurait ressorti au troisième, j'aurais beaucoup moins grimacé. Nous avons quand même cheminé avec les assistantes sociales, avec la psychologue, avec l'EFA et je n'arrive pas savoir comment Madame Mésange en est arrivée à ce genre de conclusions.

Enfin bref... 

Passons à la suite, avant que mon exaspération aille en grandissant.

"Comment pensez-vous que ça va se passer avec vos familles ?

Je prends la parole en premier pour parler :

"Clairement, je pense que ma mère va venir nous voir plus souvent. Je risque d'être le premier, peut-être le seul, de ses fils à devenir papa, alors que je n'étais pas du tout prédestiné à ça.

- Oui, je pense qu'on la verra plus souvent ta mère, appuie Mr Ours.

- Vous voulez dire que la mère de Mr Huguin est envahissante ?

- Oui, on peut dire ça, lance Mr Ours un peu sans réfléchir.

Je lui fais les gros yeux. La psy note sur sa feuille "envahissante". Mes narines se gonflent.

"T'exagères-là, lancé-je à Mr Ours sur désabusé.

- Oui, bon, reconnait-il, elle l'était juste un peu les deux/trois premières années. Elle te téléphonait tous les trois jours. Mais ça fait un moment qu'elle a arrêté. Maintenant, c'est toutes les semaines...

- Et encore, ajouté-je, plutôt toutes les deux semaines. Et puis bon, ils habitent un peu à 800km de nous, donc même si elle était envahissante, je vois pas trop comment elle ferait pour nous envahir.

Malgré nos explications, Madame Mésange ne change rien à ses notes.

Mon agacement monte d'un cran, puis d'un second lorsqu'elle nous pose une suite de questions qui sont exactement les mêmes que la dernière fois. Je n'ose pas lui dire, mais alors qu'on y répond, elle se rend compte qu'elle les a déjà posées et nous invite quand même à continuer nos réponses. Entre ceci, sa façon de prendre des notes, et sa façon de nous prêter des intentions, je commence à douter de sa rigueur.

Puis, le moment fatidique approche. Bientôt, elle va nous faire son bilan.

"Très bien..."

Petite pause, tout le monde se regarde.

"Vous avez l'air stressé ? dit-elle à Monsieur Ours.

- Oui, on aimerait savoir où va nous mener tout ça.

- La procédure est longue, ajouté-je, et c'est vrai qu'on est incapable de dire si on est sur la bonne pente ou pas. Les assistantes sociales nous ont dit que rien dans notre dossier, ne leur paressait incohérent, et qu'elles le trouvaient tenable.

Madame Mésange nous ressort la phrase du début, façon teasing de bas étage :

- Ce que vous voulez savoir c'est si mon avis est positif ou négatif.

On bafouille un léger "oui", sans oser lui imposer ça. Puis, elle énonce les points que comporte notre dossier de la façon la plus neutre du monde : "Vous vous êtes renseignés sur l'adoption. Vous avez rencontré des gens et vous avez entendu des témoignages. Vous savez que ça va être difficile. Vous voulez 1 ou 2 enfants."

Nous l'observons lister tout ça avec attention, suspendus à ses lèvres, puis elle s'arrête.

Une ou deux secondes de flottement s'écoulent avant que je prononce :

"Et donc ?"

Mr Ours est aussi mal à l'aise que moi.

"Vous ne voyez pas ce que je vous dis, Mr Huguin ?"

Hésitant, je réponds :

"Vous venez de nous donner quelques arguments positifs, et encore, je ne saurais pas trancher. Du coup, j'imagine que votre avis est positif... "

Elle sourit comme elle sourit toujours, avec une lueur de malice déplacée. On a cette impression qu'elle nous fait mijoter pour son propre plaisir, qu'elle aime ça, qu'elle veut attendre pour prononcer des mots qui feraient pencher la balance d'un côté ou de l'autre, qui nous rassureraient enfin, ou qui nous plomberaient. Mais elle ne dit rien. Et les secondes s'égrènent dans ce doute que la psychologue a instauré. Le temps passe, on s'échange quelques bribes. On est dans le flou total, puis voilà que c'est déjà la fin. Elle nous invite à partir. La séance est terminée, et nous ne savons pas... Je n'aurais jamais imaginé que ce dernier entretien soit aussi compliqué à vivre, et encore aujourd'hui, j'en grince des dents à l'écriture de ce billet.

Durant le rendez-vous, nous sommes restés très calmes. Nous n'avons pas cherché l'affrontement, ce n'était pas le but. Du moins, je l'espère. Mais nous avons eu l'impression d'avoir participé à une expérience, d'avoir été des souris entre les pattes d'un chat, alors que la situation n'avait rien de léger, qu'elle ne s'y prêtait pas du tout.

 Le dossier que Madame Mésange va rendre, nous pourrons le lire à la mi-juin, et à la mi-juin, nous pourrons enfin savoir ce qu'elle a pensé de nous, de notre projet. Nous saurons si nous nous présentons ou pas, devant la commission qui délivre l'agrément, si nous tentons le coup. Aujourd'hui, nous nous projetons plus que jamais. On s'imagine l'avoir cet enfant, ou ces enfants. On s'imagine nos journées avec eux, et plus nous nous rapprochons de la ligne d'arrivée, plus notre imagination devient un terreau fertile. Mais pour l'instant, ce second pas qu'on pensait y poser, sur cette ligne d'arrivée, ne repose sur rien.

Il ne reste plus qu'à relativiser.


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