Avant le troisième rendez-vous avec Mesdames Hirondelles, Mr Ours et moi-même avions commencé à remettre en question notre désir de fratrie. Nous voyions nos chances d'aboutir à cette forme de projet s'amenuiser à mesure que nous y réfléchissions. C'est au cours d'une simple conversation à l'EFA, que nous avons découvert que nous pouvions moduler la description de notre agrément.

1 à 2 enfants en France, de 0 à 6 ans, d'origine quelconque.

Nous avions prévu d'en parler à Mesdames Hirondelles lors du cinquième rendez-vous qui se déroulait cette fois-ci chez nous, le 24 avril, et qui amenait les deux femmes à découvrir notre milieu de vie, nos projets de chambre et l'agencement que nous prévoyions pour laisser la place aux enfants dans notre environnement. C'est donc le ventre serré qu'après deux heures de ménage pour m'occuper l'esprit, j'attendais en faisant les cent pas.

"Bon, tu peux rester assis ? Tu me stresses !" me lançait régulièrement Mr Ours.

15h30 approcha. Personne ne sonna à la porte. À 15h45, je me demandai si Mesdames Hirondelle avaient réussi à trouver la maison en me rappelant que le numéro n'y figurait pas, puis mes yeux rencontrèrent le tableau blanc au milieu du salon, qui nous sert d'agenda : 

"Mr Ours ?

- Oui ?

- On est pas le 24 avril, en fait... on est le 23."

. . .

Le lendemain à la même heure, Mesdames Hirondelles sonnaient à la porte.

Des semaines avant leur venue (et même avant que nous débutions l'agrément), nous nous étions posé énormément de questions concernant cette fameuse visite : comment doit-on s'y préparer ? Devons-nous avoir une chambre de prête, des cadenas aux portes des placards, des produits ménagés bien rangés, des photos de nous un peu partout, quelques jouets, un parquet briqué comme jamais ? Lors de notre premier rendez-vous avec Mesdames Hirondelles, on leur avait posé quelques-unes de ces questions. Elles nous avaient répondu que nous n'avions pas besoin de préparer la chambre et que leur visite consistait seulement à comprendre comment nous nous projetions dans l'arrivée d'un (ou de plusieurs) enfant, d'un point de vue matériel. Sur le moment, leurs explications nous avaient rassurés, mais lorsque la sonnette de la porte retentit dans la maison, je dois vous avouer que je n'étais pas totalement serein.

En réalité, mon inquiétude s'avéra totalement infondée, puisque le tour des lieux se déroula en à peine deux minutes et nous nous retrouvions déjà attablés au salon à discuter d'autre chose. Mesdames Hirondelles avaient seulement pris le temps de noter que nous avions un grand jardin clôturé, 3 chambres que nous pouvions adapter et une cuisine ouverte.

Mes angoisses disparaissaient d'un coup.

La suite de l'entretien se déroula sans accroc. Mesdames Hirondelles voulaient seulement en apprendre encore plus sur nous et notre famille. Ainsi, à la manière de notre premier rendez-vous avec Madame Mésange, nous prenions plus d'une heure trente à parler de nous deux, de notre parcours et de nos relations avec nos proches. Autant dire qu'on ressentit la vague impression de ne pas avancer plus profondément dans les discussions à propos de l'adoption. D'ailleurs, si vous vous demandez pourquoi est-ce qu'on se répète comme ça ? C'est assez simple à expliquer : assistantes sociales et psychologue ne mettent en commun leur avis qu'à la toute fin du processus pour éviter de s'influencer les unes les autres.