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14 - 4e RDV : La Psychologue

Le précédent rendez-vous avec Mesdames Hirondelles ne nous a pas affaiblis, même si j'ai failli disserter sur la théorie du genre et ses dérivés, même si on nous a présenté notre projet comme irréalisable ; nous ne doutions pas que nous pouvions avoir l'agrément. Alors, toujours guillerets, toujours sûrs de nous, nous nous présentions à Madame Mésange, munis des mêmes atouts cognitifs.

D'ailleurs, en parlant d'atouts cognitifs, je me souviens que pendant l'entretien, j'ai eu une fâcheuse tendance à trop m'appuyer sur Le Livre, ce fameux livre avec lequel je n'arrête pas de vous bassiner, et dont j'ai fini par m'abstenir de parler. J'ai vécu le genre de moment de dissociation qu'on vit au milieu d'une conversation, le genre de moment où vous prenez soudain du recule, où vous vous observez débattre et où vous n'avez qu'une envie : vous mettre deux trois tartes pour vous calmer, le genre de moment que devraient vivre les prêcheurs un peu zélés, réveillés à une heure du matin par à une horde de paysans furax avec torches et fourches : "Je crois que je suis allé trop loin, Seigneur Jean-René*."

*Je m'excuse auprès de tous les Jean-René pour l'utilisation grotesque de leur prénom.

Et sinon, à part cette envie maladive de me référer au Livre, quelques questions sont venues mettre à mal notre confiance, mais aussi ma patience. "C'est le jeu !", me direz-vous, et je suis entièrement d'accord avec vous !


La première - on pouvait s'y attendre - concernait la spécificité de notre couple.

- Comment allez-vous gérer le fait que vous êtes un couple d'hommes ?

- Et bien, commença Mr Ours, il va falloir qu'on se montre, qu'on aille au-devant des problèmes et des ragots en ayant une vie sociale active auprès des autres parents. Il faudra essayer d'expliquer, d'aller au contact et de montrer qu'on n'est pas deux monstres avides de jeunes enfants.

- Tu vas un peu loin, non ? le repris-je, avant qu'il ne se lance dans un florilège de blagues qui mettent en scène des enfants attirés avec des cookies, enfermés dans des cages, donnés en pâture à nos chiens, puis enterrés en rang d'oignon dans le jardin, "parce que c'est un bon engrais, voyez-vous !".

Ce genre de blague, on les évite devant une psychologue qui vous scrute avec des yeux ronds.

- Et pour nos enfants, ajoutai-je, on leur expliquera très vite à l'aide d'histoire, de discussions et de jeux, que toutes les familles sont différentes. Je pense sincèrement qu'ils seront en mesure de comprendre. Le danger vient du regard que les autres porteront sur notre famille, et il faudra qu'on s'arrange pour apprivoiser ce regard et le contrôler.


La seconde question qui sortait du lot concernait encore cette histoire de fratrie.

- Pourquoi deux enfants ? nous demandait Madame Mésange.

- On se projette dans l'idée d'en avoir deux. On aime l'idée qu'ils partagent un lien de sang. On a nous-mêmes des frères et, même si on a une relation pas forcément complice avec eux, on ne regrette pas de ne pas avoir été des enfants uniques. On se dit aussi que, pour des enfants, vivre l'abandon à deux peut-être une force, un moyen d'avoir un point connu dans l'inconnu d'une nouvelle famille.

- Mais ça peut être aussi une faiblesse, ajouta Madame Mésange. Les deux ne vivent pas forcément l'abandon de la même façon, ou alors ils pourraient très bien se liguer contre vous.

- Oui. On sait bien que tout est à nuancer. On sera attentif à tout ça. On expose seulement ce vers quoi on aspire. Et puis, on a aussi lu et entendu plusieurs fois qu'adopter des fratries donnait plus de chances à notre projet d'aboutir, même si ce n'est pas ce que semblent nous dire Mesdames Hirondelles. La fratrie étant un besoin spécifique, il y a forcément moins de couples qui postulent pour ce genre de spécificité. Mais du coup, on ne sait plus trop où on en est à ce niveau. Notre précédent rendez-vous a brouillé pas mal les cartes et la vision qu'on avait de notre possible famille. On réfléchit à nos chances d'avoir un enfant, ou deux enfants. On ne sait pas. On essaie de construire un projet qui nous offre le plus de chances de construire une famille. Il faut rester réaliste.

- Oubliez un peu le réalisme : comment vous projetez-vous ?

- On ne peut pas se passer du réalisme ; on a une spécificité qui nous oblige à mettre toutes les chances de notre côté. Si on nous dit que deux enfants, c'est impossible, bien sûr, on abandonnera notre projet tel qu'il est pour un autre.

À ce moment-là, nous n'avions pas encore modulé de 1 à 2 enfants.


S'ajoutait à ce dialogue, une question étrange sur la fourchette d'âges.

- Vous aviez défini votre projet entre 3 et 6 ans, et maintenant vous étendez cette fourchette de 0 à 6 ans. Est-ce que vous vous sentez prêt à materner ? Vous savez, un poupon, c'est bien différent d'un enfant plus vieux !

Dans mon cerveau : "Prends-moi pour une truffe !"

- Oui, on se sent prêts. Et après tout, comment font les parents quand ils ont leur premier enfant biologique ? Ils apprennent sur le tas, avec leur entourage ou encore, ils vont suivre des cours. Si on en vient à materner, on s'inscrira à des cours pour jeunes parents et on y apprendra les bases.

Madame Mésange sourit, mais pas de façon plaisante.

- Comment ça, des cours pour jeunes parents ?

- Vous savez, les cours qu'on suit quand on est enceinte. On pourrait très bien s'y pointer et y apprendre la base de ce qu'il faut pour s'occuper d'un poupon. Et puis, on se sent capable d'y arriver. Ce n'est pas insurmontable...

C'est là que j'ai trouvé que Madame Mésange avait un drôle d'air. Peut-être qu'elle s'imaginait Mr Ours et moi-même en train d'assister à ce genre de cours et qu'elle trouvait ça ridicule ? Peut-être qu'elle nous imaginait en train d'apprendre à respirer comme il faut pour gérer nos contractions ? Peut-être que l'idée même que deux hommes s'occupent d'un poupon la mettait mal à l'aise ? Je ne sais pas. En tout cas, Madame Mésange avait un drôle d'air.


Puis la suite de la conversation tourna lentement vers un de cul-de-sac lorsqu'elle nous posa la même question que celle de Mesdames Hirondelles, cette même question étrange concernant l'entourage.

- Vous avez des femmes dans votre entourage ?

Cette fois-ci, après lui avoir parlé des femmes qu'on côtoyait, je lui sortis une phrase que j'avais prévue pour contrer ce genre de question.

- Il faut tout un village pour élever un enfant.

Madame Mésange sembla approuver d'un mouvement de tête, puis elle se lança vers une voie qui nous parut clairement obscure :

- Dites-moi, quel genre de qualités attribueriez-vous aux femmes ?

Dans ma tête : "GABRIEL, RETIENS-TOI DE PARLER DU GENRE."

Mr Ours prit la parole :

- Depuis quand y a-t-il des qualités féminines ?

Et j'ajoutai de façon sarcastique :

- Faire le ménage, la vaisselle, s'occuper des enfants ?

Vu le visage que tirait Madame Mésange, je préférai ajouter que c'était une plaisanterie. Pas sûr qu'elle comprenne le cynisme de la situation et le non-sens que je voyais à son intervention. Nous étions dans une impasse totale. Vers où cherchait-elle à nous emmener, que cherchait-elle à nous faire dire, que s'attendait-elle à trouver ?

- Quelles qualités féminines faut-il pour s'occuper d'un poupon, si vous préférez ? se reprit-elle.

- Mais pourquoi vous nous demandez ça ? lança Mr Ours.

Et moi, je ne pouvais plus m'empêcher d'aborder la question du genre :

- Je ne comprends pas pourquoi vous nous parlez de qualités féminines ? Il n'y a pas de qualité qu'on peut rattacher à un genre en particulier. Ce qu'on prête au féminin est une construction de notre société. Pour s'occuper d'un poupon, il faut être doux, patient, observateur, attentionné. Je ne crois pas qu'on puisse dire que ces qualités soient féminines. Je trouve même ça carrément hors de propos de parler de féminité.

- Vous appelleriez ça comment, si ce n'est pas de la féminité ?

La décomposition qui s'empara de nos visages dut se faire sentir, parce qu'après quelques bafouillages, et sans trouver de solution au message qu'elle cherchait à nous faire passer, nous changions de sujet. En réalité, après réflexion, je pense qu'elle voulait aborder le sujet du maternage, mais à l'heure actuelle, nous ne savons toujours pas si c'était bien le cas. La façon dont elle a mené le sujet et cherché à relever de qualité "féminine" nous a pas mal démontés. Je ne m'attendais pas à ça. Peut-être était-ce seulement de la maladresse de sa part, je ne sais pas. Mais je ne vois toujours pas en quoi c'est pertinent vis-à-vis de notre demande d'adoption.


Nous sortions donc de ce 4e rendez-vous avec pas mal de rancœur. Nous découvrirons bientôt si notre mauvaise impression sur la vision genrée de Madame Mésange nous portera préjudice ou non. Qui sait ? Peut-être cache-t-elle derrière ses sourires quelques vils pactes secrets avec la "Manif Pour Tous" ! :)

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