Chapitre 11- Tronte, Neiges d'été 2
La neige s'était calmée comme les sanglots retentissant dans la vieille maison.
Le cordonnier creusait et pleurait en silence, sous un ciel de laine grise. Appuyé sur sa jambe de bois, l'homme raclait la terre en prenant soin de ne pas salir le linceul du cadavre à côté de lui. Harold avait refusé que l'on s'approche du corps de sa mère et nous étions alors mes compagnons et moi les bras le long du corps, ne sachant que faire.
Les coups de pelle ont cessé. Notre ancien hôte s'est tourné vers nous :
- « Vous ferez mieux d'partir. La neige d'été s'est arrêtée et je dois m'occupez d'enterrer ceux qui n'ont pas survécu. »
-Je comprends votre tristesse Harold, dit Ser William. Perdre ces deux parents aussi abruptement n'est pas chose facile. Mais si vous le permettiez nous aimerions vous aider et d'après mon expérience, il est préférable de...
- Dégagez, j'ai dit ! Sortez d'là avant que quelqu'un vous accuse d'avoir ramené le malheur sur notre village. Quittez Pieuval pendant qu'il en est encore temps !
-Attendez, déclarai-je. Vous nous accusez d'être responsables de ce fléau ?
-Y'a un peu trop de coïncidence à mon goût, voilà c'que j'en sais. Vous arrivez le même jour de la mort du Viel homme, le jour d'après la moitié de Pieuval crève. Voilà les faits. Et votre histoire de pèlerin cuntalais, surtout en ce moment, je n'y donnerai pas crédit.
Et sur cette dernière phrase, le cordonnier cracha à nos pieds. Je redressai le torse, les narines dilatées. Pym regardait distraitement ses pieds. Le chevalier aveugle, lui, restait le visage impassible. Après un temps, il se retourna vers moi ;
-Mon cher Roy, dit-il, je pense qu'il est temps de s'en aller. Nous nous sommes suffisamment reposés, et je pense qu'il serait déraisonnable d'abuser de l'hospitalité de notre hôte. Partons.
Je partis récupérer mes affaires dans la vieille maison. Ser William et notre dernier compagnon me suivirent.
-Attendez ! s'exclama Pym. J'ai oublié quelque chose en bas.
Le petit descendit dans la cave et revint avec une couverture délavée à la main.
Nous quittâmes la maison d'Harold, et les pleurs du cordonnier recommencèrent lorsque nous nous éloignâmes.
Le chemin qui guidait autrefois vers l'autre côté des montagnes de Darmasem était maintenant recouvert de cendres. Et de cadavres.
Les corps semblaient avoir éclaté sous la pression du liquide visqueux. Le nez, les oreilles, les yeux ; de tous coulaient l'argile grise. Pym tendit la main vers un des cadavres, sous le coup de la curiosité malsaine qui poussait les enfants à observer la mort.
-Ne touchez pas à ça ! aboya le chevalier errant. Cette matière est dangereuse, tout ceux qui ont été en contact avec seront mort d'ici une semaine. Il aurait mieux fait de brûler directement les corps. Mais nous ne sommes plus les bienvenus, nos conseils aussi. Pressons le pas.
Notre guide avait raison. Les habitants du saint village nous épiaient du coin des yeux, l'œil mauvais. Même la statue du Sincère, deuxième compagnon du pèlerinage et fondateur de Pieuval, semblait nous toiser de son regard de pierre. Et Harold n'avait pas eu tort, si nous étions restés encore quelques heures, nous aurions été brûlés vifs pour sorcellerie. Les hommes avaient besoin d'un bouc émissaire, d'un exutoire et d'une cause à leur malheur.
Les cieux ne pouvaient être si cruels.
Je sais, un chapitre un peu plus court que d'habitude mais je préférais écrire les choses essentielles plutôt qu'essayer vainement de faire du remplissage.
Question :
-Que pensez-vous de la réaction d'Harold ? Parait-elle mesurée ?
Dites-moi tout en commentaire, et n'oubliez pas de voter !
Malgré la petitesse de ce chapitre, je peux vous dire que le prochain avec Eyle s'annonce assez épique ( un de mes meilleurs, sans me vanter ^^ ) !
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