Est-ce vraiment fini ?
Je pleurais, encore et encore... Je m'étais une nouvelle fois disputée avec mon compagnon et je n'en pouvais plus. Lui non plus d'ailleurs, il me le faisait bien comprendre en dormant maintenant chaque nuit dans le salon sur notre grand canapé de cuir noir. Il fallait que je lui en parle le plus vite possible; je ne tenais plus à voir nos filles adorées nous regarder nous hurler dessus de la crainte dans les yeux. J'avais mal car je l'aimais toujours mais plus comme avant. Je n'avais plus ces papillons dans le ventre qui affolaient mon coeur à chaque fois que je le regardais ou lui parlais, ce qui était vraiment rare à présent, je ne frissonnais plus de pur bonheur lorsqu'il me caressait délicatement la joue, car il ne le faisait plus, il ne me surnommait plus mon coeur ou mon amour, pour s'adresser à moi il utilisait seulement un diminutif de mon prénom que je haïssais profondément, mais j'avais l'air de l'accuser sans cesse, pourtant j'avais aussi mes torts, je lui avais menti à plusieurs reprises pour aller voir un ami à moi dont il était jaloux maladivement, je lui criais dessus pour chaque petite chose que je ne supportais plus, je m'éloignais de lui un peu plus chaque jour. Une routine lassante s'était installée depuis la naissance de notre première fille car même si je les aimais plus que tout et que je les avais désirées plus fort que n'importe qui, je savais en mon fort intérieur que c'était en partie à cause d'elles que je... que mon couple vacillait, tombait chaque jour un peu plus bas et manquait de s'effondrer... Non !!! Non !!! En plus ce n'est pas vrai ! Je me mentais à moi même, je venais de me rendre compte que c'est uniquement de ma faute et de celle de Stéphane si nous n'étions plus capables de continuer à faire vivre notre couple autrefois si beau ! C'était horrible de ma part de penser une chose pareille ! Je ne pouvais pas, je n'avais pas le droit de souper à ça ! Notre ancien amour passionnel n'était plus et serait transformé en haine dévorante si je n'agissais pas. J'allais me briser le coeur en faisant ça mais je ne supportais plus.
Le visage ravagé de larmes qui témoignaient d'une véritable défaite, d'un découragement, de la fin d'une magnifique idylle, d'une femme se sentant indigne de l'amour que lui avait porté son chéri pendant si longtemps même si elle l'avait aimé profondément en retour, je sortis de sous ma couette levant ma tête de mon oreiller trempé par mes pleurs. La peur et la tristesse me tenaillant le ventre je pris une grande inspiration, ouvrit la porte et appela doucement:
- Stéphane ? Il faut qu'on parle...
J'entendis un grognement vague et endormi venir du canapé et je vis une forme se redresser.
- Qu'est-ce qu'il y a Sylvie ?
- Je... Il... il faut qu'on parle, c'est plus possible Stéphane j'en peux plus.
Et je me remis à pleurer, sanglotant la tête entre mes mains. Il se leva et, rabattant la couverture, il entoura maladroitement mon corps frêle de ses bras immenses et musclés comme pour me consoler. Il me serra contre lui durant de longues minutes le temps que mes larmes se tarissent mais pas ma tristesse, ma douleur, certainement pas, jamais. Je me détachais lentement de lui et déposait un baiser sur sa joue. Il me regarda douloureusement et finit par prendre la parole avec une voix suppliante et roque.
- Sylvie, dis moi que ce n'est pas finit... Ne me laisse pas s'il te plaît, je ne le supporterai pas...
- Je n'en peux plus Stéphane et toi non plus tu le sais... nous souffrons trop tout les deux, c'est mauvais pour nos filles, elles voient bien que nous sommes malheureux... moi aussi j'ai mal moi non plus je n'ai pas envie que ça se finissent comme ça...
- Non, Sylvie... Je sais que tu as raison mais... essayons encore... La routine me tue, faisons un nouvel essaie...
- Stéphane... Je t'en pris ne me tente pas... je n'ai plus la force de continuer et même si nous faisons tout pour être a nouveau ensemble et heureux, tu te rends bien compte que nous ne nous aimons plus pareil qu'avant...
- Pardon, tout ce que tu dis est vrai comme d'habitude même si je n'arrive pas à l'accepter complètement... Je sais que nos filles doivent pouvoir être heureuses... elles ont assez souffert comme ça mais je t'aimerai toujours autant au fond et ça me déchire le coeur.
Il allait pleurer, je le connaissais bien maintenant... il était arrivé à un point de non retour et c'était fini. Une larme silencieuse dévala son visage et des centaines d'autres suivirent son chemin. Je craquai aussi, mes émotions s'affolèrent, elles tourbillonnèrent, m'obsédèrent, m'étouffèrent... j'ai mal j'ai mal, je souffre plus que jamais je n'ai souffert. Je ne voulais pas d'une histoire d'amour comme ça quand j'étais enfant... Je voulais la même chose que les autres petites filles à l'époque; être mariée avec un prince charmant avec beaucoup d'enfants et heureuse pour toujours... Et voilà que je me retrouve effondrée, dévastée, en larmes sur un fauteuil aux côtés de mon seul et unique compagnon que j'ai eu de ma vie, avec mes deux filles parfaites qui dorment profondement dans leur chambre et qui ne se doutaient sûrement pas que leur vie était en train de se jouer juste dans le salon, que leurs parent étaient en larmes, plus tristes que jamais et que pour la première fois depuis des mois ils arrivaient à avoir une conversation de plus de quinze minutes sans se hurler dessus, sans se douter que les moments de vie de famille qu'elles avaient eu ces dernières semaines étaient remplies de faux sourires et d'engueulades dissimulées, se doutaient-elles à ces moments là que c'étaient les derniers jours qu'elles vivaient avec deux parents unis et heureux ?
- Mon amour...
Non, je n'aurai pas du l'appeler comme ça, ça ne sera que plus dur pour moi de renoncer à lui...
- Stéphane ?
- Non, non... Tu ne peux pas m'appeler ainsi alors que c'est finit. C'est une torture, ça m'ouvre déjà le coeur qu'on se quitte, si en plus tu rajoutes des surnoms mignons comme si tu m'aimais autant qu'avant. Je ne vais pas tenir, on a vécu tellement de choses magnifiques ensemble qu'il me faudrait les oublier pour pouvoir réussir à accepter l'idée de se séparer... On dirai que tu le fais exprès... mon bébé...
Il releva la tête, un air de désespoir peint sur le visage, les joues mouillées accentuant ses cernes noirs qui formaient des poches sous ses yeux, il secoua la tête doucement, me fixa dépité, détruit. Je ne pus soutenir son regard un instant de plus et me jetai dans ses bras.
- Je ne peux pas me séparer de toi pour le moment... Je t'aime encore trop, je te promet de faire des efforts, pour que ça aille mieux entre nous, je ne supporterai pas que...
Il eut la meilleure réponse du monde, celle que je ne pouvais qu'espérer:
- Mon bébé, quelques fois, les questions sont compliquées et les réponses sont simples. Maintenant, la question est simple et la réponse très compliquée. Pourtant j'ai trouvé la solution, je voudrais de toi tant que tu voudras de moi. Je t'aime.
- Merci, moi aussi...
Je le serrais contre moi et je pleurais encore, mais de bonheur cette fois.
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