Mardi 30 mai.
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        Ses poumons brûlaient, tout comme ses pieds saignaient. Il ne mesurait plus le temps qu'il passait à fuir, mais son corps n'en pouvait plus. Il entendait crier derrière lui, il comprenait des ordres comme des menaces toutes plus inventives les unes que les autres. Il n'avait que peu de lieux où réellement se cacher et il devrait le faire vite.
    Il était en retard, faute à ses assaillants qui n'étaient autres que ses précédents compagnons. Ils s'étaient retournés contre lui pour une histoire de pouvoir, quoi d'autres ? Ils savaient, on leur avait vendu la mèche.
    Cours ou meurs. Encore et encore. Fuis ou décède. Survie ou arrête toi. Ça le maintenait à bonne allure. Il eut rapidement atteint un conteneur vide et caché parmi tous. Il s'était rué dedans en refermant le fer avec l'énergie qui lui restait. On lui volait sa magie, il serait bientôt à plat. Il savait qu'on le torturait, qu'on s'en prenait à lui pour le faire céder, et ses maigres résistances n'allaient pas tarder à rompre.
    Les muscles en alerte, il minimisai le moindre bruit qui pourrait le faire exécuter d'un lance flamme ou d'une noyade. Jake était parmi eux, il se ferait un plaisir de lui faire mordre la poussière, il n'attendait que ça. Les voix finirent par s'éloigner et il resta debout une bonne minute à compter les capitales dans sa tête avant de tomber au sol de fatigue. Il toussait, peinait à remplir ses poumons de l'oxygène présent autour de lui.
– Sunghoon.
    Il cru rêver un instant avant de se remettre sur ses pieds et de sauter à l'autre bout du conteneur. Il n'était pas seul, et heureusement pour lui, c'était Riki. Le jeune homme était aussi affolé que lui et Sunghoon se précipita pour le prendre dans ses bras.
– Kiki, je pensais t'avoir perdu; contre son trapèze qu'il parsemait de petits baisers.
    Il lui rendit son étreinte d'une force soudaine, l'adrénaline certainement. Ils venaient de perdre ceux sur qui ils pensaient compter. Le plus jeune se mit à sangloter doucement, agrippant sa veste grise comme point d'accroche.
– Hoonie, j'ai si peur.
– Je sais; aurait-il voulu seulement dire; moi aussi.
    Il ne pouvait rien lui cacher, il savait que son cœur lui appartenait autant que sa vie, lui mentir revenait à juste se voiler sa propre face.
    Sunghoon détestait l'entendre pleurer, alors il attrapa ses joues pour les sécher de ses manches, délicatement comme avec précipitation.
– Mais tout va bien, on va se sortir de là. Tu m'entends ? Je ne te laisserai pas ici.
    Riki hocha la tête frénétiquement en reniflant, son menton ne tremblant pas comme il le faisait lorsqu'il pleurait vraiment. Ou alors était-ce parce que la vue de Sunghoon se brouillait à l'entente d'un cri strident qui percutait chaque recoin de son crâne. Ce fut insupportable. Il attrapa sa tête dans l'espoir de canaliser l'intensité de l'appel à l'aide. Pourtant ce n'étaient pas ses oreilles qui percevaient la voix, c'était bien son âme.
    Il finit par tomber à genoux d'une agonie qui n'était pas la sienne, mais celle d'un autre que Riki. Le jeune homme avait cessé de pleurer, essuyant ses larmes comme de rien, regardant Sunghoon s'effondrer. Il le toisait, il n'avait plus rien à voir avec le garçon pour lequel Sunghoon s'était jeté dans les bras. Un instant, le son s'arrêta, pourtant sa tête continuait d'emmagasiner des maux insoutenables.
– Tu l'entends, n'est-ce pas ?
    Il était bien incapable de lui répondre, il avait déjà du mal à relever le visage du sol.
– Le fameux Sunoo pour qui ta vie n'a plus de valeur.
    Le dégoût sur son prénom en disait long sur ce qu'il ressentait pour le garçon. Ils s'entendaient tellement bien pourtant, pourquoi un tel revirement ?
– Je sais que tu ressens la douleur qu'on lui inflige; s'accroupissant près de lui; que tu as l'impression que ta tête va exploser sous ses supplices, que tu es trop loin pour le sauver, encore.
    Sunghoon essayait bien de ramper vers lui pour le contredire, lui assurer que ce n'était pas ce qu'il croyait et qu'il se trompait sur toute la ligne. Néanmoins, il était trop engourdis pour bouger le petit doigt. Et le cri recommença, le faisant hurler à son tour pour extérioriser la douleur. Riki avait fait une pause dans sa langue de vipère, parce qu'il ne se ferait pas entendre sous la voix cassante du jeune homme.
– Fais cesser ça; agonisait Sunghoon en s'arrachant presque les cheveux.
– J'ai essayé; crachait-il; mais ton âme s'est éprise d'un autre, un bouffon, un bâtard d'une lignée impure.
– Non, ce... Non !
    Mais Riki s'était déjà levé, faisant basculer Sunghoon sur le dos à coup de bottes avant d'écraser sa poitrine déjà meurtrie. Sunghoon étouffait sous les semelles épaisses qui coinçaient sa trachée.
– Comme c'est dommage; fit-il faussement la moue; tu étais pourtant si beau.
    Riki frappa son visage avec toute la force qui lui était donnée, assommant immédiatement Sunghoon qui avait déjà commencé un malaise par suffocation.
    C'était Riki qui l'avait trahi, c'était lui qui tournait le monde contre lui. C'était lui qui savait.

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