Les minutes s'écoulèrent, cependant moins douloureuses que celles qui avaient précédées.

Le paysage s'éclaira une douce lumière orangée, garnissant la place humide de mille étoiles scitillantes et ornant les arbres de petites lucioles dorées.

C'était un si beau spectale. Cet univers qui semblait détaché au mien, paisible à côté du chaos.

Ce fut cette pensée qui fit basculer le monde, mes pieds brusquement ramenés à terre. Je bondis hors du trottoir, me libérant de l'étreinte du directeur en un mouvement.

-Albus ! m'écriai-je, affolée. Et les autres, ils sont toujours à Poudlard !

Il se leva plus lentement :

-Zelda...

-Il faut aller les aider ! m'étranglai-je, les yeux exorbités tout en montrant un point invisible à l'horizon.

Dumbledore afficha une expression désolée devant ma mine effarée.

-Zelda, je...

-NON ! hurlai-je, toute la tendresse de l'instant précédant oubliée. JE DOIS ALLER LES AIDER !

-La bataille est sûrement finie de puis longtemps, Zelda ! s'acharna Albus en levant les bras en l'air.

Je refermai sèchement la bouche. Sirius... Severus... je n'avais même pas été là pour les aider...

Je me jetai brutalement sur Dumbledore, agrippant son bras avec force :

-Allez. On transplane. Albus, je veux y aller, emmène moi !

Il plongea son regard un instant dans ne mien, avant de lâcher un soupire. L'instant d'après, le tube de caoutchouc nous avalait dans un crac retentissant.

L'herbe mouillée se matérialisa sous mes mains en quelques secondes. La fraîcheur de l'air me fit lâcher un frisson tandis que les nausées revenaient ; mais je n'y prêtai aucune attention, sautant d'un bon sur mes pieds.

Là devant, l'école dévorée par les flammes. L'odeur nauséabonde de la charogne et de la fumée me firent lâcher une toux amère.
Tout autour de nous s'étalaient quelques corps, aussi sanguinolants que blafards.

Je plaquai ma main sur ma bouche, horrifiée du spectacle qui s'offrait à moi. Je sautai alors de corps en corps, relevant les cheveux sur le visage de chacun, cherchant celui de Sirius ou de Severus. Je ne supporterai de perdre ni l'un ni l'autre.

J'entrainai ensuite Dumbledore à l'intérieur, protégeant mon nez et ma bouche de la fumée avec mon coude. Les yeux plissés, nous allâmes jusqu'à la grande salle. Là, le spectacle me lança un haut-le-cœur : le plafond s'ouvrait dans un trou béant, les décorations du bal étaient brisées, en miettes étalées au sol. Les cadavres étaient jonchés partout, pourissant l'atmosphère de leur odeur de charogne.

Je vérifiai à nouveau tous les corps, mais aucune trace d'eux ; je tombai à genoux au sol, les larmes roulant à nouveau sur mes joues. Et si Voledmort les avait capturés ? Et s'il étaient morts, ou pire, torturés ? Leur image agonisant au sol envahit mon esprit, et je gémis. Pourquoi tant de douleur, de mort ?

-Zelda, souffla Albus en me serrant l'épaule.

Je me tournai dans sa direction, les yeux embués de larmes, et vit qu'il me tendait une veste. Je l'attrapai, intriguée de ce geste, mais l'odeur et les manches usées qu'elle portait me fit tout de suite comprendre la volonté du directeur ; c'était celle de Severus !

Je la serrais contre mon cœur, le regard balayant la grande salle, comme éteind.

-Il est vivant, murmurai-je, légèrement rassurée. J'en suis sûre.