Chapitre 21 : Lucie (3)
Je souffle de gêne. J'ai faim. Ça fait maintenant une bonne heure que nous sommes sous cette pluie battante et ce vent sifflant. Et, en plus de ça, depuis que j'ai mis un vent à Nathan, il ne fait que me lancer des regards sois disants discrets, mais surtout furtifs et indéchiffrables.
Un moment, Théo, se leva sèchement et commence à partir.
— C'est bon, j'en ai ras le cul. J'y vais.
Je me lève simplement, pour lui dire :
— Théo...
Et il part sans rien dire. Je resta là, incompréhensive, et surtout gênée. Je suis seule avec Nathan !!! Je pense, songeuse, à mes sentiments. Comment comprendre ? Mes sentiments sont tellement confus... C'est vrai, il est mignon, il est adorable, quand il veut, évidement.
Je ne sais plus. Il me regarde, pour dire, en détournant les yeux.
— Si tu t'inquiètes pour Théo, c'est pas une petite tempête qui va le tuer tu sais.
Il avait dit ça, amèrement, presque déçu. Mais pourquoi ? J'allais dire une bêtise (comme d'habitude), quand il se retourna d'un coup, sans prévenir. Il me fixa de ses yeux verts foncés.
— Lucie ! Je crois que je t'aime !
Je suis sûre que je suis rouge une tomate. Mais qu'est-ce qu'il raconte ??
— Qu.. Quoi ?
J'ai besoin de re entendre ça. C'est devenu vitale. Sans broncher, Nathan continua.
— Aimer, tu vois aimer.. Genre, quand tu veux...
Il porte ses doigts affreusement chauds sur mes lèvres. Mes yeux s'attardèrent sur les siennes. Je finis instinctivement sa phrase.
— ... Embrasser ses lèvres...
Il me regarda un instant, muet. Je sentis mes joues chauffer. Oui, je l'aime. Je l'aime à la folie. Mais si lui ne m'aime pas ? Il crois qu'il m'aime, peut-être parce que je suis proche de lui. Il sourit alors sadiquement, sa réflexion passée.
— Pourquoi tu rougis comme ça, Luçou ? Tu peux être beaucoup plus séduisante.
Je n'aime pas qu'on parle de ça. Les filles, l'autre jour, m'ont dit ça. Mais seulement, voilà ma vraie personnalité. Une jeune fille peut-être sociable, mais terriblement timide quand ça parle d'amour. Un peu violente, gamine, mais joyeuse, qui aime ses amis plus que tout.
Seulement dans notre " travail ", certains ont la chance de rester sois même. Je n'ai pas eu cette chance. Je joue le rôle de la jeune femme sûre d'elle, séduisante, sexy, qui allume plus vieux qu'elle. Ce n'est pas moi. Je déteste faire ça. Mais il en faut, comme il faut des militaires, des éboueurs, et des profs.
Parfois c'est la vie de milliers gens qu'on tient à bout de bras, avec le choix de les laisser tomber, ou de les remonter en sécurité. Alors je ne me plaint pas. Je le fais, c'est tout.
Je remarque que le visage de Nathan s'est adouci en voyant mon regard peiné. Il caresse ma joue.
— Luçou ?
Je le regarde. Il se rapproche, et ses lèvres frôlent ma joue. Mon cœur manque de s'envoler. Je souffle.
— Nathan...
Il ferme doucement ses paupières et semble profiter de l'instant.
— Oui ?
Je me sens soudainement idiote.
— Tu m'aimes ?
Il se détache de moi, et dit, comme si c'est une évidence.
— Ben je pense que oui !
Je lâche un petit rire, en pensant qu'il vient de casser toute l'ambiance. Je réfléchis un instant, puis le serre dans mes bras, comme si il pouvait disparaître à tout moments.
— Moi aussi, je t'aime...
Je le regarda, lui et son sourire heureux prenant tout la place sur son beau visage. Il enfouit son visage dans mon cou, et le sentis sourire encore, puis rire de façon charismatique. Mais un grognement sourd interrompu notre bonheur collectif.
J'éclate de rire, sans pouvoir m'arrêter, quand je vois Nathan se tenir le ventre de façon gênée. Il me lance un regard assassin avec un sourire sadique, et grogne à son tour.
— Ta gueule.
Je rigole de plus belle, et il se met à bouder. Je me sens soudainement coupable. Pas pour le fait d'avoir rigoler, ah ça, non. Mais parce que je lui est menti. J'ose.
— Hum, Nathan ?
Il me crache de façon jouée.
— Quoi ?
Je triture mes doigts.
— Je.. Je suis désolée mais je t'ai menti...
— Quoi ?
— À propos de bébés... J'ai paniqué, et je t'ai raconté n'importe quoi...
Il me fixe un instant, sans rien dire. J'ai peur de sa réaction. Mais il éclate de rire à son tour.
— Nath' ?
Son rire me donne envie de rire à mon tour, mais je me retient. Ce n'est pas drôle.
— Nathan.
Après quelques minutes il me prend les épaules, et m'annonce.
— Mais je m'en fiche.
— Quoi ?
— Tu crois que je vais te faire la gueule pour ça ?
— Ben...
Il me sourie, et je lui rend. Il est adorable. Il pleut toujours, depuis longtemps maintenant. Mais je m'en fiche, je suis bien là...
— Par contre, je veux bien savoir la vraie vérité.
Je chauffe, j'imagine que je suis rouge comme une tomate. Je baragouine des choses incompréhensibles, et je réussi à faire une phrase française.
— Tu demanderas à Manda'.
Il me regarde bizarrement.
— Mais... C'est qui " Manda' " ?
Je faillis m'étouffer avec ma propre salive.
— Mais Manda', c'est Mandarine..
Il ne sembla toujours rien comprendre. Je lui expliqua alors.
— Mandarine. La copine de Théo.
— Aaah ! D'accord !
Je soupire. Quel idiot. Un bel idiot. J'ose enrouler mes doigts dans les siens. Il me regarde, les joues roses.
— On sort ensemble, maintenant ?
Je rigole, et dit :
— J'imagine que oui !
Il me regarde encore, et touche ma joue. Il se rapproche dangereusement de mes lèvres.
— Alors... On peut faire ça ...?
N'ayant la force de parler dans cette position, j'hoche la tête doucement. Il dépose ses lèvres sur les miennes, doucement. Des papillons s'envolent dans mes doigts qui tremblent en caressent ses cheveux teints de cette couleur rose si belle. Ses mains à lui, se calent sur ma taille. Il se détache un instant.
— Alors ?
Je rigole.
— Alors quoi ?
Il soupire.
— J'embrasse bien ?
Un rire gamin s'échappe de ma gorge.
— Ben mieux que les vieux dans les missions !
— Je sais pas comment je dois le prendre, là...
Héhé.
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