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8. Explosion

Bonjouuuur! 

Aujourd'hui, c'est dimanche. Et qui dit dimanche, dit nouveau chapitre d'Esme! et.. Youhou, pas à à minuit ou à six heures du mat! lol. Bon, je vous épargne à quel point je suis fière de moi et vous laisse découvrir la douce avancée de l'amitié(?...) qui lie nos deux jeunes héros. 

Bonne lecture, Wattpadfriends

**************************************

Esme 13 ans.

Installée autour de la table à manger des Loreto, j'essayai de maintenir cette impassibilité qui me caractérisait. Pourtant, cet énorme gâteau en mon honneur me réchauffa le cœur plus que n'importe quel autre cadeau. L'ambiance était chaleureuse loin de chez moi, où personne ne s'était souvenu de mon anniversaire. Enfin, personne ne s'y intéressait. Certes, Julian et Anthony, les frères d'Abain, n'étaient restés que pour le dessert, mais je reçu un joli dessin de moi de la part de Vita, clin d'œil aux miens d'elle qu'elle adorait.

— Surtout, cache ta joie, me charria Anthony. Si on te fait chier, tu le dis, hein. Et si tu ne veux pas ta part de gâteau aussi !

— Pas touche ! le menaçai-je en tapant sur sa main qui s'aventurait déjà vers mon assiette.

Il ricana, cependant, sa remarque demeura en suspens.

— Fiche-lui la paix, me défendit Abain, elle n'a pas besoin de hurler sa joie sur tous les toits comme tu casses les couilles à le faire en permanence.

— Abain ! Ton langage !

— Gerladine chérie, ton fils n'a pas tort, s'amusa Robert. Tony est particulièrement excité, ces derniers temps.

— C'est parce qu'il a une meuf, le grilla Julian.

— Mais tais-toi, tu dis n'importe quoi, c'est pas ma meuf !

— Oh, arrête, tu souris toujours comme un débile quand elle t'appelle !

Le plus jeune se fendit d'un sourire niais qu'il exagéra, le regard bovin, représentant tout l'amour que ressentirait selon lui son frère... avant de se ramasser par celui-ci une tape sur le crâne.

— Les enfants ! intervint Geraldine. Je vous prie de vous tenir à table. De l'une, Abain a raison, chacun sa personnalité. Ne t'en fais pas, Esmeralda, tu n'as pas besoin de te forcer, je devine quand tu es heureuse.

— Comment ?

— Ton regard brillant.

— Ah...

Je me racrapotai, ignorant comment réagir. Mais elle poursuivit rapidement :

— Quant à Anthony, cette « meuf » me fera le plaisir de sa présence demain soir, que je la mette en garde contre l'handicapé affectif que tu es !

Ses lèvres se retroussèrent diaboliquement face à la mine effarée de son enfant.

— Il y a une boîte de préservatifs dans mon armoire, dans la salle de bain, fils, ajouta Robert.

— Mais je vous dis que j'ai pas de copine ! se récria Anthony, les yeux au ciel, embarrassé au plus haut point.

Je ne pus cette fois m'empêcher de pouffer.

— Je préfère te prévenir, tu es trop jeune pour la paternité. Et tu imagines, si tu attrapais une infection ? Je ne te dis pas l'état de ton...

— Je crois qu'il a compris, le coupa Geraldine, pince-sans-rire.

Je me mordis la joue pour réprimer mon amusement, épatée par la naturelle prévention des Loreto.

Pendant que nous débarrassions la table, Geraldine me questionna sur mes plans du reste de la soirée. C'était mon anniversaire, mais aussi le dernier jour de l'année deux-mille-six. La construction de la Freedom Tower avait débuté, évènement marquant une page tournée sans pour autant être oubliée, et moi, j'avais eu mes règles. Il était de coutume dans le quartier de se rendre au centre afin d'admirer les feux d'artifice à minuit tapant.

— Laisse tomber, m'man. Esme et moi, on va rester ici sagement, lança Abain en s'immisçant entre nous pour plonger des assiettes dans l'évier.

Sa mère poussa un cri d'indignation.

— Mais enfin ! C'est notre premier Nouvel An à SinderDale, on y va tous ! Il paraît que le centre est très animé.

— Pour croiser tous les ploucs du quartier ? Non merci ! rétorqua-t-il, cinglant.

Il ne me regardait pas, mais je savais pertinemment qu'il se sacrifiait pour moi, car Abain ne manquait pas d'amis, à SinderDale.

— Tu es dur, mon fils. Mais bon, si vous préférez rester enfermés, tant pis pour vous ! Ces jeunes..., soupira-t-elle en retournant dans la salle à manger.

Appuyée sur la cuisinière, je croisai le regard de mon ami. Alors que je m'attendais à une grimace espiègle et connivente, son regard sombre s'imposa à moi. Il m'écrasa par son intensité, dégageant quelque chose qui m'était inhabituel et qui réduisit mon souffle.

Une fois que nous fûmes seuls, alors que j'imaginais que nous allions monter dans sa chambre, il me servit un visage empreint de malice, secouant un trousseau de clés sous mon nez.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? le réprimandai-je presque, avec toutefois une pointe d'excitation.

— On sort ! Je t'emmène faire un tour.

— Mais...

— On ne discute pas, ramène tes fesses ! Ma mère a raison, on ne va pas rester enfermés le soir de ton anniversaire et du Nouvel An ! Allez, viens.

Devant mon air ahuri, il balança ma doudoune sur ma tête en m'enjoignit à le suivre dehors. Confuse, je m'exécutai jusqu'à ce qu'on atteigne une Chevy d'un rouge pimpant.

— C'est la tienne ? m'exclamai-je beaucoup trop fort.

— Nope. J'ai demandé à un gars de me la prêter.

Un sifflement m'échappa. Il devait connaître du beau monde pour qu'on lui confie une telle voiture.

— Rassure-moi, tu ne t'es pas prostitué pour ça ?

La portière côté conducteur ouverte, il roula les yeux et m'intima de grimper. Excitée, je humai l'intérieur, jubilai de me retrouver dans un véhicule aussi classe.

— C'est ton anniversaire, bohémienne, profite !

Nous roulâmes dans le froid manteau de la nuit, enveloppés par la voix de Jason Mraz, tandis que les sensations que j'avais éprouvées dans la cuisine tentaient de me rattraper. Intimidation, excitation.

I won't hesitate no more, no more
Je n'hésiterai pas davantage, pas davantage
It cannot wait, I'm yours
Ça ne peut pas attendre, je suis à toi

Le centre de SinderDale était bondé. Ce n'était pas là qu'Abain m'emmenait, il passa au travers sans s'arrêter, pour nous emmener sur une petite colline en périphérie où il n'y avait rien d'autre qu'un petit parc désert et la nature.

— Tu as orchestré mon assassinat ? chuchotai-je une fois que nous débarquâmes de la Chevy.

— Ouais, et la couverture, c'est pour dissimuler ton cadavre.

Il le dit avec un tel sérieux que durant une seconde, je tressaillis.

Immobile, je l'observai décharger son coffre d'un sac à dos et de trois plaids qu'il disposa au sol. Je m'avançai et ainsi, pu admirer la vue depuis nos hauteurs. Le ciel était couvert, cependant, les lumières de la ville étincelaient joliment dans cette obscurité dominante.

Un indéfinissable malaise prit en tension mon corps tout entier. Ce regard qu'il m'avait adressé, quelques minutes auparavant...

— C'est très romantique, dis donc, le taquinai-je pour dissiper mon inconfort.

Abain posa ses fesses sur le plaid et tapota la place à côté.

— Et encore, t'as pas tout vu ! Viens.

Je déglutis. Qu'est-ce que j'étais idiote d'en faire un cas, me dis-je, il ne me voyait pas comme ça.

Sous mon manteau, je subissais l'air glacé sur mes extrémités. Mon nez et mes joues devaient bien être écarlates et mes doigts trémulaient. J'ignorai comment il ne gelait pas sous son gilet. Lorsque je me lovai contre son flanc, il nous recouvrit chaudement avec les deux couvertures, m'embrassant la joue au passage.

— Dans quelques minutes, le ciel va exploser de couleurs. Ça va être génial.

Je haussai les sourcils.

— Comment tu sais ça ? Tu ne vis à SinderDale que depuis cinq mois.

Il ricana.

— Xiomara voulait qu'on passe la soirée ici. Je me suis dit que ça devait être le genre de truc que les filles apprécient.

Une soudaine colère me fit serrer la mâchoire.

— Tu n'avais pas rompu avec elle ?

— Rompu ? Il aurait fallu que je sorte avec elle dans un premier temps.

— Je vous ai vus vous tripoter à l'école, cette semaine.

Mon ton ne trahissait peut-être pas mon irritation, mais mon dégoût, lui, était manifeste.

Abain passa son bras autour de mes épaules.

— Ne me dis pas que tu es jalouse ? pouffa-t-il.

Que croyait-il ? Que du haut de mes treize ans, je ne ressentais rien ? Je crevais de jalousie. Mais comme mes autres sentiments, je m'y étais acclimatée.

— Non, c'est juste qu'elle me fait penser à ma mère.

Il y eut un silence.

Je me demandai s'il avait couché avec elle. Et si c'était pour cette raison qu'il fréquentait moins de filles, ces derniers temps.

— Tu comprendras tout ça plus tard, clôtura-t-il la conversation.

C'était n'importe quoi. Il le savait, je comprenais déjà très bien. Il n'avait rien trouvé d'autre à rétorquer, voilà tout. Il saisit son sac à dos, le fouilla pour en extirper un petit joint.

— Surprise numéro deux !

— Oh ! Soirée défonce ?! m'exclamai-je tout en joie.

Il opina, lèvres retroussées, allumant déjà la tige.

Depuis notre rencontre, c'était la troisième fois qu'il me fit déconnecter. Si j'étais réticente lors de sa première tentative, ma confiance absolue en lui me fit très vite céder. Et puis, je voulais lui prouver... j'ignorais quoi, mais... le décevoir m'horrifiait. Nous avions passé deux soirées mémorables, où mes remparts s'étaient ramollis, où je lui avais librement confié mes sentiments quant à ma situation. Je lui avais parlé de mon mécanisme de défense face à mes parents dans un premier temps, envers le reste du monde, dans un second.

Avec Abain, je ne craignais pas de recommencer.

Il tira les premières taffes, m'exposant un profil viril, qui pompait avec une telle avidité que j'en fus toute chose.

Il me passa ensuite le relai, retournant dans son sac pour en sortir une bouteille de Coca Cola et deux gros paquets emballés qui firent sortir mes yeux de leur orbite. La fumée dans ma gorge au moment où je hoquetai de surprise me fit tousser, lui arrachant des rires moqueurs.

— Mais... Abain.

— Joyeux anniversaire, Esme. Tu crois que mes parents étaient les seuls à avoir pensé à toi ?

Je déchirai énergiquement le premier présent, plat et rectangulaire, pour découvrir un carnet Bubbledor, réputé pour sa qualité de grain. Du genre que jamais je n'aurais pu me payer !

— Oh, punaise, Abain... mer...

— C'est pas fini, me coupa-t-il, ouvre le second.

Le palpitant serré et réduite au silence, je sentis cette fois mes canaux lacrymaux se dilater.

— Ce sont les meilleurs. Avec ça, tu pourras te surpasser.

— Je... sais. J'ai toujours eu envie d'essayer les crayons aquarellables.

— Je sais, tu m'en avais parlé.

Émue, je ne pus cependant m'empêcher de me questionner sur leur provenance. Certes, ils étaient neufs, mais ces merveilles coûtaient une petite fortune.

— C'est beaucoup trop, Abain.

— Ça te fait plaisir ? s'enquit-il avec tendresse.

J'acquiesçai vivement et me lovai dans ses bras.

— Merci.

— Je suis le premier fan de tes dessins. Je veux que tu me pondes des œuvres d'art, maintenant !

Une image me traversa l'esprit. Moi, assise sur un bureau, dessinant au crayon aquerellable et délayant les pigments avec ma joue. Nouveau hochement de tête, les lèvres pincées pour retenir mon amusement.

— Je les laisserai chez toi, comme ça, mes plus beaux dessins verront le jour dans ta chambre.

Je me voyais à présent allongée par terre, dans la tanière d'Abain, en train de me frotter à mes feuilles Bubbledor.

Conscient qu'il s'agissait surtout de réticences à emporter ce qui m'était précieux chez les Hynes, il apposa ses lèvres sur ma tempe.

Puis j'éclatai de rire.

— Qu'est-ce qui te prend ? me questionna-t-il, perturbé.

— Non ! C'est rien ! parvins-je à articuler entre mes caquètements.

Je m'étais transformée en poisson, se tortillant sur Bubbledor.

Ahuri, il me dévisagea avec des yeux de merlan frit, avant de se laisser emporter par mon hilarité.

— Tu imagines ! Moi en train de me rouler sur mes feuilles pour mélanger les couleurs !

Ses yeux pétillèrent.

— Ouais, mais avec des vêtements, ça marchera pas.

— Oh ! Tu crois que je pourrais me mettre à poil sur ton tapis et me rouler sur mes feuilles ?

Il rit derechef.

— Ouais, petit ver ! Tu peux tout faire. On peut tout faire, rien ni personne ne pourra nous retenir !

Je tirai une taffe plus profonde, voulus reprendre mon sérieux, mais impossible de m'arrêter de rire.

— On se badigeonnera à deux !

Il nous fallut un temps pour recouvrer nos esprits. Je m'étais calmée, consciente que ma stupidité était là l'effet de la beuh, seulement, cette image de nos deux corps nus ne me quitta plus une seconde.

Après avoir rangé ce matériel dans le sac, je lui abandonnai ma sèche. Sa paume enveloppa mon crâne. Nos regards arrimés, nous nous sourîmes. En cet instant, plus rien ne compta. Il était le seul qui m'importait. Plus que mon père, plus que ma mère, plus que les Loreto, plus que mon objectif. Il activait mon cœur morne par sa seule présence... Étais-je amoureuse ? Reconnaissante ? Sûrement. En réalité, ce que j'éprouvais était tellement plus puissant. J'eus soudain l'impression de me noyer dans les nuances sombres de la nuit.

— J'ai un dernier truc pour toi, me déconcerta-t-il en aspirant sa bouffée de douceur.

De son sac, il me tendit un livre. « Histoire des Arts, par Georges Stars ».

— Ma mère me l'a offert quand je me suis mis à taguer les murs des propriétés privées pour « exprimer mon côté artistique ». C'est un bouquin qui retrace les étapes de l'art à travers l'histoire.

— Mer...ci, balbutiai-je, submergée par ses attentions.

— Instruis-toi au maximum, petite gitane, qu'importe le domaine.

Tourné vers moi, il apposa ses index sur chacune de mes tempes, son sérieux bel et bien retrouvé.

— Le savoir est une arme, ne l'oublie jamais. Si un jour on te veut du mal, c'est ce qu'il y a là-dedans qui sera le plus efficace pour te sortir de la merde.

Ce n'est que des années plus tard que je compris le lien entre ce conseil et son livre sur l'art. Néanmoins, j'acquiesçai, dégoulinante de gratitude.

Puis je me mis sur les genoux, saisis son visage en coupe, et plantai mes yeux dans ses iris ombreux. De nuit, son expression me bouleversa davantage. Il coinça son bédo entre deux doigts pour l'insérer entre mes lèvres. Ne restaient plus que les bruits de la nature, le crissement des feuilles, l'embout qui se consumait... Je soufflai sur son faciès devenu impassible. Le joint s'écrasa au sol, nos lèvres se heurtèrent, faisant trembler l'intérieur de mon corps.

Comme à chaque fois, Abain attendait mon amorce pour enfin réagir à mes baisers. Et à chaque fois, c'était divin.

Il n'avait pas volé sa réputation, sa bouche avait un effet dévastateur. Elle happait, léchait, mordillait. Et quand il enfonça sa langue dans la mienne, je peinai à dissimuler mes vertiges.

Mes pulsations cardiaques s'envolèrent, ma respiration devint erratique. La pénombre et l'effet de la weed me faisaient planer. Abain sentait la drogue et le gâteau au chocolat. Sa main qui enveloppa le bas de mon dos sous mon manteau, sous mon pull, m'électrisa tant que je me collai à lui, mes bras noués autour de sa nuque. Pour la première fois, il dévia sur ma mâchoire, la gratifiant de baisers enflammés. Il s'échoua ensuite sur ma gorge, m'arrachant de lourds soupirs. Cet entrain l'extirpa de notre bulle, Abain recula pour me scruter.

— C'est à minuit qu'on est censés s'embrasser, non ?

Son ton se voulut taquin, mais mon ami avait le souffle court et semblait alarmé. Cette image de lui, alors que d'habitude, il maintenait brillamment le contrôle, me rendit à nouveau hilare.

— On n'est pas à quelques minutes près, non ? répliquai-je en tirant gauchement la langue.

Un baiser sur le bout de mon nez fut sa seule réponse, avant qu'il ne m'écarte et m'enjoigne à me réinstaller à côté de lui.

Les premiers feux d'artifice furent lancés. Ils explosèrent dans le firmament, de bleu, de jaune, de rouge.

— Ça commence toujours doucement, murmura-t-il.

À vrai dire, je n'avais pas vraiment la tête aux festivités. Mon cœur tambourinait, et je souffrais des traces qu'avait laissées Abain sur mon cou. Les images de nos deux corps nus sur le sol de sa chambre... le mien, encore juvénile, sous sa charpente d'homme, intimidante. Impossible de me concentrer.

Mes genoux étaient repliés, entourés par mes bras, soutenant mon menton affaissé par la frustration.

— Si j'avais su que t'en avais réellement rien à faire des feux d'artifice, on serait restés tranquillement à la maison, me charria-t-il en plantant son coude dans mes côtes.

J'enfouis mon faciès tout entier entre mes bras.

— J'aime bien les feux d'artifice. J'ai juste hâte que le temps passe...

Il comprit immédiatement la dimension générale de ma réflexion. Ce qu'il ignorait était que notre différence d'âge, en ce moment précis, me plongea dans une déprime instantanée.

— Tu ne m'avais pas avoué que ton quotidien te plaisait, actuellement ?

Je secouai la tête.

— Il s'est amélioré, mais je me sens coincée. Je suis encore trop jeune pour prendre ma vie en main.

Pour être ton égale.

— Au contraire. C'est maintenant que tu construis les bases de ce que tu deviendras ensuite. Tout ce que tu peux faire, c'est travailler dur pour y parvenir. Le reste suivra.

Foutaises.

— Je sens que ça ne sera pas aussi simple.

Il en parlait avec une telle facilité, à l'entendre, la vie n'était que les conséquences de nos actes. Moi, j'étais intimement convaincue qu'elle résultait également des agissements d'autres personnes.

— Qui a dit que ça le sera ? Il te faudra sûrement te battre, mais t'y arriveras. T'es forte et t'as des objectifs. À ton âge, moi j'étais qu'un crétin immature.

— Mouais... On peut pas dire que ça ait beaucoup changé, pouffai-je.

Oh ! Grand Dieu, je n'aurais jamais dû le taquiner ! S'en sont découlées des attaques intempestives de chatouilles. Mon hilarité m'étourdissait. Le malotru força mes défenses, dézippa ma doudoune et m'assaillit de ses doigts délicieux. Quand, accidentellement il toucha quelquefois ma poitrine, j'eus l'impression que les feux d'artifice explosaient à l'intérieur de moi. Le trouble se lut également dans son regard. Surement qu'il ne se doutait pas de mes courbes avant ce soir, elles étaient perpétuellement dissimulées sous de larges frusques à ces mêmes fins. En cette nouvelle année, j'avais envie qu'il les connaisse.

Nous avions terminé tous les deux en face à face, haletants, allongés sur notre flanc sur les deux couvertures. De si près, illuminés par le jeu de lumière du spectacle pyrotechnique, ses yeux étaient encore plus beaux. Ils me dévoraient. Audacieuse, je promenai mes mains sous ses vêtements, sillonnant le renflement de ses abdominaux.

— Pfff, t'as vraiment un physique de star.

Il me sourit... dégageant une menace qui me retournait l'estomac.

— Le problème, ajoutai-je, c'est que tu te la pètes trop.

Il me répondit de gros yeux.

— Moi ? Je me la joue ?

— Tu sais que t'es beau et t'en profites.

Il se bidonna en pénétrant sous mon pull, contourna ma taille en me calcinant par son contact, jusqu'à atteindre le creux de mes reins et me rapprocher de lui. Ma respiration devint sommaire.

— Tu me trouves si beau ? chuchota-t-il avec un air faussement prédateur.

Il connaissait la réponse, pardi !

— Je te trouve prétentieux, oui !

Son éclat de rire m'envoûta. Me fascina.

— C'est même pas vrai. Avoue que tu me trouves canon ! me charria-t-il sans se douter de l'émoi qu'il me provoquait.

Il s'approcha en plissant les yeux, au point que le bout de nos nez se toucha, me poussant au bord du précipice. Seulement, j'avais la sensation qu'au moindre dérapage, je planerais sans heurt.

Ces doigts qui me caressaient incessamment... Les délicieux frissons qu'ils me procuraient, plus déroutants que ceux de la froidure ambiante... D'ailleurs, je n'avais plus froid. Si près d'Abain, je mourais de chaud. Son pouce s'aventura sur mon ventre, près de mon nombril. Il traça des cercles tout autour pour creuser enfin dans son incurvation. À chacune de ses fouilles, un tiraillement m'étourdissait. Inexplicable...

— Si je t'embrasse, tu avoueras ?

S'il m'embrassait, je lui dirais tout ce qu'il voudrait. À mon hochement de tête, il posa ses lèvres sur mes commissures que j'étirai, puis le bout de sa langue les titilla l'une après l'autre. Je lui mordis la lippe afin qu'il l'entrouvre, happai sa bouche dans un baiser passionné.

Pour la première fois, il remonta sous mes couches textiles et s'empara de mon sein. Mon cœur fit une embardée. Le fin coton de mon soutien-gorge me permit une perception presque totale. Son baiser s'intensifia. Je tremblai. Son autre main agrippa ma fesse par-dessus mon jean. Abain frémissait, presque statufié sur mes attributs féminins. J'étais si heureuse qu'il les découvre, je faufilai mes doigts entre ses mèches, pressentant qu'il tentait de ralentir la cadence. Je ne voulais pas. J'avais besoin qu'il me prouve qu'un baiser passionné pouvait être chargé de tendresse, qu'il n'avait pas besoin de virer à la brutalité.

Mais il recula.

Hagard, il me dévisagea. Mesurant de sa paume mon rythme cardiaque.

J'avais encore besoin m'écraser contre sa présence réconfortante et si exaltante.

— Esme... je ne sais pas si c'est à cause de la fumette, mais...

— ... Tu es le plus beau, susurrai-je en l'interrompant, de peur qu'il ne rompe la magie du moment.

Je me réemparai ensuite de sa bouche qui me faisait tant rêver. Il n'émit aucune résistance, raffermit d'ailleurs sa prise sur ma poitrine. Mon souffle se perdit en lui. Quand mon mamelon fut sollicité à son tour, une sensation plus percutante me fit gémir. Elle fit jaillir des flashs de ma mémoire enfouie, et renaître le souvenir d'un moment intime que j'avais presque oublié :

Premier jour d'école : c'était au pas de course que je rentrai chez moi. Juste après la fin des classes, j'avais surpris Pablo, l'un des plus beaux caïds du quartier, dans une ruelle avec l'une des greluches de terminale. Ce furent ses feulements qui m'avaient interpellée dans un premier temps. Son sourire extatique témoignait de son plaisir. Lui, il la bécotait dans le cou, tandis que sa main était plongée dans son legging, sous sa culotte, occupée à se mouvoir d'une drôle de manière. Tétanisée, je mis quelques secondes à retrouver mes esprits, faire demi-tour et courir en direction de la maison.

Cette image me travailla toute la soirée durant. La complicité qui émanait d'eux était différente de l'animalité que dégageaient mes parents lorsque parfois je les surprenais.

Ce soir-là, comme bien souvent, j'entendis des bruits équivoques depuis le salon. Ma mère était de sortie. À tous les coups, c'était Dylan qui se matait un film cochon. J'avais pour habitude de m'isoler dans le silence de mon âme et de me concentrer sur les griffes de mon crayon sur mon carnet de croquis. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je descendis l'escalier à pas de loup. Je m'arrêtai à l'avant-dernière marche. De mon poste, je voyais la bière posée sur la table basse en désordre du salon, le canapé vide, le porno qui passait sur l'écran de télévision. En apnée, je mangeai du regard cette blonde plantureuse qui, les jambes écartées, présentait son sexe à la caméra, se le caressait frénétiquement. Indéniablement, elle y prenait du plaisir.

Un fracas depuis la cuisine me fit sursauter. Dylan revenait, combiné coincé entre sa joue et son épaule, pas préoccupé le moins du monde par le risque que son interlocuteur entende les ahanements de la blonde.

La poitrine en vrac, je me précipitai à l'étage, éteignis la lumière de ma chambre et me faufilai sous mes draps. Il n'y avait plus que le son de ma respiration lourde, et celui, tamisé, du téléviseur. J'étais plongée dans le noir, à me poser un millier de questions. Ma main glissa le long de mon ventre, par-dessus mon tee-shirt. Je fermai les yeux, saisie d'un embarras incommensurable, mais mon corps eut sa volonté propre. Mes doigts s'immiscèrent sous l'élastique de mon pyjama. À quoi ressemblai-je dans cette posture ?

À cette fille comblée par les attentions de Pablo ?

À ma mère, la puta dévergondée ?

À cette actrice qui prenait son plaisir en se doigtant ?

Quand je trouvai mon chemin, plus aucune question ne subsista. Un doux plaisir me gouverna. C'était agréable. Ça n'était plus si grave.

Quand il se mua en urgence, intense, je fus prise de court, pourtant incapable de m'interrompre.

Quand il explosa en moi, me fit perdre le contrôle jusqu'à l'étourdissement, jusqu'à me faire déconnecter de la réalité, je me jurai de ne plus jamais recommencer.

À présent, aussi invraisemblable que cela me parût, perdre le contrôle dans les bras d'Abain ne me terrifiait pas. Pire, je le désirais.

Je pris une importante respiration, pris sa main pour la diriger le long de mon ventre. Il m'embrassait toujours, se laissait faire jusqu'à ce que je la glisse entre mes cuisses, contre mon intimité.

Les yeux grands ouverts, il me détailla, troublé.

Muette, je la pressai contre mon intimité, savourant la chaleur soudaine qu'elle causa en moi.

— Esmeralda...

Je défis les boutons de mon pantalon, espérant qu'il saisirait le message. La mâchoire serrée, il comprit. À son regard parfois bleu, parfois rouge, ou vert, je pressentis qu'il me repousserait, mais ses doigts suivirent le chemin de mes attentes. Ils glissèrent sous ma culotte, lentement.

Incapable de désarrimer mes yeux des siens, je sentis ma respiration s'accélérer, j'étais sur le point d'exploser. Au premier contact intime, je me liquéfiai. Entendis la déglutition d'Abain.

— On est en train de partir en couilles..., murmura-t-il si bas que je ne fus pas certaine de ce que j'entendis.

Les sensations étaient trop fortes, trop déstabilisantes. Rien à voir avec mes propres touchers.

— Non, répondis-je, c'est très... bon.

Il était doux, faisait durer le plaisir, retournant à nos baisers tout aussi lents.

En cet instant, je me sentais l'héroïne d'un film. Une comédie romantique, avec un prince trop charmant, trop gentil, trop... tout. Les feux d'artifice éclataient, assourdissant mes gémissements de plus en plus soutenus.

Quand Abain assaillit ma gorge, concentré sur mes réactions, je me sentis approcher du gouffre. Au bord du point de rupture, je faillis lui avouer que je l'aimais, mais une émotion dévastatrice déferla jusqu'aux extrémités de mes membres. Elle me fit convulser, suppliant Abain d'arrêter, alors même que je désirais faire durer ce délicieux moment.

Il stoppa, me contempla en train de reprendre ma respiration, encore étourdie par mon orgasme. Je déduis à son léger rictus qu'il était fier de sa performance, lui qui semblait si troublé au début. Il frotta ses doigts mouillés avec l'herbe à disposition, s'amusant de ma gêne.

— Qu'est-ce qui t'a pris, Esme ?

Qu'est-ce qui m'avait pris ? Sa question me rembrunit. Le prince charmant se dissipait doucement au profit de la réalité.

Il dut le réaliser, car il se rallongea près de moi, m'étreignant contre lui. Entre quelques baisers sur mon front, il semblait chercher ses mots. Moi, j'étais perdue. Regrettait-il ? Peut-être n'y avait-il éprouvé aucune satisfaction ? Toute mon euphorie retomba sec. Dans ma bouche aussi, les mots s'étaient égarés.

— Ça t'a plu ? rompit-il le silence qui nous éloignait doucement.

J'opinai.

Il soupira et cajola mon dos, toujours sous mes vêtements.

— Et toi ? osai-je timidement.

Les quelques secondes sans réponse me mortifièrent, puis il m'embrassa, à nouveau, sur la tempe.

— C'était... déstabilisant. Mais j'aime te voir prendre du plaisir. J'aime t'en donner.

Il prit mon visage en coupe et me sermonna presque :

— Tu ne laisses aucun autre mec te toucher comme ça, c'est compris ?

Sa mise en garde me gonfla le cœur. Je réprimai tant bien que mal un sourire, agitant la tête en guise d'assentiment.

Des bombardements détournèrent notre attention. Le bouquet final éclata dans le ciel, tout en couleurs, en magnificence, nous menant à l'année deux-mille-sept sur une note de découverte.

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