Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 35

Plume blanche, plume blanche,

Mille reflets de diamants,

Fuir le rayon incident.

Gauthier tire galamment le tabouret pour que je m'y asseye. C'est sa marque de fabrique, aujourd'hui.

Comme la plupart des gentlemen modernes, il cherche sûrement à obtenir quelque chose en échange. Que je ne lui pose pas de questions sur l'origine de notre venue à Pearlake, peut-être ?

Manque de chance pour lui : il y a une raison et je suis bien décidée à la connaître. En me baissant pour refaire mes lacets, j'en profite pour lui glisser à l'oreille :

— J'ai réfléchi et...

— Et... ?

— Après ce qui vient de se passer, j'en déduis que ton invitation devait paraître ce qu'elle n'est pas pour servir tes intérêts. Pourquoi ?

— Doit-il toujours y avoir un « pourquoi » ?

— Pas forcément, mais ton manque de crédibilité me pousse à m'interroger. Vu le type de personnes que nous n'avons cessé de croiser depuis notre arrivée ici, j'en déduis que tu me caches la vérité.

— Vraiment ? s'étonne-t-il en haussant les sourcils.

— Absolument. Tu te comportes comme un vampire en disparaissant à tout-va. Je suppose que tu as d'autres secrets, indécelables aux yeux d'une âme sensible comme la mienne. Et puis si j'ajoute tes manigances de l'après-midi à la liste...

Le Diamant se penche par-dessus la table, me gratifiant de son sourire apparemment destiné aux confidences :

— Même si j'apprécie la comparaison, je n'ai rien à voir avec les buveurs de sang. Je suis un sorcier, comme toi.

À mon tour, j'avance mon visage vers le sien, me délectant de la situation. Désolée de te décevoir, l'ami, mais c'est bien toi qui vas perdre, cette fois.

— Aussi inexpérimentée que je sois, je n'embarque pas mes copains sous prétexte d'une virée en ville pour mettre je ne sais quel plan à exécution, moi.

— Je croyais que tu me détestais.

— Au début, oui. Mais j'ai franchi un cap, je ne suis plus au stade de la colère. Hier encore j'étais résignée, mais maintenant...

— Mais maintenant ?

— J'essaie simplement de te comprendre.

— Tu sais, l'amour et la haine sont sur le même palier, argue-t-il, ravi d'avoir réussi sa diversion.

— Peut-être, mais ça ne nous dit rien sur la longueur qui sépare les deux portes.

— Comment décrirais-tu cette pièce ? s'enquiert-il en posant ses coudes sur la table, de sorte que nos regards soient obligés de se croiser.

— Celle qui se trouve entre les battants ?

— Oui.

Je prends quelques secondes pour réfléchir. Le sujet est beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît.

— Grande, spacieuse, sombre. Avec des luminaires anciens, des murs en acajou et un sol neutre.

— Plutôt sobre, commente-t-il d'un air appréciateur. Du mobilier ?

— Non.

— Rien, alors ? Juste un espace abandonné et mal éclairé ?

— Si, des décorations murales. Des trophées, à vrai dire. Ils sont là pour combler le vide. Certains sont trop discrets pour qu'on les remarque, alors qu'on s'apprête à franchir la porte suivante. D'autres sont plus encombrants, tellement encombrants qu'ils nous bloquent le passage. Je les vois comme des totems. On les rattache à nos souffrances, les vestiges de ces moments passés, gravés dans nos souvenirs désenchantés. Ils sont toujours là, trop lourds, trop imposants pour qu'on puisse s'en débarrasser. Ce palier, cet entre-deux permanent peut paraître ridicule, insensé, mais il est nécessaire. Qu'on soit magicien ou simple mortel, les plus infimes particules que recèle cet endroit ne sont pas insignifiantes, au contraire. Elles définissent une relation. On ne peut pas avancer durablement sans les avoir affrontées. Certains y parviennent facilement, d'autres moins... Et les salles sont nombreuses – trop sûrement. Le plus souvent, on n'y voit que le néant, alors on franchit la deuxième porte sans prêter attention aux détails. Ce n'est que lorsqu'on se la prend de plein fouet qu'on revient sur nos pas, désireux de comprendre quel indice, quelle précision nous a échappé.

Je m'arrête un moment. Gauthier m'observe sans rien dire, avant de déclarer sûr de lui :

— Tu connais beaucoup les gens.

— C'est ce qui arrive quand on est seul, différent. On étudie ces personnes qui nous renient sans cesse pour tenter de comprendre les raisons de leur mépris. Lorsqu'elles s'arrêtent sur le seuil et aperçoivent des formes sombres, inconnues à travers la fenêtre, elles s'enfuient aussitôt, sans un regard en arrière. C'est dommage, elles ne pourront jamais découvrir ce qui se cache derrière la porte. Je crois qu'on prend conscience de notre isolement quand plus personne ne vient sonner, quand plus personne n'entre. La poussière s'accumule, l'odeur de renfermé s'installe. Au fil des mois, la maison s'effondre, elle tombe en ruine. Quelqu'un s'en soucie-t-il ? Non. Pourtant, il paraît qu'un homme, qu'une femme y vit, mais personne ne le vérifie. Qu'importe, de toute façon ? Ça ne change rien.

Les larmes me montent aux yeux, mais je réussis à les retenir assez longtemps pour finir :

— Ça ne change rien, excepté pour cette âme perdue, seule et esseulée. Elle tente à tout prix de sortir de sa prison, mais sans personne pour lui ouvrir – pour s'intéresser à elle –, c'est impossible. Alors elle se raccroche à la seule chose qui lui reste : ses souvenirs. Elle s'allonge sur le plancher, enchaînée à cette pièce vide pour l'éternité.

— Au palier de tout à l'heure ?

— Celui-là même. Le vide y devient oppressant. L'âme y chute sans cesse, jusqu'à atterrir au plus près du néant.

— Mais comment peut-elle tomber aussi bas ? La maison n'est pas en pente. Il n'y a pas de gouffre, non ?

— Tout le monde n'a pas un sens de l'équilibre aussi développé que le tien, Gauthier. Les murs bougent pour nous désorienter, pour qu'on ne sache plus vers quelle direction se tourner. Dans leurs mouvements, ils décrochent les trophées, qui nous percutent et nous font chavirer. C'est douloureux, incisif. Il arrive qu'ils nous enterrent, parfois...

— Tu as une vision très pessimiste de la vie, constate-t-il, on ne peut plus grave.

— J'ai trop basculé, c'est sans doute pour ça : les blessures ne sont pas encore soignées, les plaies ne se sont toujours pas refermées.

— Pour l'instant, où en es-tu de ton exploration ?

— Je pense t'avoir cerné, mais rien n'est moins sûr. Vu l'aura de mystère qui t'entoure, j'ai forcément manqué des fragments, des éclats de toi. Ta demeure est un vrai labyrinthe !

Je laisse le silence s'installer, ce genre de silence capable de meubler une salle telle que celle que je viens de lui décrire. Je n'ai pas envie que ma sensibilité se manifeste davantage.

Pas ici.

Pas maintenant.

Plus jamais.

Gauthier l'a sans doute compris puisqu'il change de sujet :

— Alors, quelle est ta première impression du monde magique ?

Pas très naturel, c'est vrai, mais ça fait l'affaire. Je triture mes doigts un à un, submergée par ma difficulté soudaine à m'exprimer devant lui après ce que je viens de lui dévoiler.

— C'est plutôt cool, même si ça reste étrange la plupart du temps, comme avec ce qui vient de se passer.

J'ai encore du mal à mettre des mots sur l'événement de tout à l'heure.

— Tu n'aurais pas dû t'interposer entre Alicia et moi.

— Je sais.

Il va pour répliquer, mais la barmaid nous interrompt pour prendre nos commandes. C'est seulement là que je réalise qu'elle ne nous a pas distribué de menus. Mon compagnon d'infortune ne paraît même pas surpris ; l'a-t-elle fait exprès ? Il l'informe le plus naturellement du monde :

— Deux fumets de Minotaure, s'il te plaît.

Il a beau rester poli, son ton est froid. Glacial, même. À mon avis, il n'a pas digéré son impertinence de tout à l'heure.

Dès qu'elle est partie, il poursuit son interrogatoire sans me laisser le temps de deviner la composition du fameux fumet de Minotaure :

— Pourquoi as-tu agi de la sorte ?

— Tu étais en danger !

— Quelle différence ça fait ? J'aurais très bien pu me débrouiller par moi-même.

— C'est peut-être parce que j'en avais envie...

Il fronce les sourcils, peu convaincu par mon explication. Pour nuancer mes propos, j'ajoute subtilement :

— Je n'avais pas le choix, tu aurais perdu !

— Tu penses vraiment que ces pirates de pacotille auraient réussi à me battre ?

— Ils étaient une vingtaine, si ce n'est plus. Personne ne fait le poids face à une meute de crochets émoustillés.

— Tu me sous-estimes, murmure-t-il, les lèvres serrées.

— C'est possible. À moins que ce ne soit toi qui sois tenté par la démesure.

— C'est parce que tu n'arriveras jamais à te mettre à ma hauteur, rétorque-t-il, piqué au vif. 

Vous en pensez quoi, vous ? Gauthier aurait pu triompher de ces pirates sans l'aide de personne ?

– Assurément ! 💁‍♀️

– Pas vraiment... 🙅‍♀️

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro