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Chapitre 33

Une pile de livres visiblement très anciens est soigneusement posée sur mes bras. À quelques mètres de là, Gauthier cherche un nouvel écrit dans les rayonnages d'une bibliothèque, ma liste de fournitures à la main.

— Tu es souvent dans la lune ? J'aurais pu avoir affaire à un éléphant ou à une baleine géante, personne ne m'aurait aidé ! s'exclame-t-il avant que je puisse trouver une remarque antipathique à lui suggérer concernant la quantité excessive de manuscrits que soutiennent mes membres.

Je lui tends la pile, ponctuant le tout d'une répartie cinglante qui a enfin achevé le trajet de mon cerveau jusqu'à ma bouche :

— Dis-moi, ça t'arrive de te montrer sympathique, ou même cordial avec les gens ?

— Seulement avec ceux que je trouve profondément ennuyeux.

— Ce n'est pas une raison. Personne n'aime être comparé à un éléphant ou une baleine, à ce que je sache.

— C'était plus un compliment qu'un reproche. Les pachydermes sont très intelligents.

— Tu m'énerves !

— Moi ? Pourquoi ?

— Oui, toi. Tu as toujours réponse à tout !

— C'est que j'ai de l'expérience.

— Avec les filles ou les êtres vivants en général ?

— Je rêve ou tu t'intéresses encore une fois à ma vie sentimentale ? Attention, Rubis : ça va finir par devenir une habitude.

— Je rêve, ou tu éludes ma question ?

S'ensuit un duel de regards dans une atmosphère devenue subitement oppressante.

Après près de deux minutes de lutte acharnée, le combat se solde par un match nul.

Gauthier m'offre un sourire malicieux alors que j'exulte de l'avoir pris à son propre jeu.

— C'est quoi, tous ces bouquins ?

— Tes manuels scolaires, auxquels j'ai ajouté quelques ouvrages de choix, bien sûr.

— Tu veux m'assommer de lecture, ou quoi ?

— Même si c'est très tentant, ce n'est pas mon objectif premier. J'ai dans l'idée de te les faire découvrir, c'est tout.

— Je ne vois pas comment tu pourrais connaître mes goûts littéraires, argué-je, perplexe.

Il tourne sa tête sur le côté, l'air coupable. Son silence est plus parlant que ne l'aurait été un aveu.

— Attends, tu ne vas pas me dire que...

— Je ne pouvais décemment pas ignorer les Twilight et autres sagas romanesques...

— Tu as fouillé dans ma bibliothèque !

Pitié, dites-moi qu'il n'a pas touché au reste de ma chambre. Qui sait sur quoi il aurait pu tomber, perdu dans mon désordre habituel ?

— J'avoue m'être un peu renseigné lors de ma récente visite. Comprends-moi : j'étais curieux de savoir si tu ne lisais pas Les Hauts de Hurlevent par simple obligation.

Je reste sciée. Pas un balbutiement, ni même un vocable ne sort de ma bouche. Aucun son ne pourrait témoigner de la surprise qui étreint ma gorge. Est-ce que quelqu'un s'est déjà intéressé à mes goûts littéraires auparavant ? Est-ce que quelqu'un m'a déjà donné un livre en espérant qu'il puisse me plaire ? J'ai beau chercher dans les plus infimes recoins de ma mémoire, je n'en ai pas souvenir.

— Pour répondre à ta question, cet ouvrage devrait te plaire. Il évoque toutes sortes de nouvelles relatives à la magie. Tu me diras laquelle est ta préférée.

Il me tend un exemplaire d'un vieux volume intitulé Céleste, ou l'origine des espèces surnaturelles, duquel s'échappe une forte odeur de renfermé.

— Qu'est-ce qu'il raconte ?

— C'est l'équivalent du travail de Darwin pour les espèces magiques, à ceci près que l'histoire de Céleste est plus imagée. Moins scientifique, si tu veux.

Plutôt rassurant pour une littéraire dans l'âme telle que moi. À mon entrée en Première, j'avais d'ores et déjà fait le deuil des mathématiques. À chaque début de cours de sciences, je me consolais en me répétant que la physique-chimie ne tarderait pas à suivre.

💎💎💎

La journée se poursuit ainsi : quelques emplettes à droite à gauche, des taquineries de-ci, de-là...

Finalement, Gauthier n'est pas aussi détestable qu'il veut le laisser paraître. Tout au long de l'après-midi, il porte les multiples sacs contenant vêtements, livres, minerais et autres fournitures toutes plus détonantes les unes que les autres, tout cela sans broncher.

Je suis davantage épatée par son impeccable sens de l'équilibre que par sa galanterie surjouée, à vrai dire. Je lui demande de me laisser en prendre quelques-uns, mais il refuse net à chaque tentative. Pour la énième fois, il coupe court à notre échange en déclarant sur un ton plus sec que d'habitude :

— Combien de fois vais-je devoir te le dire ? Tu n'en auras aucun !

— Explique-moi au moins comment tu fais. Je serais déjà tombée trois fois, à ta place.

— Tu es maladroite, c'est tout.

— Un funambule serait moins agile que toi.

— Il te suffit de savoir mettre un pied devant l'autre. Tu vois, comme ça, à allure régulière, ironise-t-il en improvisant quelques pas de danse.

Il se moque de moi. Sans gêne apparente, qui plus est. Pourtant, sa remarque n'est pas foncièrement mauvaise. J'ai beau chercher, je n'y décèle pas la moindre trace de mesquinerie – de la taquinerie, à la rigueur...

— On y va ? lance-t-il après s'être calmé.

Nous arrivons devant une taverne qui borde le fleuve de Pearlake. On aperçoit des couples à l'intérieur.

— C'est un rencard, ou... ?

— Prends ça comme tu veux.

Malgré son ton léger, Gauthier semble tendu. Il entre dans le bâtiment avec une expression fermée sur le visage. En découvrant l'endroit, ma supposition de rendez-vous galant s'envole aussitôt. Ce n'est pas ici qu'on rencontre quelqu'un, sauf pour discuter business.

Rien qu'à voir la gérante, tout laisse présager que ce restaurant a plus des allures de bateau fantôme que d'enseigne gastronomique : le bandeau noir qui recouvre son œil suffit pour me le prouver.

Mais les tabourets en bois percés et les tonneaux bringuebalants ne sont pas les éléments les plus étonnants de ce décor abyssal. Les visiteurs jaugent leurs adversaires du coin de l'œil en se cachant derrière leurs barbes – bleues, rousses, blanches ou noires selon les individus – et leurs chapeaux à tête de mort. On se croirait dans un remake de films de pirates.

Mais où est donc passé Jack Sparrow ?

À notre arrivée, ils se tournent vers nous de manière plus ou moins discrète – taper sur la cuisse de son voisin en toussant bruyamment n'en est définitivement pas une.

Quelques hommes se dégagent du groupe pour donner une poignée de main à Gauthier, tandis que leurs comparses nous jettent un regard mauvais.

Lorsque les salutations sont terminées, le Diamant se dirige vers le comptoir comme si de rien n'était. La femme derrière le bar l'observe avec circonscription, avant de lui cracher au visage :

— Qu'est-ce que tu fous là, sale ordure de Tenebrosus ? T'es pas le bienvenu ici !

Ça s'annonce mal pour Gauthier, on dirait ! 😅 Qu'est-ce qu'insinue la femme, en disant qu'il n'est « pas le bienvenu » ici ? 

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