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Chapitre 103

— Pour le reste, reprend le Diamant, c'est toi – toi, la Rubis adolescente – qui m'as fait réfléchir. Tu parlais d'une toute petite voix, si faible, si fragile, mais tu me regardais toujours avec la même intensité, sans fléchir ; il y avait cette étincelle de folie dans ton regard. En à peine quelques secondes, tu m'as convaincu qu'une vie pleine de danger et d'incertitudes valait la peine d'être vécue. Je ne pouvais pas te faire souffrir, quand bien même je l'aurais voulu. Pas besoin non plus de te voir à l'œuvre pour constater l'étendue de tes pouvoirs. C'était joué d'avance : une fillette capable d'émettre un bouclier sans aucun objet magique à sa disposition était destinée à devenir extrêmement puissante après l'obtention de sa gemme. Alors j'ai repensé à ce que j'avais déjà entendu par le passé et surtout à ce qu'il pourrait advenir de toi si ton rubis tombait entre de mauvaises mains. Une part de mon inconscient a sans doute considéré que c'était injuste. Non, ton existence ne pouvait se résumer à toutes les souffrances qu'on allait t'infliger. C'était impossible à concevoir. Le soir, lorsque je suis revenu à la planque où Aaron et les autres m'attendaient, j'ai annoncé mon départ. Déserté, pour ainsi dire. Ce qui a suivi, je l'ai fait dans ce même état de transe dans lequel j'ai quitté le groupe. Je me suis inscrit à Talesia dans l'espoir de te revoir. Je me disais que, peut-être, tes capacités magiques seraient rapidement reconnues et te permettraient d'intégrer cette faculté. Heureusement pour moi, mon intuition s'est rapidement vérifiée. Sans toi, j'ignore comment j'aurais pu supporter des types comme Aloïs. Tu m'as sauvé, en un sens...

Comment décrire ce que je ressens à cet instant ? Tout est si confus, si touchant à la fois. Savoir que quelqu'un m'a vue dans mon intimité, durant les seuls moments où je pouvais me laisser aller, est extrêmement troublant.

Surtout si ce quelqu'un s'appelle Gauthier.

J'ai beau chercher, je ne me souviens pas de l'avoir vu aussi sincère avec moi. J'ai l'impression de me voir à travers lui, comme si tout ce qu'il venait de me dire n'avait pas d'importance, comme si je le savais déjà. Il est temps d'être franche, moi aussi, de lui dévoiler ma part de mystère, ce secret que j'ai toujours essayé de camoufler à l'aide d'un sourire.

— J'ai perdu mon cousin, Simon, à mes neuf ans. Il s'est volatilisé dans la nature du jour au lendemain. Je devais être triste de ne plus avoir de nouvelles de lui ou qu'il ne fasse plus de parties de cache-cache avec moi...

— On ne pleure pas comme ça juste parce qu'on se sent triste, Rubis. Si on est désespéré, seul, démuni, alors oui. Une part de toi devait être détruite depuis longtemps déjà.

— Ça arrive à tout le monde d'avoir un petit coup de blues de temps en temps, surtout lorsqu'on est enfant !

— Pas quand il persiste quotidiennement pendant presque un an et demi.

Aucun son ne parvient à sortir de ma bouche. Les mots ne me sauveront pas, cette fois. Peu importe les mensonges que je veux créer, ils sonnent trop plats, trop difformes pour être vrais.

— Comment ça s'est arrêté ? murmure-t-il d'un ton doux, presque rassurant.

— Je me suis réfugiée dans la seule échappatoire qu'il me restait, celle qui ne pourrait pas m'abandonner avant mes seize ans, qui pourrait même m'assurer un avenir si j'y croyais : l'école. Cours, leçons, devoirs... Du travail, encore et toujours.

— Et si tu devais te sentir mal à nouveau, tu t'y replongerais ?

— Assurément.

— Pourtant, ça t'a fait souffrir.

— On s'accoutume à la douleur lorsqu'elle en devient habituelle. Les imprévus sont rares, la routine nous assomme. Il faut seulement apprendre à ne pas sourire trop souvent, pour savoir serrer les dents le moment venu.

— C'est faux, affirme-t-il, sûr de lui.

— L'absence ou le manque ne sont que des causes supplémentaires d'apitoiement, pour moi. Je préfère que la souffrance soit inexistante ou double, quitte à ce qu'elle me terrasse...

— Que t'apporte la magie, dans ce cas ?

— Un équilibre, déclaré-je après quelques secondes de réflexion. Une ligne continue sur laquelle je peux me balancer sans risquer de tomber. Soit j'arrive à destination, soit je chute. Avant, mes rêves étaient trop abstraits pour que je bascule du bon côté. Ils réussissaient tout juste à me maintenir à la surface, à ne pas sombrer dans cette mer d'hostilités. Malheureusement, je ne parvenais jamais à regagner la rive : elle m'échappait chaque jour davantage. Mes pouvoirs me permettent de me placer sur ce fil et de m'y maintenir, m'aidant parfois à avancer, parfois à m'effondrer, mais jamais à stagner ou reculer.

Comme toujours, pas besoin d'en rajouter. Gauthier comprend et sort son portable de sa poche d'un geste quasi machinal. Je jette un coup d'œil à l'heure par-dessus son épaule : notre session d'examens de mi-année débute d'ici dix minutes.

— Tu peux m'expliquer pourquoi je me sens autant en confiance ? Nous n'avons même pas révisé, ce matin.

— Tu as bossé comme une folle, ces dernières semaines. Tu es plus que prête !

— Tu as raison. N'empêche, c'est ce que tout le monde a fait. Hormis ceux qui se dopent à une potion inconnue qui risque de causer des effets indésirables sur leur santé – et leur moyenne.

Après avoir rassemblé mes affaires, je me lève et commence à m'éloigner, mais deux mains s'enroulent autour de ma taille et me font pivoter dans la direction opposée.

Mon rôle de petite amie me confère décidément bien d'autres obligations.

— Tu n'aurais pas oublié quelque chose, par hasard ?

Mon rythme cardiaque s'accélère, comme à son habitude. Mon cœur se fera-t-il un jour à l'adrénaline qui me saisit chaque fois que mes lèvres environnent celles de Gauthier ?

Elles s'unissent en un baiser rassurant que je suis la première à rompre. Pas la peine qu'il prenne conscience que quelque chose me tracasse, lui qui est si perspicace.

— Bonne chance.

Je parviens à peine à lui répondre un « toi aussi », encore tout essoufflée par notre étreinte.

D'une démarche peu assurée, je me dirige vers le pôle éducatif, transformé en gigantesque salle d'examens pour l'occasion. Plancher sur un questionnaire de Sciences Occultes les pieds dans l'herbe rouge, pourquoi pas, après tout ? Rien n'est impossible à Talesia ! Ma note s'ajoutera à celle de mon exposé sur les âmes sœurs qui, avouons-le, risque d'être plutôt moyenne.

Gauthier et moi prenons chacun un chemin différent pour éviter de nous faire repérer, notre relation étant toujours officieuse. Chaque fois que sa peau touche la mienne, j'ai l'impression de goûter à un nectar inconnu, de plus en plus enivrant au fil du temps. Une part de moi ne peut s'empêcher de se demander si cette sensation est temporaire ou si elle ne cessera jamais de perdurer.

Pour me concentrer, je récite mentalement des formules sûres, efficaces. C'est bénéfique, jusqu'au moment où je m'assieds à côté d'Aloïs et qu'il me gratifie d'un charmant :

— Tu étais encore avec lui ?

Aloïs commence à être sacrément relou, vous ne trouvez pas ? 😑

– 👎

– 👍

Rubis va réussir ses examens, vous pensez ?  

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