Je signe après avoir lu tout le contrat. Il récupère les documents et les donne à un de ses assistants. La voiture s'arrête sur une magnifique demeure. Il descend et me tend son bras, je le saisis et appuie avec mes ongles de toutes mes forces.

— J'espère que tu sais les utiliser pour autre chose !
Je regarde, choquée et les retire.

On s'introduit dans la somptueuse maison, un homme habillé en vêtement traditionnel d'orient s'avance vers nous.

— Mon frère, quel plaisir de t'avoir parmi nous. Et cette charmante demoiselle est un délice pour les yeux.

Amir me regarde et je suis comme transportée par ses yeux, en plein milieu de cette cour.

— J'ai eu de célèbres femmes à mes bras. Mais j'ai pensé qu'un peu de changement s'imposait.

La remarque est celle de trop, je l'abandonne avec son frère et je rejoins la cérémonie à la recherche du buffet. Il est gigantesque, les chefs cuisinent devant les invités. L'odeur est appétissante, je me saisis d'une assiette et y dispose plusieurs mets. Je goute et c'est comme je l'imaginais, un délice.

— C'est toi, ma remplaçante ? Une vulgaire vendeuse.

Je pose les yeux sur la petite amie de la boutique, elle semble remontée contre moi.

— Va voir ton « petit ami ». Je subis comme toi.

— Je vais te montrer ce que c'est de subir.

Elle se saisit d'un plateau et la renverse sur cette robe hors de prix et se met à rire. Je crois que c'est la pire humiliation que je n'ai jamais subie. Je prends de l'élan et je lui donne un coup de poing, elle tombe au sol.

— Ne t'avise plus de poser les mains sur moi !

Tous les regards vont dans notre direction, je me ressaisis et je me dirige vers une salle de bain. J'essaye de me nettoyer avec une serviette et un peu d'eau, mais la robe est foutue. Mes cheveux sont gras, je suis bonne à fuir. Je sors de la salle de bain et j'évite les invités dans les couloirs.

Je trouve le prince Amir adossé devant l'entrée.

— Quelle poigne !

— Vous êtes la poisse incarnée ! Vous avez tout saccagé dans ma vie ! Et votre conquête s'en prend à moi.

— Tu es de loin la plus atypique.

— Je ne suis pas votre conquête.

— Pas encore.
Avec une voix rauque, qui me fait ressentir de drôles de sensations.

Je le contourne et je marche vers le portail. Je suis enfin dehors, mais je suis en plein milieu de nulle part. J'enlève les talons, tant pis pour mon soin des pieds. Je marche quelques minutes quand une voiture de luxe s'arrête.

— Le prince sait conduire ?

— Il sait faire plein de choses, le prince.

— Que c'est charmant.

— Allez, monte, tu vas abîmer ma voiture à cette vitesse.

Je monte, je souhaite préserver le peu de soin qu'il reste sur mes pieds. Il démarre en trombe, en direction de la ville. Il met de la musique typiquement omanaise.

— Tu comprends les paroles ?

— Pourquoi je les comprendrai ?

Il se reconcentre sur la route. Bien sûr que je les comprends, mon père a insisté auprès de ma mère américaine pour que j'apprenne ma langue paternelle. La chanson parle d'amour, de passion et de trahison.
La voiture s'engage dans un chic quartier, il s'arrête, un portail s'ouvre, il s'avance jusque devant la maison, stationne et me demande de le suivre. J'ai un peu de mal à comprendre notre présence, mais étonnement, je le suis jusque devant la maison. La porte s'ouvre sur une gouvernante, il lui pose les clefs dans ses mains.

— Je vais me mettre à l'aise, je reviens. Rosa, installez-la dans ma chambre avec tout le nécessaire.

— Quel nécessaire ?

Il ne prend pas la peine de me répondre et s'engouffre dans les couloirs de cette maison. Rosa m'accompagne à l'étage. Pourtant, dans le contrat, je n'ai pas vu de clause concernant ce genre de prestation. Comme je m'en doutais, la chambre est décorée avec ostentation, des tableaux hors de prix, des statuts les plus couteuses, au centre un lit gigantesque avec du linge de lit en soie noir. J'ouvre la porte attenante, c'est une salle de bain qui fait tout mon appartement. Il y a une autre porte qui donne sur un dressing. Rosa entre dans la pièce et me tend une pile de vêtements. Pour le moment, rien de spécial. Je prends une douche et enfile le pyjama.
Je m'assois sur le lit, quand je vois la porte s'ouvrir.