Un mois plus tard, je suis en plein déménagement. C'est le jour du départ pour la Floride, avec mon diplôme en poche et les recommandations de Roberto. Je finis le pot de départ en compagnie de mes plus proches amis. Catherine a fait le déplacement, elle est aux anges, je partage sa joie. Ally me fixe, les yeux larmoyants, elle sait ce que ce pot signifie : après mon départ, ma place sera vide. Mais on s'est promis de s'appeler souvent. Roberto me prend à part et me donne des conseils et puis il me prend dans ses bras. Je suis très émue, je ne retiens plus mes larmes. Je suis tellement bénie d'avoir croisé la route de chacune de ces personnes. Je quitte la fête avec les bras chargés de souvenirs et de cadeaux et je me dirige vers mon appartement, récupère ma valise. Je fais le tour une dernière fois de l'appartement, je referme la porte. En me retournant, j'ai un sursaut.

— Amir...

— Inès.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je viens te dire au revoir, tu ne m'as pas convié au pot de départ.

— Tu n'y avais pas forcément ta place.

— C'est gentil.

— C'est la réalité.

Il me prend ma valise et on se dirige vers le hall, il pose la valise. Je la saisis et la fais rouler jusqu'au taxi.

— Laisse-moi t'accompagner.

— Non, Amir, je crois qu'on sait tout dit il y a un mois.

— Pas de mon côté.

— On ne pas être ensemble.

— Si tu penses à mon père, je m'en suis occupé. Il ne t'embêtera plus.

— Je pense à notre histoire improbable.

Le taxi sort de sa voiture, je le regarde.

— Je dois y aller.

— Bien.

Je me dirige vers la voiture, je monte à l'arrière sans me retourner, je crains de ne pas être capable de poursuivre mes objectifs, si je le fixe encore une fois. La voiture démarre, je me sens si seule dans mon monde. Je fais le trajet en repensant à notre histoire, je ne sais pas comment la nommer. Je me convaincs qu'il ne peut pas y avoir d'issue positive, une histoire malsaine. Le taxi me parle, je réponds à ses interrogations par mécanisme, mais mes pensées sont obnubilées par Amir.

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Flashback.

Un mois auparavant.

Il m'invite à dîner pour me remercier d'avoir pris soin de lui. J'ai décliné à plusieurs reprises, mais il ne se laisse pas facilement démonter. Ally me pousse à accepter et je cède encore une fois. Mes résolutions s'envolent en fumée dès qu'il me tourne un peu trop autour.
Je m'apprête dans la salle de bain, en préparant scrupuleusement mes arguments. Car je sais qu'il tentera encore de me faire flancher, avec ses regards, ses mots, sûrement ses touchers.

J'entre dans le restaurant, il n'est pas là. C'est bien la seule personne à insister pour me voir et qui est en retard au rendez-vous. Je m'assois et je pianote sur mon téléphone.

— Je suis désolé pour mon retard.

— Une chose que j'ai apprise à accepter.

— Ce n'est pas ce que tu crois.

— Je ne crois rien.

Il s'assit en face de moi, le serveur nous pose la carte, Amir l'a renvoyée, il souhaite avoir mon attention.

— Tu sais pourquoi je souhaite te voir.

— Plus ou moins.

— Épouse-moi !

J'écarquille les yeux, c'est la pire des déclarations que j'ai eues. Je suis incapable d'émettre un son, s'il voulait me surprendre, c'est réussi, aucun de mes arguments préparés ne rentre en champ de mire. Je croise mes mains avec désapprobation.

— Je voulais avoir toute ton attention.
Je le fixe cette fois avec colère.

— Tu joues à quoi ?

— À rien, je t'aime.

Oh seigneur, tous mes arguments seront inutiles.
Il rit.

— J'ai parlé à haute voix?

— Je t'aime, Inès. Je sais que j'ai mis beaucoup de temps à m'en apercevoir, mais je t'aime sincèrement.

— Nous ne sommes pas du même monde, il y a ton père, ta mère.

— Ce n'est que des faux arguments.

— Mais ce sont les miens, tu dois les accepter.