Chapitre 39
Il m'observe manger, je peux à peine avaler ma bouchée. Il se relève, je le suis du regard, il se dirige vers ma chaise. Ma respiration s'accélère, je pose ma fourchette. Il décale ma chaise, il s'abaisse jusqu'à ma hauteur.
— Étrange de te voir avec des vêtements bon marché.
Il se décale et je l'entends rire. Une rage s'insinue en moi. Je me contiens, il cherche à me faire sortir de mes gonds. Il quitte la table et m'abandonne à mon humiliation. Il m'a coupé l'appétit, je me retire à mon retour et rejoins ma chambre. Je m'endors heureusement rapidement, la fatigue du voyage a fait le reste.
Le matin, j'espère avancer sur mon travail, pour commencer à envoyer à Roberto les consignes pour la robe. Je me change et je rejoins la salle du petit déjeuner. Je suis encore seule ; mais un buffet garni une table. Je me sers, je suis affamée. Une fois le petit-déjeuner avalé, je me dirige vers la salle de séjour à la recherche d'Amir. Il faut avancer rapidement, pour que je puisse rentrer chez moi.
Une domestique vient de m'avertir que je suis attendue à l'extérieur. Je me dirige vers l'extérieur, devant la porte d'entrée. Amir est en habit traditionnel, je le fixe avec suspicion.
Il se saisit de son téléphone, pianote quelques secondes.
— On y va.
— Où ça ? J'ai une robe à créer.
— Patience.
— Non, je ne viens pas.
— Bien.
Il compose un numéro sur son téléphone.
— Allo Roberto.
J'écarquille les yeux.
— Je suis en compagnie de ton assistante et je dois te dire quelque chose.
Je fais des grands gestes, pour qu'il se taise et raccroche, mais il continue. Je saute pour lui saisir le téléphone et lui l'arrache, je raccroche. Je le vois éclater de rire, ce qui amplifie ma colère.
— Je te suis.
— Très bon choix.
Il rejoint un tout-terrain, je m'attends au pire.
J'entre dans le 4x4 en claquant fortement la portière. Je le vois sourire, mais je ne rentre pas dans son jeu. La dernière fois, j'ai tout perdu. La voiture démarre dans un brouhaha assourdissant.
— Tu n'as pas prévu de tomber en panne une deuxième fois ?
— Je ne me suis pas arrêté sur la question.
Je le fixe avec haine, mais il s'en contrefiche, il accélère, mon corps est expédié à l'arrière puis à l'avant à cause du choc brutal. Je me tiens fermement au siège, il enfile ses lunettes de soleil et il faut le reconnaitre, il est à tomber. Mais je chasse cette pensée de ma tête.
On roule une bonne heure, autour, il n'y a rien, le désert est aride et chaud. Aucune trace de vie humaine à l'horizon. On s'arrête dans ce qui semble être un enfoncement. Des dromadaires sont retenus par deux vieux hommes.
— Tu n'es pas sérieux ? Des dromadaires ?
— Ça y ressemble en tout cas.
Je lui mets une tape, il explose de rire.
Il sort de la voiture et ouvre la mienne, mais je refuse de descendre, je me cramponne à la chaise. Je ne suis pas ici pour faire une balade à dos de dromadaire. Il se penche, son odeur d'orient et viril me prend au nez. Je suis au bord de l'implosion. Il détache ma ceinture, place une de ses mains en dessous de mes genoux et l'autre sur mon dos. Je me sens soulevée, il m'extrait de la voiture comme un vulgaire objet. Je me débats, mais il me retient fermement jusqu'au dromadaire.
Il me jette au sol comme un sac. Je me relève et me dépoussière et saute sur lui. Il est au bord de l'étouffement de rire. Les deux vieux hommes nous regardent, hébétés par cette scène.
— Espèce de prince à la noix !
— Ce n'est pas ce que tu disais quand tu t'occupais de ce qu'il y a en dessous de ma ceinture.
— Je rectifie, gros pervers.
Son rire amplifie.
— Tu grimpes sur le dromadaire ou je t'y aide.
— Tant que ce n'est pas sur toi.
— C'est qui la perverse de nous deux.
Je l'ignore et me dirige vers le dromadaire qui m'est destiné. Le maître le fait basculer pour que la montée soit plus facile. Je réussis à grimper et à m'agripper à la selle comme jamais. La chute peut être fatale. Je l'observe monter à son tour, son dromadaire approche le mien, il me tend un chapeau pour éviter l'insolation.
Nos dromadaires se mettent en marche vers le désert. Les premières minutes, la sensation est étrange, mais je m'y mets assez vite. J'observe les alentours, une brise chaude souffle sur mon corps. Finalement, ce n'est pas si mal, si je n'étais pas en compagnie d'Amir.
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