Trois jours que je travaille avec lui, on n'a pas évoqué la suite à donner à ce baiser. Je tape les notes d'un rendez-vous, quand il m'arrête et me relève. Je le regarde avec suspicion.

— Allons déjeuner.

— À mes frais ?
Il sourit.

— Non, je suis un gentleman.

— Jusqu'à présent, je ne l'ai pas vu.
Il ricane.

On se dirige vers le parking, quand il me plaque contre un mur, il pose ses lèvres sur les miennes. Je suis prise au dépourvue, les premières secondes, je suis perturbée, mais je reprends possession de mes capacités. Je réponds à son baiser, il est explosif, son corps collé au mien, et nos langues qui s'enroulent dans tous les sens. Je perds mon souffle, mais je continue de me noyer dans ses bras. Il se retire, d'un air troublé.

— Je n'aurais peut-être pas dû faire ça.

— Viennent ensuite les regrets.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire.

— Bien, M. le prince, que voulez-vous dire ?

Je me suis décalée du mur en attendant sa réponse.

— Rien, allons déjeuner.

— C'est quoi votre problème ? Hein ? C'est de flasher sur une escorte qui vous fait honte ?

— Bien au contraire, ça m'excite.

Je suis estomaquée, je ne m'attendais pas à ça. Il se dirige vers la voiture. Pendant le trajet, encore ces chansons d'orient que j'adore, une musique qui parle d'amour et de blessures anciennes. On s'engage dans un parking souterrain, je ne vois pas de restaurant. Mais je ne dis rien, j'attends de voir où il veut nous mener.

On se dirige vers les ascenseurs du sous-terrain.

— Putain, c'est ridicule.
Je m'arrête et me tourne vers lui.

— Pardon ?

— Qu'est-ce que tu me fais ?

— Je ne comprends pas bien ?
Sa réaction est déconcertante.

Mais il ne daigne pas répondre, on continue vers les ascenseurs. Les portes se referment, il appuie sur le rez-de-chaussée. Je le suis à bonne distance, sa réaction commence à me faire peur. A-t-il oublié de prendre des médicaments pour sa santé mentale ?
Il ouvre la porte sur une pièce où trônent des vêtements et des accessoires de luxe. Un fauteuil est disposé au milieu. Je le regarde s'asseoir et se tenir tel un prince. Ses médicaments semblent faire effet.

— Choisi ce que tu veux !

— Quoi ?

— C'est pour toi. Budget illimité.

— Je ne comprends pas bien là ?

— Tu es mon escorte ou non ?

— C'est quoi ce revirement ? Je ne te suis pas là.
Il se relève et se dirige vers la porte.

— Tu as une heure.
Il claque la porte.

Me voilà face à un dilemme, je tourne sur moi-même. Tous ces vêtements me font tourner la tête, je m'approche d'un portant, une veste me fait de l'œil. J'ai l'impression de rêver. Je vais dans tous les sens, toutes mes marques préférées réunies dans une pièce pour moi. Mes travers font vite surface. Je prends et je dispose sur le fauteuil mes coups de cœur. Le budget est illimité, ce mot me bouleverse. Je passe l'heure à faire des choix, je ne veux pas paraître pour une profiteuse. Je ne prends que les pièces les plus prestigieuses et que je porterais.
Il rentre dans la pièce et pose les yeux sur le tas que j'ai mis de côté. Il hoche la tête comme pour se parler à lui-même. J'ai vraiment du mal à le suivre.

— As-tu fini ?

— Oui.

— Allons-y.

Je me dirige vers la porte en me tournant une dernière fois sur les vêtements qui m'ont fait craquer. Je suis prise d'un doute. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir, il nous dirige vers un couloir, la lumière est tamisée. Il ouvre les portes sur un spa de luxe. J'ai le visage qui s'illumine, deux mois que je n'avais pas fait de soin.

— Une employée va s'occuper de toi.

— Et toi ?

— J'ai un client à rencontrer.

— Merci.

Je me jette dans ses bras, il se détache de moi et rejoint la sortie.