[L] Un jour, je trouverais le temps d'écrire mes chapitres à l'heure x)

Malgré tout, la mort avait quelques avantages. Je pouvais faire apparaître tout ce que je voulais -dans la limite de l'existant et du vivant... Pas de licornes donc- et déplacer les objets où je le voulais. Et malgré une migraine naissante, je m'obstinais à vouloir faire fonctionner les réseaux sociaux de mon téléphone et de mon ordinateur.

Je soupirais et m'allongeais sur le lit où j'étais assise. Ca faisait maintenant peut-être deux jours que j'avais totalement perdu contact avec Thaïlys. Malgré le peu de temps où on s'étaient parlées ( engueulées serait plus juste ), sa présence me manquait et je ne savais pas comment reprendre contact avec elle ni comment sortir de cette pièce.

Je m'étais souvent dit qu'on était mieux seuls parfois, loin de tous les problèmes, de l'agitation, du bruit, des trahisons, des faux-amis, des secrets inavoués, de la fatigue, du travail permanent, des engueulades, des révélations qui changeaient votre conception d'une personne.

Mais seuls, on ne connaîtra jamais l'amitié forte, la joie, le bonheur, les balades tranquilles, les taquineries des frères et soeurs, les sacrifices des parents envers leurs enfants, la liaison entre un animal et son maître... On ne connaîtra jamais l'amour.

Et je me sentais seule, comme abandonnée. La vie m'avait caché un frère toute ma vie (un jumeau même ! ), m'avait donné des parents divorcés, m'avait obligée à supporter une allergie aux poils de chiens et de chats, m'avait fait vivre une enfance difficile... La richesse ne règle pas tout.

Finalement, après quelques minutes de réflexion intensives, je me relevais, déposant mon ordinateur sur le lit et marchais jusqu'à ce que je devinais être un mur... Je posais ma main à plat dessus et, comme chaque jour depuis la fin de la liaison, fermais les yeux en essayant de me concentrer pour reprendre contact avec Thaïlys.

Rien. Le vide, le blanc, l'infini, le calme intersidéral. Je posais le front contre le mur et soupirais, les yeux toujours fermés

-Qu'essayes-tu de faire Lys...?
"Qu'essayes-tu de faire, toi...?"

Je fis volte face (manquant de tomber) et fixais la femme qui m'avait "accueillie". Elle me sourit, gentiment, tendrement.

"Eh bien jeune fille ? Que fais-tu ?"

Je remonte doucement mes lunettes sur mon nez qui tombent et la regarde.  [#L'auteure_avait_oublie_que_son_perso_a_des_lunettes ]

-Je... j'essayais de changer la couleur du mur, je n'aime pas trop le blanc...

Elle gloussa tout doucement

"Ca n'a pas l'air de bien fonctionner..."
-Je sais pas comment faire à vrai dire...

Je me grattais légèrement le nez, gênée. Son sourire s'agrandit et elle s'approcha de moi, à pas lents qui ne semblaient pas toucher le sol. Elle posa sa main sur mon épaule.

"J'oublierais presque que tu es novice avec tous ces meubles... je vais t'apprendre deux trois trucs !"

Je hochais doucement la tête. Ma recherche sur ce que faisait Thaïlys s'arrêtait là pour aujourd'hui mais au moins, je resterais pas avec ce mur tout blanc ce soir...