>>Set : Location[France\Marseille] ; Time[2026\5\16\11\32]
- J'ai un plan.
- Putain, enfin.
- Y'aura du feu.
- Alors non.
Je regardais Antonio. Son visage grave et sale ne laissait entrevoir aucun sentiment.
- Et pourquoi non? C'est peut-être notre seule solution.
- T'as pas senti cette odeur de gaz? Me hurla-t-il avec son accent espagnol tranchant. Elle me tue le nez depuis cette saloperie de tempête. Imagine si ça crame, on aura fait tout ça pour rien.
Il avait raison. Une forte odeur de gaz était présente dans toute la ville et ses environs depuis la dernière pluie acide. Depuis plusieurs années maintenant, la pollution avait rendu les pluies acides dévastatrices, et rien ne pouvait les empêcher d'atteindre la ville. La dernière avait été particulièrement violente, et elle était accompagnée d'un gaz étrange qui sentait le propane. La partie basse de la ville était saturée de ce gaz, et des centaines de gens sont morts asphyxiés et empoisonnés. Les parties hautes étaient ravagées par les pluies acides, qui rongeaient les toits des immeubles et la peau de leurs habitants. Seuls les étages intermédiaires étaient sauvés, et moi et Antonio étions bloqués au milieu du gratte-ciel le plus imposant de la ville, l'Imperial Amarya. Mon correspondant espagnol était venu pour compléter ses études en France, et nous voilà bloqués dans une tour qui rétrécit comme une bougie.
- On devrait vraiment descendre chercher à manger. On va mourir ici, et le stock de nouilles chinoises est pas infini. Si on sort pas, on est morts.
- Et si on sort, on est mort aussi ! Me cracha-t-il haineusement. Les survivants sont devenus tarés, tu veux qu'on recroise un de ces connards qui a essayé de t'ouvrir le crâne? Ou bien qu'on devienne comme eux?
Je regardai mon bras droit, encore saignant du coup de couteau. Heureusement, l'entraînement de pompier de Antonio nous a permis d'arrêter l'hémorragie. Un homme était venu, le visage couvert d'une écharpe, en nous demandant à manger. On avait beau lui présenter le peu de nourriture qu'on avait, il se montrait de plus en plus agressif. Il a fini par sortir un couteau de chasse et a essayé de me frapper la tempe, mais j'ai eu le temps de parer avec mon bras. Le couteau a tout de même réussi à couper profondément ma chair. Antonio a été obligé de me défendre, et est parvenu à faire tomber l'homme dans la cage d'escalier de secours. La chute a certainement été mortelle, mais on est pas allés vérifier.
Antonio éclata en pleurs, dans un mélange de rage, de tristesse et de désespoir.
- Je voulais juste voir la France, moi ! Je voulais juste visiter le pays, m'amuser un peu et quitter ma famille ! Et dire que la dernière chose que je leur ai dit, c'est que je les supportais plus... et maintenant, je suis là, coincé au milieu d'un putain d'immeuble en pleine fin du monde à crever la dalle. Je donnerais n'importe quoi pour une paëlla de ma mère, rien qu'une dernière...
Je ne savais pas quoi lui dire. Je me suis contenté de mettre ma main sur son épaule. Je ne pouvais rien faire pour aider mon ami, tellement j'ai été pris au dépourvu par sa crise de nerfs. On a pas l'impression que ce grand espagnol toujours impassible peut être aussi désemparé. Après quelque minutes de silence, il chuchota :
- Théo... J'ai une idée.
- Je t'écoute, mon gars. Balance ton idée.
- Laisse moi t'expliquer mon raisonnement. Avec ce qu'on sait déjà des infos ou de ce qu'on a vu, on peut proposer une hypothèse. Peut être que le gaz est à la fois toxique et dopant. Tous les gens d'en bas sont supposés être morts, mais le gars d'avant avait une écharpe et il est pas mort. Par contre, il avait l'air d'halluciner ou d'être complètement fou. Je pense que le gaz doit être en deux composés, un des deux est fait de grosses molécules et est asphyxiant et l'autre est en petites particules est est neuroactif. Ça expliquerait que son écharpe l'ait sauvé mais qu'il ait quand même été affecté. Le meilleur moyen de s'en sortir, ça doit être d'éviter totalement le contact avec le gaz.
- Ouais, ça se tient. Par contre, il faut un masque à gaz intégral pour ça, et on en trouvera pas ici.
- Ouais, mais tu m'as dit que y'avait une piscine dans l'immeuble.
- Ouais, au sous sol, y'a une piscine.
- Et donc il doit y avoir des masques de plongée.
Je commençais à comprendre. Il voulait utiliser les masques de plongée pour nous approvisionner en air pur au lieu de filtrer l'air de dehors.
- Ouais, d'accord, j'ai compris.
- Voilà le plan. Si on emmène une torche au rez-de-chaussé de l'immeuble, le gaz va cramer.
- Mais c'est super dangereux, et ça peut aussi exploser ou ne rien faire. et si ça explose, ça peut faire s'écrouler l'immeuble.
- Donc on va d'abord essayer dans la rue. On prend un pied de chaise, on le crame et on le laisse tomber en bas. On verra ce que ça fait, en espérant que ça crame pas les bâtiments.
- Et donc on ira voir dans la piscine pour chercher des masques et des bouteilles, puis on sort. Mais on ira où?
- Le gaz reste près du sol. On doit déjà s'écarter de la ville pour voir si c'est comme ça partout, et si c'est le cas, alors on va trouver un endroit en hauteur pour s'abriter. il faut pas oublier de prendre de la bouffe.
- Et la pluie acide?
- On marchera dans le métro pour l'éviter, mais en devra partir pendant un moment sans pluie pour aller vers le métro.
J'étais vraiment épaté par son sens de la logique. Il avait beau faire des études dans le domaine social, il avait des connaissances et surtout un instinct de survie incroyable. On ne peut pas en dire autant de moi, je ne sais rien faire à part me battre, et ce depuis que je suis petit. Au moins, je serais capable de me défendre.
Nous avons donc testé sa théorie, en brisant un pied de chaise que nous avons enduit de rhum puis allumé avec un briquet que nous avions trouvé dans un tiroir. Nous avons croisé les doigts au moment de lancer la torche improvisée par la fenêtre, par peur de causer de gros dégâts au pied du bâtiment. La torche s'enfonçait de plus en plus dans le brouillard gris menaçant, quand soudain une aura bleutée apparut et traversa les rues dans un léger bruit de soufflement. La brume disparut presque totalement, avant d'être remplacée en quelques minutes par une nouvelle couche de fumée aussi menaçante que la première. Je me tournai vers Antonio, qui me regarda et dit fièrement :
- Maintenant, on sait que les bâtiments risquent rien. Allez viens, j'en ai marre de rester ici.
Je le suivis sans hésiter. Sa confiance en lui était très impressionnante, il avait clairement le profil d'un leader. Nous avons mis au point un plan d'action, organisé minutieusement du début à la fin. Je devais descendre en utilisant le tuyau de la lance à incendie, avec une torche pour brûler le gaz, et Antonio préparait des torches en haut, pour notre sortie de l'immeuble et au cas où la mienne s'éteignait. J'avais un masque anti-poussière trouvé dans un placard à balais, qui serait suffisant pour la sortie, je l'espérais. Je devais prendre une bouteille d'oxygène pour me permettre de respirer en bas et en prendre une pour Antonio. Je devrai lui ramener, et on prendrait un sac chacun pour mettre des bouteilles d'oxygène de rechange et de la nourriture. L'unique but était de se créer un stock le plus grand possible pour survivre à l'extérieur. Antonio devait s'occuper de chercher de la nourriture et des éventuelles armes aux autres étages, quand on aurait nos bouteilles. Ce plan était quitte ou double, car il y a beaucoup de risques. Si on trouve pas de bouteilles, on est morts. Si l'un de nous deux se fait attaquer, on est morts. Si un seul élément ne se passe pas comme prévu, on est morts.
Nous devions mettre le plan à exécution. Je pris le masque anti-poussière et le mis sur mon visage, en ajoutant des lunettes qui se trouvaient avec. Antonio s'occupait de préparer des torches et de chercher des gros sacs où nous pourrions mettre ce dont on aurait besoin. Quand les préparatifs furent finis, nous nous sommes répété le plan une dernière fois avant de se souhaiter bonne chance. Je rejoignis la cage d'escalier de secours et montai jusqu'à trouver un tuyau d'incendie pour m'accrocher. Je le déroulai entièrement, avant de passer une jambe par-dessus la barrière, le cœur battant. Mon bras me faisait souffrir, mais j'étais obligé d'y aller à la place d'Antonio. Déjà parce que j'étais plus léger, donc le tuyau aurait moins de chances de se déchirer, mais aussi parce qu'Antonio devait s'occuper des torches. L'immeuble a la particularité d'être fait en bois et en matériaux principalement végétaux, et malgré la couche de vernis ignifuge, il reste un grand risque que les structures brûlent, et nous serions encore plus dans la merde. Je pris donc mon courage à deux mains et empoignai le tuyau, avant de me laisser glisser, la torche dans mon bras faible. La cage d'escalier était très sombre, et un bruit de vide y régnait constamment, ce qui lui donnait la même atmosphère qu'une grotte menant droit vers les enfers. C'était probablement le cas.
J'étais déjà passé devant l'étage où Antonio et moi nous étions réfugiés. Il était en train d'enrouler des vieux bandages enduits d'alcool autour de bouts de bois qu'il avait trouvé un peu partout aux étages adjacents. Je l'ai salué avec ma torche, et il m'a répondu d'un signe de tête, l'air préoccupé. Ça se comprenait, vu la situation. On était tous les deux stressés, à juste titre, mais nous devions rester concentrés si nous voulions rester en vie. Son absence m'a beaucoup pesé pendant la descente. J'aurais eu besoin de son assurance et de son sang-froid, mais il ne pouvait pas m'accompagner. Glisser vers le bas du tuyau était le moyen le plus rapide de descendre, et si nous l'avions fait à deux, nous aurions fini comme le cadavre qui m'attendait en bas. Son odeur de chair pourrissant lentement me rappelait ce que son hôte avait fait à mon bras. Est-ce que je voulais finir comme lui? Un chasseur fou, drogué, sans âme et sans raison? Est-ce que je voulais vraiment aller désespérément chercher des familles à tuer sans même me rendre compte que j'avais massacré des pauvres gens qui ne cherchent qu'à survivre? Non. Jamais je ne laisserai quoi que ce soit mettre du sang sur mes mains. Je réarrangeai mon masque et me remis à descendre de plus belle.
L'odeur de mort se faisait de plus en plus présente, même avec mon masque. Je me rapprochais du rez-de-chaussée, où l'autre connard avait perdu le peu de vie qui lui restait. Une fois au sol, je devais vite aller au sous-sol pour chercher des bouteilles d'oxygène à la piscine. La flamme de ma torche semblait réagir au gaz ; elle rétrécissait parfois avant de reprendre sa taille normale, puis elle commençait à brûler bien plus fort qu'avant dans un bruit de chalumeau étouffé, Et il lui arrivait même de prendre une couleur bleutée. J'espérais qu'elle suffirait à me protéger des effets du gaz.
Au bout de plusieurs minutes d'efforts, je posai enfin le pied au sol. Mon agresseur gisait au sol, les yeux rouges, couvert de transpiration. La seule différence qu'il y avait avec notre précédente rencontre, c'est que sa nuque était complètement brisée et retournée et que ses os traversaient sa peau à plusieurs endroits. Je repensai à l'attaque, à ma blessure, à sa chute, et la rage m'envahit. Je levai ma jambe droite et lui envoyai un violent coup de pied dans la joue. La peau de son cou se déchira et le reste du crâne se renversa, à peine retenu au buste par quelques bouts de chair et de tendons. La tête retournée semblait fixer un point invisible, l'air misérable. Je me retournai, en râlant, avant d'emprunter les escaliers vers le sous sol.
Ces escaliers étaient encore plus sombres. Heureusement, le gaz semblait alimenter la flamme de ma torche, ce qui la rendait bien plus lumineuse. En peu de temps, je trouvai une grande porte vitrée menant sur une piscine. L'endroit aurait été bien plus paradisiaque, sans l'odeur de chlore suffocante et le bruit étouffé de ventilation. Il y avait de nombreuses portes, sans aucune ne portant de nom, mais elles avaient en revanche des symboles. Je passai environ dix minutes à chercher la bonne porte, avant de trouver celle que je cherchais ; le local à matériel. Je l'ouvris, en espérant tomber sur une montagne de bouteilles d'oxygène, mais je me trompais. Il y avait bien des bouteilles d'oxygène, mais clairement pas une montagne. Il n'y en avait que cinq, dont une à moitié vide, en regardant le cadran. En fouillant, j'en trouvai deux autres, plus petites, sûrement des modèles pour enfant. Je décidai de prendre celles-ci, en espérant qu'elles suffiraient pour les recherches que nous ferions. J'avais aussi besoin d'un masque sur lequel raccorder les bouteilles d'oxygène. Je cherchai dans les malles qui se trouvaient au fond de la pièce, puis dans les placards. L'un d'entre eux avait un compartiment rempli de masques de plongée. J'en pris deux, puis en raccordai un à une des bouteilles d'oxygène miniatures. Je retirai le masque anti-poussière de mon visage, avant d'enfiler le masque de plongée. J'étais plus fier de moi que jamais, et prêt à remonter.
L'oxygène était pur et très agréable à respirer, malgré la légère odeur de renfermé qui régnait dans le masque. Je repassai devant le cadavre, qui avait toujours le même air dépité, et surtout dont je ne sentais plus l'odeur. J'ouvris la porte de la cage d'escaliers, toujours avec ma torche, et remontai jusqu'à l'étage où nous nous sommes donnés rendez-vous. Antonio avait préparé une vingtaine de torches, et avait trouvé deux battes de base-ball ainsi qu'un pistolet chargé.
- Attends, où est-ce que t'as trouvé ça? C'est un immeuble public, c'est censé être interdit.
- L'étage au dessus, on dirait un espèce de bar qui pue la clope. J'ai trouvé pas mal de trucs style mafia, genre des liasses de billets et des paquets de coke. Y'avait ça qui traînait dans un tiroir, dit-il en pointant l'arme.
- Bon, ça sera du dernier recours. On peut pas se permettre d'utiliser une arme à feu dans ces conditions.
- Je sais.
Il n'avait pas trouvé beaucoup de nourriture et la plupart était périmée, donc nous avons essentiellement pris des conserves et de la nourriture séchée. Nous avions mis toute la nourriture dans un sac, et nous en avons gardé un autre pour les bouteilles d'oxygène et les torches. Nous nous sommes équipés et nous sommes descendus chercher les bouteilles restantes en discutant de ce qu'on devrait faire ensuite. Je suggérais de trouver en priorité des provisions, mais Antonio insistait pour se mettre en sécurité en premier. Au bout de plusieurs minutes de descente d'escaliers, nous sommes arrivés devant le cadavre du rez-de-chaussée. Mon camarade détourna le regard, ne supportant peut-être pas la vue d'un homme presque décapité. Je l'ai rapidement conduit vers la piscine, où nous avons rangé les bouteilles d'oxygène dans le second sac que je décidai de porter.
- On a ce qu'il faut. Est-ce que t'as faim?
- Non, ça va.
- On mangera rien avant d'être en sécurité, et ça peut être très long. Si tu veux manger quelque chose, c'est maintenant.
- Ouais, je sais. Ça devrait aller, merci.
- Bon. On doit se mettre en sécurité, mais avec le peu de provisions qu'on a, il faudrait aller dans un magasin ou un truc comme ça. Y'en a un dans le coin?
- Ouais, y'a une épicerie pas loin. On devrait trouver des boites de conserve, des chips ou ce genre de trucs.
- Nickel, on y va.
Nous sommes donc remontés dans le rez-de-chaussée avec nos torches. Il faisait sombre dehors, en plus du brouillard de gaz. Il ne pleuvait pas, ce qui était une bonne chose pour notre expédition. Les rues étaient silencieuses, sombres, tristes, mortes. On se serait cru dans les intestins d'un monstre, armés de nos misérables battes de base-ball.
L'épicerie se situait à environ un kilomètre de l'Imperial Amarya. Nous devions nous dépêcher d'y aller pour éviter au maximum les pluies acides, si nous ne voulions pas finir en soupe d'humain. En une quinzaine de minutes, nous nous retrouvions devant le petit magasin, situé au pied d'un immeuble moyen, probablement des habitations. Les vitrines étaient fermées par des volets en acier mais la porte n'était pas couverte, même si elle était fermée. Je décidai de l'enfoncer, sans ménagement. L'intérieur était très sombre, et les étagères étaient à moitié vides. Le rayon des produits frais était couvert de moisissure, et je ne parle même pas des congélateurs à viande. Nous sommes allés chacun dans un rayon, moi dans celui de nourriture séchée et Antonio dans celui des aliment en conserve. J'ai pris plusieurs paquets de chips et de gâteaux d'apéritif, ainsi que de la viande séchée en pot que j'avais trouvée plus tôt. Antonio avait pris du maïs, des petits pois, des carottes, des pêches, de l'ananas et toutes sortes de fruits et légumes trouvables en conserve. Nous avons tout déposé dans le sac de mon camarade, puis nous sommes ressortis. Il commençait clairement à faire nuit, une nuit dégagée avec un croissant de lune pour nous éclairer en plus de notre torche. Nous pouvions voir à une dizaine de mètres à cause du brouillard, mais nous entendions très bien les rares bruits réfléchis par les murailles de bâtiments qui nous entouraient.
Un bruit se manifesta. Il était différent, je le sentais. Je pouvais dire que ce n'était pas normal, ça ressemblait à un coup sur de la viande ou à quelqu'un qui frappe le sol pieds nus. Je levai doucement ma batte de base-ball, et Antonio fit de même en me voyant. Le bruit se rapprochait. Je crus distinguer une silhouette dans le brouillard. Je fis signe à mon camarade de s'arrêter. Nous étions seuls, terrifiés, en face d'une forme inconnue. Ma tête me faisait mal. Dans un élan de stupidité, je lançai :
- ALLEZ ! VIENS UN PEU, ESPÈCE D'ENCULÉ !
La forme cessa de bouger et sembla se tourner vers nous. Mon cœur battait beaucoup trop fort. Je venais de commettre ma dernière erreur. La chose laissa échapper un bruit faible, presque inhumain, et ses pas devinrent plus rapides. Elle s'approchait de nous. J'étais prêt à la frapper, à la battre à mort.
Quand elle entra dans mon champ de vision, un sursaut d'hésitation me prit. C'était un homme, dans la trentaine, avec une épaisse écharpe enroulée autour du cou, les yeux rouges et le front transpirant. Antonio tenta de le frapper à la tête, mais son sac le ralentissait. Il toucha son épaule, et l'homme se retourna vers lui et lui fonça dessus immédiatement sans réfléchir. Mon ami, surpris, tomba en essayant de repousser son agresseur. Je fonçai sur lui et lui frappa violemment dans les côtes, ce qui l'arrêta net. Il s'écroula, le souffle coupé, pendant que j'aidais Antonio à se relever.
Soudain, quelque chose tira le tuyau de mon masque. L'homme avait déjà récupéré, et essayait de s'accrocher à moi. Mes coups de batte ne lui faisaient rien, et, paniqué, je sortis le pistolet et lui tirai plusieurs fois dans le torse. Le gaz près de nous s'enflamma et nous brûla la surface de la peau, mais pas en profondeur.
- Mais putain, t'est complètement con ou quoi? On va finir par crever avec tes conneries !
Je m'apprêtai à répondre, quand plusieurs bruits de pas rapides s'approchèrent de nous. Le gaz étant dissipé, nous pouvions voir les monstres qui s'approchaient de nous à toute vitesse. Des hommes, des femmes, jeunes, âgés, cagoulés, masqués ou emmitouflés dans une écharpe, une quinzaine de tueurs sans âme couraient vers nous. Les premiers à arriver reçurent des balles, quand je ne les ratais pas, mais les suivants recevaient des coups de batte d'Antonio et moi. Ils s'approchaient de plus en plus, mais il en restait de moins en moins. Onze, dix, neuf, huit... Antonio hurla dans mon dos. Un monstre venait de l'attraper et essayait tant bien que mal de lui enfoncer les ongles dans la gorge. Je frappai le monstre le plus proche de moi à la tête, avant d'aller aider mon ami. Mais, au moment où je courais vers lui, une main ferme et humide m'attrapa la cheville et me fit tomber. J'essayais de ramper vers Antonio, mais la main m'empêchait de bouger. Je lui assénai plusieurs coups de pied dans le visage, et ma cheville finit par glisser de la poigne de fer de mon agresseur.
J'allais me relever pour aider mon camarade, quand un autre me fonça dessus par la droite et me fit tomber. Je tentais de me débattre, mais il attrapa mon masque et me l'arracha. Je regardais Antonio en suffocant, et un de ces monstres avait finalement réussi à lui planter les ongles dans la gorge. Il saignait abondamment, et faiblissait à vue d'œil. Mes poumons semblaient se contracter sur eux-mêmes. J'essayais de respirer, mais l'air qui entrait semblait se transformer en verre dans mes poumons. J'avais l'impression de gonfler, mais pas d'exploser, comme si mes poumons devenaient à la fois plus petits et plus grands. Tout devenait flou, les visages couverts qui se jetaient sur moi, le ciel, les bâtiments, les faibles étoiles. Même mes pensées devenaient confuses. Je vis ma mère, puis mon père, puis mes amis, puis ma fête du bac, puis Antonio, puis...
Lana...
Si... Seulement...
Je...
Avant de m'éteindre, une phrase. It's all your fault.
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