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Fin alternative n°2 (Happy)

Note iportante : Cette fin très cucul la praline a été écrite parce que je voulais offrir une fin heureuse au Newtyane, ils le méritent tellement ^^. Elle est donc très clichée et certains détails pas très réalistes.Mais c'est pour satisfaire mon âme romantique et celle de mes lecteurs <3. Je vous souhaite donc une bonne lecure !

 Cette fin alternative reprend à partir du chapitre 10, et se base sur "Et si Newt avait survécu assez longtemps pour qu'Oryane entende le message de Teresa et lui injecte son sang ?"

*******************

- Je t'en prie Oryane. Je t'en supplie comme j'ai jamais supplié quelqu'un dans toute cette putain de vie. Si un jour tu m'as vraiment aimé... Tue-moi.

Oryane ne parvenait plus à penser, totalement perdue, alors que les battements désordonnés de son coeur résonnaient dans ses oreilles.

- Je ne peux pas, finit-elle par murmurer de nouveau, à bout de nerfs.

Elle s'attendait à ce que Newt pète les plombs, mais il se contenta de rester agenouillé, le regard vide, ses mains glissant de ses épaules.

- Tu ne peux pas me demander ça, Newt. Je... je ne pourrais pas m'accrocher sans toi.

Elle saisit sa main.

"- On affrontera cette vie de merde à deux.

- Mais tu ne peux pas comprendre Oryane ! J'ai mal, j'ai mal partout, j'ai l'impression que quelque chose me bouffe le cerveau ! Et je ne sais pas quoi faire, je ne sais plus.

- Alors je t'aiderai à trouver."

Newt garda le silence.

- Je t'ai promis que je t'aiderais, chuchota Oryane. Quand on était petits. Je ne t'abandonnerais pas.

La respiration du garçon était sifflante.

"- Tu devrais. Je ne veux pas que tu sois à côté quand je n'arriverais plus à retrouver la raison.

- Il faut que tu tiennes. Minho et les autres arrivent avec le sérum...

- Tu sais aussi bien que moi que je ne pourrais pas partir avec vous.

- Dans ce cas, je ne partirais pas non plus.

- Arrête de dire des conneries" cracha Newt, alors que son visage se plissait d'un air mauvais.

Oryane se tut. Newt se prit la tête entre les mains, grognant, alors qu'il paraissait lutter contre son propre cerveau.

"- J'ai besoin de toi... articula-t-il, la voix emplie de souffrance.

- Qu'est-ce que tu attends de moi ?

- Que tu me parles. J'ai besoin de me concentrer sur quelque chose. Des choses heureuses. Des anecdotes, des blagues, des histoires totalement perchées je m'en fous, mais j'ai besoin de t'entendre."

Oryane était surprise de se sentir aussi calme. Elle ne comprenait pas comment on pouvait être si cassé à l'intérieur et serein à l'extérieur.

Mais si elle perdait Newt, elle perdrait aussi définitivement toute raison de vivre.

Il fallait qu'elle garde espoir.

- Et ben... je me souviens que Minho se faisait jamais respecter par les portes quand on était enfants. Il se les prenait tout le temps dans la gueule.

Newt laissa échapper un drôle de son entre le ricanement et le gémissement.

- Et Frypan nous emmenait toujours dans les cuisines le soir en cachette, parce qu'on donnait que des trucs dégueulasses. Et Fry et la bouffe, c'est une grande histoire d'amour...

Le blondinet s'écroula brusquement dans ses bras, pris de convulsions.

- Newt, reste avec moi, résiste ! s'alarma Oryane, paniquée.

Enfin, elle entendit le bruit de la délivrance derrière elle alors que Brenda arrivait en courant.

- Je suis là !

Dès qu'il sentit une présence autre que celle d'Oryane, Newt poussa un grognement animal, enfonçant ses ongles dans les bras de la rouquine.

- Passe le sérum !

Brenda s'approcha et lui donna la fiole de liquide bleu. Newt gronda avant de se reculer précipitamment.

"- Newt, il faut que tu boives ça !

- Ne... m'approche pas... Dégage..

- Il faut que tu me fasses confiance !"

Newt éclata de nouveau de son rire tordu.

"- Tu veux que je te fasse confiance ? Après tout ce que tu m'as fait ?

- Je t'en prie..."

Des larmes de rage et de déception emplissaient les yeux d'Oryane. Ils étaient si près du but...

- Il faut qu'on se grouille, tenta Brenda. On doit sauver...

- JE VOUS AI DIT DE VOUS BARRER D'ICI !

Les dernières lueurs de lucidité disparurent des yeux de Newt et il leur sauta dessus.

Oryane sentit son souffle se couper quand son poing heurta son ventre. Elle bascula sur le sol, aveuglée par la douleur et les lumières qui se rallumèrent brusquement.

- Oryane, je n'ai pas beaucoup de temps. Tu dois juste... revenir. Je sais pourquoi Brenda n'est plus malade !

"Bordel Teresa j'en ai rien à foutre là !"

Elle poussa un nouveau cri quand Newt lui asséna sa main dans la joue. Soudain, son poids sur elle disparut alors que Brenda bondissait sur le garçon pour l'envoyer bouler.

Oryane se releva précipitamment, le coeur meurtri.

- C'est ton sang, Oryane. Brenda n'est plus malade parce que tu l'as guérie !

Les deux filles se figèrent et se regardèrent, les yeux écarquillés.

"Quoi...?"

Stupéfaites, Oryane et Brenda réagirent trop tard.

Newt tira vivement son couteau de son pantalon et il lacéra le bras d'Oryane en une longue estafilade ensanglantée.

La rousse se crispa de souffrance alors que Newt enchainait. Avec une agilité et une vitesse hallucinante, il lançait, esquivait, la lame frôlant les filles à chaque fois. La Braise décuplait dangereusement ses capacités.

Acculées, Brenda et Oryane n'avaient plus le temps de faire autre chose que reculer et éviter les coups. Nulle trace de reconnaissance dans les yeux noirs fendus de Newt, juste une folie sanguinaire. Elles n'étaient plus que de vulgaires proies avec lesquelles il s'amusait.

- C'est toi le remède Oryane. Ça a toujours été toi. Tu peux sauver Newt !

Oryane retint un hoquet alors que son regard se baissait automatiquement sur son bras recouvert de sang, puis sur la lame.

Cet instant de compréhension lui fut fatal.

Newt expédia Brenda au loin d'un coup de pied avant de projeter durement Oryane au sol. Voir son sang semblait augmenter sa démence. Oryane hurla alors qu'il levait le couteau en l'air, prêt à le lui planter dans la poitrine, retenant sa poigne de toutes ses forces. Mais Newt baissait inexorablement l'acier vers son coeur...

Elle glapit quand la lame perça le tissu de sa tunique et s'enfonça légèrement dans sa peau, descendant de plus en plus profondément vers son ventre. Les yeux de Newt brillaient de sadisme.

- Reviens juste vers moi. S'il te plait... Je sais que tu feras le bon...

Les lumières et la voix de Teresa s'éteignirent au moment où dans un réflexe salvateur, Oryane dévia la lame et la retourna contre Newt. Mais prise dans l'adrénaline et la confusion, elle visa mal et contempla avec horreur sa propre main transpercer avec le couteau couvert de sang le torse de Newt.

Il lâcha un gémissement étranglé. Les mains écarlates, Oryane lâcha aussitôt son arme, horrifiée.

- NON !

Paniquée, elle se jeta sur Newt et compressa sa poitrine dans l'espoir de stopper le sang. Brenda se releva et courut à eux, choquée.

"C'est impossible... Ça n'a pas pu arriver..."

- Je l'ai tué, sanglota-t-elle. Je l'ai tué...

Brenda la dévisagea sans mot dire, les larmes aux yeux.

Le discours de Teresa faisait lentement chemin dans l'esprit de la rouquine.

Elle avait tué Newt. Elle n'avait pas pu le sauver à temps.

Mais elle pouvait encore le faire pour d'autres personnes.

De toute façon, son monde n'était plus rien sans lui. Elle voulait juste mourir. Que tout s'arrête.

Qu'elle arrête d'être un monstre, une erreur.

Elle se remit debout et saisit le revolver abandonné.

- Oryane...

La jeune fille ignora Brenda et fixa le corps de Newt au sol. Les larmes emplirent ses yeux. Elle se retourna et se mit à courir.

Courir, s'éloigner de la ruelle, courir à travers les incendies et les combats, fuir l'oppressante réalité, la culpabilité, la douleur qui lui trouait la poitrine. Se cacher dans la gigantesque tour miroitant devant elle.

Brenda resta au sol, essuyant ses paupières. Elle entendit des cris horrifiés derrière elle alors que Minho, Fry, Gally et Jorge arrivaient. L'homme serra sa fille adoptive contre lui, soulagé à l'idée qu'elle soit désormais complètement Immune.

Les trois Blocards eux, scrutèrent d'un air vide Newt étendu par terre, le canif rouge gisant à côté de lui. Minho s'approcha et se laissa tomber à genoux près de lui, pour lui fermer délicatement les yeux.

Il fronça les sourcils. Était-ce son imagination ou les veines noires courant sur le visage de Newt reprenaient-elles une teinte normale ? Son corps mort se purgeait peut-être de la maladie...

Il pressa ses mains sur son cou.

- IL RESPIRE ! hurla-t-il brusquement. RAMENEZ-LE AU BERG ! IL RESPIRE !

******************

(Évènements chapitre 11)

*******************

"- Si j'attrape la Braise, tu m'aideras ?

- Je te le promets."

Oryane se mit à hurler.

Les cauchemars étaient de retour, ou plutôt le cauchemar.

Toujours le même, depuis six mois.

Elle se retrouvait dans le noir. Il n'y avait rien autour d'elle, aucune lumière, aucune matière, elle ne savait même pas si elle flottait ou si elle était sur la terre ferme. Tout était juste... vide.

Et elle était seule. Totalement seule, abandonnée.

Il n'y avait rien d'effrayant en soi, pas d'hallucinations, de réminiscences.

Mais il y avait la solitude, l'isolement, et c'était ce qui faisait peur à Oryane au plus profond de son être.

Elle tenta de bouger, de voir, de parler, mais il n'y avait rien, rien.

Et elle resta piégée dans son propre esprit, encore.

"Tu n'es qu'une erreur après tout."

" JE TE HAIS ! Je ne pourrai jamais te pardonner !"

"On va juste jouer un peu toi et moi."

"Tu as tout gâché !"

Stop, stop, stop...

Mais soudain, des voix percèrent la souffrance.

"Mon frère et moi on veut bien être tes amis !"

"On est une grande famille rouquine."

"J'ai oublié toute ma rancoeur dès que je t'ai tenue dans mes bras."

"On a traversé tant de peines, tant d'épreuves... mais la pire chose que je pourrai vivre, c'est d'être loin de toi."

Et pour la première fois, la noirceur se dissipa.

Oryane ouvrit les yeux et se redressa brusquement.

Elle était allongée dans un lit d'une cabane en bois encombrée de matériel médical et de malles. Les draps fermant l'entrée étaient secoués par une brise.

Une brise marine.

- Tu es réveillée.

Thomas entra dans la hutte, l'ayant sans doute entendue crier, avant de sourire d'un air hésitant à sa meilleure amie.

"- Comment te sens-tu ?

- Ça... va étonnamment" constata la jeune fille en bougeant un peu. Elle ne ressentait de douleur nulle part.

"- Cela vaudrait mieux. Tu es restée inconsciente deux semaines.

- DEUX SEMAINES ?!

- On a eu peur. Tu étais pourtant blessée, mais pas gravement comme moi. Le médecin nous a juste dit que ton cerveau s'était déconnecté pour se préserver après tout ce qui s'était passé."

Les souvenirs affluaient dans la tête d'Oryane, douloureux. Elle se passa les mains dans les cheveux et regarda Thomas d'un air las.

"- J'ai l'impression que toute cette soirée n'était qu'un mauvais rêve.

- Je sais. On a tous cette impression. Mais c'est terminé. WICKED n'existe plus. Et nous sommes loin du monde.

- Où exactement ?"

Thomas l'examina rapidement, avant de lui tendre sa main avec un sourire.

- Tu m'as l'air bien. Je crois qu'il est temps de retrouver les autres. Et de te montrer le Paradis.

********************

Après moult effusions, Oryane toisa, émerveillée, le paysage autour d'eux.

"- C'est vraiment chez nous ?

- Bien sûr, fit Brenda en englobant la clairière du bras. On est déjà en train de s'organiser. Au centre, on construira la Hutte de Commandement. La cabane médicale, ce sera l'hôpital. Il y aura des maçons, des pêcheurs, des médecins... D'autres exploreront l'île, s'occuperont des vêtements... Dans quelques années, quand on aura des enfants, il faudra une école. Ce n'est pas n'importe quelle île. C'est notre île."

Oryane avait la gorge nouée et elle murmura :

- Si seulement les autres étaient là...

Elle vit ses amis échanger un regard. Les yeux bleus de l'adolescente s'emplirent de soupçons.

- Qu'est-ce que vous me cachez ?

- Vous pensez qu'elle est prête ? demanda Lizzy.

Minho jaugea sa meilleure amie d'un air critique, avant de hocher la tête.

- Ouep. Au pire si elle s'évanouit je m'en fous, c'est pas moi qui lui montres.

- OK je vais y aller, fit Gally.

Il fit signe à Oryane de le suivre. Perplexe, elle lui emboîta le pas jusqu'à la plage.

- Il vient souvent là pour regarder la mer. Je pense qu'il s'en veut de ce qu'il a fait, même si ce n'était pas de sa faute. Il est toujours un peu perdu.

- Qui ?

Gally ne répondit pas.

Il la conduisit à une très jolie crique à la limite de l'île, loin du centre peuplé. On y entendait uniquement le bruit des vagues. De toute évidence, c'était l'endroit parfait pour méditer.

- Je vais vous laisser, déclara le blond avant de rebrousser chemin, plantant une Oryane ignorant comment réagir.

Elle s'approcha encore et distingua au bord de l'eau une silhouette qui regardait l'océan. Elle lui semblait vaguement familière...

Il se retourna et Oryane s'effondra en arrière en voyant son visage alors que son coeur s'arrêtait à cause du choc.

- Non mon ange, ne tombe pas ! s'écria Newt en se précipitant pour la soutenir au creux du dos.

La rousse le regarda, hébétée. Elle hallucinait. Oui, ça ne pouvait être que ça. Elle ne pouvait qu'imaginer le soleil dansant dans ses cheveux dorés, la force douce de ses bras qui la tenait, son visage inquiet et sans aucune veine noire qui la contemplait, ses yeux sombres...

"- Tu es mort, articula-t-elle.

- Non Oryane, je ne suis là et je ne partirai pas. Je te le promets."

Elle laissa échapper un sanglot alors qu'elle se mettait à trembler. Pourquoi le mirage ne la laissait-il pas tranquille ?

Sentant qu'elle était au bord de la crise de panique, Newt se laissa tomber à genoux sur le sable et la serra fort contre son torse, caressant ses cheveux en murmurant :

"- Calme-toi Oryane, tout va bien, je suis là...

- Tu n'es pas réel...

- Si mon ange, je suis là..."

Les pleurs d'Oryane s'apaisèrent peu à peu, alors que Newt continuait à la serrer contre lui en la berçant doucement.

"- Je t'ai tué.

- Non. Tu m'as sauvé."

Sa respiration se calma et elle se redressa dans ses bras.

"- Doucement.

- Mais comment...?"

Newt soupira.

- Quand tu m'as poignardé, la lame était pleine de ton sang. C'est ce qui m'a guéri comme tu t'en doutes. Et bien que le coup ait été grave, il n'était pas mortel.

Oryane peinait à digérer l'information. Newt était vivant. Devant elle. Elle ne l'avait pas assassiné.

"- Tu ne partiras plus alors ?

- Jamais.

- Je suis désolée..."

Newt eut un éclat de rire amer.

- Tu rigoles ou quoi ? C'est à moi de m'excuser. Je t'ai blessée, physiquement et mentalement, je t'ai fait du mal, je t'ai dit des choses horribles...

- Mais qui avaient une part de vérité.

- Oui et non. La Braise prenait tout en moi, le plus petit chagrin, le plus petit agacement, la plus petite frustration pour entretenir la haine et la folie. Et c'était terrible parce que j'avais l'impression d'être déchiré en deux. Une partie de moi voulait te faire souffrir jusqu'au plus profond de ton être, alors que l'autre voulait tout arrêter et te prendre dans mes bras. Mais ça ne change rien. J'ai tenté de te tuer, Oryane. Et ça... je ne pourrai jamais me le pardonner."

La rousse ne s'était jamais rendu compte à quel point elle et Newt avaient le même fonctionnement, le même mode émotionnel et de pensée... Elle sentit une paix curieuse l'envahir alors qu'elle lui prenait la main.

- Alors peut-être qu'on pourrait se pardonner ensemble.

Newt fouilla ses yeux bleus du regard avant de lui offrir un léger sourire.

Elle s'assit sur le sable, et Newt l'imita.

"- Tu n'as vraiment plus la Braise, alors ?

- Non. Je suis Immune comme vous. Mais je risque de garder quelques séquelles. Brenda a du rester au lit des jours après notre arrivée ici, elle ne supporte plus autant les efforts physiques qu'avant. Quant à moi, cela joue plus sur mon agressivité. Apparemment, je perdrais patience plus facilement, et m'emporterais de manière plus violente. Fini le calme second en chef du Bloc... soupira le blond.

- Je crois qu'on a tous beaucoup changé depuis le Bloc" avoua Oryane en toute honnêteté.

Le silence retomba entre eux alors qu'ils observaient les vagues se poser à leurs pieds avant de refluer tranquillement.

Et ce mutisme leur allait parfaitement.

******************************

Deux ans plus tard, 2234

"- J'ai peur.

- Mais non. Elle est magnifique.

- En toute sincérité mon amour, je n'ai pas une immense confiance en tes talents d'architecte.

- Les gars m'ont aidé.

- Raison de plus."

Newt fit mine de n'avoir rien entendu et garda les mains posées sur ses yeux.

- Prête ?

La jeune femme acquiesça et Newt enleva ses mains, lui révélant leur maison construite spécialement pour eux.

Oryane écarquilla les yeux, la bouche légèrement entrouverte.

- Pas si mal pour une île paumée après la fin du monde, se rengorgea Newt.

- Waouh...

Bien sûr ça ne ressemblait pas aux immenses villas paradisiaques ou les grands chalets enneigés d'avant l'apocalypse, mais Oryane s'en fichait. C'était leur maison, et pour elle elle était la plus belle de toutes, assez luxueuse par rapport aux autres habitations de l'île.

- Elle est magnifique. Je comprends pourquoi ça a été aussi long...

Quelques mois après leur arrivée, Newt et Oryane avaient commencé à se sentir à l'étroit dans leur cabane commune. Or, le seul moyen d'avoir une vraie maison au Paradis était de la construire soi-même. Ils en avaient parlé à leur amis et tous s'étaient montrés enthousiasmés. Ils avaient travaillé pendant un peu plus d'un an. Enfin eux, du moins. Car visiblement Oryane n'était pas plus agile avec un marteau qu'une bêche et dès le second jour Newt l'avait dégagée gentiment mais fermement du chantier.

- Tu veux voir l'intérieur ? lui proposa celui-ci.

Oryane ne se le fit pas répéter et ils entrèrent. La jeune fille manqua tomber.

- Donc là, c'est la salle à manger, à droite le salon, au fond la cuisine et le cellier...

Oryane se laissait mener avec ravissement, sans en croire ses yeux, telle une petite fille qui découvrait un château de princesse. Newt se tourna vers elle et se passa la main dans les cheveux, gêné.

"- J'ai décoré parce que je voulais que ce soit meublé quand on arrive, mais tu pourras remanier un peu étant donné que je préfère m'occuper de l'extérieur...

- Pour le moment, c'est vraiment parfait, le coupa Oryane, un énorme sourire aux lèvres.

- Et c'est pas fini !"

Newt lui prit la main et continua de l'entrainer.

- Même les escaliers sont beaux... souffla la rouquine, médusée.

Une fois à l'étage, Newt lui désigna quelques pièces inoccupées.

- On les aménagera pour les enfants.

Oryane opina. Si Newt et elle avaient aussi tenu à ce vrai chalet, c'était pour leur future vie de famille.

- J'espère que Madame va être satisfaite de la salle de bains, ricana Newt en poussant la porte.

Oryane se figea sur le sol.

- Je vais plus jamais la quitter.

Newt rit.

- Dommage, je dois encore te montrer notre chambre...

La jeune femme le suivit.

- C'est... incroyable.

Newt l'attira contre lui.

"- On devrait inviter les mecs bientôt pour une pendaison de crémaillère.

- Excellente idée.

- C'est là que le Labyrinthe parait bien loin..."

Oryane hocha la tête. Que de chemin parcouru... Ses 15 ans lui semblaient remonter à une éternité à présent qu'elle en avait 18. Il lui arrivait encore de se demander si tout ce qu'ils avaient vécu n'avait pas été qu'un long et horrible cauchemar, mais les flashsbacks et crises de panique qui resurgissaient parfois à l'improviste restituaient une preuve désagréable de leur passé.

Mais ces dernières années avaient forgé en elle une leçon. On ne peut pas changer le passé et on ne peut pas toujours altérer l'avenir. Mais on peut vivre au jour le jour, savourer chaque instant en essayant de devenir meilleur.

Et c'était ça, le plus beau souvenir qu'elle avait.

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Six ans plus tard, 2240.

- Bordel Lili, arrête de courir, nom d'un canard !

Ignorant royalement les protestations de son petit ami, Aphéli continuait à s'agiter dans le chalet en donnant mille ordres et conseils, jusqu'à ce que Minho l'attrape par les épaules.

"- Même un dinosaure serait moins bruyant que toi. Respire, d'accord ? Tout va bien se passer.

- Mais il faut que tout soit parfait ! éructa la jeune femme, nerveuse, en se tordant les mains.

- Tout l'est déjà. Tu partages juste ton stress à tout le monde là. Calme-toi et va enfiler ta robe, pas la peine de se rendre malade. Et je suis sûre qu'Oryane va te renier si tu dégobilles pendant son mariage."

Aphé prit une grande inspiration avant de lui adresser un sourire narquois.

"- Depuis quand es-tu si sage ?

- C'est l'âge."

Elle éclata de rire avant de détailler minutieusement son costume noir et rajuster la cravate.

"- Là, c'est impeccable. Maintenant, zou ! Toi et les autres garçons devez vous occuper du marié.

- A vos ordres, général Canard !"

Aphéli poussa un grognement amusé.

Minho redescendit dans le salon, où Fry, Thomas, Gally et Aris s'activaient autour d'un Newt passablement anxieux.

"- La rose est bien mise ?

- Ca doit être la vingtième fois que tu me poses la question."

Newt marmonna dans sa barbe. Minho lui donna une grande tape dans le dos.

- T'es à tomber mec. Les filles vont chialer quand elles te verrront embrasser Oryane.

Newt esquissa un mince sourire et Minho fit mine d'essuyer dramatiquement une larme.

- Mon blondinet qui se marie... Et qui est toujours plus petit que moi au passage.

Newt leva les yeux au ciel.

"- Qui auraient cru que les Chinois étaient aussi grande gueule ?

- JE SUIS UN CO...

- ...nnard ? termina Fry avec un air innocent.

- Allez tous cordialement vous faire foutre."

Les hommes ricanèrent alors que Minho se laissait tomber sur un fauteuil.

A l'étage, dans la chambre du couple, les filles s'affairaient comme des fourmis autour d'Oryane.

"- Passe la poudre de soleil, ordonna Harriet. Elle est si pâle qu'on dirait un cadavre. Faut dormir la nuit ma grande, tu sais ?

- Je n'ai pas beaucoup réussi" avoua la rousse en toute franchise.

Sonya termina de coiffer ses boucles d'une main experte alors qu'Aphéli pénétrait dans la pièce après s'être changée.

"- Aphé qui porte une robe ? Il faut le noter dans le calendrier, railla Brenda en sortant un instant la tête du placard.

- J'aime les créer, pas les mettre, nuance. Et je te trouve mal placée pour parler.

- C'est vrai" admit Brenda.

Oryane grimaça quand Lizzy lui planta une énième épingle dans le crâne alors qu'Harriet lui mettait du baume à lèvres légèrement coloré. Aphéli sortit de la commode les chaussures de mariage et les contempla d'un air dégoûté.

"- Il faudra un jour m'expliquer comment tu fais pour ne pas te casser la gueule avec de tels talons.

- C'est la sélection naturelle.

- Hahaha. Va te faire."

- La voilà, souffla tout à coup Brenda.

Elle tira cérémonieusement la robe de mariée du placard. Des murmures admiratifs emplirent la pièce. Aphéli, qui se rongeait les ongles, jeta un coup d'oeil piteux à Oryane.

"- Je sais que ce n'est pas de la grande couture, elle est super simple...

- Arrête Aphé, on en a déjà parlé. Ce que tu as fait... c'est énorme. On a pas toutes les ressources du monde ici, tu as hyper bien bossé. Je l'adore. Et cette simplicité, c'est ce qu'on avait demandé."

Ses amies la vêtirent avec entrain avant de se reculer pour admirer le rendu final. Elles toisèrent Oryane en silence.

"- Quoi ? La robe me va plus ? Mes cernes se voient toujours ? Je suis une catastrophe ambulante...

- Non Ory, tu es... sensationnelle.

Brenda lui tendit une glace. Oryane cligna des yeux.

"- C'est moi ?

- On sait. On dirait une déesse. Ou un ange, ajouta Sonya avec un clin d'oeil.

- Hep, il manque le voile" fit Harriet.

Elles l'accrochèrent joliment à sa couronne de fleurs avant de lui passer son bouquet de lys blancs et de roses écarlates.

Brenda jeta un coup d'oeil à sa montre dorée.

- 13h30. C'est l'heure. Prends une grande inspiration, Ory.

La rousse obtempéra, tremblante.

- Toute l'île se dirige vers la forêt, annonça Sonya avec excitation en regardant par la fenêtre, lissant sa robe bleue. On doit y aller.

**********************

Le lieu du mariage était absolument splendide. Au bout de l'allée pleine de pétales, se tenait une magnifique tonnelle fleurie. Des bancs de bois peint débordant de feuilles et de fleurs encadraient le passage.Les lilas blancs et cerisiers couvraient la clairière, empêchant l'humidité du mois de mars de tomber sur la communauté. L'assistance chuchotait entre elle, s'exclamant avec impatience ou s'extasiant.

Newt se tenait raide sous l'estrade, au bord de la tonnelle, s'efforçant de ne pas montrer son angoisse. Ses deux témoins, Thomas et Minho (comment aurait-il pu se marier sans ses deux meilleurs amis ?) lui adressèrent un clin d'oeil. Il leur répondit par un vague sourire.

- Pas trop stressé mon garçon ? interrogea Vince.

En tant que dirigeant du Paradis, c'était lui qui allait tenir l'union. Lui-même avait fait un effort, portant une belle chemise blanche, et ses longs cheveux blonds peignés. Après tout, aujourd'hui était un jour très spécial pour tout le monde : c'était le premier mariage organisé sur l'île.

"- Si, reconnut Newt.

- Ne t'en fais pas, ce ne sont que des formalités après tout. Pas besoin d'une bague pour s'aimer."

Le silence retomba brusquement sur l'assemblée alors que Lizzy et Brenda, les demoiselles d'honneur, arrivaient en jetant des pétales de rose supplémentaires. Elles allèrent se placer de l'autre côté de la tonnelle et la blonde fit un signe encourageant à son frère.

A l'ombre des tilleuls, Oryane attendait nerveusement le signal.

Elle aurait donné cher pour que tous leurs amis soient là.

Alby aurait présidé. Winston aurait joué la marche nuptiale. Teresa se serait partagé l'organisation du mariage avec Aphé, usant de son autorité tout en prodiguant conseils et encouragements à sa meilleure amie. Chuck aurait pleuré. Chuck... Il serait âgé de 18 ans à ce jour...

"Ne pense pas à ça maintenant" se morigéna-t-elle.

Tout à coup, les douces premières notes de musique retentirent.

Jorge, qui attendait à côté d'elle dans son costume noir, la regarda.

"- Prête hermana ?

- Prête."

Il lui tendit son poing et elle posa sa main dessus. Après tout, il avait été ce qui se rapprochait le plus d'un père pour elle.

Des chuchotis d'admiration et de choc parcoururent les rangs quand Oryane remonta l'allée au bras de Jorge.

Elle posa les yeux sur Newt qui la contemplait, stupéfait. Puis un magnifique sourire s'imprima sur son visage. Il était beau à tomber par terre.

Pour ne pas trébucher en marchant, Oryane se força à repenser à un des plus beaux moments de sa vie. Le soir où Newt lui avait fait sa demande.

C'était un soir de décembre, il y deux ans. Pour fêter leurs sept ans de relation, Newt lui avait fait la surprise en rentrant du travail de lui organiser un diner aux chandelles. Quand Oryane avait fini par soulever sa serviette, elle était restée pantoise devant la magnifique bague qui se cachait en dessous.

Ils avaient découvert qu'au coeur de l'île se trouvaient des grottes et des mines emplies de pierres de toutes sortes. Néanmoins, on ne les vendait pas vraiment. Rien ne se commerçait au Paradis, on partageait au reste du groupe de bon coeur.

Oryane était restée à regarder la bague, jusqu'à ce qu'elle entende Newt se lever. Il lui avait pris les mains avant de poser un  genou en terre. Les yeux de la jeune femme s'étaient emplis de larmes alors qu'elle comprenait lentement ce qui était en train de se passer.

- Ory. Cela va faire sept ans aujourd'hui que je t'aime comme un fou. Sept ans que je remercie le Ciel de me réveiller chaque matin juste pour voir ton visage et entendre ta voix. Sept ans où nous avons tenu même si le ciel tombait sur nous, et je n'ai aucun doute sur le fait que je veux traverser le reste de ma vie avec toi. Ma chérie, est-ce que tu acceptes de devenir ma femme ? (Oui, la demande en fiançailles est éclatée au sous-sol, chut.)

La rousse n'avait pu retenir un sanglot alors que Newt la regardait avec nervosité.

- OUI ! (Son hurlement avait résonné dans toute la maison.) Oui, je le veux !

Les yeux de Newt avaient brillé d'émotion alors qu'il lui passait la bague au doigt avant de la prendre dans ses bras.

Et maintenant, elle se dirigeait vers lui, d'une démarche lente et solennelle qu'elle espérait gracieuse. Elle passa près de tous ses proches qui la saluaient, avec des petits mots chaleureux. Du coin de l'oeil, elle vit Minho s'essuyer subrepticement une larme. Hélas pour lui, Aphéli l'avait vu et le toisa d'un air narquois.

"- Et bien alors mon amour ? On verse sa petite larme ?

- Qui ? Moi ? Non ! J'ai juste... du pollen dans l'oeil."

Oryane retint un sourire en continuant d'avancer. Puis elle releva le regard et manqua défaillir.

Au bout de l'allée, à côté de ses témoins qui ne semblaient absolument pas les remarquer, se trouvaient les fantômes de ses amis.

Alby lui octroya un léger sourire. Winston lui adressa un clin d'oeil complice. Chuck, semblable à l'apparence de sa mort, figé dans son corps de gamin dans un beau costume, leva les pouces en l'air, les yeux brillant d'excitation. Et Teresa hocha la tête, ses prunelles emplies de bonheur pour sa meilleure amie.

Derrière eux, Mary contemplait sa fille en silence, sans un geste, mais le regard qu'elle posait sur elle était un soleil d'amour maternel et de fierté.

Oryane cligna des yeux un instant, et quand elle rouvrit les paupières, ils avaient disparu.

Mais elle savait qu'ils étaient toujours là quelque part.

Elle arriva près de l'estrade. Jorge lâcha sa main avant de partir s'asseoir sur le banc le plus proche. Retenant son souffle, Oryane monta les marches de la tonnelle fleurie.

- Tu es... indescriptible, souffla Newt.

Vince se racla la gorge.

- Bonjour à tous. Nous sommes très heureux de nous tenir en cet instant pour célébrer l'union de Newt et Oryane. Ils sont la preuve que même après tout ce que nous avons vécu, il restera toujours de l'espoir, et que la vie peut se reconstruire. Cela va faire 8 ans que nous sommes au Paradis, et je sais que ce bonheur infini ne s'arrêtera jamais. A présent...

Ils passèrent par tous les serments essentiels, sans toutefois prendre la peine de signer de quelconques papiers.

- Je crois savoir que les mariés ont préparé des voeux personnalisés. Si l'un de vous deux veut bien se donner la peine...

Newt quêta du regard un signal d'Oryane et celle-ci se lança après une grande respiration.

- Newt, mon amour. Je ne vais pas te mentir, j'ai remanié ce discours des dizaines de fois. Je n'ai jamais eu ton talent pour la poésie ou la chanson, alors j'ai finalement décidé de parler au moment donné. Et je sais ce que je veux dire, ici, maintenant. Tu as toujours été la plus belle chose qui me soit arrivée, au sens propre comme au sens figuré...

Quelques rires parcoururent l'assemblée.

- Et devenir ta femme aujourd'hui... c'est le plus beau cadeau que tu pouvais m'offrir. Je ne serais rien sans toi, tu es comme la seconde partie de mon être. Si je suis un ange, alors tu es les ailes qui me permettent de voler. Merci pour tout. Je t'aime.

Les yeux de Newt brillaient de larmes contenues alors qu'il prenait la parole à son tour.

- Je suis tombé amoureux dès la première fois que je t'ai vue. Tu étais resplendissante, un ange tombé des cieux. Pour la première fois depuis longtemps, alors que je me battais tous les jours contre le froid et l'obscurité, tu as allumé les étoiles et tu m'as donné un vrai sourire. Depuis, la nuit s'est souvent couverte de nuages, j'ai parfois cru que la lune allait s'éteindre, mais tu étais là. Et c'est toi, mon vrai paradis. Je t'aime plus que je ne pourrai jamais le décrire, et je ne veux plus jamais redescendre sur la terre ferme. Je veux rester flotter avec toi près du soleil, main dans la main, et regarder tes yeux jour après jour. Je veux t'écrire des poèmes et te chanter mon coeur jusqu'à ce que le vent nous emporte dans son dernier souffle. Moi aussi je t'aime, Oryane. Et merci d'être mon étoile.

Tout le monde regardait la scène, émus, certains pleurant en silence. Même Vince semblait touché.

- Et bien... je crois qu'après de tels voeux, personne ne pourra jamais douter de votre amour. Qu'on apporte les alliances !

Tout le monde se tourna vers Ethan, un petit garçon du Bras Droit. Les Blocards l'avaient vite pris sous leur aile, charmés par sa soif d'apprendre, son admiration et sa curiosité débordante. Il remonta l'allée, gonflé d'importance, tenant religieusement le coussin pourpre contenant les alliances avant de s'arrêter devant l'estrade.

Newt et Oryane s'étaient mis d'accord pour choisir chacun la bague de l'autre. La rouquine saisit l'alliance dorée de son futur mari, qu'elle avait pris tant de temps à sélectionner.

"- Oryane, acceptes-tu de prendre pour époux Newt ici présent ? Lui jures-tu amour, fidélité et soutien tout au long de votre vie, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

- Je le jure."

Newt sourit quand Oryane lui passa l'alliance. Il prit à son tour le bijou de sa conjointe sur le coussin. Il était absolument superbe.

"- Newt, acceptez-vous de prendre pour épouse Oryane ici présente ? Lui jurez-vous amour, fidélité et protection tout au long de votre vie jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

- Je le jure."

Vince inclina la tête et Newt glissa la bague au doigt d'Oryane.

- Je vous déclare à présent unis par le lien du mariage. Vous pouvez vous embrasser.

Newt et Oryane échangèrent un regard complice. Le blond écarta une boucle de cheveux du visage de la rouquine et leurs lèvres se scellèrent.

L'assemblée explosa en un tonnerre d'acclamations, de cris, d'applaudissements, d'accolades. Les Blocards se congratulaient mutuellement, fous de joie de voir leurs meilleurs amis depuis maintenant plus de dix ans se marier. Les larmes de bonheur coulaient, alors que les souvenirs ressurgissaient...

Newt et Oryane redescendirent l'allée sous les vivats, alors qu'une pluie de pétales de fleurs leur cascadait dessus.

Alors qu'ils allaient quitter la clairière, Oryane se stoppa brusquement.

- J'allais oublier ! Il faut que je fasse quelque chose ! Ce ne serait pas un vrai mariage sinon !

Newt lui jeta un regard intrigué. Oryane lâcha sa main avant de se mettre dos à la foule, et elle propulsa son bouquet loin derrière elle.

Il y eut de nouveaux hurlements quand les fleurs réatterrirent dans les mains de Brenda, qui échangea un baiser passionné avec Thomas. Ces deux-là avaient enfin cessé de se tourner autour quatre ans plus tôt, et selon la tradition, ils seraient donc les prochains à se marier...

- Génial, marmotta Aphéli. Je viens à peine de terminer une robe qu'il faut que j'en démarre une autre. Dis Brenda, tu voudrais pas te marier en combinaison plutôt ?

Et tout le monde s'esclaffa.

*********************************

Le reste de la soirée fut idyllique.

Tout le monde se dirigea sur la plage, où on organisa baignades, concours et jeux jusqu'au crépuscule. Fry rapporta des chocolats sous l'approbation générale. De partout, ce n'était que plongeons, châteaux de sable et éclaboussures. Quand la nuit tomba tôt en ce mois de mars et qu'un vent frisquet se leva, on remballa allègrement maillots de bain et serviettes pour retourner se changer chez soi avant la soirée de mariage.

Pour l'occasion, la Hutte de Commandement (l'équivalent grosso modo d'une mairie) avait été vidé et rangé. Des exclamations stupéfaites et émerveillées résonnèrent quand la communauté entra dans la grande salle.

Toujours sur le thème champêtre et fleuri de leur mariage, Newt et Oryane avaient disposé de grandes tables en bois blanc et miel, le tout débordant de vases fleuris. Des guirlandes dorées et de chèvrefeuille pendaient au plafond, du faux lierre et des roses couraient sur le mur, et les bougies colorées et parfumées donnaient une atmosphère de jardin de conte de fées à la salle.

Les tables étaient petites et rondes, pour 6 personnes environ, dans des tons blancs et dorés. Un gigantesque buffet était dressé au fond de la salle. Les deux époux avaient voulu de la convivialité avant tout à leur mariage.Peut-être que cela dérogeait aux anciennes coutumes, mais ce nouveau départ au Paradis signifiaient aussi de nouvelles traditions. Des odeurs envoûtantes s'élevaient des petits plats mitonnés par Frypan, qui avait pris un malin plaisir à concocter le menu.

Du côté des entrées se tenaient des assiettes de tapenades, tartes salées, fruits de mer (huîtres, crevettes), saumon fumé, escargots et salades de toutes sortes.

Pour les plats, Fry avait préparé du lapin aux truffes, de la purée de pommes de terre, des boulettes végétariennes, des pavés de saumon à la citronnelle et au sésame, des gratins de légumes de saison, et même du riz au curry.

(Quoi moi ? Prendre mon pied à imaginer tous les détails du mariage ? Mais naaaan XD)

Tout le monde discutait gaiement, la seule lueur des bougies et des guirlandes donnant une ambiance festive, sereine et chaleureuse.

Vint le moment de la pièce montée, et des respirations se coupèrent en voyant le chef d'oeuvre réalisé par Frypan.

"- Comment... murmura Oryane, estomaquée.

- Aphé m'a passé ses esquisses de dentelle, ses dessins et tout. J'y ai passé des semaines, mais j'ai fini par réussir" répondit l'homme en haussant négligemment les épaules.

Oryane le prit dans ses bras, ivre d'extase.

"- C'est à quoi ? demanda Minho en se léchant les lèvres.

- Crème fouettée sucrée et citronnée, clémentines et mandarines. Mais de toute façon pas touche, c'est les mariés qui doivent goûter en premier !

- Tu sais Ory, si tu as soudainement perdu le goût...

- BERK PAS DE MINEWT !" crièrent Oryane et Aphéli en choeur.

Après des gloussements, Fry coupa une part de gâteau. Saisissant une fourchette, Oryane en saisit un bout avant d'adresser un sourire narquois à Newt.

- Ouvre la bouche et fais "aaaah".

Un rictus passa sur les lèvres du blondinet, qui obtempéra néanmoins. Oryane fit voler la pâtisserie avant de l'engouffrer dans sa bouche.

Newt fit la grimace.

- Quoi, ce n'est pas bon ? s'alarma Frypan.

Le jeune homme éclata de rire.

- Je plaisante ! C'est excellent ! Comme d'habitude !

Un énorme soupir de soulagement s'échappa de la poitrine de Frypan alors qu'il s'affaissait sur une chaise. Newt donna une bouchée à Oryane à son tour.

Un mélange délicieusement sucré et acidulé fondit sur sa langue, alors que le piquant des agrumes se liait parfaitement à la douceur de la chantilly. Elle poussa un petit soupir d'aise.

On distribua une part de pièce montée à tout le monde, tandis que Fry amenait d'autres desserts comportant notamment plusieurs fruits différents, des choux à la vanille, du fondant au chocolat, de la tarte aux pommes, des macarons, des sablés...

Il était environ 22h quand le repas s'acheva.

- Et maintenant, en avant la musique ! cria Lizzy.

Avec des cris d'allégresse, on débarrassa rapidement et repoussa les tables et chaises contre les murs de la cabane. Sonya se plaça au fond de la pièce près du piano, prête à chanter, alors qu'Harriet et Aris saisissaient leurs guitares. Tout le monde se rapprocha, frémissant d'impatience en attendant que le couple resurgisse pour la première danse.

Un silence admiratif tomba sur la salle alors que tout le monde regardait Newt et Oryane se mettre dans une position de valse. Sonya joua quelques accords avant de commencer à chanter.

(C'est la chanson du média, "A Thousand Years" de Christina Perri.)

Newt et Oryane se regardèrent dans les yeux tout du long de leur danse, dans les bras l'un de l'autre. On pouvait presque sentir l'amour vibrer entre eux et faire frémir leurs corps. Quand la voix de Lizzy tomba peu à peu, certains essuyèrent discrètement leurs larmes. Il fallait croire que le talent vocal était de famille.

Puis ils démarrèrent une chanson plus vive et entrainante. Eclatant de rire, Oryane saisit Brenda par la main pour l'entrainer derrière elle. Celle-ci enchaina aussitôt en empoignant Thomas, qui fit de même avec Gally, jusqu'à ce que tout le groupe soit enchainé dans une file indienne joyeuse et complètement hors de contrôle.

Et les sourires, photos et sarabandes s'enchainèrent jusqu'à environ 2h du matin. Il y eut des moments épiques, comme le moment où Gally se mit à twerker après avoir trop forcé sur le champagne, ou le gage que reçut Newt qui lui imposait de retirer sa chemise (des adolescentes gémirent et Oryane leur adressa un sourire suffisant).

Puis, exténués, les invités prirent peu à peu congé, mais une chose était sûre : cette nuit de fête resterait à jamais dans leurs mémoires.

******************************

Trois ans plus tard, 2243

Newt fronça les sourcils en rentrant dans le salon, surpris de voir que les lampes étaient allumées, signifiant la présence d'Oryane. Normalement, elle rentrait bien plus tard que lui le soir, retenue à la clinique jusqu'à la tombée de la nuit. Le système immunitaire n'avait pas d'horaires précis pour se choper une maladie ou se blesser.

- Tout va bien, Ory ? appela-t-il.

Seul le silence lui répondit. Perplexe et vaguement inquiet, Newt monta à l'étage. Du bruit lui parvenait de la salle de bains. Il poussa la porte pour découvrir Oryane en train de vomir dans le lavabo.

Newt lui tint les cheveux alors que la rousse terminait ses rejections âcres. Elle poussa un soupir fatigué en allumant le robinet pour évacuer le vomi, priant pour que les canalisations ne soient pas bloquées jusqu'à la fosse commune au fond de l'île. Elle se rinça ensuite le visage.

"- Tu es malade ? s'enquit Newt en posant une main sur son front. Tu n'as pas de fièvre.

- Je sais pas. J'ai peut-être mangé un truc qui passe pas."

Newt examina sa femme (omg ça me fait trop pleurer de l'écrire !) d'un air critique. Elle était encore plus pâle que d'habitude, exténuée, ses cheveux en bataille et portant une tenue débraillée, un legging noir et un pull violet, ce qui était assez contraire à son style vestimentaire.

"- Tu devrais te reposer.

- Tu peux me préparer du chocolat chaud ? demanda Oryane d'un ton suppliant.

- Après avoir dégobillé ?

- S'il te plaiiiiiit..."

L'homme grimaça, mais il descendit après un rapide baiser sur son front. Le temps qu'Oryane se donne un coup de brosse et retourne au rez-de-chaussée, une délicieuse odeur de cacao et de lait sucré emplissait la maison.

Newt lui en tendit une tasse.

- Cannelle ?

Ce n'était qu'une question pour la forme : il savait à quel point la rouquine adorait cela et en prenait à chaque occasion. Mais cette fois curieusement, elle fronça le nez.

"- Non. Pas envie.

- Ah bon ?!

- J'aime toujours ça, mais je sais pas pourquoi, rien que l'idée de penser à l'odeur ou au goût... ça me redonne la nausée.

- OK..."

Oryane se laissa tomber sur le canapé avec un soupir de lassitude. Tout son corps lui semblait engourdi et douloureux. Elle but une gorgée de chocolat. Newt sirotait son propre breuvage en l'observant du coin de l'oeil. Il finit par poser sa tasse et vint se mettre derrière elle.

La femme poussa un gémissement de bien-être quand les mains douces et fermes de Newt vinrent masser ses épaules, dénouant ses tensions articulaires. Il en profitait pour lui caresser les cheveux entre deux pressions. Ses doigts remontèrent jusqu'à sa nuque avant de chuter jusqu'au creux de son dos. Tout en buvant le liquide chaud et sucré, Oryane se surprit à somnoler, l'esprit détendu par les bons soins de son mari.

"- Tu es rentrée plus tôt du coup ?

- Début d'après-midi. C'était calme aujourd'hui, et quand Aris a vu que j'étais pas bien, il m'a proposé de continuer à gérer seul.

- C'est cool de sa part. Mais il faudra que tu y retournes, et on va inverser les rôles : c'est toi qui vas te faire ausculter.

- Je crois que je sais déjà ce que j'ai.

- Une bonne grippe ?"

Oryane secoua doucement la tête. Saisissant la main de Newt, elle la descendit contre son ventre.

Le blond la regarda sans comprendre.

"- Newt, je ne m'en suis rendu compte que cette aprèm, mais... ça va faire deux mois que je n'ai pas eu mes menstruations.

- Quoi ? balbutia Newt, blême.

- Cela va faire deux mois que je n'ai pas eu mes règles."

Le blondinet resta figé si longtemps qu'Oryane pressa limite son pouls à son poignet pour être sûre qu'il ne faisait pas d'arrêt cardiaque. Newt resta immobile et silencieux, seul son regard bougeant, glissant du visage d'Oryane à son ventre.

Ce silence dura tellement de temps que la rousse était sur le point de s'inquiéter quand le visage de Newt s'illumina.

"- Je vais être papa.

- Oui enfin, il faut encore confirmer...

- JE VAIS ÊTRE PAPA !"

Fou de joie, Newt souleva brusquement sa femme dans ses bras et la fit tournoyer comme durant leur adolescence. Oryane ne put retenir un glapissement mélangé à un rire.

Newt la reposa sur le canapé, les yeux rayonnants, avant de poser la main sur son ventre.

- Tu seras une maman formidable. Sauf si...

Il fit une pause et son sourire disparut.

- Oryane, si tu es enceinte... tu voudras garder cet enfant ?

La  jeune femme hocha la tête.

"- Honnêtement, je n'avais jamais pensé à un bébé, mais maintenant que je sais que cette petite chose grandit en moi... je ne peux plus imaginer ma vie sans elle.

- Si tu portes réellement notre enfant...

- Bien sûr. Instinct maternel."

Newt ricana.

"- Et bien, ce n'est pas ton instinct mais moi-même qui t'informe que ce sera à toi d'aller le voir la nuit quand il braillera !

- Ha ! Courageux mais pas téméraire !

- Quoi ? Je supporte déjà des enfants toute la semaine à l'école, si je ne fais plus mes nuits non plus, les élèves vont porter plainte parce que mon agressivité reprendra le dessus !

- Pfff, l'excuse... Et moi qui croyais que tu serais un vrai papa poule !

- Bien sûr ! Notre fille sera la petite princesse la plus heureuse de l'île !

- Et non, ce sera un garçon !

- Oh, vraiment ? Et qu'est-ce qui te fait affirmer ça ?

- Instinct maternel, clama Oryane.

- Tu comptes me sortir ça à chaque fois ?

- Rien que pour le plaisir de t'embêter, oui !"

Newt leva les yeux au ciel, avec néanmoins un léger sourire au coin des lèvres.

"- Je vois. On poura peut-être connaitre le sexe à l'examen ?

- Houlà non ! Il est beaucoup trop tôt ! Laisse-moi d'abord devenir énorme... soupira Oryane en contemplant son ventre encore plat.

- Ne t'en fais pas mon ange, même avec 40 kilos de plus, je continuerais de te porter jusqu'au lit. Et je me retiendrais de dire à quel point tu es lourde.

- Salaud..."

Le blond rit avant de caresser délicatement sa main.

"- Il va falloir commencer à préparer des choses nan ? Les vêtements, la chambre... A moins qu'on ne le fasse dormir avec nous au début ?

- Non, je ne veux pas qu'il prenne l'habitude qu'on soit trop près. Et pour les vêtements tu as raison, je vais en parler à Aphé.

- Même si du coup, pour la couleur et la déco de la chambre, vu qu'on sait pas vraiment le sexe...

- Quelle importance ? Toutes les couleurs sont belles selon chacun, et on prendra une déco neutre. Et crois-moi qu'au fur et à mesure qu'il grandira, il remaniera sa chambre plusieurs fois.

- C'est vrai."

Newt s'adossa en arrière avec un petit soupir de bonheur.

- D'ailleurs... osa Oryane. Si tu es d'accord... Je n'ai pas envie qu'on me révèle le sexe avant la naissance. Je veux garder la surprise...

Newt, un peu surpris, réfléchit, avant de hausser légèrement les épaules.

- Comme tu veux. C'est déjà tellement incroyable... fit-il, aux anges.

Oryane fit de son mieux pour lui offrir un sourire. Hélas, un radar s'alluma en Newt, et il regarda sa femme, sourcils froncés.

- Ça va ? Tu as l'air tendue. De nouveau des nausées ?

Oryane se mordit les lèvres. Mais cela faisait des heures que ses pensées lui trottaient sur la conscience, alors elle avoua.

"- J'ai peur.

- Peur de quoi ? demanda doucement Newt en passant un bras autour de ses épaules pour l'attirer près de lui.

- De tout. Peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être une bonne mère, peur qu'il arrive quelque chose à notre bébé... On a tellement vécu que je n'arrive plus à voir la vie que comme une suite d'obstacles. À chaque fois que quelque chose se passe étonnamment bien, un poids s'enlève de ma poitrine et j'ai l'impression de ne pas avoir respiré pendant des jours. Et si je faisais une fausse couche ? Et s'il était mort-né ? Et s'il avait une maladie grave ? Et si...

- Oryane, arrête."

La voix de Newt était ferme. Nul doute ne flânait dans ses yeux. Il semblait juste confiant.

- Même si tout ce que tu as dit devait arriver, ce ne sera jamais ta faute. Et ça m'étonnerait beaucoup, complètement si c'était le cas. Tu connais le principe du karma ? Tout ce que tu as fait, la vie te le rend. Et après toutes les horreurs qu'on a enduré, on ne peut pas avoir d'autre option que couler une petite vie tranquille ici.

Oryane garda le silence.

- Mon ange... Je ne peux pas te promettre que tout ira bien. Mais je le pense très fort. Et si au grand jamais une telle catastrophe devait surgir... Nous y ferons face ensemble. Comme toujours.

La jeune femme acquiesça, le coeur battant, en posant la tête sur son épaule.
Ils regardèrent en silence la neige de décembre virevolter à travers les fenêtres, éclats blancs dans la nuit tombante. Au long des années, la chaleur s'était un peu apaisée, mais le climat resterait bouleversé à jamais. Il neigeait parfois en juin. Les enfants rentraient de l'école, sillonnant des chemins dans la poudreuse épaisse, et échangeant des mots excités. Et à voir le paysage ainsi, éclairé par les guirlandes lumineuses et les couronnes de houx aux arbres nus, Oryane sut alors que c'était un heureux présage.

*****************

Sept mois plus tard

- Allez Ory, encore un effort !

La rouquine poussa un long gémissement.

- Je vois la tête ! l'encouragea Aris.

A l'extérieur de la chambre, Newt faisait les cent pas en se rongeant nerveusement les ongles. Oryane était dans son bain quand elle avait perdu les eaux, si bien qu'elle n'avait pas identifié sa drôle de sensation. Quand elle était rentrée dans les douleurs de l'enfantement quelques heures plus tard, Newt l'avait transportée en catastrophe à la clinique après avoir appelé Lizzy à la rescousse.

Celle-ci posa justement une main réconfortante sur l'épaule de son grand frère.

- Tout est OK Newt. C'est bientôt fini. Tout sera parfait, tu verras.

- Brenda, amène-moi des serviettes ! cria Aris à l'intérieur à la jeune femme brune qui s'était imposée assistante médicale le temps de l'accouchement.

- Tiens mec, fit Gally en tendant un gobelet de café à Newt. Ce serait dommage que tu fasses un malaise devant ton enfant.

Newt adorait le café noisette, mais en cet instant, l'odeur lui filait la gerbe.

"- Tu te rends compte ? On va être tatas, se réjouit Harriet en serrant sa femme dans ses bras.

- Et moi parrain, grommela Minho. Ca va être bizarre...

- C'est toi qui as voulu, lui rappela Newt. Tu ne te rappelles pas ? La première fois que tu nous as vu nous embrasser avec Oryane, au Bloc...

- "Le Newtyane est canon ! Je peux être le parrain du premier enfant ?" récita Minho, un sourire au coin des lèvres. Comment pourrais-je l'oublier ? T'inquiète pas, le petit monstre plus moi, ça va être Sen.Sa.Tio.Nnel.

- C'est précisément ce qui me fait peur..."

Frypan rentra avec précipitation dans la salle d'attente.

"- Je suis venu dès que j'ai su. Comment se passe le travail ?

- Plutôt bien.

- Et comment se débrouille l'homme de ma vie ? interrogea Fry.

- Aris gère, comme d'habitude."

Soudain, des cris et pleurs stridents de bébé emplirent le couloir. Tous retinrent leur souffle.

- Ca y est, mec... murmura Thomas en donnant une claque amicale à son meilleur ami. Prêt à voir ta sérénité s'enfuir en courant pendant que tu lui fais bye bye en pleurant ?

Newt ne répondit pas, et s'armant de courage, il rentra dans la salle.

Oryane, épuisée, lui offrit un sourire alangui. Newt se précipita pour la prendre dans ses bras.

- Tu as été parfaite, répéta-t-il en boucle, lui embrassant le front, le nez, la tempe. Tu es parfaite...

Brenda émergea de la pièce attenante, avec un sourire affectueux, avant de poser dans les bras d'Oryane un beau bébé, dans des linges blancs.

"- Vous avez un magnifique petit garçon.

- Je te l'avais dit" souffla Oryane, avec un air de victoire, en contemplant son fils. Dans ses bras. Jamais son coeur n'avait été autant plein de chaleur.

Newt ne répondit pas. Il regardait le bébé, hypnotisé. Celui-ci, qui s'était calmé comme par magie dès qu'il avait atterri près de sa mère, le toisa d'un air curieux. Sa minuscule main s'ouvrait et se refermait, comme s'il voulait toucher le visage de son père. Puis un immense sourire content s'étala sur sa petite bouille de bébé, et il lâcha un bref gazouillement joyeux.

Un "Mooooooh" d'attendrissement collectif résonna dans la salle.

"- Ca y est, soupira Minho avec un air de martyre. Les ennuis commencent...

- En effet. A partir de maintenant, il faudra modérer ton langage. Donc en gros, exit les diners une fois par semaine à la maison..." ricana sournoisement Newt.

Le visage de Minho s'affaissa d'horreur.

"- Vous pouvez pas me faire ça. Vous avez jamais goûté à la cuisine d'Aphé !

- Tu veux qu'on parle de ton ménage ? J'ai l'impression de vivre dans une porcherie ! s'écria Aphéli.

- Enfin Lili, même MOI je ne peux pas être parfait tout le temps."

Tandis que leurs amis riaient autour d'eux, Oryane berçait délicatement son fils, Newt à côté d'elle.

- Une idée de prénom ? demanda le blond.

Ils avaient déjà évoqué le sujet plusieurs fois, mais ça s'était toujours transformé en chamailleries. Et ils étaient plutôt de ceux qui pensent que le prénom parfait vient au moment où on voit le bébé.

Oryane garda le silence. A travers la fenêtre, l'aube se levait, parant l'île et la plage de rose. Un nouveau soleil, une nouvelle page de sa vie.

L'enfant fixa le dehors d'un air fasciné, un rayon le baignant légèrement, et Oryane chuchota.

- Lucas. Ce sera Lucas.

**********************************

Treize ans plus tard, 2256

"- Maman, elle est où ma robe verte et dorée ?

- Sur l'étendoir à linge !

- Et mes balleri...

- Dans le placard !"

Rose se stoppa dans l'escalier et scruta sa mère d'un drôle d'air.

"- Un jour, il faudra m'expliquer comment tu fais pour savoir où sont toutes mes affaires, maman. C'est flippant.

- C'est très simple ma puce : moi aussi, je suis une fille."

Rose marmonna quelque chose d'incompréhensible, avant de saisir ses vêtements et remonter à tue-tête pour se changer.

Oryane noua ses boucles rousses en une tresse, lissant son chemisier et sa jupe rouge du plat de la main. Elle alluma des bougies supplémentaires sur la grande table garnie de houx, de chocolats, de petits jouets et de mets variés.

Rose redescendit à quatre-quatre, râlant alors qu'elle essayait de nouer ses cheveux blonds en un chignon maladroit.

- Fais voir, dit sa mère en l'attrapant au vol par les épaules.

La pré-ado se rongea nerveusement les ongles (une mauvaise manie héritée de son père) alors que sa mère nouait ses cheveux en un élégant chignon torsadé.

"- Cette robe te va bien.

- Tu parles, j'ai l'air d'un rhinocéros, grommela Rose.

- Mais non..."

Oryane tourna sa fille vers elle pour l'observer. Elle avait hérité du teint et des cheveux dorés de Newt, mais son sourire et ses yeux étaient rigoureusement identiques à ceux de sa mère. Leurs prunelles bleues se croisèrent.

- Tu es parfaite.

"- Où est ton frère ? demanda Newt en pénétrant dans le salon, attachant sa montre.

- Sur son lit en train de lire comme un geek, ricana Rose.

- Ca te ferait pas de mal, plus de lecture à toi aussi... Ton orthographe est catastrophique.

- Pas ma faute si je suis dyslexique...

- Je le suis aussi, rétorqua Newt, et ça ne m'a pas empêché de devenir enseignant, ni de lire et écrire couramment. Tu as la chance d'avoir un programme adapté, moi les professeurs de WICKED se contentaient de me donner des punitions parce que j'étais à la traine.

- Je sais bien... mais tu sais que je ne vis que pour la natation.

- Et c'est super ma chérie, mais tu verras qu'en faisant un effort tu t'amélioreras, fit gentiment remarquer Oryane. Et je suis sûre que ton frère se ferait un plaisir de t'aider.

- Ouais enfin ça reste à voir !" cria Lucas en dévalant les escaliers, attachant négligemment sa chemise blanche.

Oryane lui fit les gros yeux.

- Tu aurais au moins pu repasser la chemise !

- Les mecs de 13 ans, je te jure... souffla Rose, narquoise.

- Les gamines de 10 ans, je te jure... riposta son frère sur le même ton.

Il passa une main dans ses cheveux roux frisés, avant de sourire à sa mère, ce sourire qui faisait craquer la moitié des filles de l'école. Entre ses taches de rousseur (cadeau d'Oryane) et les mêmes yeux noirs et mystérieux de Newt, Lucas avait du charme.

- Il faut que tu t'entraines à mettre des chemises, pour faire classe quand tu seras médecin, railla sa soeur.

- Maïeuticien, corrigea Lucas. Médecin généraliste, c'est ce que fait maman. Moi je serai maïeuticien.

- Et en langue française, ça veut dire ?"

Lucas leva les yeux au ciel.

- C'est un terme employé pour les hommes sages-femme.

- Merci de me l'avoir dit, maintenant ça va rentrer par une oreille et sortir par l'autre.

- Fais pas ça à tes futurs élèves, ça va être galère de leur enseigner un truc si t'écoutes pas leurs réponses.

- Pas besoin de leur parler, je serais prof de sport !" se vanta Rose.

Les laissant à leur dispute, Newt se tourna vers sa femme.

"- Quelle heure est-il ?

- 11h. Ils ne devraient plus tarder.

- Luc va pouvoir voir sa Joana, chantonna Rose, un sourire angélique aux lèvres.

- Ce n'est pas "ma" Joana, éructa Lucas, ses joues s'empourprant légèrement. Tu dis n'importe quoi !

- Ah oui ? Alors pourquoi t'es toujours aux petits soins avec elle ? Remarque, elle a l'air de beaucoup t'aimer aussi. C'est peut-être son genre, les maïsticiens...

- Maïeuticiens !

- Il n'y a pas de mal à être amoureux mon chéri, fit Oryane. Joana est une jeune fille charmante. Et puis votre père et moi, on s'est rencontrés enfants...

- On sait, on sait, la coupa Rose en levant les yeux au ciel. Il y a directement eu une connexion entre vous, vous avez grandi et affronté WICKED tous les deux avec les Blocards, vous étiez faits l'un pour l'autre, et bla bla bla... En même temps maman, il y avait pas un choix de gars de ouf non plus, hein...

- Les gamins ont plus aucun respect de nos jours, marmonna Newt en attirant Oryane contre lui pour lui embrasser la tempe.

- BEEEEEERK !" crièrent Lucas et Rose en choeur.

A ce moment-là, la sonnerie de la porte d'entrée retentit.

- Tonton Minho ! Tata Aphé ! cria Rose, surexcitée, en laissant le couple entrer dans la maison.

- Salut beauté, s'esclaffa Aphéli en lui embrassant la joue.

- Check mon filleul ! s'écria Minho à Lucas, et ils échangèrent une poignée de main sophistiquée.

Leurs deux jumelles de 12 ans, Joana et Gabrielle (que tout le monde appelait Gaby), suivirent leurs parents.

- Comment allez-vous ? demanda Gaby, sautillante.

Avec son style large, ses boucles blondes à la garçonne toujours en bordel, ses yeux bleus pétillants, elle ressemblait à une véritable pile électrique.

- Comment va ma nièce préférée ? lui répondit Oryane.

- Salut Joana, fit Lucas en passant une main dans ses cheveux (Newt sors de ce corps), gêné.

- Ca va et toi ?

Joana était très migonne, avec ses yeux caramel, ses longs cheveux châtain foncé parfaitement lisses et son sourire parfois timide. Mais il fallait se méfier des apparences : derrière ce visage angélique, Oryane plaignait ses amis de devoir la supporter elle et ses pulsions au quotidien.

- Elles vous font pas trop suer ? demanda Newt alors que les adolescents montaient à l'étage.

- Elles m'épuisent, soupira Aphé. Même si maintenant qu'elles sont passées au troisième cycle scolaire, elles se sont un peu calmées.

- C'est toi qui as voulu, lui rappela Minho en se laissant choir sur le canapé en baillant.

- Qui aurait cru que ce serait des enfants qui viendraient à bout de votre duo infernal ? se moqua Oryane.

- Pas n'importe quels enfants. Des jumelles, lui rappela Minho. Qui portent nos gènes. Crois-moi que Lili et moi, on s'est rendus compte à quel point on devait vous faire chier tous les jours.

- Chacun son tour..."

La sonnette tintillonna de nouveau.

- Bonjour les gars ! lança Thomas en entrant dans la maison, suivi de Brenda et leur fils, Michael.

- Et voilà Tommy ! lança Minho en se levant pour lui donner une accolade.

Michael les salua rapidement avant de filer à l'étage pour retrouver ses amis (et plus particulièrement Rose, le soupçonnait Oryane).

Thomas et Brenda avaient à peine pu se débarrasser de leurs manteaux que la porte s'ouvrit de nouveau.

Sonya et Harriet entrèrent, main dans la main, suivis par Frypan et Aris, qui se tenaient mutuellement par le bras.

- On a croisé Jorge, Gally et Vince en sortant, ils ne devraient plus tarder, leur signala Fry en leur faisant la bise.

En effet, les trois hommes arrivèrent quelques minutes plus tard, et ils s'installèrent à table, discutant allègrement.

- Les enfants, venez avant qu'on termine tous les biscuits apéro ! cria Brenda.

Une demi-seconde plus tard, cinq tornades ravageaient les assiettes restantes.

Une fois sûrs que tout le monde avait son verre plein, Newt leva le sien.

- Joyeux Noël à tous !

- Joyeux Noël ! répondit-on tous ensemble.

Le repas succulent fut ponctué de rires, jeux, courses des enfants. Au moment du dessert et de la bûche chocolatée, la tension des adolescents était à son comble et ils se tortillaient presque sur leurs chaises. Les adultes prirent un malin plaisir à les faire languir, poursuivant leur discussion. Finalement, Lizzy eut pitié d'eux :

- Les enfants, je crois avoir vu des cadeaux sous le sapin...

Des hurlements de joie emplirent la pièce alors que les cinq bondissaient de leurs sièges pour se ruer vers l'arbre.

Les papiers cadeaux volaient de partout, les exclamations de surprise et de joie fusaient.

- C'est quoi ça ? brailla Gaby en agitant une espèce de lettre jaunie.

Newt fronça les sourcils en l'attrapant.

"- Oh, elle a du s'accrocher au papier dans la cave...

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Oryane avec curiosité en la prenant.

La lettre était craquante, poussiéreuse, comme si elle datait de plusieurs années. La rouquine la déplia et l'en-tête lui sauta aux yeux : Chère Oryane... Elle parcourut le texte en diagonale et ses yeux s'écarquillèrent.

"- Tu... tu m'avais écrit une lettre ? Avant notre arrivée au Paradis...

- Je voulais te laisser une dernière part de moi, avoua Newt. J'étais persuadé qu'il était trop tard... Mais étant donné que je suis bel et bien là, je ne te l'ai jamais donnée.

- Ca vaut mieux en effet... même si elle est très belle.

- Cette lettre a plus de 20 ans, la taquina Newt. Je te l'ai écrite quand tu avais 17 ans, tu en as 40...

- Oh tais-toi, M. 42 Années ! Je trouve des cheveux blancs régulièrement.

- Rassure-toi ma chérie, tu en fais à peine 39."

La rousse râla, se blottissant contre lui malgré tout tandis que les enfants continuaient de déballer leurs surprises devant eux.

- Je t'aime, souffla-t-elle. Joyeux Noël.

Newt posa sa tête contre la sienne.

- Moi aussi je t'aime. Joyeux Noël, mon ange.

****************************

Aloooors ? Team sad end ou happy end ?

De toute façon on s'en fout, car en réalité cette fin n'est pas arrivée. C'est ce qui aurait pu advenir à nos persos chéris, nuance. Sauf que du coup Newt est mort et Ory finit en dépression hihi *pleure*

Par contre on en parle que c'est une fin alternative, même pas la vraie histoire, et c'est le plus long chap que j'ai jamais écrit ? Plus de 11 000 mots ! (bruh).

Vous avez vu, il y a deux trois trucs qui collent pas trop et qui sont très gnangnans, mais c'est mignon à souhait donc on pardonne (j'espère 0_0) !

Il reste encore deux trois surprises sur ce volume-ci, je vous laisse en profiter !

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