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13 : Il s'appelait George

Média : Harriet

- Debout, ordonna Harriet.

Devant le manque de réactivité, elle planta son fusil dans les côtes de Jorge en sifflant.

- J'ai dit DEBOUT ! Tous !

Ils s'empressèrent de se mettre sur leurs pieds, toujours les mains en l'air. Oryane ne pouvait pas s'arrêter de contempler Lizzy. Ou valait-il mieux l'appeler Sonya à présent ? Depuis qu'elle avait retrouvé la mémoire elle avait beau savoir que le vrai prénom de Newt était Samuel, elle s'obstinait à le nommer du prénom de WICKED.

Sonya continuait à viser Newt et Minho de son fusil, un air féroce peint sur le visage. Newt la regardait d'un air méfiant, prêt à se battre. Aucun miracle de reconnaissance n'était venu baigner le frère ou la soeur, qui se regardaient en chiens de faïence, prêts à se déchiqueter sans hésitation.

- Aris ?!

L'exclamation stupéfaite d'Harriet tira Oryane de ses pensées et elle regarda la jeune fille. Elle fixait le blond, sans y croire, les yeux écarquillés.

"- Harriet, c'est vraiment toi ! s'écria Aris, fou de joie.

- Mon Dieu, mais qu'est-ce que tu fous là ?"

Aris s'avança. Harriet baissa son bandeau et son arme et lui sauta dans les bras. Oryane vit également le regard de Sonya s'illuminer alors qu'elle se détendait à son tour, un sourire ornant son visage.

- Nous te croyions mort, soupira-t-elle en le serrant contre elle aussi.

Tout à la joie de leurs retrouvailles, les trois amis échangeaient sourires et nouvelles, paraissant avoir complètement oublié les autres.

Finalement, Minho se racla la gorge.

"- Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce bordel ? Aris, tu les connais ? fit-il en désignant les deux filles du menton.

- J'avoue, Harriet, Sonya, c'est quoi ce délire ? renchérit la fille aux cheveux décolorés, dont Oryane avait totalement oublié l'existence, en se rapprochant d'eux.

- Nous étions dans le même Labyrinthe, expliqua Aris à l'intention de Minho. Mais c'est moi qui vous croyais décédées ! dit-il en reportant son attention sur les deux filles. Vous avez mystérieusement disparu du refuge de WICKED ! Appelées le premier soir et pouf ! Plus de nouvelles !

- Le Bras Droit a attaqué, expliqua Harriet avec un grand sourire. J'imagine qu'on a du vous confiner dans les dortoirs ce soir-là sans jamais vous dire pourquoi ? Eh bien, c'était pour ça ! Mais ils n'avaient pas assez d'effectifs pour libérer tout le monde, donc ils ont paré au plus urgent.

- Vous êtes avec le Bras Droit ?" demanda Thomas, intrigué.

En voyant le regard suspicieux qu'Harriet lançait au brun, Aris lui tapota l'épaule.

- C'est bon les filles, tout va bien. Ce sont mes amis. Vous pouvez leur faire confiance.

Elles hochèrent la tête, soulagées, et Sonya expliqua :

- Cela fait plus d'un mois qu'on a rejoint le Bras Droit. On organise régulièrement des escapades pour secourir les autres Immunes, et on sait que WICKED nous cherche. Cette route est le seul moyen d'accéder au campement, alors on la surveille de très près, d'où l'embuscade. On devait s'assurer que vous ne faisiez pas partie de ces enfoirés."

Oryane dévisageait Sonya, cette jeune fille de 16 ans comme elle, battante et sûre d'elle, cherchant en elle une trace de la fillette timide de son enfance, celle qui lui avait tendu la main la première fois qu'elle l'avait vu, gamine sale et hideuse pleurant dans les couloirs de WICKED. A présent qu'elle était rassurée sur leurs identités, le visage de Sonya avait retrouvé la douceur dont elle se rappelait, et ses yeux brillaient de gentillesse. Oryane eut brusquement envie de se jeter à son cou et raconter tout ce qu'elle avait vécu, tout se confier et rire ensemble comme quand elles étaient petites. Si pour Oryane Teresa avait été sa meilleure amie, elle considérait Sonya comme sa soeur jumelle, celle que même le temps et la distance n'avaient pas suffi à éloigner de son coeur. Si seulement la blonde pouvait se rappeler d'elle... Elle espérait qu'elles pourraient créer un lien à nouveau avec le temps, qu'elle la croirait quand elle lui raconterait tout.

"- Pouvez-nous nous conduire jusqu'au Bras Droit ? demanda Jorge aux trois filles.

- Bien sûr. On y va."

La fille auburn plaça ses doigts dans sa bouche et émit un long hululement. Aussitôt, sur les longs bords de la combe, des dizaines de personnes armées, si haut qu'Oryane ne distinguait que des silhouettes noires, apparurent. La rouquine fut bluffée par le nombre de tireurs.

- C'est bon les gars, tout est OK !

La fille croisa son regard avec un sourire narquois.

- Si vous aviez été des intrus, vos chances de survie auraient été inférieures à 1%.

Elle lui tendit sa main.

- Je m'appelle Aphéli.

Oryan posa sa paume dans la sienne.

- Oryane.

Une lueur de surprise et de choc s'alluma dans les yeux d'Aphéli et elle retira promptement sa main, avec un sourire toutefois devant une Oryane perplexe.

- En route ! lança Harriet en remettant son fusil sur l'épaule.

Ils avancèrent sur la route en discutant et passèrent sous une épaisse arche de pierre rougie par le sable, dont l'autre côté était barré par une grosse camionnette.

- Tu peux te décaler, Finn, tout va bien ! cria Sonya.

Le garçon à l'intérieur leva le pouce en l'air et la camionnette s'ébranla pour leur libérer le passage.

- Même si vous aviez réchappé aux balles, la voiture vous aurait coupé la route, expliqua Harriet avec désinvolture.

Frypan hocha lentement la tête, impressionné par toute cette organisation.

Ils débouchèrent sur une vaste place où étaient rangées des dizaines de vieilles voitures.

- Le campement est vraiment loin, s'étonna Minho.

Harriet leur ouvrit la porte d'une des voitures avec un clin d'oeil.

- Ces vieilles caisses ne sont pas là pour rien. J'espère que vous aimez les road-trips.

Et tout le monde s'empressa d'entrer en se bousculant et chahutant joyeusement.

***************

Une vingtaine de minutes plus tard, Harriet et Sonya claquèrent les portières avant et tout le monde descendit allègrement.

Oryane s'approcha et retint son souffle.

Dans la clairière en contrebas se dressaient des tas de tentes, comme un mini-village. Des feux étaient allumés, des adultes plus ou moins âgés discutaient gaiement et même des jeunes enfants faisaient la course à travers les allées. On distribuait de la nourriture chaude et des couvertures, une femme soignait les égratignures d'une petite fille, des hommes émergeaient des tentes avec le sourire, d'autres s'affrontaient à construire des objets ça et là, des patrouilles se rencontraient, et des rires s'envolaient régulièrement dans le vent.

Oryane sentit une vague de chaleur l'envahir, alors que pointait dans son coeur une sensation qu'elle n'avait connue qu'au Bloc : une sensation de chez-soi. Sans même être véritablement entrée dans le campement, elle s'y sentait déjà comme dans sa propre maison, avec une famille et des amis l'accueillant tous les soirs, en rentrant. Un sentiment d'appartenance véritable à un groupe et un endroit. Ce fut en ressentant cela qu'Oryane comprit soudain pourquoi l'espèce humaine était devenue sédentaire.

"- On a mis du temps à tout construire, expliqua Aphéli en les faisant descendre sur la place. Ce n'est pas n'importe quel camp, ici. C'est chez nous.

- Ça s'est bien passé, les filles ? cria un vieil homme.

- Comme sur des roulettes, Max !"

Sonya prit doucement par l'épaule un garçonnet en train de courir.

"- Dis-moi Sacha, tu n'aurais pas vu Vince ?

- Nan désolée Nya ! brailla le petit en repartant à toute vitesse.

- Je suis là Sonya."

Tout le groupe tourna son attention vers un homme s'approchant d'eux. Il était assez jeune, entre 30 et 35 ans, avec des yeux bruns, de longs cheveux attachés et une épaisse barbe blonde. Il dévisagea les nouveaux venus d'un air méfiant.

"- Nouveaux arrivants ? Vous avez effectué toutes les mesures de vérification ?

- L'un d'eux, Aris, est notre meilleur ami. Nous lui faisons entièrement confiance" répondit Harriet.

Vince hocha la tête et s'adressa à Aphéli.

- Aphé, va chercher Mary.

L'adolescente hocha la tête et fila vers une des tentes. Le chef du Bras Droit reporta son attention sur eux.

"- Ils ne sont pas infectés ?

- Tous Immunes, normalement."

Oryane sentit son coeur ralentir en se rappelant soudain de Brenda.

Comme pour égayer sa peur, la jeune fille poussa un râle. Thomas et Oryane lui jetèrent un coup d'oeil horrifié. Tremblante, la peau luisante de sueur, Brenda semblait au bord de l'évanouissement. Maintenant qu'elle y repensait, elle était restée d'un étonnant silence au cours du trajet, blêmissante.

"- Qu'est-ce qu'elle a ? s'enquit Vince.

- Brenda ? s'alarma Jorge en s'approchant de sa fille adoptive. Tu vas bien ? Brenda !"

Suffoquante, la brune s'effondra brutalement au sol et Jorge se jeta sur elle pour la maintenir.

"- Elle a peut-être pris un coup de chaud, suggéra Vince.

- Non, ce n'est pas son genre..."

Thomas et Oryane échangèrent un regard. Apparemment, Brenda n'avait parlé à personne de son infection. La rousse était même surprise qu'elle soit restée aussi bien portante toute une semaine durant.

Puis elle sentit son ventre se nouer en pensant à ce qui allait se passer maintenant.

Des vigiles s'agitèrent autour d'eux et, curieux, Vince se mit à genoux pour observer Brenda. Son regard dériva sur sa jambe et il souleva un peu son jean légèrement plissé... pour découvrir la morsure en croissant de lune, noire et suintante.

- Une Fondue ! cria-t-il en bondissant en arrière, braquant son arme sur Brenda.

- NE LA TOUCHEZ PAS ! rugit Jorge, qui se serait jeté sur Vince à mains nues si Aris et Frypan ne l'avaient pas retenu.

- C'est une infectée ! Elle va tous nous contaminer ! hurla Vince en faisant dangereusement glisser son doigt sur la détente.

- NON ! cria Oryane en se jetant devant le corps de Brenda, les mains en l'air.

Brenda et elle avaient peut-être connu des débuts difficiles, mais Oryane s'était finalement attachée à elle, cette fille en apparence dure mais sensible, qui se cachait derrière ce bouclier de désespoir, qui n'attendait plus rien de la vie pour ne pas souffrir. Elle lui avait sauvé la vie, par deux fois. Elle se devait de lui rendre la pareille.

"- Elle n'est pas encore folle... Elle ne nous fera pas de mal, supplia-t-elle.

- Qu'en sais-tu ? Elle nous tuera dans nos lits avant la semaine prochaine ! Cette saleté de Braise se répand dans l'air, nous serons tous malades dans quelques jours !

- Vous pouvez certainement faire quelque chose, implora Oryane.

- Oui, reconnut Vince. Je peux mettre fin à ses souffrances.

- NON ! Vous êtes le Bras Droit, non ?"

Vince dévisagea Oryane, sans mot dire.

- Je vous en prie, chuchota Oryane. Montrez-nous que nous n'avons pas accompli ce périple pour rien, que nous avons eu raison de venir vous chercher. Montrez-nous que vous n'êtes pas comme ces gens contre qui vous luttez. Ne soyez pas comme WICKED.

Le visage de Vince se tordit de douleur.

"- Je ne veux pas faire ça... Mais hélas, nous ne pouvons rien pour elle. Il n'existe rien qui puisse ralentir l'infection.

- Nous ne pouvons rien, mais cette jeune fille le peut, elle" déclara brusquement une voix féminine.

Stupéfaits, tous regardèrent approcher une femme d'une quarantaine d'années.

- Mary, souffla Vince.

La femme vint se poster à côté de lui.

"- Bonjour Oryane, dit-elle avec un doux sourire.

- Vous... vous me connaissez ? balbutia Oryane, ahurie, tandis que Vince laissait échapper un hoquet de surprise.

- Intéressant, commenta Mary sans répondre à sa question. Ils t'ont bel et bien envoyée dans le Labyrinthe."

Oryane cligna des yeux, hébétée, alors qu'elle parcourait la femme du regard. Elle avait des yeux bruns emplis de bonté, un visage débordant de douceur maternelle et d'épaisses boucles brunes.

Elle était sûre de l'avoir déjà vue. Mais où ? Quand ? Elle avait envie de hurler de frustration.

- J'avouais être inquiète à ton sujet, dit Mary en s'agenouillant au chevet de Brenda pour l'examiner. Quand j'ai cessé de recevoir des nouvelles, j'ai cru que WICKED t'avait tuée après ce que tu avais fait.

Oryane chancela quand à ces mots un souvenir inonda sa mémoire.

Elle plus jeune. La combe dans la nuit. La bonne décision.

"- La première fois que nous nous sommes parlé, je t'ai demandé si tu étais sûre de ton choix et tu m'as dit que tu ne pouvais plus voir tes amis mourir un par un, déclara Mary.

- C'était vous, souffla Oryane, estomaquée. La messagère du Bras Droit...

- En effet."

Mary posa sur Oryane un regard bienveillant.

- Tu as tellement grandi... Tu es devenue une magnifique jeune fille, une magnifique jeune femme. Quel âge as-tu maintenant ?

Comme Oryane, sous le choc, ne parvenait pas à répondre, ce fut Thomas qui le fit à sa place.

"- Elle a 16 ans.

- Ah" dit simplement Mary, dont le visage se crispa un instant sans qu'Oryane ne comprenne pourquoi.

"- C'était donc toi... fit Vince en détaillant Oryane de la tête aux pieds. Si jeune, et déjà face à de tels choix... Mais tu avais raison.

- Attendez, intervint Minho, les sourcils froncés. C'est quoi cette histoire, encore ? Qu'est-ce que t'as trafiqué, Oryane ?

- Je ne sais pas, avoua la rouquine en se retournant vers Mary. Vous avez raison, WICKED m'a effacé la mémoire. J'ai vécu la Transformation, mais elle ne rend qu'une partie des souvenirs, certains s'effacent. D'autres remontent à la surface sans raison. Je sais que j'ai déjà eu un lien avec vous, je sais que WICKED m'a punie pour ça, mais je ne sais pas ce que c'est."

"Tu as tout gâché !"

Après tant de temps, tant de questions, elle allait savoir. Une des raisons de la haine des Créateurs pour elle. Pourquoi Teresa lui en voulait à mort.

Mary reprit la parole, continuant de s'affairer sur Brenda :

- Je t'ai parlé de notre première rencontre. Et lors de la dernière...

Elle planta ses yeux dans ceux d'Oryane.

"- Tu m'as révélé les coordonnées, positions géographiques et détails de toutes les bases de WICKED et leurs plans, ce qui nous a permis d'attaquer leurs QG. Celle qui nous a permis de commencer à libérer ces enfants de leurs griffes, c'était toi.

- Notre mystérieuse source... souffla Aphéli, qui se tenait depuis tout à l'heure derrière Vince et Mary. On nous a tous parlé de toi, tu es un peu une légende vivante ici. L'enfant qui luttait contre WICKED. C'est pour ça que j'étais surprise tout à l'heure. Je t'admire beaucoup, ajouta-t-elle, gênée.

- Je... Merci" bredouilla Oryane.

Ainsi donc, voilà pourquoi certains bâtiments de WICKED étaient abandonnés, comment le Bras Droit parvenait toujours à les retrouver. Car il y avait eu une informatrice. Une espionne. Elle.

Teresa l'accusait car à ses yeux, en trahissant WICKED, Oryane l'avait trahie elle aussi, vu qu'elle était dans leur camp, la seule encore persuadée que les Créateurs étaient réellement bons.

Deux traîtresses meilleures amies. Quelle douce ironie du sort.

- Je sais même pas pourquoi je suis choqué rouquine, soupira Minho. Avec toi, tout est possible et imaginable.

Mary souleva Brenda sur son épaule et sourit à Oryane.

- Viens, je connais un moyen d'aider ton amie, mais j'ai besoin de ton aide. Suis-moi.

La profonde gentillesse qui émanait de Mary et le fait qu'elle lui ait déjà fait confiance dans le passé incita Oryane à lui emboîter le pas.

Elle hasarda un dernier coup d'oeil vers elle pour voir ses amis qui la regardaient s'éloigner. Aucun d'eux ne semblait en colère (en même temps, pourquoi l'auraient-ils été ?) Ils avaient plutôt l'air abasourdi.

Oryane retint un ricanement en repensant à ce qu'avait dit Minho. Il n'avait pas tort : avec elle, rien n'aurait dû les étonner.

*************

- Tends ton bras.

Un peu méfiante, Oryane obtempéra malgré tout. Quand elle vit Mary approcher avec une seringue, elle se raidit.

"- Qu'est-ce que vous faites ?

- Rien de grave, ne t'inquiète pas. Je vais juste te prélever un échantillon de sang, j'en ai besoin pour ton amie. Je suis médecin, ajouta Mary, sans doute dans une tentative de la rassurer.

Elle ignorait qu'en lui précisant ce détail elle lui fichait encore plus la frousse. Les expériences et tests médicaux de WICKED l'avaient traumatisée.

Elle ferma les yeux quand l'aiguille s'enfonça dans sa peau.

"Brenda a intérêt à ramper à mes pieds pour me remercier" pensa-t-elle avec humour pour se concentrer sur autre chose. En vain.

Mary retira l'aiguille et s'éloigna dans le fond de la pièce, vers la table où attendaient fioles et produits chimiques. Jorge et Oryane échangèrent un regard soucieux, l'homme maintenant sa fille adoptive sur la couchette pour éviter qu'elle s'agite. Le bruit du souffle de Brenda emplissait la pièce tandis qu'elle luttait intérieurement pour respirer.

"- Au début de nos recherches, nous médecins n'avions rien, déclara Mary en préparant sa mixture. Hormis que plus tu étais jeune, plus tu avais de chances de résister au virus.

- Et comment saviez-vous ça ?" rétorqua Oryane.

Mary garda le silence un moment avant de soupirer.

- Je travaillais pour WICKED. Je me suis enfuie il y a plus de quinze ans.

Éberluée, Oryane la scruta. Comment une femme qui était l'incarnation même de la droiture et de l'amour pour son prochain pouvait-elle avoir eu affaire à WICKED ?

- Nous avons commencé avec les meilleures intentions de l'univers. Trouver un vaccin, sauver le monde. Et il était clair que vous, jeunes enfants, étiez la clé. Parce que vous étiez Immunes. Et nous avons eu raison.

Elle touilla un peu la préparation.

"- En observant votre sang, nous avons découvert une enzyme inconnue, propre à vous Immunes. En la mélangeant à deux autres produits, nous avons réussi à obtenir la consécration : un agent chimique capable de ralentir l'avancée du virus.

- Mais alors, vous avez bien un remède, s'étonna Oryane.

- Hélas non. Cet agent affaiblit peut-être la maladie, mais il ne la stoppe pas. La Braise finira toujours par l'emporter. De plus, la fameuse enzyme ne peut pas être fabriquée, seul le sang des Immunes peut la produire. De jeunes Immunes. Mais cela n'a pas arrêté WICKED. Ils seraient prêts à sacrifier une génération entière, des centaines d'enfants innocents. Mais nous sommes censés réparer des vies, pas en prendre. Vous aussi avez droit au bonheur. Et cela, WICKED l'a oublié. Tout ça... pour ça."

Mary montra sa seringue dans laquelle un liquide d'un bleu magnifique, océan, flottait à présent. Les yeux fixés dessus, elle murmura :

- Un cadeau de la biologie, de l'évolution. Mais seulement pour quelques élus. Les autres mourront dans le noir, le froid et le silence.

Elle soupira avant de se rapprocher du lit.

- Tenez-la.

Jorge et Oryane maintinrent fermement Brenda et Mary enfonça l'aiguille dans son bras, avant de presser le piston.

Comme par magie, Brenda s'apaisa aussitôt. Elle cessa de bouger, ses halètements disparurent pour laisser place à un souffle calme et ensommeillé, et son visage se détendit. On aurait dit qu'elle dormait simplement.

"- Combien de temps l'injection sera efficace ? questionna Oryane.

- Je ne sais pas, cela dépend des individus. Quelques mois, tout au plus."

La femme contempla le visage paisible de Brenda et soupira.

- Mais ce n'est qu'une issue de secours. Il lui en faudra toujours plus.

Ils regardèrent la malade en silence quelques instants encore, puis Mary se leva.

- Il faut aller dehors. Laissons-la se reposer. Elle ira bien à présent.

Hésitant, Jorge finit par sortir. Oryane, elle, resta au chevet de Brenda, perdue dans ses pensées.

- Oryane ?

Elle releva la tête. Mary avait enlevé ses gants chirurgicaux et la dévisageait, un sourire triste sur le visage.

- Tu sais qu'elle ne pourra pas venir avec nous, n'est-ce pas ?

Oryane fronça les sourcils.

"- Que voulez-vous dire ?

- Tu n'es pas au courant ? Le campement commence à se faire petit. Nous sommes près d'une côte, nous avons retrouvé au bord de l'océan un tas de vieux bateaux abandonnés. Cela fait des années que nous les réparons, et dans quelques mois tout sera prêt. Nous libérerons les derniers Immunes et nous partirons de cette terre pour ne plus jamais y revenir. Mais pour fonder une nouvelle population saine, il ne faut évidemment emmener aucun contaminé. Je suis désolée, Oryane."

Incapable de réagir, la rousse ne put que hocher la tête et Mary quitta la tente.

Partir vers un nouveau monde ? Elle se prit à y rêver un instant. Une île, un continent où ils pourraient repartir de zéro, se reconstruire loin de la Braise et WICKED.

Puis elle baissa les yeux sur Brenda. Serait-elle vraiment capable de l'abandonner ? C'était son amie, ce serait comme si elle devait laisser Minho ou Thomas. Cette pensée lui était intolérable.

Le coeur lourd, elle enfila sa veste et se mit debout pour partir quand un éclat attira son attention.

Quelque chose brillait près de la poche de Brenda.

Oryane se mordit les lèvres puis finit par tendre la main pour attraper l'objet.

C'était un médaillon.

Elle se rappela soudain pourquoi Brenda était partie en courant devant la tyrolienne, comment elle avait fouillé dans les tiroirs pour prendre ce médaillon avant que les gardes de WICKED ne les trouvent.

Ce médaillon devait être extrêmement important pour elle pour qu'elle soit prête à risquer sa vie afin de le récupérer.

Elle passa un doigt dessus. L'or était oxydé, poussiéreux. Elle activa le petit fermoir et l'ouvrit.

Dedans, il y avait une vieille photo. Un petit garçon souriait à l'objectif.

- C'était mon frère jumeau.

Prise par surprise, Oryane baissa les yeux vers Brenda qui la regardait, les yeux bien ouverts.

"- Désolée, bredouilla-t-elle, gênée d'être prise en flagrant délit.

- Pas de souci. Moi aussi je fouillerais dans tes affaires si je pouvais, dit Brenda sans aucune moquerie ou animosité, juste une calme affirmation.

- Tu es un peu... mystérieuse, admit la rouquine.

- Tu n'es pas facile à cerner non plus. La première fois que je t'ai vue, je t'ai prise pour une de ces filles belles, niaises et naïves. Puis je t'ai vue en action. Tu as beau être frêle, tu es moins fragile que tu en as l'air. Et quelque chose me dit que tu peux dissimuler plus de choses qu'on ne s'y attend" dit Brenda, toujours aussi sereine.

Oryane l'observa un instant avant de lui rendre le médaillon. Brenda saisit le bijou et fixa ses yeux sur la photo.

"- Je ne savais pas que tu avais un frère jumeau, souffla Oryane. Où est-il maintenant ?

- Je ne sais pas."

La brune se cala plus confortablement sur l'oreiller, les yeux dans le vague.

- Quand mes parents ont attrapé la Braise, mon frère et moi avons été placés en quarantaine dans un camp de réfugiés orphelins. Nous étions chacun la prunelle des yeux de l'autre, nous nous aimions tellement fort... C'était la seule personne qui nous restait.

Elle sourit légèrement, sans doute plongée dans ses réminiscences.

- Et puis un jour, WICKED est arrivé. Il a fait passer des tests à tous les enfants du campement. Ils n'ont pas voulu de moi, mais ils ont pris mon frère. Car il était immunisé. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir...

Une larme solitaire coula sur la joue de Brenda.

"- Comment s'appelait-il ? chuchota Oryane.

- Il s'appelait George" répondit Brenda, son regard s'illuminant légèrement à sa mention du prénom.

Aussitôt, un terrible souvenir vint à la charge dans la tête d'Oryane.

Elle vient d'arriver au Bloc. Newt lui fait visiter. Elle est choquée et paniquée devant le petit cimetière dressé dans le terminus. Elle parcourt les tombes, sans vraiment y prêter attention sur le moment.

L'une d'elles porte le nom de George.

L'horreur dut s'afficher dans les yeux d'Oryane, car Brenda se redressa brusquement.

"- Qu'est-ce qui se passe ?

- Je sais ce qui est arrivé à ton frère" murmura Oryane, le coeur empli de douleur.

Brenda lui attrapa fermement le poignet, le serre fort, presque à lui faire mal.

"- Dis-le. Maintenant. Sans tourner autour du pot, exigea-t-elle.

- Il est mort."

Brenda retomba sur l'oreiller. Elle ne cria pas, ne fondit pas en larmes. Elle avait juste le regard vide.

"- Peut-être que ce n'était pas lui, dit Oryane dans une tentative de lui redonner un peu d'espoir. WICKED nous a tous renommés par rapport à de grands personnages de la science...

- George était le prénom de nombreux physiciens. Ça ne peut être que lui.

- Je suis désolée, dit doucement Oryane, le coeur déchiré.

- Je crois que quelque part je le savais, déclara Brenda en fixant le plafond de la tête. Je me sentais... seule. Comme s'il n'était vraiment plus là."

Elles se plongèrent dans le silence et Oryane finit par se relever.

- Je vais te laisser te reposer.

Brenda ne la retint pas et la jeune fille sortit de la tente, abattue et culpabilisant d'avoir dû annoncer une si mauvaise nouvelle.

Jorge attendait devant l'entrée.

"- Elle est réveillée ?

- Oui.

- Je vais aller la voir."

Jorge fit un pas en avant, puis tout à coup il se retourna et la prit dans ses bras. Oryane poussa un petit cri de surprise.

- Merci hermana, murmura Jorge. Merci pour tout.

Une fois le choc passé, Oryane savoura cette étreinte reconnaissante, paternelle, puis l'homme la lâcha et rentra dans la tente.

Un peu perdue, Oryane se balada entre les allées de tentes, cherchant ses amis du regard. Soudain, elle se retrouva devant Mary, en train de s'occuper du petit garçon que Sonya avait abordé une heure plus tôt, qui s'était salement griffé le visage. Les yeux dans le vague, en pleine réflexion, Mary s'apprêtait à lui appliquer sur la joue un coton parfaitement sec, alors que Sacha la regardait d'un drôle d'air, sans oser intervenir. Oryane toussota.

- Je crois que la boîte de pansements est là, fit-elle en désignant l'objet du menton.

Mary cligna des yeux en l'entendant, baissa le regard d'un air confus sur son coton avant de reprendre contenance.

- Oh oui, ça irait peut-être mieux en effet. Merci.

Une fois sa tâche terminée, Sacha fila alors que Mary rangeait ses instruments.

"- Tu as l'air à l'aise avec la médecine, observa-t-elle en jetant un coup d'oeil à Oryane.

- J'étais Medjack au Bloc. J'adorais ça. Mais je pense pas qu'il faille de grandes capacités cognitives pour reconnaitre une boite de pansements."

Oups. Maintenant qu'elle l'avait dit, Oryane se rendait compte à quel point ça pouvait être mal perçu.

- Mais ça arrive à tout le monde d'être distrait, tenta-t-elle lamentablement de se rattraper.

"Tu aggraves ton cas là, ma grande. Ferme-la, ce sera mieux."

Heureusement, Mary ne le prit pas mal. Elle sourit même.

"- Tu sembles bien plus heureuse que quand je t'ai connue, jeune fille de 13 ans brimée et terrifiée par WICKED. Je suis heureuse que tu aies pu t'épanouir.

-... Je suppose qu'on peut dire ça comme ça. Le Bloc a été le premier endroit où je me suis sentie... bien. Juste bien. Même si le fait d'avoir perdu la mémoire y était sans doute pour quelque chose aussi. La vie est toujours plus agréable quand on ignore qu'on est un organisme transformé en humain."

Mary en lâcha ce qu'elle tenait.

"- Je te demande pardon ?

- Je sais, c'est choquant...

- Certes. Mais ça l'est encore plus quand c'est un mensonge."

Le coeur d'Oryane s'arrêta de battre dans sa poitrine.

"- Quoi ?

- Jamais je ne les aurais cru capables d'une telle horreur, murmura Mary pour elle-même. Raconter de telles choses à une enfant... sans jamais les démentir...

- Mais j'ai été conçue en laboratoire, marmonna Oryane, qui pâlissait de plus en plus. On me l'a toujours dit, c'est même pourquoi WICKED me déteste tant.

- Non Oryane, ce n'est pas pour ça."

Mary s'avança pour lui prendre les mains.

- Ils te détestent car jamais une telle naissance n'aurait dû se produire selon eux. Les relations amoureuses étaient interdites entre le personnel de WICKED, mais tes parents étaient jeunes et stupides, et ta naissance a provoqué un immense tollé. Les directeurs étaient si mécontents... Je suis partie avant, mais on m'a raconté les émeutes que cela a engendré au sein de WICKED, et le nombre de morts. Je ne comprenais pas pourquoi... C'était tellement simple pour les dirigeants... Ils gagnaient tout. Ils punissaient les parents de leur erreur en racontant de telles horreurs tout en cachant ce qui s'était réellement passé aux yeux du monde. Ils avaient ainsi une excuse pour ne pas s'occuper de toi. Oryane, je suis tellement désolée, souffla Mary, qui tremblait à présent.

Sonnée, Oryane était paralysée sur place. Des larmes coulaient sur ses joues, sans qu'elle sache si c'était des pleurs de joie, de choc, ou d'amertume qu'on l'ait encore trompée. Peut-être les trois à la fois. Comment pouvait-on croire les gens autour de soi quand même sa naissance n'était qu'un odieux mensonge ? Son identité, aussi terrible soit-elle, était la seule chose qu'on ne lui avait jamais enlevée, la seule chose à laquelle elle pouvait s'accrocher même si elle la détestait.

"- Alors, je suis... humaine ? interrogea-t-elle, les yeux écarquillés.

- Oui Oryane, aussi humaine que moi ou tes amis. Il n'existe aucun organisme capable de se transmuter en une autre espèce ou que sais-je. Tu es juste... toi."

La rouquine sentit l'euphorie l'envahir, alors que ce passé détestable, qui lui collait à la peau, partait enfin en fumée.

Mais elle sentit la joie s'éteindre tout aussi vite quand elle pensa à un détail.

"- Peut-être que je suis humaine, mais je reste une erreur, fit-elle, amère. Vous l'avez dit vous-même : je n'aurais jamais dû naître. Mes parents ne voulaient pas de moi, je n'ai jamais eu aucun signe d'eux. Ils m'ont abandonnée, comme tous les autres. Je ne saurais jamais qui ils étaient, ou qui ils sont.

- Si. Parce que moi, je les connais."

La voix de Mary s'était brusquement faite tranchante, et ses yeux s'étaient allumés d'une étrange flamme.

Et l'adolescente eut soudain très peur de ce qu'elle allait lui annoncer.

- Ton père ne t'assumait pas, en effet. Il est bel et bien mort dans les émeutes qui ont secoué WICKED. Tu étais une tache sur son parcours, un incident qu'il préférait oublier.

Ainsi donc, elle n'avait déjà plus de père.

"Évidemment, tout est raté chez moi.

Je ne suis qu'une erreur.

Qui pourrait m'aimer ?"

Oryane était déjà au bord du gouffre, mais rien n'aurait pu la préparer à ce que Mary allait lui annoncer. Son coeur fissuré, brisé, trop souvent maladroitement réparé, explosa en mille morceaux qui ne seraient jamais recollés, alors que son esprit s'enfonçait dans les ténèbres.

- Quant à ta mère... c'est moi.


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