3001... 4 chiffres qui se succèdent... 4 assemblages de traits qui usaient l'encre de nos stylos et le graphite de nos crayons sur nos copies et nos travaux. 4 caractères qui formaient cette unité, cette entité qui effrayait à ce moment tant de gens, perdus, perplexes, confus... Ces 4 chiffres qui représentaient le cauchemar et le tourment psychologique des jeunes innocents comme des plus érudits ; notre année.

Étais-je moi-même atteinte de cette presque frénésie qui accablait la majorité de la population? Non. Bon, peut-être un petit peu. Mais je me devrais d'abord de vous expliquer plus en détail ce qui se passait dans nos pauvres esprits ainsi que la raison de ces perturbations. Tout débuta ainsi...

Nous étions en 2999. Eh oui. C'était la fin du millénaire. Comme il y avait sûrement eu en 1999, les rumeurs et craintes exagérées couraient à l'occasion de ce grand changement ; la fin du monde, l'apocalypse, l'arrivée d'extraterrestres... Toutes sortes de sottises, quoi! Néanmoins, certains phénomènes, si je puis m'exprimer ainsi, commencèrent à se manifester et semblèrent corroborer cette idée toute faite que le changement de millénaire apporterait quelque chose de mauvais. En effet, dès janvier, certaines personnes, et cela à travers le monde, disparurent pour deux jours. Croyant d'abord à un coup provenant d'un groupe d'influence quelconque, les médias diffusaient ces phénomènes comme étant des enlèvements organisés. Mais peu de temps après, tous comprirent que c'était impossible. Rien, rien n'était traçable par rapport à ces disparitions, mais dès août, toute la planète y avait passé, sans qu'il n'y ait une seule personne ayant quelque souvenir de ces deux journées perdues. Toute la planète... incluant ma meilleure amie, mon professeur de philo, la vieille voisine qui passe son temps à potiner avec son mari, Jonathan, mes parents, mon petit frère qui passe son temps sur ses jeux vidéos... moi. Moi aussi j'y ai passé. C'était en mars. Personne n'avait vécu cette disparition dans ma famille encore, et moi j'étais... comment dire... je venais de laisser Jonathan après m'être rendue compte que nous ne partagions pas les mêmes buts vis-à-vis notre relation. Peu importe. Je divague du sujet. Comme je venais de laisser Jonathan, j'avais besoin d'un peu de temps pour moi, pour digérer toutes ces choses qu'il m'avaient dites lors de la rupture. J'étais donc au parc, sur le banc, à réfléchir quand... quand quelque chose arriva, j'imagine. Parce que mon prochain souvenir est de me réveiller dans mon lit, confuse, et de retrouver ma famille avec un air abattu dans le salon. Quand ils me virent, ils me prirent dans leur bras et me racontèrent les 48h qu'ils venaient de passer à me chercher, sans trouver de traces de moi. Puis, en avril, ce fut le tour de mon père, puis ma mère en juin, suivi de près par Maxim, mon petit frère. À part de ce constant questionnement qui nous tiraillait à savoir ce qui nous arrivait, le restant de l'année suivit un cours normal. Mais l'année 3000...

L'année 3000 a été surnommée de façon assez internationale... l'année noire. Pour une raison bien simple : personne n'a de souvenir de cette année-là. Personne. PERSONNE merde!! Nous nous sommes tous réveillés le 1er janvier avec ce fort sentiment que quelque chose clochait. Il manquait quelque chose à nos pauvres esprits, et tous nos appareils électroniques le confirmaient ; nous étions en 3001. Nous aurions pu penser à un problème informatique quelconque, mais nous sentions ce vide intérieur, cet absence qu'avait laissé l'année noire. Et notre corps avait vieilli d'un an. Maxim avait beaucoup grandi, et mes cheveux étaient plus longs. Mais la vie devait continuer son cours normal malgré tout. Je continuai donc d'aller à l'école. Ouais. C'est ennuyant, mais c'est ainsi. Ce qui était effrayant, c'était de continuer ma première année collégiale comme si tout était normal, mais de savoir que je l'avait commencée à 17 ans et que j'allais la finir à 19 ans. Et surtout de penser que dans le milieu de cette année d'étude... il y avait l'année noire.