EVEIL
A l'aube, une Mésange paisible s'éveilla, prête à s'envoler vers de nouveaux cieux. Calmement, elle appuya sur le bouton rouge pour appeler les infirmiers. Sa mère fut la première à débouler dans la chambre. Quand elle vit sa fille souriante et reposée, les larmes lui montèrent aux yeux et elle l'enlaça. Quelques « Je t'aime » furent murmurés avant l'arrivée des infirmières.
« Je veux parler à la psychologue. » déclara Mésange.
Tous s'empressèrent de quérir la spécialiste et d'organiser la pièce en un semblant de bureau. Une fois la bienfaisante présente, les infirmiers s'éclipsèrent. Franchissant le pas de la porte, la mère fut quémandée par sa fille.
« Reste Maman, c'est important. »
Gênée, elle prit une chaise et s'assit. Elle savait que cette séance serait forte en émotion, et que les larmes couleraient. Elle pressentait qu'elles seraient causées par la tristesse, mais ne pouvait s'empêcher de croire en des larmes de joies.
« Alors Mésange, comment vas-tu ? Comment accueilles-tu le départ de Maria ?
- Je vais mieux. J'ai beaucoup souffert au début, mais maintenant, elle m'appelle. »
- Comment cela ? Y-a t-il un rapport entre ces « appels » et la répétition de son nom pendant ton sommeil ?
- Vous savez... je suis malheureuse. Depuis l'accident il y a deux ans, je n'ai jamais pu réellement profiter de la vie. J'ai perdu mes amis, mon dynamisme et ma joie de vivre. J'ai presque perdue la vie. J'en avais assez du monde. Mes fractures guérissaient évidemment, mais je savais que j'allais rester aveugle pour toujours.
- Tu sais Mésange, on peut t'implanter des yeux électroniques, et tu peux continuer à lire en braille et voir des images en 3D.
- Non, ce ne sera jamais pareil. On peut me mettre des implants, mais j'ai tout de même perdu mes yeux. Laissez-moi finir. Les seuls moments où j'oubliais mon malheur étaient ceux animés par Maria. Oui Maman, je t'aime et je t'aimerai toujours, mais tu fais partie de ma vie d'avant. Maria était la seule avec qui je pouvais réellement vivre, avec elle je voyais le ciel, j'entendais les oiseaux, je sentais le vent. Maria est ma vie. Et maintenant, elle est partie. Elle n'a pas disparu, elle n'est pas morte, elle est juste partie pour un autre monde. Et depuis ce monde, elle m'appelle sans cesse. Je lui manque, et elle me manque aussi. Je ne suis pas en mesure de continuer à imiter cette fausse vie d'avant, surtout avec mon âme sœur qui m'appelle de l'autre côté. Je ne peux pas aimer, jouer apprendre, quand l'essence de ma force se trouve au loin. Là-bas, le monde est noir, mais au moins je peux le voir. Nous ne pouvons pas vivre séparément, ma place est là-bas. Maria est partie, je dois partir aussi.
- Mésange ma fille, mon aimée, ma chérie, cela signifie-t-il que tu veux mourir ?
- Oui Maman. Je n'ai plus ma place dans cette vie là.
- Tu sais, la vie est belle Mésange, et ne s'en suit rien de plus que le néant de la mort.
- Je sais. Je me suis battue contre ces appels illusoires. Je me suis battue contre ce fantôme fabuleux. Je me suis battue contre ce monde fictif. Mais j'ai perdu. Je suis épuisée, maladive, presque morte. Je ne veux plus me battre, je veux y croire. Je veux croire au bonheur. Je veux croire en Maria. Je veux croire en moi. Je veux croire en la vie. Je veux croire en la mort. »
Mésange se tut et laissa la place aux sanglots. Elle pleurait elle aussi, mais sa démence l'empêchait de concéder la victoire à la vie. Ce soir, elle s'endormirait pour la dernière fois, et rejoindrait le monstre de la mort.
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