TW sexuels évocateurs légers
> Lui
Après la vaisselle, un silence s'installe. Je propose à Cassiopée de lui montrer la chambre afin qu'elle puisse, si elle le souhaite, prendre congé de moi. Après tout, il est 22h30 passé...
Une fois dans la pièce, après avoir tout scruté, je la vois debout, face au lit, hésitante. Je sens qu'elle n'a pas envie de dormir. Comme moi, elle est probablement encore trop excitée par les événements de la soirée.
Doucement je m'approche d'elle, dans son dos et me glissant près de son oreille, je l'invite à me suivre dans une autre pièce.
Volontairement, je n'ai pas voulu préciser la nature de cette pièce, j'ai envie qu'elle se laisse emporter par son imagination. Qu'elle se demande quel vilain secret peut bien dissimuler Monsieur B.
Bon, rien d'honteux en réalité mais impressionnant, je l'espère.
- Voilà ce que j'ai fait des chambres d'amis, dis-je en ouvrant la porte de ma bibliothèque.
En achetant cette maison, j'ai cassé les murs des deux plus grandes chambres pour en faire un bureau-bibliothèque, me gardant celle à proximité de la salle de douche pour en faire une suite.
Et je ne suis pas peu fière de cette bibliothèque, ayant peaufiné la décoration pour en faire un petit cabinet de curiosité accueillant et chaleureux.
Mon étudiante partage mon affection pour le lieu, laissant échapper un soupir d'émerveillement. Comme une enfant dans un parc d'attraction, elle contemple radieuse, les étagères et les rayonnages.
- Mais d'où viennent tous ces livres ? Vous avez tout acheté ? Quand est-ce que vous avez commencé à faire collection ? Ce sont des livres qui parlent de quoi ? Et celui-ci, qu'est ce que c'est ?
Je ne peux m'empêcher de sourire au petit chaton émerveillé devant sa pelote de laine, elle avait enfin laissé sa gêne de côté pour retrouver son ingénuité et son authenticité.
- Je vous retrouve !
Prise en flagrant délit d'admiration, Cassiopée se met à rougir. Pour dissiper définitivement son embarras, j'entreprends de lui expliquer les péripéties qui m'ont amené à me le procurer.
- Il était une fois, commencé-je mystérieux...
Cassiopée rit déjà.
- Non, vraiment. Il était un soir où je déambulais dans la ville de R. après la première journée d'un congrès très éprouvant, j'errais sciemment dans le vieux centre ville historique pour me dégourdir les jambes.
Il faut bien reconnaître qu'à force de vouloir me perdre, je finis par être résolument perdu. C'est là que dans une ruelle étroite, éloignée de tout, je tombais sur une petite librairie, dissimulée entre d'anciens bâtiments recouverts de lierre, dont les fenêtres étaient ornées de vieux rideaux de dentelle. En pénétrant dans le commerce, dans l'espoir de me faire renseigner sur le chemin à suivre, je me retrouvais dans une atmosphère particulière, totalement différente de l'extérieur. C'était un lieu chaleureux et coloré dans lequel les livres étaient entassés partout. Quelques rayonnages semblaient classés mais la plupart des piles qui s'amoncelaient à même le sol étaient composées d'ouvrages dont l'association hétéroclite laissait des doutes concernant un potentiel rangement. Il y en avait jusqu'au plafond. Des récents, des vieux, des gigantesques, des minuscules.... Une odeur de vieux papier imprégnait les lieux. En m'avançant davantage, je m'appercevais que la boutique était bien plus grande qu'il n'y paraissait, les livres formaient des petites ruelles étroites et sinueuses. Sous mes pas, le plancher grinçait et la lumière qui passait en mince faisceau à travers les carreaux poussiéreux se faisait plus rare. Je me mis à héler, espérant trouver quelqu'un. Un grand bruit se fit alors entendre et une des piles me tomba presque sur la figure. Derrière l'épais nuage de poussière, se relevait tant bien que mal, une étrange femme à la chevelure poivre et sel.
- Bonjour Monsieur, Bienvenue dans "Le Cabinet des Mots Perdus", la librairie dans laquelle les mots prennent vie et où l'on peut découvrir des trésors littéraires oubliés.
Cette annonce commerciale récitée comme un automate me fit pouffer de rire.
- Que puis-je pour vous Monsieur reprit l'étrange dame ?
- Bonjour, excusez moi, je ne voulais pas vous déranger mais je me suis perdu et...
- Vous voulez acheter une carte ? Ou vous voulez un livre sur la géographie de la région ? Ou bien un texte philosophique sur les bienfaits de se perdre ? Il y en a un, je crois, dans lequel on trouve ... quelque chose du genre : "Tout ceux qui errent ne sont pas perdus..." et elle se mit à fouiller ses rayonnages.
Un peu éberlué, je l'observais attentivement : toute petite, potelée, très ridée. Elle portait une longue jupe jaune faite d'un patchwork de tissus aux tons chauds et des bijoux de bois colorés par dizaines autour du cou et des poignets. Elle s'affairait en commentant ci et là la pertinence d'un livre. Dans son désordre, elle semblait s'y retrouver.
- Pardon Madame, nous nous sommes mal compris, je me suis perdu et je voulais savoir si vous auriez l'obligeance de m'indiquer la direction de la gare, mon hôtel se trouve à côté.
- Ah pardon. Elle revint vers moi. Tenez, j'ai trouvé ce que vous avez demandé.
- Mais je n'ai rien...
- Ah bon ? Bon bah tant pis me dit-elle en me remettant un vieil ouvrage poussiéreux entre les mains. Maintenant que je l'ai retrouvé, il faut que vous partiez avec !
Ce livre, lourd, à la vieille couverture de cuir rouge était bien étrange. Décidé à ne pas contrarier cette pauvre femme, je me laissais convaincre en lui demandant combien je lui devais.
- Rien, puisque vous me l'avez demandé.
Ce dialogue de sourd était incompréhensible. Je m'apprêtais à répondre quand elle se décida à m'indiquer le chemin :
- Première à gauche, puis droite, droite et tout droit sur 500 mètres. Merci pour votre achat et à bientôt dans notre boutique ! reprit-elle sur le même ton monocorde qu'à l'arrivée.
Puis, sans demander son reste, elle partit dans l'arrière boutique.
Je me dirigeais donc vers la porte de sortie quand je l'entendis me crier de loin :
- "Dans les pages anciennes se cachent les secrets des druides du passé, celui qui parcourra les lignes énigmatiques ouvrira les portes d'un savoir oublié. Méfiez-vous des voiles qui se lèvent, car chaque pas vers la lumière, dévoile une part d'ombre."
Je finis mon récit sur cette étrange prophétie à propos d'un étrange livre, d'une étrange dame, dans une étrange librairie.
Cassiopée, ravie de mon histoire, rit tout son soûl. Elle en redemande une autre. Que j'aime à la voir rire... C'est ainsi que nous passons la soirée jusqu'à ce que je vois mon petit chaton fatigué, bailler à s'en décrocher la mâchoire. Malgré nos désirs respectifs de rester ensemble, il faut se rendre à l'évidence de l'heure qu'il est. De plus, elle avait eu une journée éprouvante. Je décide de la raccompagner jusqu'à la chambre. Je me sens pousser des ailes :
- Vous êtes malheureusement trop vieille pour que je vous borde et je vous ai déjà raconté votre histoire. Bonne nuit mademoiselle D.
Face à face, coincés dans le petit couloir étroit, Cassiopée dos à la porte, semble attendre quelque chose de moi. Dans les films c'est le moment où l'on s'embrasse non ? Puis on pousse la porte de la chambre violemment et on fait l'amour comme des animaux ?
Pas nous. Nous, nous restons, droits comme des "i". Nos regards se cherchent et se mêlent, tentant un nouveau dialogue sans parole. Je ne cache pas que j'ai terriblement envie de l'embrasser. Mais j'attends. Je préférerais que ça vienne d'elle, ça finirait de me déculpabiliser. Je voudrais être sûr que c'est ce qu'elle veut. Nos corps s'attirent et s'aimantent, ils se rapprochent l'un de l'autre imperceptiblement.
Embrasse moi...
Mais Cassiopée coupe court à ce moment, me remercie chaleureusement mais baisse les yeux et ouvre la porte. En rentrant dans la chambre, elle me lance un dernier regard déçu. Le tout n'a duré que quelques secondes non ?
J'ai la -bien trop- désagréable sensation d'avoir loupé quelque chose...
Je m'approche de la porte, une main sur le battant. J'essaye de faire le tri dans mes pensées. Je tente de me retenir de faire quelque chose de stupide. Si proche et pourtant si loin... Comment une porte peut elle devenir un obstacle infranchissable ?
Tu deviens trop mélodramatique : va te coucher Tybalt !
Demain matin, profitant du brouillard persistant du sommeil, il sera encore temps d'avouer...
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