I. Prologue - Bourgeon (Lui)
> Lui
Juin 2016
Elle va tellement me manquer... En réalité je suis partie depuis quelques secondes à peine et elle me manque déjà.
J'ai appris que l'année prochaine, elle changera d'université... Et c'est certain : je ne la reverrai plus. Ce serait plutôt logique : j'ai vu partir tellement d'étudiants sans jamais donner de nouvelles. Pourtant rien ne m'a jamais fait plus mal que le sentiment de savoir que, dans quelques minutes à peine peut être, tout sera terminé.
C'est stupide... Je suis complétement stupide... Il ne s'est rien passé entre nous, juste des regards. Et encore... j'avais du mal à soutenir la provocation brûlante de ses prunelles océan. lorsque l'on se parlait... Trop belle. Je ne suis pas à la hauteur.
À croire que je préfèrerais qu'elle redouble ! Fabrice m'a pourtant rapporté cet échange informel pendant lequel elle disait être attirée... Je n'ai aucune preuve. Qu'est-ce que je peux bien faire de toute façon ? Je n'ai absolument pas changé mon comportement depuis que je le sais.
Elle est si...si...trop.
Nombreux sont certainement les hommes qui, comme moi, ressentent une attirance envers cette jeune fille. Moi ça remonte déjà à l'année dernière, les regards surtout... Mais cette année... je ne sais pas, je n'ai pas dû être assez explicite. Je n'ai jamais réussi à révéler ma personnalité quand elle était dans les parages. Elle doit me prendre pour un coincé. Pourtant je la sens à l'affût de mes réactions quand elle fait quelque chose, quand elle badine.
Elle a toujours le bon mot pour me faire sourire. Mais, ça ne veut peut être rien dire. C'est peut être juste son comportement habituel. Point.
Peut-être a-t-elle remarqué que quand j'interviens dans sa classe, je fais plus attention à ce que je porte, je fais attention à la coiffure, la barbe. Je tente surtout d'être élégant.
Elle, elle l'est particulièrement. Parfois il y a quelques petites erreurs de coiffure mais ça c'est parce qu'il n'y a pas d'homme le matin pour lui passer la main dans les cheveux, pour les caresser et lui dire qu'elle est plus belle quand ils sont détachés. Elle prend soin d'elle : vernis toujours impeccable, les bijoux toujours en accord avec la tenue, et toujours la petite note de parfum qui correspond à son humeur du jour. Et son petit air mutin...Ses formes généreuses, sa poitrine bien dessinée, son sourire. C'est une friponne. J'aime les femmes qui s'assument.
Intellectuellement... Elle vaut le détour. Il est clair que le travail scolaire ne peut apparemment pas prendre la première place dans sa vie mais malgré cela ses résultats sont honorables. Elle est cependant d'une verve implacable et d'une grande vivacité d'esprit qui illumine très vite tout ce qu'elle apprend. Elle pourrait aller très loin si elle avait un tant soit peu plus de confiance en elle...
Le bémol, c'est mon apparence physique. Un véritable talon d'Achille. C'est bien simple : je suis d'une laideur extrême... Affligé d'une difformité congénitale qui m'affecte depuis ma naissance, mon corps porte les marques de cette maladie : bosse disgracieuse, mâchoire désaxée entre autres choses. J'efforce de compenser cet "handicap" physique, qui m'affecte au quotidien par une attitude résolument positive. Je tente de cultiver un style vestimentaire, une gaieté et une ouverture d'esprit qui, je l'espère, me rendent plus accessible. Pourtant, je ne peux ignorer que la plupart du temps, les gens me regardent avec pitié, parfois avec dégoût ou même comme un monstre, une petite créature pathétique.
Là où je me défends c'est la dimension intellectuelle. Polyglotte, traducteur, possédant de nombreux diplômes et avide de toute forme de culture. Mais elle : ce n'est qu'une étudiante, au début de sa vie, seulement en train d'écrire l'introduction de son avenir professionnel. Et puis son physique, cette aisance qu'elle a d'elle-même. On comprend qu'elle connaît les hommes, qu'elle sait ce qu'elle veut et où elle va.
On en vient donc à mon véritable problème : Mademoiselle C. 21 ans, étudiante de Master, a un charisme qui me renverse la tête et le cœur et à cet instant précis, je perds probablement toutes les chances de la revoir un jour...
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