Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

I.10. Bouquet Final [3/3] (Lui)


> Lui

Le groupe était déjà devant le restaurant et ils attendaient visiblement qu'un serveur viennent les accueillir pour leur donner une place. Apparemment nous étions les derniers arrivés. Le serveur indiqua la table qui nous était destinée en terrasse. Du coin de l'œil je vis Adèle se pencher au bras de C. probablement pour lui faire remarquer son arrivée en ma compagnie. Je fis semblant de ne rien voir.

Nous nous installâmes. Je surpris un échange de regards entre Adèle et David. Tout le monde avait pris place devant une chaise, la dernière place qui restait pour C. était... devant moi. Elle parut décontenancée l'espace d'un instant. Je lui souris pour la rassurer. En nous asseyant, je décidai de lancer une phrase standard pour lancer les discussions et ainsi pouvoir échanger avec C. tranquillement :

- Vous avez l'air en forme ? lançais je à la volée tout en regardant C. .

Elle ne répondit pas. Ses camarades s'étaient déjà lancé dans le récit des derniers jours et autres projets de vacances mais C. restait silencieuse. Il est vrai qu'à la réflexion, je ne l'avais jamais entendu parler vraiment d'elle et de ce qu'elle ressentait. En tout cas pas sérieusement, j'écartais ses remarques enfantines du type : "Chui crevée" et autre "Monsieur, j'aime bien hein mais j'en ai maaaarre de lire Balzac...", qui me faisait bien rire du reste, mais qui faisait parti du personnage public qu'elle s'était construit. Je décidai de lui reposer franchement la question, d'un ton plus intrusif :

- Vous avez l'air en forme. Je tentais de capter son regard quelques secondes de plus que d'habitude.

C'était plus direct, plus une assertion qu'autre chose car elle semblait aller bien. Sous cette modalité injonctive, elle ne pouvait faire autrement que de me répondre et je pourrai ainsi lancer la discussion.

- Oui, ça peut aller, répondit-elle un peu timidement. Ça ne lui ressemblait pas du tout cette timidité, elle devait être mal à l'aise. En y réfléchissant ce n'était pas si étonnant, c'était la première fois, hormis les banalités de tout à l'heure, que nous conversions face à face, dans un échange sans autre participant.

Le dialogue était engagée, j'avais besoin de lui demander quelque chose d'important :

- Donc c'est définitif, vous avez fait les démarches pour l'université de C. ?

- Oui... il me reste à déposer mon dossier papier d'ici quelques jours entre autres modalités administratives.

Merde. C'était acté, elle allait VRAIMENT partir...

- Vous allez nous (me) manquer l'année prochaine. Je n'avais pas pu me retenir de lui dire.

- Vous aussi vous... enfin je veux dire vous étiez un bon prof et...

Elle ne finit pas sa phrase et rougit immédiatement en baissant les yeux. Elle était vraiment mignonne quand elle était gênée. Je ne pus m'empêcher de rire devant sa trop grande franchise. Alors comme ça, j'allais lui manquer ? À cette déclaration, je pris confiance.

Le serveur arriva pour prendre les commandes. Petit chaton fêtard qui avait l'habitude de sortir, commanda machinalement une bière à la cerise. Je ne voulais pas boire d'alcool ce soir car je voulais avoir les idées très claires et être en possession de tous mes moyens. Je reprenais aussi la route... Et en cet instant je n'avais franchement pas besoin de ça pour me sentir grisé ! Ma petite princesse me suffisait.

Une fois les boissons arrivées il fallait cependant passer aux choses sérieuses et à la raison principale pour laquelle nous étions réunis ce soir :

- Alors, comment s'est passée l'année pour vous ? Les hauts, les bas, les moments difficiles et bien sûr la qualité des enseignements reçus. Dites nous tout, c'est le moment où jamais ! demandais-je à la tablée.

Chacun leur tour, les étudiants se lancèrent. Les retours étaient plutôt positifs et ils étaient assez satisfaits de la préparation au concours que nous leur avions offert.

Je remarquai que C. s'était recroquevillée sur elle-même, les yeux rivés sur ses doigts qu'elle entortillait sur la table. Je ne dirai pas que je me fichais de ce que les autres étaient en train de partager, mais j'avoue bien volontiers que c'était surtout le témoignage de C. que j'attendais. Elle allait enfin nous parler d'elle et de ses ressentis !

Au moment de parler je vis que cela représentait un effort considérable pour elle.

- Cette année n'a pas été très facile pour moi personnellement et la préparation... c'était très exigeant ! Je n'aurai jamais pensé y passer autant de temps ! En fait personne ne le sait mais, d'ailleurs, j'ai habité la BU pendant les six derniers moi !

Et elle pensait s'en tirer avec ça ? Elle avait encore réussi à rester vague et allusive. J'étais frustré !

- Pourquoi ? Laissais-je échapper un peu malgré moi d'une voix qui s'était faite forte et sèche.

Le petit chaton avait pris peur, s'il avait pu, il se serait bien tapi sous la chaise attendant que l'orage passe. Je m'en voulais de ne pas avoir su me contenir... et de l'avoir un peu paniqué.

- Euh... ce n'était pas...c'était une...bla...

Evidemment que c'était une blague j'avais compris...

- Pourquoi ce n'était pas très facile pour vous C., si ce n'est pas trop indiscret ? Vos camarades se sont livrés davantage. Donne m'en un peu plus... Que peut on faire pour aider davantage nos étudiants ? ajoutais-je pour désamorcer le regard réprobateur de Fabrice.

J'avais radouci ma voix pour qu'elle se sente plus en confiance pour se livrer. C'est tout le contraire qui se produisit, elle semblait en détresse et restait mutique. Oh je n'en resterai certainement pas là !

David, qui avait été assez proche de C. tout au long de l'année, intervint pour porter secours à son amie :

- Io a cumulé deux emplois cette année Monsieur, en plus de la formation et des stages.

Adèle, une fille assez insupportable, un peu plus âgée que les autres récupéra à son compte cette information, détournant ainsi l'attention. C'était une tactique éprouvée chez elle : elle adorait être au centre des regards. Jeune mère célibataire, pour une raison que j'ignorais, elle avait essayé de me faire des avances fardées toute l'année sans s'en cacher et surtout... sans succès...

Elle était bien trop vulgaire à mon goût, elle parlait fort, mâchait du chewing gum la bouche ouverte, avait des signes chinois tatoués sur le bras qui signifiait "direction canapé" -elle ne le savait probablement pas, le tatoueur non plus mais moi et les locuteurs mandarins si...-, elle portait des jeans taille basses et manquait de finesse dans ses analyses littéraires. Elle n'aurait jamais aucune chance.

L'inverse de mon petit chaton silencieux qui s'était muré dans ses pensées, comme à son habitude. Les conversations s'étaient progressivement éloignées du sujet de la question, laissant à C. le répit qu'elle attendait. Je la laissai tranquille pour le moment, m'attardant sur l'information qui m'avait été donné : elle avait cumulé deux emplois cette année... et elle n'en avait rien laissé paraître. Ça m'avait mis en colère de savoir ça, sans trop comprendre pourquoi. Mais ce que je comprenais mieux maintenant c'est la raison pour laquelle elle n'avait pas pu s'impliquer davantage dans son travail scolaire...

Les assiettes furent servies. Cogitant sur les dernières informations que j'avais de C., essayant de reconstituer un puzzle dont énormément de pièces manquaient, je me concentrais sur le délicieux poulet au miel que j'étais en train de déguster quand tout à coup, je sentis contre ma jambe, un pied qui m'effleura brièvement.

- Oh, pardon, je suis désolée dit C. rouge tomate. Donc il n'y avait que trois tonalités : normale, blanche comme un linge ou rouge tomate ? Il faut dire qu'elle a la peau si pâle... Quand je disais que son visage est très expressif !

- Pas de problème, répondis-je dans un souffle.

Si elle commençait les contacts physiques, je n'allais pas sortir indemne de cette soirée ! Je tentai de me reconcentrer sur mon assiette en silence.

Autour, les discussions suivaient leur cours et Adèle concentrait le débat en imitant un collègue taciturne et particulièrement mal aimable.

Un nouveau contact me tira de ma bulle culinaire : C. venait à nouveau de coller son pied à ma jambe. Mais cette fois elle ne le retira pas. Tout de suite, je me retournais vers elle comme si j'avais pris une décharge électrique. Mais cette fois-ci pas d'excuse, elle ne me rendit même pas mon regard. Je ne dis rien. Mais mon dieu, quelle torture me faisait elle subir ? Elle avait des pieds magnifiques. Nus dans ses sandales, bien proportionnés, ses ongles peints... Je ne suis pas fétichiste mais que n'aimais-je pas chez elle ? J'essayais de garder la tête froide : peut-être pensait-elle que c'était le pied de la table ?

La réponse à cette question ne se fit pas attendre, visiblement pressée par mon absence de réaction, elle était passée à la vitesse supérieure en faisant de petits mouvements circulaires sur ma jambe. À nouveau, j'essayais de chercher son regard, en vain. Elle s'était lancée dans une discussion avec sa camarade de classe. Quelle menteuse... elle n'en avait rien à faire de ce débat stérile sur les mutations de poste. J'eus la confirmation que mon petit chaton, pas si farouche, était même plutôt fripon. Je repris ma discussion avec David, mon voisin de gauche, mais je continuais mes fréquentes oeillades vers C..

Je me délectais du contact de nos corps, si ténu soit il. Quand arrivèrent les serveurs pour desservir nos assiettes. C. remit sa jambe sous sa chaise et mit fin à ses caresses. Pourquoi ? Son audace avait-elle été freinée par mon manque de réaction ? J'élaborais une stratégie. Pour laisser de l'amplitude aux mouvements des serveurs, C. et moi nous étions reculés au fond de nos chaises, bien droits. J'en profitais pour la dévisager ouvertement.

Je ne peux pas m'empêcher de remarquer à quel point elle est belle. Ses cheveux blonds tel une cascade doré se déversent en légères boucles élégantes sur ses épaules, ses yeux bleus brillent avec malice, son petit nez en trompette lui donne un air enfantin, sa mâchoire aux contours marqués dessine le bas d'un hexagone qui ajoute à son visage un aspect volontaire et déterminé. Son port de tête altier impressionne par sa distinction, donnant une touche de force à sa délicatesse féminine. Ses formes, telles des vagues gracieuses sur une plage de sable sont tout simplement parfaites, placée là où il le faut, là où je les désire : des hanches généreuses auxquelles il me tarde de m'agripper, une poitrine de déesse et des fesses rondes et charnues qui donne à sa démarche légèrement chaloupée une exquise sensualité. Elle est élégante, elle est majestueuse. Créature divine, elle a été sculptée dans le marbre pour mon bonheur, je suis son Pygmalion.

Je n'aurai jamais pensé trouver autant de charmes à une femme ! Il faut bien le dire... mon attrait naturel va plutôt vers la gente masculine même si je ne me ferme jamais aucune porte.

Elle commençait à être gênée par mon regard insistant et comprit ce que j'attendais d'elle. Docile, elle s'était déchaussée et glissa à nouveau son pied contre ma jambe. Mais, je voulais lui faire comprendre qu'on ne joue pas avec moi impunément. J'avais changé de position afin que l'objet de mon désir se trouve à présent, à proximité de mon entrejambe, sur l'intérieur de ma cuisse.
Quand elle prit conscience de l'endroit où se trouvait son pied, elle faiblit et tenta de le reposer.

Alors je me remis à la fixer sans me dissimuler. Je savais qu'elle prendrait le parti de la discrétion et que pour éviter un scandale, elle se repositionnerait à l'endroit que j'avais choisi. Elle n'avait pas idée du monstre qu'elle venait de libérer. Je la désirais tellement et depuis si longtemps que je n'avais plus aucune limite ni aucune retenue.

Pris au piège le petit chaton fripon au cœur fragile, haletait, la déglutition devenait difficile. Cette fois le rouge tomate n'était plus de mise, on avait opté tout de suite pour une teinte cramoisie. La voir ainsi me faisait perdre mes propres moyens. Le goût de l'interdit, le danger de se faire surprendre, je n'aurais pas cru que cela pouvait décupler mon plaisir et... mon désir.

La situation semblait avoir atteint son paroxysme quand David se décida à entreprendre une discussion avec moi :

Il commentait la voiture qui venait de passer au loin, une vielle Cadillac de collection. Je rentrais dans son jeu, parlant de quelques modèles iconiques qui faisaient référence.

- Vous savez qui aime les belles voitures de collection Monsieur ?

- Dites moi.

- La personne juste en face de vous. Ah bon ? Voilà une information intéressante !

Quel ami aimable, il voulait donner un coup de pouce à mon petit chaton fébrile. Je sautai sur l'occasion. Il me suffisait d'un regard pour lui demander de me prêter attention. Cette communication parfaite...

- David me disait que vous aimiez les belles voitures C.

- En effet, mon père est ingénieur automobile et il m'a appris très tôt à bricoler sur celles-ci et à reconnaître les différents modèles. C'est une chose que nous partageons.

- Et quel est votre modèle préféré ?

- Sans hésiter l'Aston Martin DB11 ! Mais j'aime aussi l'Alpine A110 2017 bien qu'elle ne soit pas encore commercialisée et qu'elle ne le sera pas avant plusieurs mois...

La voir ainsi heureuse d'aborder un sujet un peu plus personnel, me mit du baume au cœur. Mais elle n'avait pas choisi son modèle pour rien. L'Alpine. Elle parlait de ma voiture. Elle avait l'œil ! Elle avait dû la repérer au moment de la bousculade. C'est un modèle noir mate qui pourrait passer pour une simple belle voiture pour ceux qui ne s'y intéressent pas mais pour les connaisseurs c'était en effet un modèle particulier. Un cadeau de Charles qui, très bien placé chez Renault, me l'avait offerte alors qu'elle venait d'être présentée au public comme concept-car. "Roule avec, ça nous fera un peu de pub" avait il dit en riant. J'avais d'abord été gêné mais je savais aussi que cela ne lui coûtait rien alors j'étais plutôt fier de l'utiliser dans mes rares déplacements en voiture. C'était donc vrai... Elle n'était pas encore disponible au grand public. Je ne pus m'empêcher un petit rictus satisfait :

- En effet, vous êtes bien renseignée.

- Ah oui ? interrogea mon voisin, ignorant la véritable tournure de la discussion et de ce qui était en train de se jouer entre nous. Je lui répondit simplement sans lâcher C. des yeux :

- Il faut connaître les bonnes personnes pour s'en procurer, le concept a été lancé en Février de cette année dis je d'un air détaché en faisant un clin d'œil à mon étudiant.

- Qui peut se payer ce genre de bagnole franchement ?

Au fond de moi je ne pus me retenir de rire ! S'il savait... Visiblement David était dépassé par la conversation. J'allais répondre quelque chose de vague pour éluder d'autres questions mais C. me devança, probablement avide de partager ses connaissances :

- Une personne qui a du goût déjà, parce que c'est une voiture aux lignes élégantes.

- Ah oui ? ponctuais-je, le sourcil levé indiquant que je voulais entendre ce qu'elle avait à dire.

- Oui mais il ne faut pas s'y fier : le positionnement des phares lui donne un petit look assuré et mordant.

- Mordant ? Tu sais qui va te mordre petit chaton arrogant ?

- Le travail performant fait autour de l'aérodynamisme complète son charisme ! Ses performances sont remarquables ! ajouta-t-elle songeuse avant de poursuivre : c'est une voiture dont le design correspond aux personnes discrètes et elle ne peut être remarquée que par les véritables connaisseurs...

Et toi, tu es connaisseuse ?

- C'est vrai, elle offre un confort haut de gamme, qui sort clairement du lot, concluais-je pour rentrer dans son jeu.

Je ne pouvais qu'applaudir son audace. Un autre que moi n'y aurait probablement pas vu les différentes allusion. Durant toute sa "description" elle n'avait pas cessé de sourire et de me lancer des petits regards en coin. Elle voulait une réaction ? Je bougeai mon bassin, son pied atterrit sur mon sexe, dure depuis quelques minutes. Elle me mettait dans tout mes états. "Mordant" donc Mademoiselle ? Souriant toujours, je ne pouvais pas arrêter de la regarder.

- Visiblement vous aussi vous aimez les belles voitures Monsieur B. ? Oh la coquine, l'espiègle, elle me cherche en plus !

- Pas autant que vous C. dis-je sans parvenir à cacher mon désir.

Elle n'insista pas plus que ça et enleva son pied tout doucement. La glace arriva et c'était exactement ce dont j'avais besoin pour me "refroidir" l'esprit. Je n'étais clairement plus moi-même... Ce genre de provocation et de jeu de séduction n'était pas du tout dans mes habitudes... Cette fille me transformait littéralement : l'animal en rut que je devenais en sa présence m'effrayait et m'était inconnu.

La tension redescendait peu à peu et nous n'avions plus de partenaires de conversations, nous faisions semblant de nous concentrer sur la dégustation de notre dessert salvateur tout en guettant l'autre. Cela m'aidait à reprendre mon "sang-froid". Mais je vis sur le visage de C. qu'elle tenait à me dire quelque chose d'important :

- Merci Monsieur, pour cette année. Je pense pouvoir dire que si j'ai eu le concours c'est en grande partie grâce à vous.

- Non, c'est grâce à votre travail, vous...

- J'insiste, c'est vous qui nous avez motivés et c'est grâce à la pertinence de votre enseignement que nous en sommes arrivés là.

- Merci, souris-je.

Elle ne pouvait pas me faire plus plaisir... Cet échange sincère me permit de me recentrer tout à fait et de me remettre dans la position de professeur. J'espérais en effet, n'avoir, ne serait- ce qu'un peu, contribué à sa réussite.

Fabrice se leva, annonçant ainsi la fin de cette soirée. Il fit un petit discours d'aurevoir, remerciant les étudiants et les encourageant pour l'année à venir. Puis s'adressant à moi :

- Tybalt tu m'accompagnes jusqu'à ma voiture ? Je suis garée à quelques mètres.

Je connaissais bien Fabrice. Rien n'était anodin avec lui. Il avait quelque chose à me dire qui ne pouvait pas attendre. Et je savais déjà la tournure qu'allait prendre cette conversation... Ce que je redoutais était en train de se produire.

- Tybalt, tu es arrivé avec Mademoiselle D. ?

- Nous nous sommes rencontrés sur la route.

- Hum... Je le connaissais bien, il allait me faire la morale.

- Lâche le morceau Fabrice.

- Je pensais que ce n'était pas vrai cette histoire. Mais je t'ai vu la regarder pendant le repas. Je suis vieux et je suis homo : c'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace. Les relations compliquées et les interdits bravés ça me connaît ! Il s'est passé quelque chose en dessous de la table ?

Il ne passait pas par quatre chemins ! J'étais pris de cours. J'avais l'impression d'être un gamin réprimandé par sa mère après avoir essayé de piquer un gâteau dans la boite à cookie... Je décidai de ne pas répondre. Un mensonge par omission.

- En tant que professeur, il est très inapproprié de répondre positivement à des avances ou des gestes intimes en provenance d'un étudiant. Tu enfreins les règles de conduite éthique et professionnelle... Ne te rends-tu donc pas compte ? On pourrait penser que c'est du harcèlement ! Aujourd'hui elle semble partager tes sentiments, mais demain ? Si elle porte plainte pour je ne sais quelle raison absurde ?

Je ne l'arrêtais plus ...

- On pourrait t'accuser d'abus de pouvoir, de profiter de son état de faiblesse psychologique pendant la préparation d'un concours. Ce dossier serait du pain béni pour les avocats ! Il n'y a rien à défendre !

Je ne disais rien, les yeux baissés. Il avait raison mais je ne pouvais rien dire car il nous avait déjà jugé.

- Et tu as pensé à elle ? Aux répercussions que ça pourrait avoir sur son avenir professionnel ? Elle a eut le concours en couchant avec son prof ! Qui plus est le directeur du département !

Je ne pouvais plus me contenir, qu'il m'accuse : sans problème ! Mais il n'était pas question qu'il puisse penser un instant que C.... jamais elle n'aurait ce genre de pensée !!!

- Je t'interdis de dire ça, j'ai fait exprès de prendre mes distances toute l'année pour éviter ce genre de raccourci ! Merde... J'en avais trop dit.

Il était choqué, je venais de lui avouer à demi-mot que j'avais des sentiments pour mon étudiante et ce, depuis un moment. Il reprit sur un ton plus doux :

- Moi je le sais Tybalt et je te connais... un juge ne sera pas si compréhensif... Par sécurité tu devrais te préserver de tout comportement inapproprié et déplacé. Reste à ta place de professeur. Il est très probable que cette attirance entre vous soit passagère et qu'elle soit née du contexte dans lequel vous vous trouviez. C. va partir de l'université, pour le mieux, et tout rentrera dans l'ordre. Laisse la partir Tybalt et si elle s'accroche, tente de ne maintenir qu'une relation professionnelle. Évite les dommages émotionnels tant que tu le peux encore.

- Je... je n'avais plus rien à répondre. Le constat était correct sur toute la ligne.

- Je me doute... ça doit être difficile à gérer... Je te demande de me faire confiance, dit-il en appuyant son propos de sa main sur mon épaule. Il avait raison mais surtout, j'espérais que pour une fois, mon collègue saurait tenir sa langue...

- Bonne nuit Fabrice, salut ton mari pour moi. Je rabattis la portière sur mon ami.

- À bientôt Tyblat, prends soin de toi.

Mais c'est son sourire qui prend soin de moi, ce sont ses regards qui prennent soin de moi...

Je revins vers le groupe, en train de partager un dernier café, C. qui n'en buvait jamais, avait pris une infusion. J'essayai de contenir ma frustration. Je ne pouvais pas rester davantage sans que cela vienne aux oreilles de Fabrice, je n'aurai pas non plus de discussion avec C. ce soir visiblement. C'était trop compliqué de lui demander à parler en privé. Je n'avais plus rien à faire ici à cet instant, rester n'aurait fait qu'accroître le sentiment de torture que je ressentais en sa présence. Je pris donc congé de mes étudiants. Je ne parvins pas à être éloquent, sensiblement je repris le discours de mon collègue en y glissant tout de même une allusion au fait que C. allait me manquer et que je lui souhaitais le meilleur.

D'un salut de la main, je me détournais de la lumière pour me diriger vers la nuit. J'avais l'impression de m'éloigner de la chaleur d'un foyer pour partir vers l'inconnu froid et inquiétant.

Sur le chemin vers ma voiture, je ressassais ma discussion houleuse avec Fabrice.

Alors mon amour pour C. serait éphémère ? Est ce que notre attirance s'est développée à cause de notre proximité ? De l'intimité de la relation prof-étudiante ? Cette histoire n'avait-elle donc aucune chance d'aboutir à une relation ? Mes sentiments vont-ils finir par se dissiper ?

C'est bien la première fois que je parle de relation... De sentiments aussi probablement, depuis Charles... Il faut croire que C. m'a vraiment chamboulée...

"Elle va me manquer... en réalité je suis parti depuis quelques secondes et elle me manque déjà, elle va changer d'université et je ne la reverrai plus... Voilà mon véritable problème, C. étudiante en Lettres me renverse la tête et le cœur."

Mais qui vois-je près de ma voiture... Le petit chaton déterminé ne peut pas rester sur une incertitude. Je m'en doutais...

- J'étais presque sûr que vous n'en resteriez pas là !

Surprise, elle sursaute, ne m'ayant pas vu arriver :

- Ah bon ? Ah... je... Elle ne se laisse pas décontenancer, mais je décide de prendre les devants.

- J'ai été très heureux de vous voir ce soir. Commençais je très sincèrement. Je ne voulais pas la brusquer, il me fallait être prudent : en dire suffisamment sans en dire trop.

- Moi aussi Monsieur ! dit-elle dans un souffle rapide.

- C., ... ça a été un plaisir de faire cours avec vous cette année. Mais je ne peux continuer comme cela...

- Monsieur, je voudrai vous dire...

Je m'approche d'elle, elle recule contre la voiture. Je mets ma main en coupe autour de son visage et mon pouce sur ses douces lèvres pour la faire taire. Je sais ce que tu vas dire petit chaton piégé, et je ne peux pas l'entendre. Si un seul mot sort de cette belle bouche, je serais incapable de me contenir et je serai obligé de te manger. En dessous de moi je la sens haleter, je pourrai presque entendre les battements de son cœur. Visiblement, elle aussi fait un effort pour se contrôler. Nous n'avons pas déjà vécu ce moment ?

- Vous êtiez si... j'essaie de la rapprocher de mon corps, je veux la sentir plus prêt.

Si... belle, si parfaite, si désirable, si sensuelle ce soir... Mais aucun mot ne sort de ma bouche. Les paroles de Fabrice reviennent me percuter de plein fouet.

- Malheureusement je ne peux pas vous proposer de vous raccompagner. Nous savons tous les deux que ça n'est pas raisonnable n'est ce pas ? articulais je difficilement dans un souffle. Je me voulais convainquant mais ces paroles m'étaient insupportables.

- Moui...

Je suis en train de t'éconduire petit chaton déçu... Mais certainement pas de mon plein grès :

- Je suis tellement désolé...

Je dis tout haut ce que je pense tout bas... Si tu savais...

Je me recule avec difficulté du corps de C. qui était en train de m'électrifier. Je pose la main sur ma portière, elle comprend que cette entrevue est terminée, s'écarte et se retourne pour ne pas me voir partir. Par pudeur peut-être. Sans trop réfléchir, je tourne la clé, démarre le moteur et ne jette pas un regard en arrière...

Même autoroute qui me ramène sagement jusqu'à mon domicile en métropole, même esprit agité mais sentiments diamétralement opposés.

Tout était très intense ce soir... Son pied sur mon sexe m'a rendu fou de désir. C'était complètement irrationnel et dangereux. Que s'est il passé dans ma tête à ce moment-là ?

En conduisant ce n'est pas le volant que j'enserre de mes deux mains, c'est la peau veloutée de mon étudiante fiévreuse. Comment pourrais-je passer à autre chose ? J'avais le sentiment que tout cela n'était pas fini.

J'espérais que le petit chaton malin avait compris mon allusion quand, dans un dernier regard avant de monter en voiture je lui avait dit avec conviction - son prénom résonne comme la promesse d'une nuit étoilée - :

- À très bientôt je l'espère, Cassiopée.

*Fin de la première partie*

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro