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─ child ✿

Je sais que Mee m'observe depuis que j'ai posé mes fesses sur mon siège attitré, il y a de cela une bonne trentaine de minutes. Ça aurait pu me gêner, mais je m'y suis habitué avec le temps. Elle veut savoir sans aucun doute si ses nouilles sont réussies, et j'ai d'ailleurs clairement manqué d'avoir un orgasme gustatif en prenant la première bouchée qui explose délicieusement contre mon palais.

C'est tout simplement de la bombe. Comme toujours.

— Mee, ch'est chuste déchichieux !

— Ne parle pas la bouche pleine !

Je sens la main de la gérante du petit commerce frapper mes doigts de manière amicale, puis elle repart joyeusement en fredonnant vers les cuisines pour aller servir ses autres clients. Je suis arrivé aux alentours de midi pour être là assez tôt sous les ordres de Namjoon, qui m'a limite foutu par terre pour que je me lève de mon lit.

J'entends sans aucun mal, et même de manière plus amplifiée grâce à ma cécité, le brouhaha alentour. Je comprends désormais la vitalité de venir ici à 16 heures, c'est abominable tous ces gens qui bavassent et qui crient même, pour la plupart. Ils ne peuvent donc pas baisser d'un ton ?

— Comment tu fais pour manger ?

Une petite voix fluette empreinte d'une pointe d'innocence me parvient soudainement depuis ma droite, et je l'associe aussitôt à celle d'une enfant. Lentement, mon corps pivote vers elle, curieux. Les enfants sont souvent les seuls à me poser des questions et à me traiter comme la personne que je devrais être, c'est-à-dire banale.

— Je...

— Bah avec une fourchette !

Une petite voix un peu plus grave s'ajoute à la première, et je note sans aucun mal que c'est celle d'un petit garçon, qui répond à ma place. Je me mets alors à esquisser un petit sourire empli d'amusement.

— Il a raison, je mange comme toi, comme lui. Avec des couverts, et j'y arrive très bien. Mais parfois, ça m'arrive d'utiliser un peu de magie et de changer les brocolis en chocolat !

Suite à ça, ils poussent tous les deux des cris aigus de joie et de surprise, pour mon plus grand bonheur. J'adore les enfants et leur amour pour tout ce qui est imaginaire. Qui n'a jamais rêvé que Peter Pan vienne le chercher un soir à sa fenêtre pour le conduire en volant à travers les astres au Pays imaginaire ? D'ailleurs, moi, j'y crois encore. Plongé dans mes pensées, la voix des parents des enfants me ramène à la réalité quand elle les appelle d'un peu plus loin, les deux bambins finissant par partir.

Je souris toujours autant, content de constater qu'ils ne sont pas effrayés de venir me parler, contrairement aux adultes en général. Pour ces derniers, c'est surtout le fait d'être gênés en ma présence qui les faisaient m'éviter – pour mon plus grand bonheur également, si vous voulez mon avis.

— Tiens, je croyais que les aveugles étaient tous moches. Mais toi, t'es plutôt passable.

Lorsque je suis à deux doigts de me lever pour aller remercier Mee pour le repas une fois mon bol de nouilles avalé, une voix moqueuse m'interpelle. Elle est accompagnée d'une odeur de blouson en cuir neuf, mélangée à un parfum entêtant de fraises fraîches comme on en trouve dans les marchés printaniers.

Presque aussitôt après l'interpellation de l'inconnu que je qualifie de jeune homme, au vu des intonations douces de sa voix, je sens quelqu'un prendre place sur la chaise face à moi. Pourquoi est-ce qu'il se permet de s'installer ici ? J'ai l'air de vouloir engager la conversation avec un mec qui se fout de moi ?

— C'est bien. Tu es fier de toi, maintenant ? Tu vas pouvoir aller dire à papa et maman que tu as volé son goûter à un aveugle ? Seigneur. Tu as sans aucun doute un cerveau peu subtil qui t'empêche d'avoir un bon comportement.

J'ai répondu d'une voix sèche et froide, ne voulant pas m'attarder sur ce crétin, c'est toujours un de plus parmi la vague d'humains qui en font partie. Et je ne veux pas lui prêter une quelconque attention non plus, ça lui ferait bien trop plaisir.

Voilà pourquoi je commence à me lever en l'ignorant, quand sa main face à moi attrape mon poignet de manière douce mais ferme, pour m'empêcher de partir.

— Mec, tu m'as même pas laissé finir. J'allais rajouter ''c'est ce que j'aurais dit si j'étais un connard''.

— Tu te crois sur Twitter ?

— Que... Mais non !

Il rit, ce qui me fait lentement me rasseoir. Il est beau, son rire. Clair, cristallin. Comme ceux des enfants. Cela attise simplement ma curiosité.

— Non, excuse-moi, je ne veux pas te vexer, c'est mon meilleur pote qui se marre plus loin qui m'a donné ce gage. J'ai perdu à pierre-feuille-ciseaux.

— Je vois.

Non, je ne vois pas, mais bon, vous avez compris le sens de mes paroles. Et d'ailleurs, même sans voir, il m'est désormais possible d'entendre très clairement le meilleur ami de cet inconnu se marrer si fort dans un coin plus reculé de la salle que je me demande comment j'ai fait pour ne pas le remarquer avant.

— Et il trouve ça cool comme gage ?

— Ouais. C'est un peu déplacé.

— Un peu ?

— Ça va, détends-toi. Il ne t'a pas frappé non plus, pas la peine d'en faire toute une histoire.

— Encore heureux, comme si j'avais que ça à faire. Dédommage-moi.

— Pardon ? Je ne te dois rien, je me suis excusé.

Il se met à rire faussement, comme si je venais de lui faire la blague du siècle. Mais je ne pense pas avoir une tête de clown.

— C'est pas suffisant pour racheter ton comportement de crétin.

Je crois l'entendre glousser à nouveau, mais je ne saisis pas bien ce qu'il y a de drôle. Pour moi, c'est évident qu'il ne va pas s'en tirer comme ça. Qu'est-ce qu'il croit ?

— Mec, sérieux, t'es incroyable, je...

— Oui, je sais que je suis incroyable. Tu peux m'acheter une glace si tu veux pour te faire pardonner. Les Ben & Jerry's plus particulièrement, ce sont mes préférées.

— Ce sont les plus chères !

— Mon palais a des goûts de luxe, t'as un problème avec ça ? Non ? Bien.

Je joue des sourcils dans sa direction pour appuyer mes propos, avant d'entendre un immense soupir sortir d'entre ses lèvres, signe qu'il est vaincu.

— La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de venir emmerder un gars en situation de handicap, ai-je conclu d'une voix triomphante.

Il met un petit temps pour répondre, comme s'il ravalait lentement sa défaite.

— Tu sais quoi ? Va pour la glace. T'es mon aveugle préféré désormais, j'aime ton sens de la répartie.

Fièrement, je me mets à sourire en comprenant que j'ai gagné, avant de tendre la main vers ma canne blanche posée en appui contre le mur en bois vernis du restaurant.

— Ravi d'entendre que je te plais. Maintenant, tu m'excuses, mais avant que tu viennes me gêner par ta présence, j'allais partir.

Je me saisis de Blanche entre mes doigts – ma canne – pour partir, maintenant que tout est clair entre lui et moi. Mais il ne semble pas de cet avis.

— Eh, attends, comment tu veux que je te paie une glace si tu te barres ? D'autant plus que je ne connais même pas ton prénom.

D'un haussement d'épaules, je lui fais comprendre que ce n'est pas un problème.

— Je vais te donner mon numéro.

Aisément, je peux deviner le pli d'incompréhension qui barre son front ou encore son froncement de sourcils accompagné de ses lèvres pincées, dans l'attente de comprendre ce que je veux dire par là.

Sur le moment, je ne dis rien de plus. Je me contente de le laisser sur sa chaise en bois couleur châtaigne et m'observer marcher vers la porte du restaurant, sans pouvoir rien faire de plus que me regarder.

Quand je l'atteins, une main sur la poignée dans le même style vintage que le reste du restaurant, je perçois les crissements des pieds de sa chaise racler le sol, montrant qu'il s'est redressé et qu'il est à deux doigts de me parler. Mais comme je l'ai prévu, c'est moi qui le devance, un large sourire aux lèvres faisant se redresser mes pommettes rondelettes sous mes yeux.

— J'espère que t'as une bonne mémoire, ai-je crié dans sa direction en ignorant les regards aigres des autres clients qui se posaient un à un sur ma silhouette.

Le jeune homme doit sans aucun doute être perdu, tout comme vous, mais plus pour très longtemps.

J'ouvre de quelques centimètres la porte à mes côtés, et le vent qui passe par la petite brèche que j'ai créée fait se soulever de façon fluide et douce mes boucles foncées de mon front. Ça me donne un air enfantin, et je le sais pour m'être vu, quand je le pouvais encore, dans le reflet de la voiture grise écaillée de mes parents. Et j'aime ça.

Pendant quelques secondes, je me force à ignorer cette sensation, pour me concentrer uniquement sur mon inconnu, toujours près de la table. Je sais qu'il n'a pas bougé. J'ai fait exprès de laisser durer cette part de mystère entre nous parce que ça me plaît, et je sais qu'il est bien trop curieux de ce que je vais faire pour venir vers moi et me tirer les vers du nez.

C'est donc avec un sourire qui dévoile mes dents blanches que je prends une légère inspiration avant de lui crier mon numéro de téléphone à travers la salle. Une fois, puis deux, histoire qu'il retienne bien, avant qu'il ne puisse se munir d'un stylo et d'un papier pour le retranscrire dessus.

Une bribe de son rire amusé parvient jusqu'à mes oreilles quand j'ai fini mon petit manège, avant que je ne quitte le restaurant. Mais avant, j'envoie rapidement un baiser volant à Mee vers le fond de la salle pour la remercier du repas qu'elle m'a préparé et offert.

Ce furent les meilleures nouilles de ma vie, et sans aucun doute ma meilleure sortie depuis un moment.

***


— Non mais je vous dis qu'il est amoureux, moi. Regardez son air heureux.

Je roule des yeux et attrape le coussin du canapé à mes côtés pour le balancer sur Wheein face à moi.

— Je ne suis pas amoureux, j'ai passé une bonne journée, c'est tout !

Je laisse paraître que je maudis Namjoon de tout mon être pour avoir invité ces deux-là pendant que je me suis absenté, mais en réalité, je le remercie en mon for intérieur de nous avoir rassemblés. C'est juste que je ne suis pas trop du genre démonstratif concernant mes émotions. C'est donc ainsi que nous nous retrouvons tous les quatre dans le modeste salon de notre appartement, Namjoon, Wheein, Jimin et moi.

Ces deux derniers sont d'ailleurs particulièrement pénibles quand ils s'y mettent – surtout entre eux – mais je ne les en aime que plus encore.

— Il est en train de nous insulter mentalement. Regarde la grosse ride qui apparaît sur son front là. Ça veut dire qu'il est énervé dans sa tête, mais pas trop en réalité.

— Tu vas la fermer, Jimin ?

Je lève à moitié les yeux au ciel en répondant, ce qui ne fait que tirer davantage des éclats de rire d'entre leurs lèvres.

— Les écoutes pas, si tu es amoureux, tu peux me le dire. Ça restera entre nous.

Wheein, qui s'est installée juste à mes côtés il y a quelques secondes, vient me pincer les joues avec douceur. Je finis donc par sourire sous ses gestes, laissant ses longs cheveux – qu'elle a expliqué s'être teints en bleu foncé récemment – frôler mes avant-bras nus.

— Non mais pour l'amour du ciel, je ne suis pas amoureux ! Vous ne savez pas à quel point ça fait du bien quand un gars que vous ne connaissez pas vous considère comme une personne normale ?

Je n'ai pas besoin de me justifier, c'est vrai. Mais je n'ai pas envie qu'on me dise que je suis amoureux de tout ce qui peut potentiellement me rendre heureux.

— Aah, mais je ne vous ai pas fait venir pour que vous l'énerviez ! Après, c'est moi qui le supporte, je vous ferai dire, soyez sages.

Namjoon râle depuis la cuisine d'où il s'évertue à nous faire un bon repas depuis quelques minutes, avant que Jimin n'explose de rire depuis le bout du sol où il est installé.

— Namjoon, tu es pire que lui. Tu te souviens de l'année dernière quand on a installé la machine française, avec le fromage et tout ?

— Oh, moi je m'en souviens !

Je me mets à rire moi aussi ainsi que Wheein, quand nous nous rappelons cet instant mémorable.

— Park Jimin, ferme-la !

Namjoon recommence à râler, mais cette fois-ci, je perçois de l'amusement dans sa voix. Je le connais par cœur, et je devine qu'il s'est mis à pointer Jimin avec sa cuillère en bois qui lui sert pour remuer la soupe miso qu'il prépare.

— Je ne veux pas t'entendre raconter une énième fois cette histoire, je te préviens !

— C'est tellement drôle ! Vas-y, Jim, encore une fois !

Wheein l'encourage d'une voix rieuse, et voyant presque le grand sourire qu'elle a quand elle est excitée, je me mets à sourire automatiquement à mon tour.

Ces histoires, ce sont les nôtres. Ce sont nos éclats de rire, nos pleurs, nos joies, nos petits bonheurs. Je suis beaucoup plus heureux que nostalgique quand on se les raconte de temps en temps autour d'une grosse casserole de ramens. Ça nous arrive assez régulièrement d'ailleurs, et rien que ça suffit à me faire sourire.

Plus j'y pense et plus je me dis que je suis bien plus que chanceux d'être entouré d'amis qui prennent autant soin de moi qu'eux. Jamais ils n'ont baissé les bras. Jamais ils ne m'ont laissé tomber, malgré tout ce qui m'est arrivé. Et en réalité, ce qui est plus fort que tout le reste, plus fort que l'espoir, c'est l'amour, et toutes les émotions intenses qui tournent autour de ce simple mot.

— ... Et moi, je pensais qu'il le savait ! Mais pas du tout, et quand je me suis penché au-dessus de la machine, le fromage avait tellement fondu qu'il était en train de cramer. Y avait des croûtes immondes en plein milieu ! Je croyais qu'il était moisi, mais pas du tout ! C'est Namjoon qui le faisait cuire depuis trois quarts d'heure.

Wheein rigole si fort qu'elle tombe en avant sur mes cuisses, tandis que j'entends Jimin taper contre le sol tellement il rit après avoir fini de parler.

— Mais il fallait me le dire que la machine chauffait hyper vite !

— Mec, dans tous les cas, on met le fromage quand tout le monde est à table ! Et puis ton fromage, il était devenu tellement noir qu'on aurait dit du béton ! Quand Wheein a mis sa viande dedans pour tester, j'ai cru qu'il allait la carboniser !

Et voilà que nous étions repartis de plus belle, repensant à ce pauvre fromage calciné. On rit tous ensemble tellement fort en se remémorant cette fois où, au chalet, le plus âgé de nous tous avait tenté de faire de la fondue pour la première fois, et je cite : « tel un chef cuistot étoilé ».

En soi, ce n'est même pas drôle comme histoire, mais ce qui nous fait mourir de rire, c'est la tête que Namjoon a tirée quand il a d'abord senti l'odeur du cramé se répandre partout dans la pièce, puis qu'il s'est rendu compte de ce que c'était.

— Quoi qu'il en soit, tente de reprendre le plus vieux qui est venu rire à mes côtés, comptez plus sur moi pour vous faire de nouveaux plats ! À chaque fois, ça finit mal !

— Tu devrais démarrer une chaîne YouTube, pouffe Wheein en tentant de se calmer à son tour.

— Et y parler des tacos aussi, dis-je d'un air moqueur.

Nous sommes repartis dans notre fou rire en nous souvenant de cette histoire aussi, les dents à l'air et la tête rejetée en arrière pour laisser sortir d'entre nos lèvres toute la joie intense qui gorgeait les souvenirs qu'on s'est construits ensemble.

À l'extérieur le soleil fatigué part se couchait, venant baigner le salon de l'appartement de sa douce et pâle lueur orangée, mélangée à des grains pourpres et rosés. C'est une merveilleuse symphonie paisible et silencieuse qui se déroule par-delà la fenêtre et le paysage éphémère du monde alentour.

Je sens les derniers rayons chauds de la journée tomber sur ma joue, et je la caresse doucement, tout en tournant légèrement mes yeux désormais éteints vers cette vitre, cette issue que je connais par cœur.

Ça vous semble banal un coucher de soleil, pas vrai ? Et vous avez raison, parce que ça l'est. Mais moi, cette banalité, je l'aimais. J'aimais l'observer pendant de longues minutes interminables, à une époque.

Et maintenant ce simple moment qui m'a apporté un certain réconfort, je ne peux plus le discerner. Simplement le deviner et le peindre derrière mes paupières, tel que je l'imagine.

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