Chapitre 28. D'Arkho
Sa main sur mon cou exerce une pression phénoménale, le manque d'air éclate en mille morceaux mon obsession pour Cassie.
Des points noirs envahissent mon champs de vision. Mes poumons cherchent frénétiquement à aspirer un filet d'air salutaire.
— Ça y est ? Tu es calmé ?
La voix sarcastique de l'ange me parvient par intermittence. Je tente un pas vers la porte, têtu et bien trop tenace pour ma santé. Elle est seule, endormie et vulnérable. Les faiblesses de notre système de sécurité avec ses nouvelles brèches de notre bouclier autour du Manoir sont bien trop dangereuses pour elle. Elle ne doit jamais risquer quoique ce soit, elle m'est précieuse, plus que son destin, plus que sa place dans le monde, elle est un trésor qu'il me faut protéger. Je dois être près d'elle, la veiller, donner ma vie si nécessaire.
— Stop ! D'Arkho !
Ses doigts s'enfoncent dans la peau de ma gorge et Damabiah me secoue comme un chaton pris dans la gueule d'un rottweiler. Je suis fort, je peux briser une porte sans effort, soulever une voiture d'une main, abattre un mur de mes poings, mais ici, face à cet ange je suis à sa merci. Il peut me détruire d'une seule pensée et ce sentiment de vulnérabilité qui en découle est une première dans ma vie. Cette peur de ne pas pouvoir me défendre réveille mes instincts. Je reprends conscience de mon environnement. A genoux, une main transformée, les griffes sorties et plantées dans le poignet de Dam pour me libérer, j'étouffe.
— Il reprend ses esprits, lâche-le maintenant.
O'Kyel, la voix de la raison tente de me faire libérer. Avec un soupir de résignation mon agresseur accède à sa demande. J'aspire de grandes goulées d'air et reste à terre le temps de me remettre.
— J'ai encore perdu les pédales, je constate d'un ton rauque.
— Dans les grandes largeurs mon pote, ricane mon cousin.
— Viens t'asseoir, nous devons réfléchir à ta situation. Damabiah ? Tu connais le sort de bridage ? Il faudrait soumettre cet entêté de première à cet enchantement .
— Il y a beaucoup d'ingrédients, confirme notre leader.
Il marque une pause et s'installe à la table pour écrire. Pendant ce temps, au lieu de courir vers Cassie, je me précipite vers le fauteuil le plus éloigné de la sortie. Je dois me donner toutes les chances de ne pas contrarier encore plus l'emplumé de service. Son humeur est déjà assez mauvaise.
— Nous aurons besoin d'une de mes plumes, de dents empoisonnées de Crisseur ainsi que d'un morceau de son foie, d'écailles d'Écorcheur et leurs griffes, de pierre de ta transformation diurne, D'Arkho.
Il me scrute pensivement avant de continuer. Ce regard ne me dit rien qu'y vaille. J'ai l'impression qu'il calcule les probabilités de ma réaction à ses propos futurs. Je serre les poings et me prépare à rester stoïque, j'ai déjà assez foiré aujourd'hui. Même pour moi et ma réputation de tête brûlée qui n'écoute jamais les ordres.
— Et... du sang de l'Equill.
Je bondis et montre mes crocs en grondant. Mes dents ont poussés, ma peau vire au gris et j'entame une transformation. Il veut saigner ma Cassie, il va mourir. Mes compagnons d'armes crochètent mes bras en une clé puissante et attendent que je me calme.
— Suffit D'Arkho, c'est ton serment qui te met dans cet état ! J'ai parlé de sang, je ne vais pas la sacrifier sur un autel dans une messe noire. Non, quelques gouttes seront suffisantes et ne lui feront aucun mal.
— Je refuse que Cassie garde une cicatrice qui porterait mon nom. Elle a trop rencontré de souffrances dans sa courte vie.
Elle mérite de ne connaître que douceur et caresse et pas plaie et sang...
— C'est tout à ton honneur mon gars. Je te promets qu'elle n'aura aucune marque sur son corps, je piquerai son doigt avec une petit aiguille. Rien de douloureux. Elle est plus forte que tu ne le penses. Cassie a connu bien pire que ça.
Ce qu'il dit est empreint de vérité. J'ai vu les cicatrices sur sa peau. Elle a déjà souffert infiniment et l'ange n'a qu'un but dans sa vie. C'est de protéger et sauver l'humanité.
— Pardon, ca va les gars, je ne vais plus péter les plombs.
Je soupire en les entendant ricaner. Ils peuvent être sceptiques vu mon comportement. Ils me jettent dans le fauteuil et restent en faction à mes côtés.
— Tu ne peux nier que tes réactions sont extrêmes. Tu es hors de contrôle et tu surréagis. Le sort de bridage permettra à ce que tu sois à nouveau calme et plus obsédé par ta protégée. Le désir ne sera plus démultiplié et ta possessivité qui te vient de ton ancêtre dragon redeviendra normale. Si on peut parler de normalité avec un démon dragonifère. Ca... ce sont les bons côtés de sort. Pour les inconvénients, tu ne la sentiras plus.
— Je ne comprends pas ? Que veux tu dire par, ne plus la sentir ?
— Pour le moment, en te concentrant tu as le pouvoir de ressentir ses émotions et même son état physique. Tu es à même de la situer, la localiser avec précision. Tu es comme une boussole et Cassie est ton nord. Même dans ses Songes, si elle ressent du bonheur, du plaisir ou au contraire de la peur, de la souffrance tu peux le savoir. Ces sensations seront plus faibles mais tout aussi réelles que si elle est éveillée.
C'est bon à savoir. Mon côté joueur et un peu mauvais garçon me donne déjà des idées de comment en profiter avant que le sort ne soit en place. Si elle dort, je pourrais lui faire du bien et je pourrais être aux premières loges pour connaître ses sensations et si elle accueille bien mes attentions. Un sourire fleurit sur mes lèvres que je tente de masquer. Damabiah ne doit pas deviner mes intentions, sinon je serai cloué littéralement au mur.
— J'ai établi la liste. Cette nuit, vous vous reposez. Je vais réactiver les limites protectrices du Manoir et prendre d'autres précautions. O'Kyel, désigne deux de tes hommes pour qu'ils fassent des rondes jusqu'à l'aube pour plus de sécurité. Les autres, ... du vent. Et toi, D'Arkho, tu peux la rejoindre mais avec Venc'yr. Il surveillera que ne tu ne dépasses pas les bornes. La chasse aux ingrédients sera pour la nuit prochaine.
Je bondis sans prêter attention à mon chef qui distribue les tâches à mes compagnons. Je suis à la porte de la chambre en quelques instants. La main sur la poignée, je me tourne vers mon ami. Et lui montre mes dents pour le mettre en garde.
— Elle est à moi, serment, sortilège ou ce que tu veux, je m'en fous complètement. Tu es là pour une raison, je l'admets, mais si tu oses la toucher, flirter avec ou une connerie du genre, je t'étripe.
Il rit en levant les mains devant lui bien en évidence. Son regard vert brille d'une innocence toute relative.
— T'inquiète mec, elle est jolie et courageuse, mais ce n'est pas mon type d'humaine. Je les préfère plus grandes et plus blondes.
— Tu reste loin de nous, vas sur la terrasse et tu interviens seulement si je commence à l'embrasser ou la lécher, la mordiller, la...
Je ne peux pas terminer cette phrase. La simple pensée de sa peau chaude et soyeuse me rend brûlant de désir. Une érection subite tend la toile de mon pantalon et me comprime de façon désagréable.
— J'ai l'impression d'être un chien envoyé dehors parce qu'il gêne, fait-il en se marrant. Je ne vais pas pisser sur les tapis, tu sais ?
Il hausse les épaules et se dirige discrètement vers les porte-fenêtres. Il ne jette même pas un regard dans la direction du lit, ce qui le sauve de mes poings. Dès qu'il est sorti, je me précipite vers Cassie. Elle est endormie dans les couvertures.
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