D'Arkho.

— Non, je ne boude pas, je ne suis pas une enfant qu’on envoie dormir. Je n’aime pas cette situation c’est tout !

— Quelle situation ?

Ça y est je suis perdu. Les femmes sont compliquées et leur mode de pensées encore plus.

— Celle où du jour au lendemain, je suis précieuse, j’ai un destin, un rôle…

Elle pointe un doigt sur mon torse et l’enfonce à chaque mot.

— Personne ne me demande mon avis. Qui voudrait dormir et rêver quand tu sais ce qui attend tapi dans les ombres ? Je n’aime pas dormir, je ne supporte pas l’obscurité, et je ne serai jamais assez sereine pour faire de beaux songes qui donneront l’inspiration à l’humanité.

Elle secoue la tête pour repousser ses cheveux qui lui tombent devant les yeux. Je coince une mèche douce et soyeuse derrière l’oreille inconsciemment. Je profite de ce qu’elle reprend son souffle pour m’approprier la parole.

— Tu as des raisons de craindre ce qu’il se passe pendant que tu fermes les paupières, mais je suis là, je veille sur toi. Ta chambre est un sanctuaire. Personne ne viendra te faire du mal et si pas malheur ça arrivait, je le tuerai.

Ses yeux s’agrandissent de surprise. Une émotion traverse son visage de façon furtive. Elle, qui n’a connu aucun soutien de la part de ses parents ou amis doit avoir des difficultés à admettre mon implication dans sa protection, et avoir la certitude que je ne la laisserai jamais tomber. Seul le temps le lui prouvera. Mais tout ça me met mal à l’aise. Je n’ai pas l’habitude d’être sérieux ou tendre. Du coup, je ne peux m’empêcher de lui rajouter :

— Et puis si tu as envie, je peux venir te border. Je suis expert en massage. Tu verras, tu seras accro direct.

Je lui offre le sourire que j’utilise quand je drague. Je la taquine, mais si je pouvais, c’est sans réfléchir que je partagerais son lit.
Cassie surprise par ma proposition hésite en mordillant sa lèvre inférieure délicieusement bombée puis me fait une moue coquine, le regard doux et brillant. Ma queue se redresse, elle me prend à mon propre piège là.

— J’adore les massages, peut-être que tu pourrais me détendre suffisamment pour que je fasse de beaux rêves.

Et merde, si elle joue, je suis dans de beaux draps.

Elle se recule, me fixant encore droit dans les yeux et continuant à malmener sa lèvre me donnant envie de prendre le relais.

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Cassie.

Mon Dieu ! Qu’est-ce qui m’a pris ? Comment ai-je osé prononcer une énormité pareille ? Moi qui n’ai jamais réussi à garder un petit ami très longtemps. Moi qui suis asociale et qui ne fais confiance à personne. J’ai ouvert la bouche et les mots sont sortis tous seuls. L’étincelle d'assurance est déjà morte, aussi vite soufflée qu’elle est apparue et la honte de ces paroles me submerge.

Je vois son regard briller, il semble prêt à tout, son sourire revient, plus sexy encore. Il se fait malin et calculateur.
Si je le laisse faire ? Si je lui permets de poser ses mains sur moi ? Que fera-t-il ? Juste un massage pour me détendre comme il le prétend… ou s’aventurera-t-il au-delà des limites ? Est-ce que son toucher deviendra sensuel et chaud ?

Et moi, est-ce que je me connais suffisamment pour accepter vraiment mes souhaits les plus profonds, les plus secrets ?

Il m’a effrayé dans la forêt, il était brutal, possessif, avide de mon corps. Pourra-t-il contenir ici son côté obscur et démoniaque ? Ai-je assez confiance pour le croire quand il dit ne me vouloir que du bien ? Après tout, il m’a sauvé la vie aussi dans ces bois. Ou serais-je encore la proie qu’il désire dévorer, enfin je devrais dire baiser ?

D’Arkho fait un pas dans ma direction, prenant la décision à ma place, il me guide doucement vers ma chambre. Resté muet sur tout le chemin, il se racle la gorge puis déclare :

— Va te changer, mets-toi à l’aise. Je vais te détendre avec ce massage et tu pourras dormir sereinement.

Sa voix est descendue de plusieurs octaves, se faisant plus grave. Je me cache dans la salle de bain, le cœur tremblant et les mains moites. Rien que de l’imaginer me toucher, même sans arrière-pensées, me rend fébrile. Mes inquiétudes reviennent au galop. Et si je lui fais confiance et que je le regrette ? Je suis certaine qu’il aimerait plus. C’est un homme après tout… doublé d’un démon. Sa libido me semble exploser toutes les statistiques. Comment oser aller dans la chambre et me laisser masser par lui ? S’il en profite ? Comment dois-je réagir ? Je suis mon cœur ou la raison ? L’autoriser à un peu plus si j’en ai envie ? Si je refuse, m’écoutera-t-il ?

Je ne peux pas rester dans cette pièce toute la nuit, mes résolutions toutes neuves doivent surmonter cette épreuve. Je ne reculerai pas, ni devant une gargouille ni face à sa forme humaine sexy.

Je me change, m'habillant d'un pantalon de pyjama souple et doux et d'un haut à bretelles dont le tissu est un peu trop fin à mon goût. Passant la porte avec raideur et appréhension, je repère directement mon protecteur. Il a fermé presque complètement les rideaux. Un rayon de lune vient se perdre sur le plancher et éclaire de sa lumière la chambre. Juste une lampe de chevet lui apporte son aide pour que nous ne soyons pas dans l’obscurité totale. Cette ambiance est très… je ne peux pas dire romantique, car mes sentiments ne sont pas en accord, mais une pointe d’érotisme et de tension se ressent. Ma peau se couvre de chair de poule et mes doigts se resserrent sur la paume de mes mains. Je l’observe en train de m’attendre, il a de nouveau pris possession de mon territoire. Comme un félin satisfait, il est affalé, détendu et semble ne pas savoir que je suis là.

Mais c’est une illusion, il se donne une attitude paresseuse pour me mettre en confiance, pour cacher son caractère prédateur et surnaturel. Il veut me faire croire qu’il est inoffensif. Son grand corps couché sur le côté gauche, le bras replié et la joue posée sur sa main, il ressemble à une gravure. Mon esprit échauffé par des images sorties tout droit de mon imagination proteste qu’il est un peu trop habillé comparé à ma tenue, mais ma raison le contre avec des arguments sages. Il est préférable qu’il les garde si je suis tentée par son anatomie quand il porte encore ses vêtements.

Je ne veux pas être trop proche, avoir des sentiments et encore moins des relations sexuelles. Je dois maintenir une distance, au moins morale entre nous, si déjà nous allons devoir partager nos nuits pour que je puisse apaiser l’humanité. J’en rirais si je n’étais pas tiraillé par tout ce qui se bouscule dans ma tête à cause des mots qui se sont échappés de ma bouche tout à l’heure.

Mon subconscient a parlé avant même que je ne puisse filtrer mes pensées. Être le centre de l’attention et de la tendresse de quelqu’un est pour moi comme de l’eau en plein désert, je suis en manque. Je peux l’accepter, mais je dois rester sur mes gardes, ne pas croire que tout est vrai, ne pas devenir accro de ces pseudo marques d’affection et être déçue plus tard. Car je ne le connais pas. Ceci est une épreuve justement pour mieux le cerner.