Iwona marche à travers les couloirs du palais dans lequel elle a toujours vécu. Elle en connaît les moindres secrets, les moindres pièces, entrées et sorties et même les petits passages - que même ses parents ne connaissent pas - et qu'elle prenait pour rejoindre discrètement sa grande soeur le soir quand elle était petite au lieu de dormir. C'était sa petite folie d'enfant, son petit côté rebelle qui faisait rire Sina, elle qui n'arrêtait pas de lui dire qu'une princesse doit suivre les règles, alors qu'elle-même est bien plus rebelle que quiconque dans leur famille.
La blonde a toujours suivi les ordres, du plus loin qu'elle s'en souvienne. Quand on lui a apprit à l'adolescence qu'elle deviendra la future reine de Qadar, elle a écouté ses parents. Ce n'est pas un choix forcé pour elle, c'est le destin qu'elle a toujours voulu. Enfant, elle jalousait le titre d'héritière de sa grande soeur, que celle-ci a finalement abandonné au plus grand plaisir de Iwona. Même si parfois elle se pose question, si elle a peur de ne pas être un bon monarque, elle est fière de tenir ce titre et fait tout en son pouvoir pour donner l'exemple. Et cela commence par le bon suivi des règles, bien qu'en grandissant, elle se fie de plus en plus à son bon sens.
Elle a prit sa décision. Elle en est certaine, c'est la bonne. Après avoir pesé le pour et le contre ces derniers jours, elle venait toujours à la même conclusion, celle où il y a plus de points positifs que de négatifs en acceptant cette proposition. Cela n'empêche qu'elle reste sceptique, toujours à douter de son choix. Que pensera sa population lorsqu'ils apprendront que leur future reine quitte leur planète ? Elle qui ne vit qu'en songeant à ce que les autres pensent d'elle, elle ne s'intéresse qu'à leur point de vue.
Déterminée, elle pousse les portes du bureau de ses parents, ne se souciant s'ils reçoivent des invités ou non. Une partie d'elle est tout de même soulagé lorsqu'elle voit son père et sa mère devant ses yeux, seuls à étudier une carte. Ils stoppent immédiatement leurs actions et lèvent les yeux vers leur fille, sentant son aura émotionnelle à distance.
― J'accepte de partir avec eux.
Sa mère prend une grande inspiration alors que son père referme la carte afin de se rapprocher de la blonde. Celui-ci lui adresse un sourire, ce qui la rassure immédiatement.
― Nous le savions déjà.
Iwona fixe son père pendant quelques secondes le temps qu'elle prenne pleinement conscience de ce qu'il vient de lui dire. Instinctivement, elle aurait rit, mais elle se retient pour ne pas que ce soit une marque d'irrespect. Elle s'attendait vraiment à tout, comme un "non" de ses parents, une dispute, voire des pleurs, jamais à ceci.
― Pardon ? s'étonne la jeune femme.
― Nous savions que c'était ton désir, depuis le début.
Iwona lève la tête vers le ciel, un sourire apparaissant sur ses lèvres roses. Évidemment qu'elle le voulait depuis le début, elle ne pouvait se le cacher même si une part d'elle-même lui disait de réfléchir et ne pas sauter sur l'occasion sans étudier tout ce que ça peut amener par la suite. Dès qu'elle a prit connaissance de cette proposition de travail pour la Tour, c'est comme si c'était un nouveau rêve qui sortait de l'ombre et allait se réaliser. À présent, plus elle en pense, plus elle attend qu'il en ressorte des choses.
― Quand je t'ai pris dans mes bras, après avoir reçu la proposition, j'ai ressenti de la réjouissance, de l'espérance, de l'optimisme, explique Noham. Ton coeur voulait déjà partir, même si ta raison te dit de rester ici.
Le roi prend la main de sa fille entre les siennes et la serre. Posant ses yeux gris sur ce contact, Iwona sait très bien qu'il utilise ses pouvoirs pour savoir ce qu'elle ressent, bien que la première chose qu'ils apprennent dans leur famille, c'est qu'ils essaient le moins possible de chercher les sentiments des autres.
L'empathie est un pouvoir très ressemblant à la télépathie, en particulier dans sa maîtrise. Lorsqu'elles étaient jeunes, Iwona et Sina ont appris que ressentir les émotions des autres sans leur accord est comme lire dans les pensées d'une personne, il s'agit en partie d'un vol. Tout le monde a le droit de penser comme d'avoir ses propres émotions, sans que personne ne puisse les en empêcher ou les dévoiler. C'est une liberté d'enlevé, un droit que tout le monde possède. Ils doivent donc respecter cela, de toujours utiliser cette capacité à bon escient. C'est la première règle que la jeune femme s'est posée.
― Maintenant, je ressens cette même espérance et de l'extase, mais avec du trac.
― C'est normal d'avoir peur, ajoute Magdalena. Ce n'est pas un choix facile.
Sa mère prend par la suite sa seconde main qu'elle serre, mais plus pour rassurer sa fille et non savoir ce qu'elle ressent, comme le voulait son père.
Iwona profite de ces contacts pour tenter de percevoir leurs émotions profondes, et non ce qu'ils veulent de lui montrer en façade. Il lui faut bien moins de concentration que quiconque pour réussir à utiliser ses capacités d'empathie, ce qui avait particulièrement le don d'agacer sa grande soeur, qui, elle, n'arrivait pas à les employer si rapidement ou si en profondeur. À force, elle a cessé de mettre en pratique ses dons.
C'est alors avec facilité qu'elle ressent la même émotion chez son père comme chez sa mère. Tous deux font preuve de la même peine avec une pointe d'angoisse, mais ils ont aussi beaucoup d'affection qui se dégage d'eux en ce moment précis, mélangée à de la confiance envers leur fille
― Sache que nous serons toujours là, à tes côtés, ajoute Magdalena.
De la peine surgit alors parmi les nombreux sentiments qui se bousculent dans le coeur d'Iwona. Ressentant cela, la reine caresse le visage de sa fille avec un sourire qui se veut rassurant.
― Fais moi partir ce chagrin, ma puce, il ne doit y avoir que du bonheur dans ton coeur !
Iwona hoche la tête de bas en haut alors qu'elle retient des larmes. Elle se sent énormément touchée d'avoir ses parents aussi proches d'elle, d'aussi conciliants et aimants. Elle ne peut s'empêcher d'avoir une rapide pensée pour Adam qui ne doit pas connaître cela, car il presque été orphelin toute sa vie.
― Sina... est au courant ? questionne-t-elle.
― Bien sûr que oui, c'est même elle qui nous a parlé de comment tu avais l'air d'aller, répond son père.
Suite à leur soirée passée ensemble après l'arrivée des Jocastiens, elle a dû tout raconter à leurs parents, suppose la jeune femme. Ses hésitations, son envie de partir, sa peur de décevoir, tout.
La porte du bureau s'ouvre d'un coup, attirant l'attention des trois Qadariens. Iwona lâche les mains de ses parents et sèche la larme qui a coulé sur sa joue alors que le ministre Hipht arrive, accompagné de Sina. Souriant à sa soeur, la blonde remet sa droite droite puis ses mains dans son dos, attendant ce qu'a à dire le Jocastien.
― Princesse Iwona, votre altesse, tout est prêt.
Intrigué, la jeune femme fronce légèrement les sourcils. Elle semble bien être la seule à ne pas être au courant alors que ses parents opinent et n'ajoutent aucune explication sur ses dires.
― Qu'est-ce qui est prêt ?
― Pour votre départ, réplique Edward, qui semble surpris qu'elle ne soit pas au courant.
En voyant le regard interloqué de la jeune femme, le ministre se rend compte qu'elle n'a pas encore été mise au courant alors qu'il en a longuement parlé avec le roi et la reine les jours précédents. Pourtant, ceux-ci ne sont pas aussi désolés qu'il l'est, ils sont même très calmes comme si la situation était tout à fait normal. C'est vrai, ils allaient juste lui en parler, alors pourquoi s'énerver ?
― Quoi ? Mais vous ne m'en avez pas parlé ! s'exclame Iwona.
― Il est temps d'y aller, la menace est encore présente et personne ne sait exactement à quel niveau elle se situe actuellement.
Frappée par cette nouvelle si brutale, elle se demande à quel moment exactement ils allaient lui en parler, au lieu de tout faire dans son dos comme si elle était encore une petite fille. La proposition du séjour des Jocastiens sur Qadar, c'était eux, les réunions avec Edward Hipht à propos de la menace, c'était aussi avec eux. Tout a été établi sans sa présence - où très peu avec elle, bien que ça la concerne prioritairement; Sa véritable l'indépendance l'attend vraiment avec ce travail, loin de Qadar où elle ne peut pas choisir pour elle-même quand elle veut.
Une mince colère prend part en elle tandis qu'elle se répète qu'un départ ne se prépare pas si rapidement, que l'annonce à la ville va être aussi brutale et qu'elle ne pourra pas aussi bien profiter de ses proches que si elle savait précédemment qu'elle partait le jour même.
― Je ne sais pas si c'est une bonne idée de partir si précipitamment...
― Tu ne crois pas que les derniers jours ont été assez longs ?
Iwona baisse la tête alors que sa mère hausse le ton. Elle sait très bien que la contredire leur fera perdre encore plus de temps alors qu'ils n'ont pas l'air d'en avoir. Si tout est prêt comme l'a prévenu Hipht, alors quand partent-ils ? Ce soir ? Dans une heure ? Ou bien d'une minute à l'autre ?
― Oui, c'est exact... souffle Iwona.
En voyant le regard perdu de sa soeur qu'elle connaît bien, Sina se rapproche d'elle pour la réconforter. Elle prend sa main dans la sienne puis la serre.
― Kayla a tout préparé dans ta chambre. Tu ferais mieux d'y aller...
Iwona hoche positivement la tête. Elle ne peut faire que ça en ce moment, alors elle sort du bureau, laissant ses parents avec le ministre. Sina l'accompagne, restant silencieuse sur le chemin de la chambre.
La blonde pousse la porte de sa chambre. Elle découvre à l'intérieur Kayla en compagnie de deux autres servantes qui l'aident à mettre dans une malle les affaires les plus importantes de la princesse. Elles stoppent leurs geste immédiatement lorsque les deux femmes entrent dans la pièce.
― Tout est prêt, mademoiselle Iwona.
― Merci, Kayla. Vous pouvez disposer, je m'occupe du reste.
Les servantes saluent la princesse puis sortent de la chambre sans rien dire. Elles laissent la porte ouverte derrière elles à la demande de Sina. Celle-ci prête main forte à sa soeur afin de finir de préparer ses affaires le plus rapidement possible. Elle aurait bien évidemment prévenu Iwona si elle avait été au courant de ce départ précipité, mais elle aussi venait tout juste de l'apprendre en apercevant le vaisseau Jocastien prêt à décoller. Son coeur s'est fendu en prenant conscience qu'elle allait devoir dire au-revoir à sa petite soeur, la personne avec qui elle est le plus proche depuis sa plus tendre enfance.
Iwona se dépêche de mettre ses affaires les plus importantes dans la malle. Elle les jette à l'intérieur au lieu de les plier soigneusement comme elle l'aurait fait en état normal. Remarquant son angoisse inhabituel, Sina se rapproche d'elle pour la calmer.
― Ça va aller ? s'inquiète-elle.
― Non, c'est trop rapide. Je n'ai même pas eu le temps de me faire à l'idée que je partais aujourd'hui !
La jeune femme ferme la malle avant de lever les yeux vers sa soeur. Ceux-ci se remplissent de larmes mais aucune de coulent sur son visage.
― Comment est-ce que vous allez faire ?
― Ne te préoccupe pas de ça, nous gérons Hegrab très bien. Pense plutôt à toi, il faut que tu te re-concentres sur toi-même.
Sina pose sa main sur la joue de sa petite soeur. Elle essuie avec son pouce la larme qui commence à couler sur sa joue. Rien qu'en la voyant dans cet état, Sina a elle aussi envie de verser quelques larmes mais elle se retient ou elle ne pourrait pas s'arrêter.
― C'est facile de dire ça... souffle Iwona, je n'ai jamais quitté longtemps Qadar et me voilà en train de combattre une menace dont personne ne connaît vraiment la dangerosité !
― C'est assez important pour qu'ils viennent demander ton aide. Tu as fais le bon choix, j'en suis certaine.
― Ce n'est pas de mon choix que je doute, je suis juste angoissée à l'idée de me lancer presque seule dans l'inconnu.
― Seule ? Tu as Adam et Théo avec toi, et ils ont l'air d'être de très bonnes personnes. Je ne m'inquiète pas pour ça, tu ne serais pas perdue au fin fond de l'univers sans personne pour t'aider, plaisante Sina pour essayer de la détendre.
Elles se prennent dans les bras sans plus attendre et restent de longues secondes à profiter du contact de l'autre - sûrement le dernier avant un bon moment. Un sentiment de réconfort émerge alors en elles.
― Je t'aime, petite soeur.
― Moi aussi je t'aime, réplique Iwona d'une petite voix.
Un sentiment de tristesse envahit la pièce. Avec leurs pouvoirs, les deux jeunes femmes ressentent cette lourde aura lorsqu'elles s'écartent l'une de l'autre. Cependant, elle ne semble pas atteindre Théo qui frappe à la porte de la chambre pour prévenir sa présence. Celui-ci ne semble pas vouloir déranger les princesses en voyant les larmes qui n'attendent que de couler sur leurs visages.
― Je vais vous laisser, annonce Sina en adressant un sourire à sa soeur. À tout à l'heure.
Iwona lui rend son sourire puis fait signe au garçon de rentrer dans la chambre. Il n'entre donc, n'osant pas écourter son moment partagé avec sa soeur, bien que sa présence réconforte la jeune femme.
― Oui ? Qu'y a-t-il ?
― Nous allons partir d'une minute à l'autre, prévient le brun. Je t'aide à prendre tes affaires ?
― C'est aimable, mais je vais demander aux domestiques de le faire.
Inquiète, elle enroule son index autour de sa chaîne puis touche son médaillon à son cou. Son doigt frôle la face sur laquelle est gravé le soleil. Jetant un dernier regard dans ce qui a été sa chambre pendant vingt-cinq années, elle suit Théo qui la guide au Iota sur l'une des pistes d'atterrissage du palais. Un simple regard suffit pour qu'ils récupèrent la malle et se dirigent à leur tour jusqu'au compartiment du vaisseau réservé pour les affaires personnelles de chacun.
― Tout va bien ? s'inquiète aussi Théo en voyant la blonde. Tu sembles préoccupée...
Le coeur de la jeune princesse se serre. En réalité ? Trahie. C'est le juste mot, songe-t-elle. Trahie que sa soeur ait parlé de ses sentiments profonds à ses parents alors qu'elle se confiait à elle, trahie que ses parents s'occupent de cette affaire sans elle, trahie qu'ils la laisse partir du jour au lendemain sans lui en parler.
Dans les yeux de Théo, elle ne ressent que de l'inquiétude à propos de ce qu'elle ressent, de ce qu'elle veut, elle, et non ses parents. Elle ne le connaît pas encore très bien, mais elle sait déjà qu'elle peut lui donner une entière confiance.
― J'ai connu de meilleurs jours, répond-elle en se forçant à lui sourire.
― Je sais ce que ça fait. Quitter tout ce à quoi on se rattachait pour aller vers quelque chose de flou, ça met la pression, affirme Théo avec un rire nerveux.
Iwona opine.
― Surtout que nous ne savons pas précisément ce qui nous attend, et qui sont les autres personnes.
― Tout à fait. Je dois admettre que Adam est froid aux premiers abords, mais finalement il a l'air d'être un mec bien. Edward est sympa, aussi. Il fait même des blagues parfois...
― Dhan, remercie-t-elle.
Théo tourne ses yeux bruns vers la jeune femme. Son visage semble plus rassuré, ce qui fait sourire le garçon.
Ils arrivent sur la piste où est posé le vaisseau Iota ainsi qu'une seconde navette. Ils s'approchent lentement à côté du petit groupe constitué de quelques serviteurs, des parents et de la soeur de Iwona, ainsi que Edward. Ceux-ci poursuivent leur discussion tandis que quelques personnes finissent d'apporter tout le matériel restant à bord de l'imposant moyen de locomotion. Les pas pressés d'Adam arrivant dans leur dos fait tourner la tête de la blonde.
― Pardon, s'excuse le brun pour être arrivé en dernier.
― Tu es tout le temps en retard, toi, remarque Théo.
Adam hausse les épaules. La seule fois où il avait prit son temps c'était pour annoncer la nouvelle à Grant, lui et Théo avaient quand même pu arriver à temps à leur rendez-vous avec le ministre. Et aussi lors de leur départ de Jocaste. Enfin, ce jour-là, il avait mit son réveil très tôt afin d'être sûr d'être à l'heure, mais comme il savait qu'il avait deux heures devant lui pour tout préparer, il n'a pas vu le temps passer. Heureusement, il a réussi à prendre la première navette en direction de la Tour pour ne pas rater le grande départ. C'est peut-être une mauvaise habitude qu'il devra surpasser...
Iwona ne se préoccupe pas des deux jeunes hommes et rejoint en première le groupe, retroussant les manches de son pull jaune bien que la température est plus basse que les jours derniers.
― Pourquoi y'a-t-il deux navettes ? questionne-t-elle.
― Elle est pour moi, répond Edward.
Aussitôt, les deux jeunes Jocastiens se placent de chaque côté de la princesse en entendant son affirmation.
― Pour vous ? répète Théo.
― Oui. Je ne suis venu ici que pour vous guider, à vous à présent d'aller chercher la dernière membre de l'équipe, mais je dois poursuivre mon propre travail. Une équipe fait des recherches sur la planète Menov, je dois les superviser.
― Vous êtes sûrs de vous ? questionne Iwona. Nous ne savons encore presque rien de notre but, à part protéger Jocaste de Havoc.
― Ne vous inquiétez pas, je reste en contact avec vous et la Tour vous envoie des indications. Votre mission va s'éclaircir lorsque votre équipe sera au complet.
Une nouvelle vague d'inquiétude prend part en Iwona, et lorsqu'elle lance un regard vers Adam et Théo, elle ressent la même chose chez eux. Ce voyage vers l'inconnu lui fait encore plus peur, mais l'excitation se mélange à ce sentiment.
― J'ai briefé l'agent Parrish et l'agent Mayguen, ajoute Edward à la jeune femme. La quatrième membre se nomme Krystal Jahs. Vous avez toutes les informations dans le vaisseau. Si vous partez maintenant, vous arriverez d'ici ce soir à votre destination.
Le ministre se dirige vers sa navette, suivi par les trois jeunes gens. Il ouvre la portière et se glisse à l'intérieur, cependant il ne la referme pas tout de suite.
― Si vous avez le moindre soucis, n'hésitez pas à me contacter. Je reste à votre entière disposition.
Iwona hoche la tête pour approuver. N'ayant plus rien à rajouter, la main du ministre se glisse sur la poignée de la portière afin de la tirer jusqu'à lui et la fermer. Le moteur démarre dans un vacarme se faisant entendre jusqu'en bas du palais, puis se calme petit et à petit lorsque le vaisseau se soulève lentement du sol en soufflant sur le sable qui vole hors de la piste. Les lunettes de Théo ne suffisent pas pour ne pas recevoir quelques grains dans les yeux même s'il se protège avec son bras devant son visage. Reculant de quelques pas, la princesse et les deux garçons fixent la navette s'envoler puis se diriger vers le ciel bleu clair, avant de disparaître entre deux nuages d'un blanc si pur.
Les souverains se rapprochent d'eux tandis que les serviteurs ont finit de toute ranger dans le vaisseau et se placent au bord de la piste, tous en ligne.
― Il est temps de partir, on doit parler à Krystal le plus vite possible, affirme Adam.
Tous deux prêts, Adam et Théo se dirigent vers la porte du Iota ouverte afin d'y entrer. Par politesse, ils s'arrêtent juste devant afin d'attendre leur nouvelle coéquipière. Celle-ci prend ses parents dans ses bras tour à tour pour leur dire au-revoir, puis enlace en dernière sa grande soeur.
― Porte toi bien, sourit la reine Magdalena.
― Vous aussi.
La voix de la blonde se brise. Des larmes ruissellent sur son visage alors qu'elle devance les deux jeunes hommes pour entrer dans le vaisseau. Elle ne se sent pas capable de rester encore plus longtemps en face de sa famille - qui ressentent aussi la même tristesse qu'elle -, cela lui brise le coeur. Autant s'en aller le plus rapidement possible pour ne plus y penser. Elle se stoppe dos à la porte, serrant fortement dans sa main son médaillon.
Les deux Jocastiens se regardent silencieusement, attristés aux aussi de la voir dans cet état. Marchant derrière elle à bord du Iota, Adam appuie sur le bouton à l'entrée pour fermer les portes. Théo, lui, avance lentement vers la princesse et hésite à poser sa main sur son épaule pour la rassurer.
― Démarrez le vaisseau, ordonne-t-elle.
Théo baisse la tête et se dirige vers le poste de pilotage pour mettre en route le vaisseau comme le ministre lui a appris en arrivant sur Qadar. Il est alors tout excité de pouvoir piloter un tel engin pour la première fois. Pour l'aider, Adam le rejoint dans la cabine et s'assied sur le second siège à l'avant. Il doit avouer qu'il n'a pas aussi bien comprit toutes les commandes que le jeune informaticien à sa gauche, mais il a juste assimiler sur quels boutons appuyer pour qu'ils puisse décoller. Quelques secondes plus tard, la navette quitte le sol avec moins de bruits désagréables que la petite navette de Hipht malgré leur grande différence de taille.
Ils sont rejoints par Iwona qui a séché ses larmes mais dont les yeux sont encore rouges. Les vitres de la cabine permettent à la jeune femme de regarder une dernière fois son palais qui lui semble encore plus immense en prenant de la hauteur. Au loin, ils aperçoivent un peu mieux les montagnes et l'immense cascade qui met fin à la capitale. Le désert s'étend jusqu'à l'infini, et même en survolant un peu les sables, aucun village n'est visible du vaisseau. Théo tire vers lui le manche afin de piquer vers le ciel. Se sentant dangereusement attirée vers l'arrière, Iwona se rattrape à un siège afin de s'y asseoir et de s'y attacher. Quelques secondes plus tard, les voilà en train de traverser l'espace, seuls, dans un profond silence.
Théo tire un levier entre lui et Adam puis fait signe à son collègue d'appuyer sur un bouton au-dessus de leurs têtes. Suivant leurs faits et gestes, Iwona reste silencieuse et observe, les yeux brillants, sa planète qui s'éloigne et les étoiles qui se dessinent dans l'environnement obscur. Tout à coup, elle se ressent doucement projetée sur le dos de son siège avec le lancement de la vitesse lumière.
Adam se lève de son siège alors que Théo poursuit ses manipulations. En le regardant faire, la blonde est loin de se douter qu'il vient juste d'apprendre à maîtriser un tel vaisseau, elle a l'impression qu'il l'utilise tous les jours. Elle imite Adam en se détachant et se levant pour se diriger vers la table située derrière le poste de guidage. Ils sont rejoints par Théo qui termine d'entrer les coordonnées de leur mission et met en marche le pilotage automatique.
― Nous y serons dans quelques heures, déclare-t-il.
― Quelle est notre destination ? l'interroge Iwona.
― La planète Leeyu.
Adam pose sa main sur l'un des coins de la table et des hologrammes se mettent en route sous les yeux ébahis de la jeune femme. Il parcourt plusieurs dossiers pour faire apparaître les informations générales sur la dernière personne repérée par la Tour pour intégrer l'équipe.
― Hipht nous a expliqué que Krystal Jahs est une Martienne.
― Sur Leeyu ? coupe Iwona.
Théo s'exclame soudainement, se tournant vers Adam en faisant de grands gestes.
― Tu vois ! Elle aussi connaît cette histoire !
Le soldat lève les yeux au ciel en croisant les bras. Cela fait très peu de temps qu'il connaît Théo, mais sa grande culture et le fait qu'il n'accepte pas que les autres puissent connaître moins de choses que lui l'agace énormément.
― Tu ne savais pas que Mars et Leeyu étaient en conflit ? demande Iwona d'une voix douce.
Adam secoue négativement la tête. Si Edward ne lui avait pas dit, ce n'aurait pas été Théo qui lui aurait expliqué que les habitants de ces deux planètes sont en froid continuel depuis des années. Si deux d'entre eux se trouvent en face, ils vont tout faire pour essayer de tuer l'autre - en particulier les Leeyuns qui possèdent un tempérament très sauvage.
― Ce n'est pas grave, le rassure Iwona. Mais pourquoi une Martienne se rendrait là-bas, en prenant en compte qu'ils sont très avancés et intelligents ?
― On le saura que sur place. Je dois dire que moi aussi, ça m'intrigue beaucoup...
Ces deux planètes font partis de celles que préfère étudier Théo, Mars pour son mythe et Leeyu pour les particularités de son peuple. Alors pouvoir se rendre sur l'une de ces planètes et rencontrer ces espèces, c'est une grande aventure pour lui. Le seul problème, c'est que ça se passe en même temps. Pas sûr que la joie soit présente si les Leeyuns trouvent la Martienne avant eux.
― Enfin, poursuit Adam, le ministre a contacté Krystal et elle l'a envoyé balader disant qu'elle ne veut pas être mêlée aux affaires de la Tour. Elle ne lui a même pas laissé le temps d'expliquer le projet... Il nous envoie lui parler sur place, et la secourir s'il le faut...
― Ne t'attends pas non plus à voir arriver une fille à la peau verte, ricane Théo. C'est une Martienne, mais ne te fie pas aux contes pour enfants !
Adam soupire face à la remarque de son collègue, qui fait même sourire Iwona.
― Et oui, j'allais oublier le plus important ! s'exclame le jeune homme aux lunettes. Ne vous étonnez pas de l'apparence des Leeyuns, c'est assez... surprenant.
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