2 : C'est ma façon de m'amuser et d'oublier.
-Bon regardes toi et tu me dis ce que tu en penses, dit Isa en me poussant vers le miroir.
Je m'inspecte d'un œil critique. Je me reconnais à peine et c'est ça que j'aime le plus. Mes cheveux ont pris une teinte 2 ou 3 fois plus claire que celle que j'avais déjà. Je suis toujours blonde mais beaucoup plus qu'avant. Isa a l'air comme toujours fière de son travail et m'assure que je suis bien comme ça. Elle dépose sur ses yeux tout gonflés des lunettes de soleil et, telle une grande star de cinéma, elle ramasse son matériel et sort de la pièce à grandes enjambés. Elle a une cliente à qui elle doit aller couper les cheveux. Quand à moi je reste plantée devant mon miroir en me demandant ce qu'il s'est passé pour que j'en arrive là. Je ne suis plus que l'ombre d'une sombre pétasse sans cœur qui passe ses soirées à s'amuser des autres hommes en les faisant passer pour des cons. C'est ma façon de m'amuser et d'oublier. Ce que j'arrive à plutôt bien gérer 3 mois après ce qu'il s'est passé. Demain je reprend les cours après deux longues semaine d'amusement. Deux semaines à ne pas voir les visages bien trop familiers des personnes que je fréquentais. Revoir le visage désolé de Maé en cours de Bio ne m'enchante guère, même si je sais qu'elle ne savais rien de cette histoire, je n'ai plus envie de voir personne ayant rapport avec mon passé, ayant rapport avec Riley.
7 heures. Je me réveille tranquillement et entre dans la douche brûlante qui me relaxe pour la dure journée qui m'attend.
Je m'habille d'un short court noir par dessus un collant noir transparent et passe un grand pull couleur crème. Mes bottines à talon aux pieds je me rend dans la salle de bain où je mets plein de bijoux aussi encombrants qu'inutiles et passe au maquillage. Noir,noir et re noir ! J'insiste sur le mascara pour que mon regard bleu ressorte puis je me rend dans la cuisine pour prendre mon café. Ma cuisine est ouverte sur le reste du grand salon grâce au bar. Je ne sais pas pourquoi mon appartement est aussi grand alors que je suis aussi seule qu'on peut l'être. Mon père voit les choses en grand et ça a toujours été comme ça. Quand j'ai accepté sa proposition, je lui ai aussi demandé de choisir et de faire ce qu'il fallait pour y mettre mes affaires. Il a donc envoyé mon frère et des hommes les chercher dans ma chambre universitaire. Maintenant que je suis ici je me sens vraiment mieux. Je n'ai pas à voir toutes les têtes d'hypocrites que l'on peut voir dans une sororité.
En finissant mon café je me rend compte que je suis en retard. J'attrape mes clefs de voiture et prend une grande veste en jean, celle de Tony puis sors de l'appartement. Je cours jusqu'à ma voiture en vitesse et pars aussi vite que possible.
Je suis en retard de dix minutes quand je frappe à la porte de l'amphithéâtre où se passe mon cours de Biologie. J'entre dans la salle et Mr Holis me regarde de haut en bas comme il le fait depuis que j'ai changé de style vestimentaire.
-Puis-je savoir la cause de votre retard Mademoiselle Steen ?
Son ton supérieur commence franchement à me taper sur le système. Non mais sérieux pour qui il se prend celui là ?
-Je me suis cassé la gueule dans l'escalier de mon appartement du coup j'ai été à l'hôpital et ils m'ont dit que j'avais la jambe cassée mais regardez moi ! Je suis ici ! La jambe cassée je suis venu juste pour votre cours, ironise-je.
J'entends des rires retenus et d'autres remarques méprisantes à mon égard. Mon professeur devient soudainement rouge et tape son pied par terre d'une façon stridente qui me donne envie de le lui couper et de faire un foot avec.
-Bien asseyez vous mais venez me voir à la fin du cours.
-Ouais ouais, dis-je en montant les escaliers des estrades. J'aperçois Maé qui me regarde comme si j'étais quelqu'un d'autre. Peut être que c'est le cas. Je m'installe et prend quelques notes peu utiles sur mon cahier puisque j'ai oublié mon ordinateur.
A la fin du cours je m'apprête à sortir quand mon professeur m'interpelle. Merde j'avais oublié son rendez-vous. Il est assis derrière son bureau. Je m'assois alors sur celui-ci et attend le sermon qu'il prépare sûrement depuis le début de son cours.
-Pourrais-je s'il te plait savoir ce qu'il se passe dans ta vie pour que tu ais tant changé ces derniers temps Aria ?
Je me lève du bureau et marche d'un pied devant l'autre comme si je marchais sur une corde tout le long de la salle.
-Je ne vois pas de quoi vous parlez, affirmais-je.
-Ne me prend pas pour un idiot. Tu sais que tu peux tout me dire. Je suis ton prof.
Je me dirige vers la sortie. Je ne suis vraiment pas d'humeur à écouter son discours sur les difficultés relationnelles dont il a lui aussi été victime lors de son passage à l'université.
-Même si j'avais envie d'en parler j'irais voir ce que l'on appelle une psychologue, dis-je en claquant la porte derrière moi.
Je me promène dans les couloirs de mon bâtiment d'études cherchant à tuer le temps. J'ai un trou d'une heure avant mon prochain cours. Je lance la musique dans mes écouteurs et m'assois dans les escaliers.
Après une vingtaine de minutes, je suis toujours assise et je m'ennuie profondément. Je sors mon téléphone de ma poche et cherche dans mon répertoire quelqu'un à appeler. Mon répertoire s'est quand même beaucoup aminci depuis que j'ai effacé tous les numéros inutiles. J'appelle Tony sachant que tout les autres travaille.
-Oh,mini Steen ! Je suis en cours là ! Chuchote sévèrement Tony.
-Je m'en fout. Sors de ton cours il faut que je te vois c'est urgent ! Mens-je.
-D'accord Maman, ne pleure pas s'il te plats !! Aller ça va aller. J'arrive d'accord ?
Plutôt qu'avocat ce mec devrais faire acteur studio. Je sais qu'il joue la comédie parce que son prof peut entendre la conversation et qu'il cherche juste à trouver un échappatoire. Je rigole en écoutant sa tirade mélodramatique complètement surjouée. Je l'entend se lever et j'entends aussi son professeur lui dire de sortir de la salle. Je jubile d'avoir réussi mon coup.
-Je te rejoins devant ton bâtiment dans dix minutes. Dis-je avant de raccrocher.
Je sors et prend ma voiture pour aller jusqu'au bâtiment Sud. Je dois passer devant le bâtiment Est pour m'y rendre. Évidement c'est le bâtiment de kiné et donc celui de Riley et Tyler. Je me force à ne pas tourner la tête et passe à toute vitesse. J'arrive en trombe sur le parking et m'arrête devant un Tony tout souriant avec comme d'habitude son joint au bec. Il faut dire qu'il s'en tape sévère que quelqu'un le voit consommer de la drogue. Je descend de la voiture et il me prend dans ses bras pour me saluer.
-C'est quoi l'urgence ? Demande il inquiet.
Je ne dis rien mais mon petit sourire me trahit. Bien sur qu'il n'y a pas d'urgence je ne voulais juste pas m'emmerder pendant une heure toute seule.
-Ouais d'accord, super. Tu sais je ne suis pas un fan inconditionnel des cours mais là j'étais bien parti pour ne pas sécher de la journée mais maintenant c'est foutu ! Laisse moi conduire. Il y a quelqu'un qui veut te rencontrer. Ah et on doit aller chercher Trish avant, dit Tony.
Sans broncher je lui laisse le volant mais je jette son joint par la fenêtre. Hors de question qu'il fume dans ma voiture. Si il y a bien quelque chose qui ne change pas c'est ça ! Nous partons et Tony roule comme un malade. Ce qui me fait rire alors qu'avant je flippais à mort. Nous nous arrêtons devant un appartement superbe et moderne d'où sort Trish accrochée à un homme qui doit approcher de la quarantaine. Elle monte dans la voiture et me gratifie d'un sourire.C'est la seule que je supporte un tant soit peu. Tony reprend la route vers un endroit encore inconnu.
-C'était quoi ça ? Demande-je les sourcils froncés à Trish en parlant de l'homme qui pourrait être son père.
-Quoi ? Il est gentil et il me traite comme un femme comparé aux petits branleurs de cette université.
-Ouais dis plutôt qu'il a de l'argent, repris-je en levant les yeux au ciel exaspérée.
Celle ci commence alors un débat comme quoi oui il a de l'argent mais ça ne fait pas tout bla bla bla. Je ne l'écoute pas parler et cherche un repère qui pourrait me sembler familier mais rien ne me vient en mémoire. Je ne sais pas où nous sommes. Nous avançons sur une route qui traverse une forêt. Au bout j'aperçois quelques lumières illuminer le chemin sombre. On dirait une vielle cabane abandonnée. Tony se gare devant et nous fait sortir. Nous le suivons et Trish passe en courant devant nous apparemment très excitée. En entrant je comprend où nous sommes. C'est les appareils photos et les fonds blancs qui me font comprendre que nous somme dans un studio photo. Je regarde Tony intrigué et l'interroge.
-Qu'est ce qu'on fait ici ?
-Déstresse c'est Trish qui a rendez vous. Paulo, le photographe voulait juste te rencontrer parce qu'il t'a vu sur les photos que j'ai publié de nos soirées.
Je m'affale dans un siège en cuir marron et regarde Trish poser devant l'objectif comme une vrai professionnelle. J'aurais pu m'intéresser un tant soit peu à cette séance photo si je n'étais pas aussi fatiguée. Je n'ai pas très bien dormi cette nuit. En vérité je suis devenue une de ces insomniaques shootée aux somnifères. Je ferme les yeux une demi seconde et m'endors sans même m'en rendre compte.
...
-Eh oh !!
J'ouvre les yeux en sursaut et regarde Tony et Paulo le photographe penchés au dessus de moi. Je m'étire sans faire attention à tout leur remue ménage.
-Bon c'est ton tour princesse, me dit Paulo.
Je hausse les sourcils à l'écoute du pseudonyme dont il m'a gratifié. En revanche, je ne comprend pas où il veut en venir. Je l'interroge du regard mais il ne réagit pas et s'occupe de son appareil photo faisant défiler le shooting de Trish qui se change dans les vestiaires.
-Mon tour de quoi ? Insiste-je.
Il pose son appareil sur le trépied et me regarde comme si la réponse était évidente. Tony me lève de mon siège et me pousse sur le fond blanc. Je reste comme une idiote sans bouger en regardant mes pieds.
-De poser mon chat ! Me dit Tony.
Je le regarde comme s'il était aliéné. Moi ? Poser sur des photos ? Dans quelle genre de livre de blagues nulles a il trouvé ça ?
-Euh, je n'ai absolument pas le physique d'un mannequin. Ouvrez les yeux les gars, je suis une naine aux gros seins et au gros derrière et je n'ai absolument pas confiance en moi.
-Justement, je suis en contact avec une agence de mannequin qui a besoin d'une fille qui ne soit pas grande et qui ai des formes. Si tu ne veux pas le faire je comprendrais mais c'est un gros contrat si tu vois ce que je veux dire... dit-il en mimant de frotter de l'argent entre ses doigts.
Si il savait ce que j'en ai à faire de l'argent ! J'en ai bien plus que l'on en a besoin à 19 ans. Je ne m'en vante pas mais tout le monde le sait bien, Tony le premier vu la façon qu'il a de lever les yeux au ciel. Trish sort comme une furie de l'arrière du rideau.Elle n'est seulement vêtue que d'une pauvre chemise bien trop grande sur elle.
-Ah non mais ils ont trop raison Ari ! Moi j'y participe alors fais le avec moi ce serait trop bien. Imagine si on est choisies toutes les deux !! On pourrait participer au shooting à Las Vegas tu te rends compte ? Ce serait trop ENORME. Et imagine la tête de Ril...
-Ouais ok je le fais c'est bon tais-toi. Ne parle pas pour dire des choses absurdes s'il te plaît. De toute façon je ne serais pas reçue.
Je l'ai coupé avant qu'elle ne prononce ce prénom que je n'arrive moi même plus à prononcer a voix haute. Même Trish entretient une certaine rancœur envers toute la bande et Riley. Je n'étais pourtant pas si proche d'elle que ça mais c'est en partie grâce à elle que j'ai pu reprendre une vie. Peut être que ce n'est pas une vie normale mais c'est une vie quand même. Enfin je crois.
-Allez viens je t'habille, me dit Trish en me tirant le bras vers les vestiaires.
...
-Oh les gars regardez ça c'est choquant !! Crie Tony.
J'essaye tant bien que mal de récupérer la photo de mon shooting que fait circuler Tony a Yann et John. Il s'amuse à rire de moi. Même Isa rigole, elle devrait m'aider plutôt que de s'extasier devant ma photo. Les commentaires salaces vont bon train. Je ne sais même plus où me mettre.
Une fois l'hilarité générale calmée nous nous installons sur mon canapé et lançons un film des plus nazes. Du coin de l'œil j'aperçois Isa qui se serre le bras à l'aide d'un garrot. Elle plante le bout d'une aiguille dans l'une de ses veines ce qui ne me plaît pas du tout. Elle voit que je l'ai vu alors elle sort rapidement l'aiguille de son bras et jette l'aiguille vide dans son sac à main. Je me lève du canapé et la tire jusque dans la cuisine. Les garçons nous regardent partir en riant devant film.
-Écoute Isa, que tu défonces je m'en tape. Mais que tu te piques chez moi je n'apprécie pas trop. Ok je te vois souvent le faire mais cela ne veut pas dire pour autant que tu peux le faire ici.
Elle ouvre grand les yeux en se grattant la piqûre sur son bras. Elle se met soudainement à rire démoniaquement. C'en est presque flippant.
-Mais t'es malade ? Demande-t- elle en riant. Je fume et je bois mais je ne suis pas une putain de toxico au point de me piquer. C'est des doses d'insuline. Je suis diabétique alors je suis obligée de me faire des injections régulièrement sinon je crève.
Je me sens soudainement très bête. Je souris et m'excuse plusieurs fois mais Isa m'assure qu'il n'y a pas de soucis. Nous retournons au salon où les garçons sont hilares devant un film humoristique des années 90.
...
Je me rend en cours de Sociologie quand je croise Kyle. Kyle que je n'ai pas vu depuis plusieurs semaines. En ce début de week-end j'ai juste envie de finir ma journée en pensant à la soirée de ce soir. J'essaye de passer discrètement à coté de lui sans qu'il ne m'interpelle mais c'est peine perdue.
-Hey Aria comment ça va ?
J'enlève mes écouteurs de mes oreilles avec un sourire aussi faux que les seins de Trish.
-Je vais bien et toi ? Demande-je bien trop mielleuse pour ce que ça sonne vrai.
Comme à son habitude il me raconte sa vie qui tourne principalement autour de son petit ami « le meilleur du monde » comme il aime le préciser. Il me demande ce que j'ai fait de mes vacances et parle comme si tout se passait bien. Il n'est bien évidement pas au courant de ce qu'il s'est passé dans ma vie ces 3 derniers mois. Je n'écoute pas vraiment ce qu'il raconte jusqu'à ce qu'un prénom m'interpelle.
-Alors c'est toujours le grand amour avec Riley ?
Je me stoppe net dans ma marche déterminée. C'est exactement ce qu'il se passe dans mon cœur en ce moment. C'est comme si entendre son nomme bloquait dans ma démarche d'avancer et de continuer ma vie comme si de rien était. Une douleur se forme dans ma poitrine, une douleur que je ne connais que trop bien. Cette douleur que j'avais ressentie lorsque j'avais dû rompre avec lui à cause de cette histoire de mariage. Cette douleur que j'avais ressentie en le retrouvant au lit avec une autre. Je sens mon cœur se serrer comme dans un étau, c'est comme si un poignard s'y enfonçait en prenant le temps de faire bien assez mal pour que je m'en souvienne toute ma vie. Chacune de mes inspirations sont douloureuses et ça,Kyle l'a bien remarqué.
-Hey ça va ? Cupidon a dû y aller fort pour que rien que d'évoquer son nom te rende aussi sensible.
Rien que sa phrase m'énerve je n'ai juste pas envie d'écouter de telles âneries.
-Cupidon c'est un enfoiré. Il a commence avec une flèche et il finit avec une balle. Dis-je en tournant les talons vers la sortie du bâtiment.
Je cours à travers la foule d'étudiant et sors. L'air frais me fouette le visage et fait voler mes cheveux dans tous les sens. J'arrive peu à peu à reprendre mon souffle. Une fois calmée je retourne vers la salle de mon dernier cours de la journée un peu en retard.
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*Isa et Tony.
Chapitre du jour Bonjour. Oui non c'est nul je sais ... En vérité je ne sais pas quoi dire. Pour un changement c'en est un n'est-ce pas ? Si vous voulez savoir, il y a le retour de pas mal de personnages dans le prochain chapitre. Stay in !
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