Chapitre 1 : Petite fille et mission suicide
Un mois.
Un mois que cette satanée d'elfe la suivait partout.
Un mois qu'elle essayait de lui voler tous ses combats.
Théo jeta un regard las vers sa compagne de voyage, droite sur sa monture noire, Ombre.
- Quoi, tu veux ma faux dans la figure ?, lança –t-elle sans lui jeter un coup d'œil.
Il talonna son cheval et dépassa la mercenaire.
Elle n'avait pas bronché quand le soixantième plan du paladin pour se débarrasser d'elle avait échoué. Elle avait juste rejoint Théo, qui, jusqu'à l'arrivée de Nawel, se portait très bien. Elle ne lui avait pas adressée la parole jusqu'à cette proposition, assez définitive.
Bon, il est vrai que demander à ses confrères de l'enfermer dans les prisons de l'Église de la Lumière n'était pas très sympathique. Payer l'aubergiste pour la retenir non plus. Pas plus que de lui tendre une embuscade pour l'attacher.
Mais aucune de ses machinations n'avait réussi, et, à présent, il pensait de manière assez sérieuse à s'engager dans des missions suicides pour que la mercenaire parte enfin. Mais il ne voulait pas la tuer, enfin pas encore.
Ils se dirigeaient d'ailleurs vers l'Église de la Lumière, pour que Théo puisse chercher une nouvelle quête. Le jeune homme ne se représentait que trop bien la réaction de sir Arly, quand il lui quémanderait une de ces missions si particulières. Il le regarderait, les yeux ronds : « Théo, vous allez bien ? Depuis ce malheureux accident je vous trouve différent »
- Théo, vous allez bien ? Depuis ce malheureux accident je vous trouve différent... dit son supérieur d'un air gêné.
Décidément, il était bien prévisible. À peine le paladin lui avait-il exprimé son vœu de faire une quête de niveau un qu'il lui disait cette phrase, déjà toute préparée dans la tête de Théo.
- Mais elle n'est pas morte ! répliqua-t-il en levant les yeux au ciel.
- Vous n'êtes pas retourné sur les lieux pour vérifier, je suppose.
- Eh bien... J'ai foi en sa guérison, improvisa le paladin.
Sir Arly faisait référence à une mission effectuée il y a de çà deux semaines, et qui avait pour cible un sorcier de feu devenu fou. Il s'en souvenait comme si c'était hier...
Le paladin passa sa main sur ses brûlures avant de se relever, tout en contemplant l'incendie qui ravageait les bâtiments voisins. La mercenaire à côté d'elle ricana de son incompétence. Si elle avait pu éviter aisément la langue de feu qu'avait jeté le sorcier, son compagnon avait eu un peu plus de mal.
- T'as une flammèche sur ta cape, là, lui indiqua l'elfe qui pointa du doigt son épaule.
Le jeune homme tapota d'un air paniqué le tissu, et les flammes s'évanouirent.
Le mage s'était enfui, mais Théo l'avait vu emprunter une rue fréquentée. Il fonça vers cette direction, avec Nawel qui ne pouvait pas se téléporter dans cette foule. Voyant que son compagnon poussait sans ménagement les badauds qui le regardaient d'un air énervé, et que des soldats dans la rue se dirigeaient maintenant vers eux, elle cria en levant sa faux :
- Si vous ne voulez pas crever comme les humains que vous êtes, dégagez le passage !
Aussitôt, les personnes dans la rue commencèrent à fuire en hurlant à l'attentat.
Théo lança un regard noir à sa compagne, qui lui rendit un sourire angélique et, quand il se mit à grogner de manière menaçante, elle haussa les épaules et ajouta :
- Arrête de râler. Sans moi, on serait encore en train de patauger dans ces gens.
Théo abandonna –pour le moment- et ils poursuivirent leur course, juste à temps pour voir le sorcier tourner à l'angle de la rue. Leur ardeur décupla, mais les soldats eux aussi avaient recommencé à les courser, une fois leur surprise passée, et leur mugissaient de s'arrêter. Les deux comparses redoublèrent d'efforts, puisqu'il était hors de question de se faire rattraper et encore moins de perdre ce sorcier fou de vue ! Non pas par un souci de justice ou d'humanité, mais, bon sang, ce tueur avait une belle prime, ils ne pouvaient pas la rater !
Ils arrivèrent à une place curieusement paisible. Trop paisible.
Les deux aventuriers firent une inspection rapide du lieu, suspicieux. Une étrange tension régnait, le marchand n'avait pas l'air naturel, et le vieux assis sur le banc tremblait. L'homme assis à son côté avait le visage masqué par une capuche, et sa tête baissée rendait invisible un quelconque détail qui aurait permis son identification. Cependant, son habit sembla familier à Théo, qui en informa sa coéquipière d'un signe de la main. Il se dirigea vers l'homme, et l'interpella.
- Enlevez votre capuche. Sans discuter.
L'homme, étonné et les yeux ensommeillés leva la tête et retira sa capuche. Nawel fit une grimace tandis que le paladin essayait de se rattraper comme il le pouvait. Il bégaya un moment, sous l'œil méfiant de l'homme à la barbe rousse qui venait de se découvrir.
Une explosion retentit, tandis que les deux compagnons se précipitaient vers une petite rue qui menait à la source du bruit, les soldats firent interruption sur la place, essoufflés.
Nawel et Théo suivirent les ruelles tortueuses de la ville pour finalement surgir sur une autre place, au centre duquel trônait un puits. Le sorcier y avait déchaîné sa puissance, et un tourbillon de feu l'entourait. Des flammes léchaient les toits, et partout des innocents hurlaient. Un tir de feu sortit du tourbillon, droit vers les deux héros. Théo, dans un accès d'inspiration, se jeta vers Nawel, et la balança sur le jet. Malheureusement, elle se téléporta à temps, et darda un regard assassin au paladin, qui avait réussi à esquiver l'attaque. Ce n'était pas le moment de s'entre-tuer, comme d'habitude !
Quand le sortilège prit fin, le mage vit un Théo, en train de foncer sur lui. Il se précipita vers une fillette, que la peur avait plaquée à un mur, la souleva et passa son bras sous sa gorge, un poignard à la main. Elle poussa un petit cri de terreur et ferma les paupières.
- Laissez-moi partir, ou je l'égorge ! hurla le mage, complètement déjanté.
Il se trouvait au centre de la place, pile devant le puits. Tandis que Nawel jurait, et s'arrêtait, elle regarda avec surprise son compagnon foncer, le bouclier au poing, accompagné d'un charmant cri de guerre, vers le sorcier qui écarquilla les yeux. Le paladin heurta l'homme qui bascula dans le puits tandis que la gamine se cogna violemment la tête sur le sol lorsqu'elle tomba des bras de son agresseur.
L'elfe se précipita vers la petite fille et hurla au paladin :
- Mais t'es complètement débile ! Guéris-là, tout de suite !
- Je n'ai plus de magie...répondit-il.
- Appelez un guérisseur, tout de suite ! Meugla-t-elle en direction de la foule, mi-choquée, mi reconnaissante. Mais qu'est-ce qu'il t'a pris, crétin !
Il jeta un coup d'œil au fond du puits.
- En tout cas il est mort, on le remonte pour vérifier ?proposa-t-il
- Tu m'écoutes au moins ? Tu as peut-être tué une enfant !
- Qu'est ce que tu racontes? Un coup de bouclier ne tue pas, déclara le paladin en haussant les épaules.
- Quand il est assené par un paladin de quatre-vingt-dix kilos, sans compter l'armure, si ! On y va, ordonna la mercenaire, fulminante de rage.
Ils partirent sous les hués des habitants alors qu'un docteur sortait enfin de la foule pour courir vers la blessée. Les pseudos héros ne surent jamais ce qui se suivit dans la ville, et retrouvèrent leurs fidèles montures à des écuries. Ils repartirent, et Théo se promit de ne jamais revenir dans cette ville. Il ne voulait pas à avoir à affronter des civils en colère, il ne pourrait pas les tuer de manière accidentelle cette fois...
- Bon, je me suis peut-être un peu laissé emporter, admit Théo.
Son supérieur lui donna une tape affective dans le dos, qui faillit le faire tomber.
- Parfois des combats ne peuvent être menés sans que des innocents soit tués, dit-il d'un air triste. Que la Lumière les guide vers le paradis.
Une minute de silence s'écoula, peut-être pour la petite fille morte, et d'autres personnes victimes de coups de bouclier. Chose étrange, on n'en parlait jamais.
- Bon, reprit Sir Arly, comme si rien ne s'était passé. Pourquoi veux-tu participer à des missions de niveau un ? Tu sais bien que tu peux mourir !
- Je ne veux pas mourir, je souhaite que l'elfe, qui me suis depuis un mois, parte de ma vue ! se défendit Théo.
- Ah je comprends mieux ! Tu peux aller tuer des pirates de l'Océan Cassiatique, il en regorge dans ce coin, et ils nous gênent pour aller porter notre foi à l'île de Doleste et l'archipel de Sanaemy.
- Parfait, ça découragera l'elfe, je vous remercie, Sir Arly !
L'homme au visage souriant lui indiqua la ville de Jen-Bista. Le bateau rempli de combattants partait dans quatre jours. S'ils voulaient l'atteindre à temps, ils n'allaient pas devoir ménager leurs montures. Son supérieur lui souhaita bonne chance et ils se quittèrent. Le chevalier traversa en silence l'immense salle de prière décorée pour impressionner les croyants, sortit du bâtiment et rejoignit Nawel.
- T'es venu demander une autre idée à tes compagnons d'armes ?, demanda avec moquerie l'elfe, adossée à la barrière en fer blanc encerclant la bâtisse.
Comme il ne répondait pas, elle changea de sujet.
- J'en ai marre, les gens arrêtent pas de me regarder bizarrement.
- Tu n'as qu'à pas t'habiller comme ça, rétorqua-t-il.
Mais on pouvait difficilement reprocher aux passants leurs regards indiscrets en ce début de matinée. La plupart, nobles ou bourgeois humains, s'habillaient de couleurs chatoyantes. La présence d'une elfe, accompagnée d'une faux, aux habits si communs et sombres détonait dans cette ville luxueuse.
Les aventuriers marchèrent dans la ville pour acheter des provisions, puis Nawel et Théo se rendirent à la porte Ouest. Les chevaux et les animaux de traits n'étant pas autorisés, ils devaient faire le trajet à pied.
La citée était non seulement protégée par une muraille, mais aussi par une barrière magique qui repoussait les assaillants. Les chevaliers de l'Eglise de la Lumière géraient le passage et ne laissaient passer que des personnes d'origine noble ou qui avaient assez d'argent. S'il n'y avait pas un seul mendiant qui circulait dans la cité, c'était parce qu'ils étaient bloqués aux portes de la ville.
Lorsqu'ils franchirent l'arche, Nawel considéra avec compassion pendant quelques instants ces personnes qui campaient au pied des murailles, puis elle les oublia purement et simplement. Théo, habitué depuis longtemps, ne fit pas attention à eux, malgré les regards de colère dardés sur lui.
Un peu plus loin sur le chemin se trouvait une écurie, où ils récupérèrent les chevaux. Les voyageurs déposèrent la nourriture achetée plus tôt dans les sacoches accrochées aux selles, et se mirent en route vers Jen-Bista, ville réputée pour son commerce et ses excellents bateaux, qu'ils soient de pêche ou de guerre. Ils laissèrent donc derrière eux Jen-Murnel et se lancèrent dans la traversée des plaines de Krylis. A la fin de la journée, ils s'installèrent dans une auberge du petit village de Clasky au bord de la Limproy, qu'ils traverseraient le lendemain. Ils avaient conclu d'un commun accord, non sans mal, de dormir dans la même chambre mais dans des lits séparés. Ils tenaient chacun à leur argent, et prendre deux chambres aurait coûté bien trop cher.
L'auberge, d'un niveau assez modeste, avait cependant un grand âtre dans la pièce principale, qui la réchauffait plus que nécessaire. Epuisés, ils ne firent pas attention aux habitués qui parlaient un peu trop fort et mangèrent en vitesse leur repas chaud. Ils montèrent ensuite les marches menant aux chambres, d'un pas lourd, et se mirent au lit dans un bâillement.
Le lendemain, ils furent réveillés aux aurores par un coq hurleur. Nawel se précipita sur sa faux tout en injuriant copieusement l'animal, puis disparut. On entendit le cri d'agonie du pauvre innocent quelques minutes plus tard et l'elfe réapparut avec un sourire dans la salle à manger. Son compagnon ne l'avait pas attendue et était déjà attablé, avec dans ses mains une tasse pleine d'un liquide fumant. Mais la mercenaire ne lui en tint pas rigueur, après tout ce n'était pas la première fois qu'il lui faisait le coup ! Il s'améliorait, même, quelques temps auparavant, il serait déjà parti, pensant la laisser derrière.
- Ah, tuer des animaux le matin, rien de mieux pour se réveiller ! ricana-t-elle en s'asseyant sur la chaise en bois.
- Le café de l'auberge ne te convient pas ? Demanda Théo.
Elle soupira. Il avait une fâcheuse tendance à tout prendre au pied de la lettre.
- C'était de l'ironie...expliqua-t-elle.
L'elfe noire commanda un thé chaud, ainsi que quelques tartines, et les deux compagnons finirent leur petit-déjeuner, dans un silence qu'aucun jugerait dérangeant.
Une heure plus tard, ils redescendaient vers l'accueil, afin de payer la chambre et les repas.
Ils se mirent en route, toujours avec le moral dans les chaussettes, à cause de leur réveil en sursaut et, comme prévu, traversèrent la Limproy. Le prix du seul passeur qui accepta de les faire traverser, puisque le paladin faisait peur à pas mal de gens, mit Théo dans une rage folle. Le pauvre gus, terrifié, fit immédiatement baisser les prix, et se promit de ne jamais refaire franchir le fleuve à des personnes qui portaient des armures, plus jamais ça !
Les deux compagnons passèrent le reste de la journée à cheval et s'installèrent à la tombée de la nuit dans une auberge, un peu pourrie, des Collines de Tril. La patronne avait l'air folle, et n'avait aucun client.
Ils trouvèrent même des symboles étranges sous les lits. Le paladin refusa d'ailleurs de dormir sur le lit d' « une sataniste », et s'installa dans son sac de couchage, tandis que Nawel s'en fichait royalement, après tout, ils allaient peut-être passer plusieurs mois en mer, et un bon lit n'était pas de trop. Enfin, un à peu près bon lit, jugea-t-elle en constatant le triste état des couvertures.
Durant la nuit, ils furent gênés par un animal dans le grenier, qui faisait un bruit infernal. Ils entendirent gratter, couiner, courir. À un moment, on aurait même dit qu'il avait invité ses amis pour une fête dont le but était à faire chier un maximum les deux compagnons. La mercenaire chercha bien à faire taire les bêtes, mais elle n'arrivait pas à accéder à l'étage d'au-dessus, pour une bien nébuleuse raison.
Ils passèrent donc ces longues heures à imaginer milles et une façon de torturer la créature.
L'équipe se leva donc à l'aube, sans prendre de repas, et paya l'addition à la patronne, qui était –fait étrange- réveillée, et au comptoir. Nawel pensa qu'elle devait attendre des clients désespérés.
Ils finirent leur traversée des collines de Tril le plus vite possible, alternant galop et trot, et atteignirent Jen-Bista en fin d'après-midi.
Ils flânèrent un moment dans la ville commerçante. Les quais sentaient le poisson pourri et les deux compagnons se hâtèrent de traverser les docs pour rencontrer le capitaine du vaisseau dans lequel ils allaient servir. Ils allèrent tout d'abord à l'immense bateau, et interrogèrent les matelots présents. Ils leur répondirent qu'à cette heure-là il était toujours dans un bar nommé « le point son-Bista ». Puisqu'ils n'avaient rien d'autre à faire, ils s'y rendirent.
Une odeur entêtante de tabac régnait dans l'établissement, et une épaisse fumée leur troublait la vue. Ils parvinrent tant bien que mal à arriver jusqu'au tavernier. La musique de salon, très forte obligea à Nawel à hausser le ton lorsqu'un grand silence s'installa dans la salle. On entendit alors un hurlement dans toute la salle:
- Je cherche le capitaine du bateau Triforcal, savez-vous ou il se situe ?
Le tavernier, l'air de se demander pourquoi on criait dans son bar, lui pointa une table, à l'écart, tout en conservant un œil méfiant vers les deux individus.
Tous les regards convergèrent alors vers l'elfe, qui les regarda avec mépris. Oui elle avait hurlé alors que personne ne parlait, oui, cela avait été un moment très gênant, et alors ? Pour se faire encore plus menaçante, elle posa la main sur sa fidèle faux. Aussitôt les conversations reprirent.
- Je ne savais pas que tu avais autant de charisme pour faire taire tout le monde lorsque tu parles, constata stoïquement le paladin.
- Tu sais quoi, pour être polie, va voir ailleurs si j'y suis ! s'exclama-t-elle.
- Mais tu es ici...remarqua-t-il.
La mercenaire fixa un point au-dessus de l'épaule de Théo. Décidément, l'humour était parti loin, très loin. Il devait avoir tellement peur de l'inquisiteur, que dès sa naissance, il avait décidé de ne pas lui offrir son don. Après tout, si Théo avait de l'humour, alors ce ne serait plus Théo.
Ils se décidèrent finalement à aller à la table qu'on leur avait indiquée où un homme aux muscles bleutés impressionnants et aux tatouages étranges fumait et jouait aux cartes avec d'autres habitués. On voyait bien que c'était un demi-élémentaire d'eau. D'habitude ces-derniers se cachaient, mais cet impressionnant bonhomme avait l'air de se contre-ficher des regards des autres, comme le prouvait un très joli tatouage en forme de cœur avec des ailes sur la joue droite. Il leva la tête -enfin tourna vu sa carrure – vers l'équipe et haussa les sourcils. Il ôta le cigare de sa bouche et leur recracha de la fumée à la figure.
- Vous êtes qui, les gosses ?
- Je suis le paladin de la Lumière qui vient vous aider à exterminer des pirates.
- Ah oui j'avais fait une requête, il y'a cinq ans. La bureaucratie des Églises, vraiment ça prend un temps fou.
- Pardon, j'ai peut-être mal entendu ce que vous avez dit ? Proposa poliment Théo.
Le demi-élémentaire d'eau resta pendant un instant perplexe, et se rendit soudainement compte que le paladin normal s'était transformé en véritable machine à tuer. Et qu'il allait le massacrer s'il ne se rectifiait pas aussitôt. Nawel quant à elle lança un regard admiratif vers Théo. Incroyable, il avait enfin un peu de diplomatie !
- Enfin, je veux dire que c'est très gentil à votre Église d'avoir accepté ma demande. Vraiment, se rattrapa-t-il les mains tremblantes.
Le paladin hocha la tête.
- Quand partons-nous ? demanda la mercenaire. Elle observait en même temps la partie de carte qui continuait, et lâcha un rire moqueur quand un des joueurs dut mettre tout son argent au milieu de la table. Celui-ci jeta d'ailleurs un regard furibond vers l'elfe, qui lui sourit.
- Demain matin, à cinq heures. Je ne veux pas de retard...euh venez à l'heure qui vous convient, rectifia le capitaine.
Il se leva même pour serrer la main aux aventuriers, qui furent surpris de cette attention. Ils partirent du bar avec un soulagement évident, et, lorsqu'ils poussèrent la porte, ils prirent une longue inspiration d'air fraîche avant de se décider à choisir une auberge. D'un commun accord, ils gaspillèrent leur argent pour une auberge de qualité, avec des chambres séparées. C'était une maigre consolation pour les nuits blanches qu'ils allaient passer dans des hamacs.
Ils mangèrent des plats exquis dans la salle de restauration. Un groupe de musiciens jouaient une agréable mélodie, et ils profitèrent de l'instant.
Ils allèrent se coucher assez tôt, pour ne pas être exténués le lendemain matin. Quelques heures plus tard, ils se saluèrent dans un grognement et prirent leur petit déjeuner. Nawel était tellement mal réveillée qu'elle laissa tomber sa tartine dans son bol de thé. Elle ramassa la masse molle avec la petite cuillère en injuriant le monde entier, et fut d'une humeur massacrante, même lorsque Théo tenta – l'une des rares fois- de lui adresser la parole. Cela le conforta dans son idée que les elfes étaient une espèce belliqueuse. Ils quittèrent l'auberge vers quatre heure trente, et marchèrent dans la ville endormie, couverte d'une nappe de brouillard.
Au bout d'une trentaine de minutes de marche, ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez, Théo refusait d'admettre qu'ils étaient perdus. Il argumentait qu'il sentait l'odeur du poisson. Sauf que ça sentait le poisson dans toute la ville, plus ou moins fort.
Par chance, ils croisèrent la route d'un vieillard, avec un sac de course dans la main, qui se dandinait et fredonnait une mélodie. Malgré la singularité évidente du vieux, Nawel se risqua à lui demander s'il connaissait l'emplacement du bateau Triforcal.
Le vieil homme lui balança son sac rempli de carottes sous son nez et s'écria d'un air mystérieux.
- Pour pouvoir demander son chemin, il faut savoir où on est !
- Euh... oui ? Vous pouvez me dire si vous savez ou c'est maintenant ou pas ?
- Je ne peux vous révéler l'information, que si vous y tenez réellement !
Nawel eut un sourire incertain et s'apprêtait à quitter cet homme un peu fou, et qui s'exprimait avec des énigmes, quand elle vit Théo foncer sur le vieil homme.
Le paladin, les yeux enfoncés ses orbites, secoua le vieillard par les épaules, et lui cria dessus.
- Arrête de parler avec tes foutues phrases et indique nous le chemin !
La mercenaire regardait la scène d'un air désespéré, et réussit à détacher Théo de sa pauvre victime, qui s'était mise en position fœtale, secouée de sanglots, et réussit à se justifier.
- Mais...aujourd'hui c'est...c'est le jour des Énigmes !
Théo se figea, un rictus bloqué sur le visage. Il se tourna vers Nawel, qui ne se priva pas de le rabaisser.
- Oui, on est bien le premier Avril, t'es vraiment un boulet ! ricana-t-elle avant d'aider le grand-père à se relever.
Il accepta de leur indiquer le chemin, en échange du remboursement pour ses carottes fichues. Le paladin paya les frais, la face inexpressive. Pendant tout le trajet, la mercenaire ne cessait de se moquer de lui, et quand ils arrivèrent devant le bateau, le brouillard commençait à peine à se lever. Ils embarquèrent et Théo ne dit plus rien pendant toute la journée. Après tout, il passait son temps à essayer de ne pas recracher tripes et boyaux, ce qui n'était pas vraiment compatible avec la conversation.
Après une semaine passée en mer, sans qu'aucun bateau pirate ne se pointe à l'horizon, l'ambiance sur le bateau était morose. D'ailleurs personne ne comprenait pourquoi ils n'avaient pas encore tué de pirates, d'habitude cette mer regorgeait de bateaux clandestins.
Un matin, alors que la brume recouvrait tout, et que les matelots flânaient sur le pont, un homme, installé à la vigie eut un cri de terreur :
- Un bateau pirate, fonce sur nous, il est énorme !
Ce fut sur la panique à bord. Le Capitaine donnait des ordres pour éviter le navire ennemi ne les aborde, mais ce fut bien pire. Alors que tout l'équipage courait sur le pont, l'embarcation transperça la partie avant du navire. La proue du bateau pirate, renforcée de fer était visible, et une silhouette imposante se devinait sur son pont.
Tandis que le capitaine hurlait de faire reculer le navire, Théo courut en poussant un cri de guerre vers la silhouette, et sauta sur le bateau des pirates.
- Buliaaaaaaaaaaaaa !
Persuadé que les autres guerriers le suivaient, il ne se rendit compte de l'absence de ses compagnons qu'après s'être arrêté devant un colosse, qui tenait un immense marteau dans la main. Le regard désagréable, des pirates l'entouraient en ricanant.
Théo regarda le capitaine pirate un instant puis jeta un bref coup d'œil en arrière.
- Au revoir, hein ! les salua-t-il.
Et il se mit à courir en sens inverse, et revint à son point de départ. Bien lui en prit car quelques secondes après son saut sur le Triforcal, le navire réussit à manœuvrer et échapper aux opposants, en laissant derrière lui sa partie avant. Le demi-élémentaire, la face rouge de colère disputa le jeune homme, l'insultant de tous les noms pendant un bon quart d'heure. Car si le paladin mourait, on allait rejeter la faute sur lui et bonjour le bûcher !
Le paladin ne pipa mot pendant le retour vers le continent, malgré le fait que l'elfe se moquait de lui toutes les cinq minutes. Il faisait preuve d'un calme olympien, et Nawel devina que sa fureur allait passer sur une innocente victime. Elle pria pour l'innocent qui allait subir ses foudres, avant de se dire que cela allait être quand même un très bon spectacle.
Quand le navire en mauvais état fut rentré à Jen-Bista, le demi-élémentaire ne voulut rien entendre, et les vira. Il ne voulait pas de suicidaires à bord.
Ils marchaient dans les rues de la ville, en route pour récupérer leurs chevaux à l'écurie, quand la mercenaire lâcha finalement :
- Je savais bien que c'était une mauvaise idée.
- ...Je vais te tuer, répondit Théo, le visage très calme.
- Bien-sûr mon Théoninou ! Un jour, un jour...
Bonjour les fans de LOL !
On se retrouve avec un chapitre 1 riche en événements ! Il a été un peu long à écrire, mais bref, il est là !
[offert par Ap]
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