CHAPITRE 1
Mardi 26 Septembre, 00h 04.
Je courais le plus vite possible. Si je devais mourir ce soir, je voulais m'être battue, je voulais ça avant tout : mettre battue. Je voulais le faire, avant que mon cœur ne s'arrête définitivement de battre et que personne n'entende plus jamais mon souffle calme et régulier.
Je zigzaguais entre les arbres, en espérant l'avoir laisser loin derrière moi. Je priais.
Je ne savais pas depuis combien de temps je courais, des secondes, des minutes, des heures ; je les confondais, et les considérés comme identiques. Je ne voyais pratiquement plus rien, la nuit tombait et je tombais avec elle, sans m'en rendre vraiment compte. J'étais épuisée, par la peur, par les mètres, par ma course, par le temps qui passait au fur et à mesure. Mon âme voulait se sauver, mais mes jambes ne suivaient plus. Je tombe sur les feuilles mortes que l'automne a laissé sur son passage. Mes yeux cherchent désespérément quelque chose qui peut m'aider, mais il est trop tard. Sa silhouette se rapproche de plus en plus de moi. Ses pas écrasent les brindilles et les feuilles. Il se rapproche de plus en plus de mon corps épuisé.
Il s'accroupit et me regarde.
Son visage affichait un sourire narquois et sarcastique, comme a son habitude, alors qu'il me chuchote un mot à l'oreille :
- Trouvée.
Lundi 04 Septembre, 08h 17.
Je passe mes mains sur mon visage chaud. Mon réveil sonne et me force à ouvrir les yeux. J'ai pas envie. Je ferme les yeux, souffle et grogne, puis, petit à petit je laisse mes paupières se relever et j'aperçois la luminosité du soleil matinal qui passe entre mes rideaux. Cette lumière si abrupte est trop étincelante, je me force et la fixe.
- Lèves toi, maintenant.
Ma mère cri, je la laisse faire, c'est dans mes habitudes. J'ai pris le reflexe de ne plus l'écouter.
Je pousse lentement la couverture, me mets debout, encore vacillante, engourdie, peut-être aussi fragile à cause de mon sommeil. Je m'approche de ma fenêtre, de manière vigilante afin de ne pas trébucher sur un des nombreux cartons de déménagement. J'ouvre les rideaux d'un seul coup, me croyant parfaitement prête à vaincre cette lumière. Je me suis entraînée.
Grosse erreur.
Je mets une main devant mon visage et fronce les sourcils, consciente de ma bêtise, je jure.
Je colle mon nez contre la vitre froide afin d'observer un peu mes voisins qui se réveillent et débutent déjà différentes activités. Je souris en apercevant un rond de buée se former sur la fenêtre.
- Santee, Caroline du sud... Je ne t'aime pas, tu ne seras jamais ma ville.
Je me recule, prends une grande inspiration. Ce déménagement marque un tournant important, j'en suis certaine, et j'en ai pas envie. C'est de la merde.
Je me tourne, et me dirige vers les cartons étalé sur le parquet. Je cherche désespérément les boites contenant mes vêtements. J'aurais, peut être, dû écouter ma mère et rajouter un mot désignant le contenant de la boîte, après mon prénom. Une fois trouvées, j'en sors un slim troué, un sweat et mes Converse, avant de partir vers la salle de bain.
Je ferme la porte à clef derière moi et retire mon short et mon débardeur. Je baisse la tête vers l'avant et accroche mes cheveux comme je le peux. Je rentre dans la cabine de douche et allume le jet d'eau. L'eau froide ruisselle sur mon corps encore engourdi. L'eau dégouline sur ma colonne vertébrale, le long de mes jambes, de mes bras. Je suis ravie de constater que ça me réveille un peu.
Ma douche, rapidement bouclée, je m'enroule dans la serviette propre posée sur le chauffage. Je la sers autour de ma poitrine, et me lave les dents. Je me maquille légèrement, enfile prestement mes vêtements et quitte la salle de bain.
Je saisis mon sac à dos, ferme la porte de ma chambre à clef et descends les escaliers en plaçant mes écouteurs dans mes oreilles.
Je passe devant la salle à manger où sont installés ma mère, son « petit ami » et mon grand frère Axel. Ils rigolent ensemble, un air jovial affiché sur leurs visages respectifs, comme si de rien n'était. Je soupire lourdement, retire un de mes écouteurs et les fixes avec un intérêt non dissimulé.
- Vous êtes pitoyable. Vraiment.
Un silence lourd de sens se répand dans la pièce alors que tous les regards se braquent sur moi. Leurs sourires s'effacent peu à peu ; je ne bouge pas. Mon frère me lance un regard gêné alors que ma mère semble vidée par mes incessantes remarques et Richard, le « petit ami », ne me regarde même pas, il fixe un point invisible dans son assiette remplie de pancakes et de sirop d'érable.
Je remets mon écouteur dans mon oreille, et me dirige vers la porte d'entrée.
Avant de l'ouvrir, je prends une grande bouffer d'air, pousse un juron.
J'ouvre la porte et alors que je m'apprête à mettre un pied à l'extérieur ma mère me lance :
- Rose, tu rentres et tu t'excuses tout de suite auprès de Richard !
Je souffle, lève les yeux au ciel, me retourne, regarde ma mère dans les yeux et un léger sourire se dessine sur mes lèvres pales. Elle réagit sans cesse de la même manière, elle laisse faire quelques secondes avant de se rendre compte que mon « commentaire désobligeant » s'adresse plus à ce Richard qu'a ma famille.
Mon frère et Richard sont venus la rejoindre, ils se dressent dans son dos et me regardent avec insistance.
- Non. Je ne demande pas pardon parce que je le hais, et j'en ai rien à faire de ce qu'il pense de moi. Il a tué mon père et il saute ma mère. Je n'ai rien a me reprocher, moi.
Je regarde ma mère dans les yeux. Elle n'a pas l'air d'avoir aimé ma réponse.
Je souris de toutes mes dents, leur souhaite une bonne journée et sors, enfin, de la maison.
Je mets en route ma musique, en espérant que ma première journée dans mon nouveau lycée se passe bien, ou du moins qu'elle passe vite.
Lundi 04 Septembre, 09h 43.
Je rentre dans le bâtiment et traverse le couloir rempli de monde. Les gens ne font pas attention à moi, ça m'arrange.
Je baisse la tête, mets mes mains dans mes poches de sweat, et me dirige vers le secrétariat pour que l'on me donne mon emploi du temps.
Une fois devant la grande porte de verre j'enlève mes écouteurs un par un, et les mets dans mes poches. J'ouvre la porte et la referme après mon passage, il n'y a qu'une petite dame, assez vielle aux lunettes rondes sur le bout du nez et aux cheveux gris qui téléphone derrière le guichet. Je lui sourit silencieusement et elle fait de même. Après quelques minutes de conversation téléphonique elle raccroche et m'adresse la parole :
- En quoi puis-je te venir en aide jeune fille ?
- Hum... Je m'appelle Rosalie-Joy Winslow et je suis nouvelle dans l'établissement.
- Oh oui c'est vrai, le proviseur m'a prévenu ! Assis-toi, il ne va pas tarder.
Je la remercie et attend le Proviseur sagement assise sur un siège inconfortable : la journée commence bien.
Il semblerait qu'il soit en pleine « explication » avec un des élèves. Je sers les lèvres, regarde le sol, et réfléchie à quelle matière je pourrais avoir en première heure. Débat des plus passionnant pendant les dix premières secondes, ensuite je me fait royalement chier.
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre et me fais sortir de mes pensées.
- Je n'ai rien fait ! J'ai vraiment arrêtée Jim, je te le jure ! Se défend la jeune fille qui vient de sortir du bureau.
- Alors c'est qui ? Nous ne sommes que deux, Talia.
Je me lève, et ramasse mon sac, voulant en finir au plus vite. J'aperçois rapidement un homme derrière elle. Je déduis qu'il doit bel et bien être le directeur puisqu'il aborde cet air sérieux très caricatural que semble chérir toutes les personnes hauts placés.
La jeune fille souffle, tourne sur ses talons et nos regards se croisent. Nous restons fixer pendant un petit moment, puis je la détaille.
Ses cheveux sont noirs et forment de belles anglaises, sa peau est blanche comme de la porcelaine, ses lèvres extrêmement rouge et ses yeux émeraude cernés de noir me regardent attentivement. Elle me sourit, puis me tend soudainement sa main et lance poliment avec un grand sourire, que je pense peu honnête sur les lèvres :
- Tu dois être Rosalie-Joy, n'est-ce pas ?
Qu'est ce qu'elle me veut celle la ?
- Tu es qui toi ? Je lui répond aussi vite que possible.
Elle déglutit, laisse tomber sa main, sûrement un peu triste de ma réponse sèche, mais garde un sourire idiot imprimé sur ses lèvres.
- Je suis Talia Seinfeld. On m'a chargé de te faire la visite de l'établissement.
Super. Je suis déjà épuisée.
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