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8. Émerger


« Un grand malade que j'aime ! »

   Ses mots m'arrache à mon rêve. J'ouvre péniblement les paupières pour aussitôt les refermer. Trop de lumière. Je plonge ma tête dans l'oreiller et le serre contre moi. Si seulement je pouvais me rendormir. Il est le seul endroit où je peux le retrouver.

   — Aurelian ?

   La voix de ma mère traverse le bois de ma porte. J'aimerais l'envoyer bouler. Le monde des songes est plus intéressant. Je ne réponds pas, tout à mon indifférence. Elle soupire puis entre. Les insultes montent mais meurt dans ma gorge. Je la déteste ! Je déteste tout le monde en ce moment.

   Le lit s'affaisse dans mon dos. Je refuse de la regarder. Sa main échoue dans mes cheveux, mais je la repousse. Je sais que je la blesse, mais c'est bien le cadet de mes soucis.

   — Ton père est en bas.

   — J'veux pas y aller, grogné-je contre mon oreiller.

   Elle soupire. Je crois qu'elle est dépassée. Elle ne sait plus quoi faire avec moi. Eh bien, je suis dans le même état. Je ne sais plus quoi faire. Je n'ai envie de rien, je ne ressens rien. Je ne suis plus qu'une coquille vide. Et tout ça, c'est la faute de l'univers entier !

   — S'il te plaît Aurelian...

   — J'VEUX PAS ! hurlé-je pour qu'elle me laisse en paix.

   Le silence résonne dans la pièce pourtant j'ai l'impression de m'entendre en écho. Ou ce doit encore être un tour de mon imagination. Je commence à avoir l'habitude maintenant. Les pas de mon père retentissent contre mon parquet. Je ravale la bile qui oppresse ma gorge, je retiens mes larmes. Je n'ai ni besoin de leur pitié ni besoin de leur compassion. Je voudrais rester seul, pour une fois. Sans mes rêves, sans mes souvenirs, sans rien.

   Sa main à lui échoue contre ma hanche. Elle ne fait rien d'autre, se contente d'être là. Elle me brûle. Je rêve de l'enlever, pourtant je ne bouge pas. Ils m'enveloppent de leur amour, à leur manière. Mais je ne veux pas recevoir ce sentiment si trompeur. Je tente de refouler la moindre des émotions mais le ras de marée m'emporte quand ma mère chuchote d'une voix cassée :

   — S'il te plaît Aurelian, tu ne sors plus de ta chambre depuis des mois...

   Mais tu ne comprends pas maman ! C'est le seul endroit où je peux le retrouver. Dans mes rêves. Sinon, il n'existe pas. Les larmes dévalent mes joues avec une rapidité sans nom. Je me refuse à prononcer le moindre bruit. Le nœud dans ma gorge me fait un mal de chien, mais ce n'est rien comparé à ce qui transperce mon cœur. 

   — On est là, Aurelian, assure mon père. On veut simplement que tu ailles mieux.

   Et là, je ne peux plus rien retenir. J'éclate en sanglots. Il est impossible de m'arrêter. L'étreinte de mes parents me fait autant de bien que de mal. Je pleurs mon désespoir, je m'accroche à eux pour m'ancrer dans la réalité quand je ne cherche qu'une chose : la fuir.

   — J'ai... tellement... mal..., articulé-je.

   — Je sais mon cœur, répond ma mère en caressant mon visage.

   Elle pleure elle aussi et je m'en veux de la faire souffrir. Mon père essaye de rester fort, mais me voir dans cet état l'anéantit tout autant. Il me serre contre lui en me berçant, mais rien ne pourra apaiser la douleur qui écrase inlassablement ma poitrine.

   — Je l'aimais tellement...

   — Je sais, chuchote-t-il.

   On s'installe dans mon lit et je pleurs dans leurs bras. Je crois que rien ne sera plus douloureux que d'apprendre un vingt-cinq décembre qu'une voiture a glissé sur le verglas, entraînant la chute de mon petit ami sur le sol. J'ai imaginé la scène tellement de fois qu'elle me paraît suspendue dans le temps. Il me souriait, m'embrassait, me demandait de réserver mon vingt-sept pour lui puis se faisait percuter par une voiture. Anéanti les rêves d'adolescents, la nature a reprit ses droits au pire moment.

   J'en veux à ce chauffard qui n'a pas su contrôler sa voiture, j'en veux à mes parents qui m'ont temporisé pour ne pas que je me précipite sur la route, je leur en veux d'avoir pris tout leur temps sur le chemin alors que je sais qu'ils ont fait leur maximum, j'en veux au personnel médical qui n'a pas voulu nous donner d'informations parce que nous n'étions pas de la famille alors que les parents de Silas étaient juste à côté de nous, j'en veux au monde entier de me l'avoir pris quand nous n'avions même pas débuté la vie avec un grand V. Et par dessus tout, j'en veux à Silas de m'avoir abandonné, de ne pas avoir su contrer les pronostics pour rester en vie, de ne pas avoir envoyer promener l'ange de la mort parce qu'il m'avait moi et qu'il était encore trop jeune pour s'éteindre. Et je m'en veux de lui en vouloir.

   Mon cœur est brisé en mille morceaux et je n'arrive plus à le rafistoler. Je suis éteint, j'ai l'impression qu'une partie de mon être m'a été arraché ce jour là. Je ne sais plus comment vivre quand même respirer me fait un mal de chien. Je n'ai plus goût à rien et je refuse de me relever. J'ai trop peur d'avancer, de guérir, de ne garder qu'un vague souvenir de Silas quand il était mon monde a seulement dix-sept ans. Je commence seulement à ne plus me rappeler de sa voix et ça me terrifie. Je ne veux rien oublier. Rien du tout !

   Je veux me souvenir en détail de chacun de ses sourires, chacun de ses rires, chacune de ses paroles, chacun de ses rêves, tout ce qui fait de lui ce garçon incroyable que j'ai côtoyé pendant une année et demie. J'aurai voulu partager ma vie avec lui. Je n'ai eu le droit qu'à quelques mois. Assez pour m'attacher, trop peu pour être satisfait.

   — Tu dois avancer mon chéri, tente ma mère.

   — Non... non !! Je veux pas. Je veux pas...

   Je n'arrive plus à parler, mes pleurs redoublent d'intensité. Je ne peux pas continuer de vivre comme s'il n'était qu'un pan de mon passé. J'aurai l'impression de le trahir.

   — Aurelian, je t'en prie, chuchote mon père. Tu ne peux pas laisser la douleur prendre le pas sur la raison. Tu as la chance d'être ici, tu n'as pas le droit de gaspiller ton temps.

   Je le frappe parce que ses mots sont durs, parce qu'il a tort, parce que je ne gaspille rien à me rappeler tout de Silas. Même si pour ça, je passe mes journées à dormir pour le retrouver.

   — Pense à Silas, mon cœur...

   Ma mère me caresse la joue et me regarde avec espoir.

   — J'fais que ça !

   Elle retient un autre sanglot et ne me quitte pas des yeux.

   — Il n'aurait jamais voulu que tu sois dans cet état. Il s'en voudrait tellement... tu dois avancer pour lui. Tu dois profiter de cette vie pour lui. Je t'en prie Aurelian... je ne veux pas perdre mon fils...

   Je ne comprends pas ce qu'elle dit. Elle ne perds rien, je suis là. Mais je sais, tout au fond de moi, que les bras de mon père ne me serre plus avec autant de vigueur parce qu'il a peur de me casser. J'ai tellement maigri que je ne me reconnais plus dans le miroir. Je me laisse mourir à petit feu comme si ça pouvait m'aider à rejoindre Silas. Je le sais, mais je nie.

   Ma mère regarde mon père, et je sais qu'elle lutte pour ne pas s'effondrer. Mes hoquets sont devenus un fond sonore sur lequel mes parents doivent s'accorder. Mon père dépose alors un objet sur mes cuisses. Quand j'identifie le ruban rouge, je le repousse aussitôt. Il insiste, mais je ne veux pas. J'ai refusé d'ouvrir son cadeau depuis qu'il est parti comme si ça pouvait le faire revenir. Comme s'il pouvait débarquer devant ma porte et râler en tapant du pied. « Aurelian, tu vas ouvrir ce cadeau parce que j'ai pas dépensé mon fric pour le savoir emballé !! »

   Alors ma mère le prend entre ses mains et déchire l'emballage. Je hurle comme si elle arrachait ma peau, je me débats. Je ne veux pas qu'elle fasse ça. Je ne veux pas !

   Et pourtant, elle continue malgré ses larmes. Elle contemple le présent et me le tend. Je secoue la tête. Je refuse de le regarder. Mon père grogne quelque chose, il l'attrape et me le fiche sous le nez. Je suis obligé de voir. Je n'ai pas le temps de fermer les yeux. Sur la couverture, j'aperçois trois mots brodés de jaune. Ma respiration s'emballe, elle est incontrôlable. Mes mains saisissent l'album sans que je ne m'en rendent compte.

   À mon amour

   Je tremble, je ne sais plus quoi faire. Et je pleurs, ça c'est une vérité qui ne s'efface pas. Ma mère tourne doucement la première page. Puis la deuxième. Puis toutes les autres. Et des tas de souvenirs me reviennent en tête. Des tas de Silas qui sourient à pleine dents, qui bougonnent à m'en faire rire, qui protestent à m'en faire grincer des dents, qui rient à gorge déployée, qui me regarde, moi, amoureusement. Je me prends ce cadeau en pleine figure.

   Silas m'aimait comme je l'aimais. Il me soutenait et m'encourageait tout le temps. Il avançait sans jamais se retourner. Je lui faisais confiance. Et il est partit.

   — Aurelian, il faut que tu te reprenne en main, chuchote mon père en me berçant. Sinon, on risque de te perdre. Et je n'accepterais jamais ça, tu m'entends ?

   Je hoche la tête, ailleurs. Je sais qu'il a raison, mais ça me paraît tellement insurmontable. J'ai besoin de Silas. J'ai besoin de lui. Mes doigts effleurent son sourire, ses cheveux flamboyants. Je ne le reverrais plus jamais, je ne le toucherais plus jamais, je ne l'entendrais plus jamais. Et cette réalité m'oppresse.

   — Je l'aime tellement..., sangloté-je.

   Ils me serrent dans leur bras et moi, je me cramponne à son image. Je ne veux pas abandonner. Mais quand je le regarde, je comprends que c'est m'apitoyer sur mon sort qui ne rend pas justice à tout ce que nous avons partagé. Si je lui en veux de m'avoir laissé, il m'en voudrait de ne pas supporter la douleur.

   — Comment... comment je dois faire... pour vivre maintenant ? hoqueté-je.

   — Tu fais, répond mon père. Tu te relève, tu prend une douche, tu t'habille, tu mange un bout, et tu fais. Tu fais parce que tu n'as pas le choix, parce que tu as encore du temps devant toi, parce que Silas s'en voudrait de t'avoir mis dans cet état. Tu fais parce que je n'en peux plus de te voir comme ça.

   Et pour la première fois de ma vie, je vois mon père exploser en larmes. Sa détresse me pétrifie. Je ne sais plus quoi faire et je m'en veux de lui faire autant de mal. Alors je me réfugie dans ses bras et je m'excuse. Je m'excuse parce que je ne suis pas le seul à souffrir, parce que je n'ai pas le droit de partir à mon tour.

   — Aurelian, Silas vit grâce aux gens qui se souviennent de lui, dit ma mère en me frottant le dos. Si tu abandonnes maintenant, qui restera-t-il pour attester de tous ces souvenirs que tu as avec lui ? De tous vos sentiments ?

   Elle a raison. Et je crois que ce sont ses mots ainsi que la réaction de mon père qui me font sortir la tête de l'eau pour la première fois en des mois. Je n'ai pas le droit de m'arrêter maintenant. Je dois continuer d'avancer même si ça veut dire avoir mal. Je dois continuer d'avancer parce que Silas vit à travers moi. Je le lui dois. Je le dois à nous.


⭐️

Oui, ce n'était sûrement pas la fin que vous attendiez... mais le titre était un bon indicateur 😅

Au début, je ne savais pas si cette histoire ne serait qu'un rêve. L'idée me plaisait bien, mais finalement ça s'est transformé en autre chose. Et c'est bien mieux comme ça 😌 J'ai volontairement joué sur l'imaginaire dans le dernier chapitre. Un(e) lecteur(rice) a même deviné ma première intention concernant l'histoire du rêve 👏🏻 Chapeau !

Donc dans ce petit mot de fin, je vous remercie à tous de m'avoir suivit, d'avoir pris du temps pour commenter (parce que lire vos avis, vos ressentis est toujours une chose agréable), et d'avoir voté quand ça vous plaisait !

Vivez pour vous ❤️

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