𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐞𝐭-𝐮𝐧
𝓤ne semaine. Une semaine que je ne l'avais pas revu. Après m'avoir laissé toute seule devant la grande roue, j'ai attendu. Qu'il m'envoie un message. Mais il ne l'a jamais fait. Je commençais peu à peu à perdre tout espoir. Moi qui pensait qu'on s'était rapproché. Apparement, je m'étais trompée ; encore une fois.
Les yeux rivés sur la porte d'entrée en bois, mon coeur battait la chamade. Voilà plus de cinq mois que je n'étais pas revenue ici. À Portland. Je ne savais pas si c'était une bonne idée. J'avais tellement peur de retrouver mes démons. Ceux que j'ai laissé enfouit dans les profondeurs de ma chambre.
La nuit commençait à tomber. J'étais devant cette porte depuis plusieurs minutes. Je n'arrivais pas à me décider à entrer. Alors, je partais m'assoir sur la balancelle située sur le perron. Elle avait bercé toute mon enfance à moi et à Tyron. Assise dessus, je me calmais. Un sentiment d'apaisement s'emparait alors de moi.
— Dylan ? Ma parole ! C'est vraiment toi ! s'émerveillait une silhouette qui venait à peine de garer sa voiture dans l'allée.
Je n'osais pas prononcer quoique ce soit. J'avais comme perdu ma voix, elle s'était envolée en arrivant ici. Pourtant, je devais faire bonne figure. Je le devais à mon père et à mon frère. Mentir, je ne savais faire que ça après tout.
L'ombre que j'avais aperçu malgré la nuit arrivait rapidement vers moi. Un poids se faisait ressentir sur la balancelle lorsqu'il s'installait à mes côtés. Est-ce qu'il m'avait manqué ? Je n'en savais rien. C'était quand même triste de ne plus se soucier des membres de sa famille. De ceux avec qui vous avez passé toute votre enfance. Ceux qui vous ont redonné le sourire quand vous étiez triste.
— La route s'est bien passée ? tentait-il d'engager une quelconque conversation.
— Oui, susurrais-je en regardant la légère fumée s'échapper de ma bouche.
Un silence stagnait entre nous. Cinq mois étaient passés. Et ils avaient réussit à bâtir un mur entre mon frère et moi. Comme quoi, le temps jouait un rôle important dans notre vie.
— Alors, Seattle, c'est comment ? insistait-il en faisant balancer un peu notre assise.
— Une grande ville pleine à craquer, des bâtiments aux quatre coins des rues et des gens pressés. Comme toute grande ville, je suppose, explicitais-je sans réelle envie de parler.
À vrai dire, je ne pouvais pas dire que je faisais des efforts pour rattraper le temps perdu. Tyron, posait une main gantée sur ma cuisse. Il savait que quelque chose clochait dans ma tête. Malgré tout, il était mon grand frère et il me connaissait plus que quiconque.
— Écoutes, Dylan, si tu ne voulais pas venir, tu n'avais qu'à le dire, articulait-il d'une voix brisée. Si tu préfères passer les fêtes seule dans un appartement, il fallait le préciser également.
Au fond de lui, il ne pensait pas ce qu'il disait. Je le savais. Car moi aussi, je le connaissais. Il tenait à ce que je viennes. Pour que l'on passe les fêtes de fin d'années tous ensembles, comme on le faisait tous les ans.
— Ce n'est pas ça, Ty...
Je laissais ma phrase en suspens. Je ne voulais pas en dire plus. Car si je continuais dans ma lancée, j'allais tout lui dire. Et je valais mieux que cela. Je sentais son regard se poser sur moi mais je ne le regardais pas. Je n'arriverai pas à lui mentir droit dans les yeux.
— Tu sais que tu peux tout me dire, et c'est encore valable, maintenant, déclarait-il en saisissant l'une de mes mains. Si tu as des problèmes, parles-moi.
J'avais de plus en plus de mal à avaler. Car oui, j'avais des problèmes. Le premier était que j'avais arrêté de peindre. Le deuxième était que j'étais devenue une alcoolique. Et le troisième était que ma vie ne rimait à rien. Rien du tout. Le néant. Enfin presque. Heureusement que j'avais Evy pour me maintenir à la surface dans mes mauvais jours.
Malgré ma résistance, mes yeux se tournaient dans sa direction. Je croisais alors son regard inquiet. Ma bouche s'entrouvrait. J'avais envie de lui répondre, je devais lui répondre. Je ne pouvais pas le laisser comme cela. Alors que je m'apprêtais à lui mentir les yeux dans les yeux, je changeais d'avis et je lui disais une vérité :
— Je ne peins plus, disais-je comme si je venais de lâcher une bombe.
— C'est pas si grave, si ça ne te plaisait plus, s'exclamait-il d'une voix se voulant rassurante.
— Tu ne comprends pas, j'étais partie à Seattle pour ça ; pour la peinture. Et au final, je me retrouve à être serveuse dans un bar.
Je posais ma main libre sur ma bouche. En voulant en dire le moins possible, j'étais en train de tout lui dire. Son regard me scrutait dans les moindres détails. Je me sentais mal ; très mal. Une boule s'était installée dans mon estomac et me faisait me tordre de douleur.
— Et alors ? Où est le problème ? Je ne vois pas en quoi avoir un emploi et payer son loyer est mauvais.
— Papa va me tuer, finissais-je par prononcer difficilement.
— Il n'a pas besoin de savoir, tu sais.
Une larme coulait le long de ma joue. J'avais la réponse à ma question, mon frère m'avait bel et bien manqué. En l'espace de quelques minutes, il avait réussit à me décharger d'un poids qui pesait depuis trop longtemps sur moi.
Avec son bras, il amenait ma tête sur son épaule. Je me laissais faire. Me sentir aussi proche de lui, me détendait. Peut-être plus que l'alcool arrivait à le faire. Tyron caressait mon visage en silence. Mes yeux admiraient la beauté du paysage devant moi. Des flocons de neige commençaient à tomber du ciel. Je ne pouvais pas rêver mieux pour mon retour à Portland.
— Allez, viens, on va rentrer sinon tu vas attraper froid.
Sur ces mots, Tyron se levait de la balancelle et m'emportait avec lui. Désormais, il ne me restait plus qu'à affronter les questions de mon père. Avant d'entrer dans la maison familiale, je me retournais une dernière fois pour regarder le spectacle se dressant dehors. Si seulement, je pouvais être comme un flocon de neige, je n'aurais pas tous ces problèmes.
Je me résoudais à entrer. Tyron refermait la porte derrière moi. Pendant qu'il retirait son manteaux, je restais statufiée sur place. Trop de souvenirs me revenaient en mémoire. Je n'aimais pas cela. Les photos sur les murs. Les griffes sur le papier peint. Les bibelots achetés dans les marchés aux puces de la ville.
— Une revenante ! s'esclaffait l'homme de la maison.
Sa voix était toujours aussi grave qu'avant. Sa posture en biais, n'avait pas changé non plus. Son gros ventre sur lequel j'adorais me poser quand on regardait la télévision, toujours là. Sa barbe de trois jours, là également. Ses cheveux poivres sels et son regard bleu, aussi.
Je ne bougeais toujours pas. Au contraire, c'était lui qui venait à moi. Mon père se jetait dans mes bras. Il me serrait si fort que j'ai même cru que j'allais manquer d'air. Pourtant, son étreinte ne faisait que réchauffer mon coeur froid depuis des mois. Il le faisait fondre comme de la glace.
— Tu ne vas quand même pas rester planté là ?! se moquait-il de moi. On dirait la statue devant le restaurant, tu t'en souviens encore au moins du restaurant de ta mère ?
— Oui papa, comment oublier, lui répondais-je.
Il m'embrassait le dessus du crâne. J'avais retrouvé mon père. Et il n'avait plus l'air de m'en vouloir d'être parti. Car avant mon départ, il ne me parlait quasiment plus. On était presque devenu des inconnus et c'était si pesant pour moi. Surtout que j'avais toujours été proche de lui.
— Je suis content que tu es pu venir, lâchait-il. La maison était calme sans toi ; trop calme.
— Il dit ça mais depuis que je ramène des copains, c'est limite plus bruyant que lorsque tu écoutais ta musique à fond, me confiait Tyron en faisant comme si notre père n'était pas juste à côté.
Je m'étonnais à émettre un son qui ressemblait à un éclat de rire. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas rit. Pour l'instant, revenir à Portland n'était pas aussi terrible que ce que j'avais imaginé. Mon père était passé à autre chose et mon frère, il était resté lui.
— Maintenant vas te changer, soeurette, parce qu'aujourd'hui, c'est soir de fête ! s'enthousiasmait Tyron en levant les bras au dessus de sa tête.
— Je comptais rester habillé comme ça, après tout, on est entre nous, disais-je en retirant mon manteau noir.
Je laissais alors dévoiler un pull en laine blanc rentré dans un jean taille haute, lui-même rentré dans de grande botte noire. Une tenue plutôt basique pour affronter le froid de l'hiver. Tyron m'attrapait par le bras et m'emmenait jusqu'à ma chambre ; mon ancienne chambre.
En entrant, il allumait la lumière et je me rendais compte que rien n'avait changé. Tout était comme je l'avais laissé. Je n'avais même pas le temps de la regarder que mon frère me faisait tomber sur mon lit. Il pouffait de rire en s'allongeant à mes côtés.
— Ce soir, un pote à moi vient passer la soirée avec nous, j'espère que ça ne te dérange pas, son père est mort il y a quelque temps et sa mère a disparu des radars, m'expliquait-il.
Je ne répondais rien. J'hochais simplement la tête. Tyron n'avait pas vraiment d'amis avant. Mais j'étais contente pour lui, qu'il s'en soit fait un. Il méritait d'être heureux et de trouver des personnes qui le font vibrer.
Après avoir discuté durant un moment, Tyron finissait par quitter ma chambre en prenant soin de refermer la porte derrière lui. Il allait falloir que je me change. Je n'avais apporté aucune affaire car j'avais laissé de nombreux vêtements dans mes armoires en partant pour Seattle.
Je me levais de mon lit pour aller ouvrir l'une d'entre elles. Mes yeux tombaient sur différentes robes que j'avais toutes portés pour une occasion spéciale. Mais lorsque je tombais sur LA robe, je me figeais. Je n'osais même pas poser un doigt dessus. J'aurais du la jeter. Oui, j'aurais du m'en débarrasser. Elle n'avait rien à faire parmi les autres.
La robe en question était argentée, courte et très moulante. Une robe que j'avais mise dans une soirée et que j'avais été forcé de retirer. Je posais une main sur mon coeur. J'essayais de respirer le plus calmement possible. Mais c'était impossible. Je m'en voulais tellement de ne pas l'avoir mise à la poubelle. Je me remémorais de trop mauvais souvenirs.
D'un coup franc, je la faisais tomber de mon armoire. J'osais à peine la toucher ; seulement du bout des doigts. C'était comme si elle était contaminée. En réalité, c'était bien le cas. Je la jetais dans la poubelle sans la moindre hésitation. Il était hors de question que je me remémore ces horribles souvenirs. Pas ce soir.
J'essayais tant bien que mal de reprendre mon calme. Mes mains se posaient alors sur une robe aussi blanche que la neige. Je l'avais mise pour le mariage de notre voisine, l'an dernier. Elle serait absolument parfaite pour ce soir. Malgré sa simplicité, sa couleur faisait tout. Le blanc ; la couleur que Gian détestait.
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NOTE
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Je suis encore en retard oupsss, j'espère que vous me pardonnerez !
Alors ce chapitre ? Vous pensez quoi de la famille de Dylan ?
J'ai pas grand chose à dire car il ne se passe pas grand chose par contre preparez-vous mentalement pour le prochain chapitre !
N'hésitez pas à commenter et à voter pour que la suite arrive plus vite ❤️
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