𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐝𝐞𝐮𝐱
𝓥êtue de ma robe blanche moulante avec un léger décolleté, je descendais les escaliers marche par marche. Quelle idée de porter des escarpins. Je voulais simplement leur prouver que j'allais bien. Que j'étais épanouit à Seattle. Or, ce n'était pas tout à fait vrai. En réalité, j'étais complètement perdue. Et mes relations avec les autres pouvaient en témoigner.
Lorsque je descendais l'ultime marche, je lâchais un soupire presque inaudible. Une odeur de poulet grillé me montait aux narines. Mon père avait toujours été le meilleur cuisinier de la famille ; complètement le contraire de moi. Heureusement, Tyron était là pour compenser.
Deux coups retentissaient à la porte d'entrée.
Un frisson me parcourait le corps. J'avais simplement était surprise par ses trois coups portés contre la porte d'entrée en face de moi. Je la regardais. Ce n'était pas à moi de l'ouvrir, c'était l'ami de mon frère.
— Tu peux ouvrir, soeurette ? J'ai les mains occupées avec le poulet, hurlait Tyron à travers la maison.
Je levais les yeux au ciel. Je ne répondais pas à mon frère et je m'approchais de la porte à petit pas. Je détestais déjà ses escarpins. C'était la première et la dernière fois que je les portais. Je remettais ma robe en place avant de poser les doigts autour de la poignet. J'appuyais dessus puis l'ouvrais.
Je regrettais déjà d'avoir ouvert la porte. Ma vue devenait trouble. Est-ce que j'étais en plein délire ? Ou est-ce que c'était la réalité ? Non, je ne pouvais pas y croire. Je refusais d'y croire. Il ne pouvait pas se tenir là, droit comme i et surtout pas chez moi. Ni devant moi. Ni sous mes yeux.
Mon coeur s'effritait et mes cicatrices saignaient. Elles menaçaient même de m'anéantir. Ma gorge était devenue sèche, impossible pour moi de bouger ou dire quelque chose. J'étais pétrifiée sur place. Ses yeux posaient sur moi ; me dégoûtaient. J'avais envie de vomir. Il n'avait plus le droit de poser ses iris de démons sur moi.
— Comme on se retrouve, lâchait-il avec un sourire narquois plaqué sur son visage.
J'arrivais à peine à discerner les traits composant son visage que j'aurais préféré ne plus jamais revoir. Pourtant, il était là et il n'y avait plus de retour en arrière. J'étais prise dans un tourbillon qui n'attendait qu'une chose ; m'entrainer dans sa chute.
— ...
J'avais beau essayer de parler, aucun son ne sortait. J'aurais voulu lui dire de partir ; loin de chez moi. Mais je ne pouvais pas. Ma voix s'était envolée aussi vite qu'une hirondelle ayant pris peur en voyant sa proie. Car j'étais SA proie ; et cela depuis toujours.
— T'attends quoi pour le faire entrer !? s'exclamait Tyron dans mon dos.
— Je crois que ta soeur est en fascination devant moi, ricanait-il en entrant lorsque je me reculais le plus loin possible.
En aucun cas, je ne serai en fascination devant un être aussi écoeurant. Peut-être qu'il y avait quelques mois, je l'étais mais c'était la pire des erreurs. Je n'aurais jamais du faire leur rencontre ; jamais. Ils m'ont utilisé comme leur objet, comme une personne sans âme, comme si je n'avais aucune réelle importance.
Je n'arriverais pas à faire face à mon passé. La dureté de la tâche me paraissait insurmontable. Pourtant, je devais faire comme si je n'avais jamais croisé son chemin car personne n'était au courant. À part lui ; et moi.
— T'es con, mec, rigolait mon frère en tapant dans son dos. Alors Dylan, je te présente Alec et toi, mec, je te présente Dylan, ma petite soeur.
Une toux me prenait la gorge. Je m'étais étranglée en entendant son prénom. En un instant, je venais de replonger dans mes anciens démons. J'essayais de reprendre mon calme. Tous les regards étaient rivés sur moi. Même mon père avait rejoint le hall d'entrée ; un tablier de cuisine lié autour de la taille.
Je passais une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je n'étais pas à l'aise. C'était la pire chose qui pouvait m'arriver. Un violeur chez moi ; dans ma maison.
— Qu'est-ce que je te disais, elle est sous mon charme, renchérissait-il en me lançant un regard en biais.
Un rire contagieux se propageait dans l'assemblée. Je me forçais à adresser un sourire, bien évidement faux, à mon frère. Je ne voulais pas gâcher le réveillon de Noël. J'allais devoir prendre sur moi et lui montrer ; à lui ; que j'étais passée au dessus. Et que j'en étais sortie plus forte que jamais ; même si ce n'était qu'illusion.
Tyron attrapait mon point faible par le dos et l'emmenait dans le séjour. Face à mon père, j'affichais un immense sourire. Jamais je n'aurais pensé souffrir autant en souriant. Je retenais mes larmes plus que jamais. Elles étaient bien là ; au bord de mes yeux.
— Tu es resplendissante ce soir, mon hirondelle, déclarait mon père avec émotion.
— Papa..., tentais-je.
— Non, il n'y a pas de papa qui tienne. Tu es devenue une femme ; et une vraie. Telle une hirondelle, tu as pris ton envol, je suis si fier de toi. Et ta mère, où qu'elle soit, l'est aussi, j'en ai l'intime conviction.
Cette fois, je ne parvenais pas à les retenir. Les larmes affluaient le long de mes joues maquillées pour la soirée. Entendre mon père dire que j'étais une hirondelle ; me touchait en plein coeur. À vrai dire, il avait un peu tord, j'étais prête à prendre mon envol mais on m'en empêchait.
— Maintenant, tu vas sécher ces larmes de crocodile, souriait-il en posant une main sur mon épaule. Je ne t'en veux pas d'être partie, tu as le droit de gouter au bonheur comme celui que j'ai vécu avec ta mère et notre petite famille.
— Je t'-
— Je sais, et moi aussi, chuchotait-il en m'emmenant dans la pièce principale de la maison.
Décidément, mon corps était mis à rude épreuve en ce jour de fête. Et ce n'était que le début. Le début de ma décente aux enfers. Dans le salon, Tyron et celui dont j'aimerai oublier le nom, étaient en train de remplir des coupes de champagne. Il allait m'en falloir plus d'une pour oublier sa présence. Il m'en faudrait des milliers ; voir un univers tout entier.
— Alors comme ça tu vis à Seattle ?
Alors que je venais de m'assoir le plus loin possible de lui, il se décalait pour se retrouver en face de moi. Je n'avais vraiment aucune envie de répondre à sa question, je voulais simplement qu'il m'ignore comme j'essaye désespérément de le faire. Malheureusement, je devais répondre auquel cas, on trouverait cela étrange.
— Oui, depuis cinq mois, prononçais-je sans aucun entrain.
Je regardais mon frère remplir ma coupe de champagne. Ni une ni deux, je la saisissais. J'en buvais deux gorgées d'affilées. Malgré cela, ma gorge restait aussi sèche et mon corps aussi tremblant.
— Tu bois toujours aussi vite ? me questionnait-il sur un ton moqueur.
Alors que depuis le début de la soirée, j'avais fuis son regard, je levais mes iris noisettes vers lui. Et je lui lançais le regard le plus noir que possible. Je venais de lui montrer que je n'avais pas peur de lui ; que je n'avais plus peur. Même si je me mentais à moi-même. J'essayais d'y croire.
Je buvais trois gorgées.
— Est-ce que je vous ai déjà raconté la fois où Ty a dragué une fille dans un magasin et qu'en réalité c'était un mec ! riait aux éclats Alec.
Son anecdote lui valut un coup de coude dans les côtes de la part de mon frère. Je détestais comment il rabaissait les autres pour se sentir supérieur ; au dessus de tout le monde. Et ce que je ne comprenais pas, c'était comment Tyron était devenu ami avec une personne comme lui.
Moi qui pensait qu'en revenant ici, je pourrais peut-être arrêter l'alcool ; je m'étais fourrée le doigt dans l'oeil et pas qu'un peu. De nouveau, je buvais quelques gorgées. J'avais besoin de ma dose habituelle pour surmonter cette âme démoniaque sorti tout droit de l'enfer.
— Mon fils un dragueur ! Quelle bonne blague ! se moquait mon père en attrapant sa coupe de champagne.
Les minutes s'écoulaient et durant tout ce temps, je fuyais son regard, ses remarques et tout ce qui pouvait provenir de lui. Je devais être à ma troisième coupe de champagne. Ma tête commençait petit à petit à tourner ; enfin. J'espérais pouvoir boire assez ce soir pour ne plus me souvenir de cette soirée ; jamais.
Alors que mon père partait servir les assiettes pour le repas, je me levais afin de l'aider. Je voulais absolument m'éloigner de lui. Rien que respirer le même air, me donnait la nausée. J'avais besoin d'espace car je me sentais compressée de l'intérieur. Mais alors que je m'apprêtais à me diriger vers la cuisine, Tyron me barrait le passage en me renversant sa coupe sur ma robe :
— Ty ! m'exclamais-je hors de moi.
— Merde..., je voulais simplement t'empêcher de t'occuper du repas car tu es une invité !
— Ouais bah résultat, je peux aller nettoyer ma robe, râlais-je en tournant les talons.
Derrière moi, j'entendais mon frère s'excuser tandis que je me dirigeais vers la salle de bain. Absolument rien n'allait ce soir. Tout me dépassait et était complètement hors de contrôle. Alors que j'entrais dans la salle de bain et que j'allais refermer la porte, on m'en empêchait.
Je faisais volte-face. Ses iris noires apparaissaient devant moi. Étais-je dans un cauchemar ? Allais-je me réveiller d'une minute à l'autre ? J'avais beau me pincer autant que je pouvais le bras, tout était réel. Mon souffle se faisait de plus en plus rare et mon corps tout entier tremblait sous son regard.
— Il faut qu'on parle, annonçait-il de but en blanc.
Sa voix m'irritait les tympans. Tout ce que je désirais, c'était sortir d'ici et au plus vite. Mais j'étais prise au piège avec lui et il n'y avait aucune issue possible. Mon coeur battait la chamade ; j'avais peur qu'il ne s'échappe de ma poitrine. Je pensais avoir tourné la page sur cette histoire et pourtant, je m'étais trompée.
Mon corps se souvenait des moindres caresses. Ma peau se souvenait de leurs mains s'agrippant à mes poignets. Tout me revenait en mémoire telle une gifle. Je voulais oublier ; il le fallait. Je ne pouvais pas rester bloqué dans cette partie sombre de ma vie.
— Écoute Dylan, je suis vraiment très ami avec ton frère alors j'espère que tu ne comptes pas faire une de tes crises de jalousie, lâchait-il le plus sérieusement possible.
C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.
— C'est une blague ? Moi, jalouse ? Jalouse de quoi au juste ? D'une merde comme toi, laissez-moi rire, parvenais-je à articuler.
Les mots sortaient tous seuls de ma bouche. Je pouvais dire merci au champagne ; sans quoi, je n'aurais jamais osé lui tenir tête. Lorsque nos yeux se croisaient, je sentais un courant électrique. On se défiait. Celui qui gagnera la préférence de mon frère. Mais en aucun cas, c'était un concours. Si je racontais à Tyron ce que son soit-disant ami m'a fait, il le jetterai dehors en moins de deux secondes.
— Tu veux jouer à ça, dois-je te rappeler qui est la salope entre nous deux ? ricanait-il avec cet air supérieur.
Le silence s'installait. La pièce était plongée dans une ambiance sombre qui ne me rassurait absolument pas. Je voulais partir ; m'enfuir ; retourner à Seattle. Là-bas, personne ne veut mon malheur.
— Comme tu n'as pas l'air de vouloir répondre, la salope, c'est toi, ma jolie.
En à peine quelques instants, son visage se retrouvait proche du mien. Plus je reculais, plus il avançait. Lorsque mon dos se plaquait contre le mur, je me figeais. J'avais beau faire tout ce que je pouvais pour passer au dessus de mon passé ; il me rattrapera toujours.
— Avoues, tu as aimé ça, baiser avec moi ? Fais pas ta sainte ni touche.
Je retenais ma respiration. Je pouvais sentir son souffle dans mon cou. La peur m'envahissait toute entière.
— Tu te souviens quand je faisais ça ?
Il posait sa main autour de mon cou. Les larmes coulaient le long de mes joues. Les images de ce fameux soir me revenaient comme des flashs. Je m'efforçais de les balayer de mon esprit. Je voulais qu'ils disparaissent à tout jamais comme s'ils n'avaient jamais existé.
Petit à petit, il resserrait l'emprise qu'il avait sur moi. Je n'osais pas lever les yeux vers les siens car je savais que cela l'excitait. Il aimait se sentir au-dessus des autres, il aimait faire ce qu'il voulait, il aimait s'approprier ce qu'il désirait. Il y a quelques mois ; j'avais été la chose qu'il avait le plus désiré. Il ne supportait pas être le seul à ne pas avoir couché avec moi alors il l'a fait. Ils m'ont volé ma liberté. Je donnerai tout pour la récupérer.
— Peut-être un peu plus fort, suggérait-il en mettant ses deux mains cette fois.
J'avais de plus en plus de mal à respirer. Sentir ses doigts sur ma peau, m'arracher le coeur. Je ne désirais plus qu'une seule chose ; mourir. Sombrer dans mes pensées les plus sombres. Couler jusqu'à ne plus pouvoir remonter à la surface. Disparaître.
— Tu faisais la maline, mais en réalité, t'as pas changé, tu seras et tu resteras une salope !
Sur ces derniers mots, il retirait ses mains de mon cou et sortait de la salle de bain. Je me retrouvais seule ; complètement seule. Je portais mes mains à mon cou. Une douleur intense me saisissait. J'avançais vers le miroir afin de voir l'étendue des dégâts.
Ils n'étaient pas des moindres. J'avais la trace de ses doigts encrés sur ma peau claire. Des marques rouges presque violettes. Je posais mes mains sur le rebord du lavabo et je soufflais. Apparement, je n'avais pas assez souffert. Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ?
Je me regardais dans le miroir. Mon mascara avait coulé. Mes cheveux étaient dans tous les sens. Mes larmes continuaient de couler. Et j'avais ces marques indélébiles de nouveau peintes sur ma peau.
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NOTE
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Heyyy ^^ ça va vous ? Oui vous ne rêvez pas, j'ai décidé de poster en plein milieu de la semaine pour me faire pardonner de toutes les fois où je poste en retard oupsss. En plus c'est l'un des plus longs chapitres de l'histoire pour le moment ! J'espère que ça vous fait plaisir !
Et oui, un chapitre vraiment très spécial. J'espère que vous ne m'en voulez pas trop 🙈 Même si il est assez violent, j'ai beaucoup aimé l'écrire.
Dylan va-t-elle réussir à taire ses démons ? Va-t-elle se relever après ça ? Va-t-elle trouver un éclair de lumière pour la réanimer ?
J'ai vraiment envie d'avoir vos avis sur ce chapitre, c'est vraiment celui qui va déclencher toute la suite ! Alors n'hésitez pas à me dire si vous le trouvez trop violent, si vous aimez comment les sentiments de notre Dylan sont écrits ou pas !
N'hésitez pas à commenter et à voter pour faire revenir Gian ❤️
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