𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐜𝐢𝐧𝐪
— 𝓒omment ça ? m'exclamais-je en me redressant dans mon lit.
— Elle a trop bu, elle ne veut pas parler à Evy, m'informait mon meilleur ami à l'autre bout du fils.
Je poussais les draps qui me recouvraient au bout de mon lit. Lorsque j'ai vu mon portable sonner, je me suis réveillé en sursaut. Il était trois heures du matin et Swann ne m'appelait jamais à une heure aussi tardive mise à part si c'était une urgence.
Je pouvais discerner dans sa voix, que s'en était belle et bien une. L'urgence avait un prénom : Dylan. D'après ce que j'avais comprit, ils étaient tous au bar et elle était dans un mauvais état. Moi qui pensait qu'elle ne voulait plus entendre parler de moi. Apparement, j'étais la seule et unique personne à qui elle voulait parler.
L'incompréhension avait prit part de mon corps. Mais je ne réfléchissais pas une seconde de plus. Je sautais sur mes deux jambes, hors de mon lit. Mon téléphone calé entre mon oreille et mon épaule, j'attrapais un jean qui trainait dans ma chambre afin de l'enfiler.
— Tu peux être là dans combien de temps ? m'interrogeait-il.
— Dans dix minutes, à tout de suite ! lâchais-je en raccrochant d'une main.
J'enfonçais mon portable dans la poche arrière de mon jean. Je mettais un sweat qui lui aussi, se trouvait au milieu de ma chambre. Je ne perdais pas une seule seconde et je me mettais en route vers la porte de sortie.
Je ne pouvais pas arrêter de l'imaginer dans un état pire que la dernière fois lorsqu'elle était venue jusqu'ici. L'alcool finira par l'emmener dans sa chute. Et rien que d'y penser, j'en avais des frissons. Je détestais le pouvoir que cette boisson avait sur elle. Mais je ne pouvais pas l'empêcher de plonger dans une telle ivresse. C'était à elle de se rendre compte de la situation. Pas à moi. Tout ce que je pouvais faire, c'était l'aider.
J'attrapais les clés de ma voiture. J'irai beaucoup plus vite en conduisant qu'en marchant. Est-ce que c'était une bonne idée ? Je ne savais pas. Mais elle avait besoin de moi, même si elle m'avait dit le contraire tout à l'heure. Au fond d'elle, elle savait que j'avais le pouvoir de la faire oublier ; plus que les effets de l'alcool.
— Tu vas où comme ça ?
Sa voix était basse et presqu'inaudible. Je me retournais pris de court. Devant moi, Hazel avait les bras croisés en-dessous d'un énorme plaid qui recouvrait ses épaules. Sa chevelure noire corbeaux, était relevée en un chignon au-dessus de sa tête. J'avais du mal à voir l'expression qui était collée sur son visage.
— Gian ? insistait-elle. Ne me dis pas que tu vas encore m'ignorer longtemps ?!
Son agacement était tout à fait légitime. Une semaine qu'elle était à Seattle et une semaine que je l'avais ignoré. J'allais mourir mais ce n'était pas vraiment une raison pour repousser ma propre famille ; enfin la famille qu'il me reste. Je serrais mes clés de voiture aussi fort que possible dans la paume de ma main et j'inspirais une grande bouffée d'air :
— Une amie à moi, a un problème, je reviendrai vite, lui promettais-je.
Elle soupirait.
— Et tu vas y aller en voiture ? Abby m'a dit que tu ne conduisais plus, relevait-elle.
En plein coeur. Je ne conduisais que pour de rare occasion. Car le simple fait d'appuyer sur la pédale d'accélération me pétrifiait. Pourtant, j'étais prêt à le faire ; pour elle. J'étais prêt à surmonter cette douleur pour elle. Tout ça, je ne le faisais que pour elle. Et elle, seule.
— Ça va, Hazel, articulais-je comme pour la rassurer. Je suis suffisamment grand pour prendre mes propres décisions.
Pour une fois, je voulais juste qu'on me laisse faire. Qu'on arrête de m'interdire de faire des choses sous le prétexte que cela n'allait m'apporter que du mal. Les médecins m'ont interdit de fumer ; et pourtant, je fumes toujours.
— Je sais..., je sais..., répétait-elle dans un souffle. Juste fais attention à toi, d'accord ?
Étonné, j'arquais un sourcil. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle me dise ça. Mais cela me redonnait du baume au coeur. Elle n'essayait pas de contrôler mes moindres faits et gestes. Elle me montrait juste son soutient.
— Promis.
— Allez, maintenant file aider ton amie ! me poussait-elle hors de l'appartement.
J'esquissais un sourire et elle me le rendait. Je marchais jusqu'à atteindre ma voiture noire. Sa carrosserie était flamboyante, aucunes traces. En même temps, elle ne sortait jamais de ce maudit parking. J'inspirais profondément lorsque je m'installais devant le volant.
— Allez tu peux le faire, me parlais-je à moi-même comme pour m'encourager.
En vérité, j'en avais besoin de ce courage pour mettre le contact. Je chassais le plus possible les souvenirs qui venaient s'immiscer dans ma tête comme des flashs incurables. Pour m'aider, j'imaginais le visage de Dylan. Elle, elle était vivante. Pas eux. Je devais absolument me concentrer sur elle.
Le seul fait de l'imaginer une bouteille à la main, me mettait en rogne. Grâce à cela, je poussais sur la première vitesse et j'appuyais sur l'accélérateur. Je sortais rapidement du parking. Dehors, il faisait noir, la nuit avait prit possession de la ville à une vitesse effrénée.
Malgré la torpeur de la nuit, je n'hésitais pas à accélérer le plus possible. Quitte à braver les réglementations de vitesse. Si cela pouvait me permettre d'arriver le plus vite possible. Les paroles d'Hazel restaient gravées dans mes pensées. On avait réussit à dépasser la barrière qui s'était mise entre nous.
Après quelques minutes de conduite à travers les rues de Seattle, je me garais devant le bar. Des milliers de questions affluaient dans mon esprit. Je me demandais comment serait la fille qui rythme mon coeur depuis quelque temps. Est-ce que j'allais avoir peur de ce que je m'apprêtais à voir ?
Je descendais de ma voiture. Le vent glacial me prenait par les tripes. La pluie venait se mêler pour former une tempête autour de moi. J'accélérais le pas jusqu'à pousser la porte coulissantes du bar. À l'intérieur, les habituels néons rouges étaient éteints. Seule une petite lumière au fond de la salle illuminait l'ensemble du bar. Je passais une main dans mes cheveux afin de les remettre en place.
Mon coeur battait à mille à l'heure. Il n'avait jamais battu aussi vite. Et elle en était la cause.
— Il y a quelqu'un ? m'exclamais-je avec interrogation dans la voix.
— On est derrière le bar.
J'avais reconnu la voix d'Evy. Sans attendre une seconde de plus, j'avançais pour me retrouver derrière le comptoir. La scène qui me tombait sous le nez, me torturait. Elle était là, assise contre un mur, les jambes repliées contre sa poitrine et les bras autour de celles-ci. Son mascara avait laissé des traces noires autour de ses jolies iris noisettes.
Elle avait pleuré, c'était indéniable. N'importe qui d'assez intelligent, l'aurait su. Son regard restait figé sur le sol carrelé. Elle portait toujours la tenue de tout à l'heure, elle n'avait donc pas quitté le bar depuis la fin de son service. Evy se relevait alors qu'elle était assise juste à côté d'elle.
Cette dernière venait à ma rencontre. Son visage se rapprochait du mien et ses yeux chocolats me fixaient dangereusement. Elle voulait à tout prix protéger son amie et je la comprenais.
— T'as pas intérêt à jouer à l'abruti, chuchotait-elle d'un ton sec.
Je déglutissais comme pour digérer les paroles qu'elle venait de me lancer. Jamais je n'oserai faire souffrir Dylan, je tenais trop à elle pour ça. Evy s'éloignait de moi et disparaissait de mon champ de vision. Swann la suivait pour faire de même. Mais avant de disparaitre complètement, il me lançait un regard désolé.
Je me retrouvais donc seul avec elle. On n'était plus que tous les deux. Tout reposait alors sur mes épaules. Je devais absolument comprendre ce qui n'allait pas. Et surtout pour quelle raison, elle s'était mise dans un état pareil. Est-ce que cela aurait un lien avec les marques dans son cou ?
À petits pas, je m'approchais d'elle. Je ne voulais pas la brusquer. Je ne voulais pas qu'elle se braque comme un peu plus tôt dans la soirée.
Je m'asseyais sur le sol à côté d'elle. J'imitais la position dans laquelle elle se trouvait, tout comme Evy l'avait fait. Dylan ne bougeait pas d'un seul millimètre. J'avais l'impression d'avoir à côté de moi, une personne inconnue. Cela ne pouvait pas être elle. Je ne la reconnaissais pas.
— Un jour quelqu'un m'a dit : le bonheur est bien caché, il faut le vouloir pour l'atteindre ; ceux qui disent être malheureux sont juste des personnes qui n'y croient pas.
Toujours aucune réaction.
— Quand on y réfléchis bien, il a raison. Regardes, moi par exemple, si je le voulais, je pourrais être heureux, qu'est-ce qu'il m'en empêche ?
Rien.
— Pourtant, les moments où je me sens bien, sont rares. J'ai pris l'habitude d'être malheureux que je ne sais même plus comment faire pour trouver le bonheur que j'ai perdu.
Tout ce que j'étais en train de lui dire, je le pensais réellement. Je n'avais jamais était autant sérieux. Les pensées que je lui partageais, s'étaient enfouit dans mon inconscient depuis trop longtemps. Beaucoup trop.
— Qui t'as dit ça ?
Mon sang ne faisait qu'un tour dans mes veines. Est-ce qu'elle venait réellement de parler ? Ou est-ce que mon esprit me jouait des tours ? Non, je ne rêvais pas, elle avait bien dit ces quelques mots. Même s'il n'y avait que ses lèvres qui avaient bougé, c'était déjà un grand accomplissement.
— Mon père..., murmurais-je en me souvenant du jour où il m'avait dit ça.
Ce jour-là, je devais avoir à peine quinze ans. Je venais de me faire humilier devant une fille qui me plaisait. Une fille qui avait cinq ans de plus que moi. J'étais rentré chez moi sur les nerfs. J'avais monté les escaliers quatre à quatre en claquant des pieds pour montrer mon énervement. Puis, une fois dans ma chambre, j'avais attrapé ce qu'il me passait par la main ; un cadre photo. Je l'avais lancé aussi fort que possible contre mon mur. Il s'était alors brisé en morceaux. Mon père était entré en panique dans ma chambre. On avait discuté et il avait finis par me donner ce conseil que jamais je n'oublierai.
— Il est comment ton père ?
Un pincement venait s'incruster dans les profondeurs de mon coeur. Je n'avais pas parlé de lui depuis plus d'un an, même pas avec Abby. Je ne savais pas si j'étais vraiment prêt à me livrer. Je tournais la tête vers elle, ses mains s'étaient légèrement détachées de ses jambes.
— Il était intelligent, protecteur et il savait ce qui était important. Il ne faisait pas attention aux petits tracas de la vie, me livrais-je le coeur plus lourd que jamais.
— Tu devais beaucoup tenir à lui, murmurait-elle d'une petite voix.
Parler de mon père avec elle, m'avait délivré en quelque sorte. Un mal pour un bien ; je l'espère. Alors que je regardais dans le vide, je sentais sa tête se poser sur mon épaule. Mon coeur hurlait dans ma cage thoracique. Tellement fort que je me demandais si elle ne l'entendait pas.
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NOTE
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Je vous retrouve pour la suite de cette soirée qui est loin d'être terminé ! C'est vraiment mes chapitres préférés que vous vous apprêtez à lire alors j'espère sincèrement qu'ils vous plairont !
Vous pensez quoi de la réaction de Gian face à la situation ? Il a bien réagit selon vous ?
Et Dylan ? Vous pensez qu'elle va réussir à se confier ou qu'elle va se renfermer ?
N'hésitez pas à commenter et à voter pour découvrir la suite tres vite ❤️
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