𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞-𝐬𝐞𝐩𝐭
𝓛'amour est complexe. Il n'a rien de simple. Ma mère m'avait toujours dit l'inverse. Elle me disait que lorsque je tomberai amoureux, je le saurais comme un pressentiment. Peut-être qu'elle avait raison après tout. Je ne savais pas vraiment ce que je ressentais pour cette fille.
Mais ce dont j'étais certain, c'était que je la ressentais en moi. Elle coulait dans mes veines. Je pensais les mots que je lui avais dit. Peut-être que ça allait vite entre nous. Mais je n'avais plus de temps à perdre. Le temps me rattrapait à mesure qu'il passait. Il courrait beaucoup trop vite ; surtout lorsque je me retrouvais en sa présence.
— Tu penses vraiment ce que tu dis ? m'interrogeait-elle.
Est-ce qu'elle remettait en doute mes sentiments pour elle ? C'était l'impression que j'avais. Pourtant, je ne lui en voulais pas. Elle avait tellement souffert par le passé que je comprenais totalement sa réaction. Elle avait besoin d'être rassuré. Elle avait besoin de preuve. Et j'étais prêt à lui en faire toute une liste s'il le fallait.
— Tu sais que je ne te ferai jamais de mal ?
Mes mains tenaient son visage en face du mien. Notre proximité me permettait de voir ses émotions se profiler sur son visage. Ses joues étaient imbibées de larmes que je percevais malgré la pluie. De mon pouce, j'essuyais le dessous de ses yeux. Elle n'osait pas croiser mon regard.
— Je le sais, finissait-elle par chuchoter.
Je la prenais dans mes bras. Je la serrais tellement fort que ma respiration se saccageait. Mais je n'en avais rien à faire. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle soit heureuse. Pourtant, je n'avais pas été tout à fait honnête avec elle. Peut-être que je ne lui ferai jamais de mal mais dans peu de temps, je la laisserai tomber.
La mort me tournait au-dessus de la tête. Elle attendait seulement le bon moment pour m'emporter avec elle dans le ciel. Cela ne m'effrayait pas, ce qui me faisait peur ; c'était de dire la vérité à Dylan. Et si elle le prenait mal ? Et si elle ne voulait plus de moi après ça ?
Des milliers de questions me torturaient l'esprit. Une part de moi voulait être honnête avec la fille qui faisait battre mon cœur. Mais d'un autre côté, je ne voulais pas la perdre ; pas maintenant. J'avais besoin d'elle plus que jamais. Elle était la seule à me rendre heureux. Elle était la seule à me faire sourire même quand je n'en avais pas envie. Elle était la seule pour qui je voudrais vivre.
— Je ne t'ai pas tout dit à propos de l'accident...
Instantanément, elle se reculait de moi. Comme si j'avais dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Sur son visage, je pouvais discerner de l'incompréhension. Elle n'attendait qu'une seule chose ; que je lui parles. Que je dévoiles mon plus lourd secret. Celui qui pèse sur mes épaules depuis trop longtemps.
Les médecins me l'avaient dit. Je n'avais plus aucune chance de m'en sortir. S'en était terminé pour moi. La mort était le seul échappatoire à tout cela. Je ne cessais de la regarder. Elle était tellement belle. Je ne la méritais. J'allais la faire souffrir. Je n'avais pas le droit de la détruire plus qu'elle ne l'ai déjà.
Est-ce que je suis un monstre ? Surement. Jamais je n'aurais pensé qu'elle deviendrai aussi importante pour moi. J'aurai du prendre en compte cette éventualité. Cela m'aurai évité de me retrouver dans une telle situation.
— Je n'ai pas été honnête avec toi, ce que je m'apprête à te dire va surement changer tout entre nous, commençais-je avec hésitation.
Désormais c'était trop tard. Je n'avais plus qu'à lâcher la bombe. J'avais enclenché le minuteur. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle ne me déteste. Mon rythme cardiaque battait à tout rompre. Je ne pouvais pas mourir avant qu'elle ne sache tout.
— Je ne comprends rien, Gian, prononçait-elle de plus en plus perdue.
— Le jour de l'accident, c'était moi au volant, je marquais une pause pour reprendre mon souffle. Je les ai tué, Dylan. Je suis le seul responsable de leur mort. Tu te rends compte ? Tu as en face de toi un tueur.
Mes larmes coulaient en abondance sur mon visage. Elles se mélangeaient à la pluie qui ne cessait de s'accélérer. Ma cage thoracique se soulevait de plus en plus vite. Comme si d'une minute à l'autre, mon cœur allait lâcher.
Peut-être qu'il devrait après tout. Au moins, mon supplice serait fini. Mon corps se mettait à trembler. Le vent n'arrangeait pas mon état.
— Arrêtes de dire n'importe quoi, tentait-elle de s'approcher de moi mais je la repoussais.
— Ils sont morts parce que j'ai fait une crise cardiaque au volant et que j'ai perdu le contrôle de cette putain de voiture ! hurlais-je à pleins poumons comme pour me libérer de mes souffrances.
Je n'osais même plus la regarder dans les yeux. J'avais beaucoup trop honte pour cela. Elle devait me prendre pour un fou désormais. Après tout, elle n'aurait pas tord de s'enfuir maintenant ; tant qu'il est encore temps.
— Ne cris pas, s'il te plaît, murmurait-elle en essayant d'attraper mes bras.
Encore une fois, je la repoussais. Je me sentais tellement mal. J'apportais mes mains sur ma tête et je fermais les yeux. Il fallait que j'ailles jusqu'au bout. Je lui devais la vérité. Même si elle n'était pas prête à l'entendre. Elle devait savoir dans quoi elle était en train de s'engager avec moi.
— Je vais mourir, annonçais-je la boule au ventre.
Mes iris croisaient les siennes. Elle était figée. Elle ne comprenait pas ce que je venais de dire. Je voyais bien dans ses yeux qu'elle ne trouvait pas le sens de tout cela. Mais est-ce que je me sentais capable de tout lui raconter ? Est-ce que j'en avais la force ? Ou est-ce que j'étais faible ? Peut-être que c'était le cas après tout.
— Il ne me reste que très peu de temps à vivre..., articulais-je avec douleur. C'est mon cœur, Dylan, il est malade.
Soudain, elle me tournait le dos. Je ne détachais pas mon regard d'elle. Elle donnait quelques coups de pied dans les bombes de peinture restées sur le sol depuis tout à l'heure. La rage qui l'habitait, je ne l'avais jamais vu.
Je n'arrivais pas à déterminer ce que je ressentais. Est-ce que c'était de la colère ? De la tristesse ? Je ne savais pas. Je me sentais chamboulé par tout ; par elle. Plus je la regardais s'acharner sur ces bombes de peinture, plus je voyais qu'elle n'allait pas bien du tout. Moi non plus, je n'allais pas bien.
J'avançais vers elle puis je tentais de poser une main sur son avant-bras. Elle me repoussait violemment. Sa colère était justifiée ; tout était de ma faute. Je me sentais de plus en plus mal. Je ne voulais pas qu'elle souffre à nouveau. Elle ne méritait pas cela. Non, ce qu'elle méritait, c'était de trouver quelqu'un qui sera à la hauteur.
Je n'étais pas cette personne. Et je ne la serai jamais. C'était trop tard.
— Tu comptais attendre de mourir pour me le dire !!! me criait-elle dessus.
— Calmes-toi, je t'en supplie.
— Ne me dis pas de me calmer ! Qu'est-ce que j'ai pu être conne de penser qu'on était fait l'un pour l'autre ! Comme d'habitude, tout foire avec moi, j'aurai du m'en douter !
J'attrapais ses deux mains avec force. Tout ce que je voulais, c'était qu'elle se calme. Je détestais l'avoir mise dans cet état de rage intense. J'avais l'impression de retrouver la Dylan dépendante de sa dose d'alcool. Je plongeais mon regard dans le sien.
— Et puis merde ! Dylan, je t'aime ! Tu m'entends ? Je t'aime !
En entendant ces mots qui transperçaient l'ensemble de mon corps, elle se jetait dans mes bras. Nos corps collaient l'un contre l'autre, apaisait la douleur que j'éprouvais. Je sentais les battements de son cœur et je me calais à eux. Ma respiration redevenait à peu près normale.
Les mots que je venais de lui dire, étaient sorti tous seuls. Ils étaient logés là depuis quelques jours et n'attendaient qu'une seule chose ; le bon moment pour sortir de ma bouche.
— Il te reste combien de temps ? me demandait-elle d'une toute petite voix.
— Deux semaines, peut-être trois.
— Tu ne peux pas me laisser tomber, pleurnichait-elle. Tu ne peux pas...
Mon cœur saignait en abondance. Ses paroles me déchiraient. Si je pouvais changer mon destin, je n'hésiterai pas à le faire. Mais désormais, il est trop tard. Je n'ai plus aucune chance de m'en sortir. La fin approche et la quitter me fait peur. La laisser seule face à ce monde abrupte n'est pas une solution envisageable.
— Si tu veux t'éloigner de moi, il est encore temps, lâchais-je à contre-cœur.
Les mots que je venais à peine de prononcer me piquer encore la gorge. Jamais je ne la forcerai à rester auprès de moi pour mes derniers jours. Jamais. Si elle voulait fuir tout ça, qu'elle le fasse tant qu'elle le peut.
Dylan se reculait légèrement de moi pour poser son front contre le mien. On devait faire pitié à voir tous les deux. Pleurer sous la pluie, quel comble. Ma vie, je l'avais passé dans la souffrance et aujourd'hui, alors que j'étais si prêt du but ; tout venait de s'effondrer.
— Je ne partirai pas, jamais, murmurait-elle.
Mon corps vibrait. Des frissons me parcouraient l'échine. C'était la plus belle preuve d'amour. Elle allait rester auprès de moi malgré tout. Mes lèvres se posaient sur les siennes comme un aimant serait attiré par un autre. La passion dans notre baiser pouvait se ressentir tout autour de nous.
— Tu as été là pour moi. Maintenant, c'est à moi d'être présente pour toi, prononçait-elle avant de pincer ses lèvres.
— Tu ne me dois rien, Dylan.
Je voulais qu'elle reste avec moi. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher d'insister. Je ne voulais pas qu'elle regrette d'être resté dans quelques jours. Je ne savais pas comment mon état allait évoluer. J'étais complètement effrayé.
— Je le fais parce que je tiens à toi, idiot.
Je replaçais l'une de ses mèches de cheveux mouillées derrière son oreille. Cette fille avait beau être trempé de la tête aux pieds, elle restait la plus de tout l'univers. J'avais trouvé la perle rare. Je n'avais pas le droit de tout gâcher. Nos deux rires se mélangeaient.
Les minutes s'écoulaient et tous les deux, on décidait de partir d'ici. Notre œuvre n'avait pas tenu longtemps mais je n'en avais rien à faire. Le temps n'avait plus aucune importance désormais. Il était trop précieux pour que je le gaspille à me morfondre ou encore à avoir de quelconques regrets.
En rentrant chez elle, on marchait à pas de loup afin de ne pas réveiller Evy qui dormait comme un bébé dans le canapé. Une fois entrés dans sa chambre, on éclatait de rire. Sans attendre plus longtemps, on se jetait dans le lit et on s'endormait dans les bras l'un de l'autre.
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