𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞-𝐝𝐞𝐮𝐱
𝓠ui dit nouvelle année ; dit résolutions. Étant donné que mon année sera écourtée, je ne vois pas l'intérêt d'en prendre. Surtout que grâce à elle, je deviens une meilleure personne de jour en jour. Je m'ouvre de plus en plus aux gens. Je ressens de nouvelles choses. Elle a déclenché en moi comme un déclic.
Les yeux toujours clos, je repensais à notre soirée sur le balcon. Moi qui pensait finir l'année dans des cris, je l'avais finit avec les lèvres de Dylan sur les miennes. Je n'avais pas envie de me lever, je voulais rester allongé dans mon lit et me remémorer ce moment en boucle.
Elle hantait mes pensées et j'adorais cela. Un sourire se dressait sur mon visage malgré mes yeux clos. Je sentais les rayons du soleil me chatouiller la peau. Je ne m'étais jamais senti aussi bien depuis leur mort. Je me sentais vivant ; comme si j'avais trouvé une raison de vivre. Une raison d'être heureux. Après tout, c'était peut-être le cas.
— Alors comme ça, tu souris tout seul maintenant, où est passé le Gian que je connaissais ? déclarait une voix beaucoup trop proche.
Automatiquement, mes paupières s'ouvraient. Je découvrais Hazel, installée sur le rebord de mon lit. Elle était vêtue de son plaid habituelle. Je ne parvenais pas à voir son visage car elle était dos à moi. Mais je discernais comme de la nostalgie dans sa voix.
— Il a changé depuis que tu es parti au Canada, tu sais...
Parler de moi à la troisième personne, me donnait des frissons dans toute la colonne vertébrale. Car oui, je n'étais plus le même. La vie avait fait de moi quelqu'un de nouveau. Lorsque l'on vit des épreuves aussi dures qui laissent de nombreuses cicatrices ; on change.
Avant l'accident, j'étais un garçon heureux, je vivais pour ma famille et pour mon meilleur ami. Rien d'autre ne comptait pour moi. J'avais abandonné les histoires d'amour après les nombreux râteaux. Selon elles, je n'étais pas assez attirants, je n'étais pas spécial. J'étais trop sur mes gardes et je n'osais pas affronter le danger.
Puis, l'accident est arrivé. Je suis devenu quelqu'un d'autre. Swann l'a vu mais il m'a accepté tel que j'étais. La colère s'est alors emparé de mon corps. Je détestais la vie et tous ceux qui vivaient. Il ne me restait plus que Swann et Abby qui me retenait à la surface. Je n'avais plus peur de rien. J'étais prêt à tout pour ressentir quelque chose de différent que la colère qui me rongeait.
À partir de ce moment-là, j'ai commencé à attirer les filles. Alors j'en ai profité. Je les ai utilisé pour mon bien personnel. Grâce à mes nombreuses aventures, j'ai pu ressentir du plaisir qui effaçait ma colère le temps de quelques minutes. J'ai continué pendant longtemps. Puis, je l'ai rencontré. Et ma vision des choses a changé du tout au tout.
— J'aime bien la personne que tu es devenu, me confiait-elle. Cette fille, Dylan, elle y est pour quelque chose, pas vrai ?
Elle avait compris. Il ne lui avait fallut que d'une seule soirée où elle nous a vu ensemble pour comprendre. Pour comprendre qu'entre Dylan et moi, c'était une évidence. Que le destin nous avait mit sur la route de chacun pour une raison particulière. Que si on ne se serait pas rencontré, je serai toujours le même qu'avant.
— Oui..., lui avouais-je.
— Tu sais que c'est rare de trouver une personne qui nous change positivement ? J'espère que tu t'en rends compte. Et surtout, j'espère que tu ne gâcheras pas tout. Fais-le pour elle, Gian.
J'avais très bien compris le sous-entendu de ma cousine. Elle voulait que j'accepte la greffe pour elle ; pour Dylan. Mais j'étais complètement perdu. Plus le temps s'écoulait ; plus mon cerveau était embué. Je ne savais plus ce que je voulais mise à part : Dylan. Mes pensées s'entrechoquaient sans cesse et ne me laissaient aucun répit.
— Tu la trouveras toi aussi, prononçais-je à Hazel en remarquant qu'elle essuyait quelques larmes.
C'était bien la première fois que je la voyais comme cela. Enfin, la deuxième fois car elle avait pleuré lors de leur enterrement. Les parents d'Hazel ne lui accordaient jamais vraiment d'attention depuis son plus jeune âge alors elle passait la plupart de son temps chez moi. Voilà pourquoi on avait toujours été aussi proche.
Je me redressais dans mon lit et je m'asseyais sur le bord de celui-ci, collé contre elle. Ses iris étaient focalisées sur le sol. Je lui donnais un léger coup d'épaule pour qu'elle revienne à la réalité. Je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait au Canada pour elle. Mais si quelqu'un lui avait fait quoique ce soit, je le trouverai sans hésiter.
— Tu as rencontré quelqu'un au Canada ? la questionnais-je plutôt curieux.
En peu de temps qu'il ne le fallait, je reprenais mon rôle de protecteur auprès d'elle. Trop longtemps, elle avait voulu me protéger. Désormais, c'était à mon tour. Après tout, on avait le même âge, elle n'était plus vieille que d'un mois.
— Pas vraiment, lâchait-elle. Enfin, parles-moi plutôt de Dylan.
Je détestais lorsqu'elle essayait de faire dévier la conversation sur quelqu'un d'autre qu'elle. Hazel avait toujours été comme cela, elle détestait parler d'elle et de sa vie. Par contre, elle voulait toujours tout savoir sur celle des autres.
— N'essayes pas de changer de sujet, tu sais que si quelque chose ne va pas, tu peux m'en parler ?
— Oui, je le sais. Mais je te promets que tout va bien. C'est juste le fait de revenir à Seattle qui me rend nostalgique. Et aussi de vous retrouver, Abby et toi.
Malgré que je sois peu convaincu, je ne répondais rien. Je décidais de ne pas insister. Après tout, si elle veut m'en parler ; elle le fera lorsqu'elle sera prête. Je n'ai pas le droit de la forcer.
— Pour répondre à ta question, Dylan est différente des autres filles. Je te jures, je ne sais pas comment l'expliquer mais quelque chose nous attire sans cesse l'un vers l'autre ; comme des aimants.
Durant mon récit, elle tournait la tête vers moi afin de capter mon regard. À ma connaissance, elle n'était jamais sorti avec personne avant de partir au Canada. Je supposais que cela n'avait pas vraiment changé. Depuis qu'elle était petite, Hazel avait toujours rêvé de vivre une grande histoire d'amour comme dans les livres qu'elle dévorait.
— Vous vous êtes rencontrés comment ?
— Figures-toi que c'était chez moi, articulais-je en souriant comme un idiot en me remémorant notre rencontre sulfureuse.
Elle haussait les sourcils surprise et elle m'invitait à continuer.
— Swann l'avait invité à une soirée qu'il a décidé d'organiser ici. Il avait comme qui dirait des vues sur elle. On a eu une discussion sur une bouteille d'alcool puis on a finit dans mon lit, rigolais-je.
Confuse, elle me donnait une tape dans les côtes comme pour me sermonner. Il était vrai que je le méritais. Ce soir-là, je savais que je n'aurais pas du céder à la tentation. Pourtant, d'un autre côté, je me dis que si ça ne se saurait pas passé, peut-être qu'on en serait pas là aujourd'hui.
— C'est une blague, Gian, ne me dis pas que vous avez couché ensemble le premier soir ?
— Non, Swann nous a surprit à temps, lui répondais-je.
Elle soupirait. J'ai presque cru qu'elle allait faire une crise cardiaque. Tous ces souvenirs me revenaient en tête comme si cela s'était déroulé hier. Les deux derniers mois ont passé à une vitesse énorme. J'aimais ne pas voir le temps passer ; cela signifiait qu'on était heureux dans un certain sens.
Elle posait ses lèvres sur ma joue puis elle se relevait. Elle sortait de ma chambre en me laissant là ; assit sur le rebord de mon lit, torse nu. Je comprenais rapidement pourquoi elle était venue me parler lorsque je voyais ma soeur faire son entrée dans ma chambre.
Des millions de question affluaient dans mon esprit. Je ne savais ce qu'elle venait faire ici. Mais une chose était sure, elle ne serait jamais venue de son plein gré. Je soupçonnais Hazel de l'y avoir forcé, certainement par des menaces. Je la regardais faire le tour de ma chambre. Elle s'arrêtait devant mon bureau.
— C'est toi qui a fait ça ? me demandait-elle en rompant le silence qui devenait pesant.
Curieux, je me levais de mon lit pour avancer vers elle. Dans ses mains, elle tenait un carnet. Je comprenais tout de suite lorsque je voyais un dessin réalisé au crayon de papier. Sur celui-ci, je me reconnaissais. C'était moi qu'elle avait dessiné avec une cigarette dans le coin de la bouche. Le dessin ressemblait trait pour trait à la réalité.
— Non, c'est Dylan, disait-je simplement en émerveillement devant le talent de celle-ci.
— Je me disais bien que tu ne savais pas dessiner toi.
— Eh ! m'exclamais-je en lui donnant une légère tape dans le bras.
Un rire mutuel nous échappait à tous les deux. Est-ce que j'étais en train de retrouver ma petite soeur ? Est-ce qu'elle allait me pardonner ? Je commençais à penser que oui. Elle reposait le dessin sur mon bureau avant de se tourner vers moi. Quelque chose brillait dans son regard ; c'était une lueur que je n'avais pas vu depuis l'accident.
— Je sais que je ne mérites pas ton pardon car je t'ai blessé. Mais est-ce que tu veux bien me pardonner, je t'en supplie ?
Abby posait ses iris bleutés dans les miennes. Contrairement à avant, je n'arrivais pas à discerner ce qu'elle ressentait. Elle restait impassible et pourtant, elle se jetait dans mes bras. Dans un premier temps, je fus étonné par ce renversement de situation. Mais ensuite, je m'étais mis à la serrer si fort dans mes bras. Désormais, je pouvais mourir en paix. J'avais tout ce que je voulais avec moi et non contre moi.
— Je te pardonnes, me murmurait-elle à l'oreille.
— Je t'aime, tu sais ?
— Oui...
Les larmes perlaient le long de mes joues aussi vite qu'un cour d'eau. Mettre fin à l'âge de guerre me soulageait tellement que je ne pouvais plus arrêter mon cœur de battre aussi rapidement. Cela faisait plusieurs semaines que j'attendais ce jour avec grande impatience. Et enfin, il arrivait.
Après quelques minutes à profiter de ce moment tellement important, on se reculait. L'émotion qui traversait mon corps était indescriptible. Le poids qui s'était incrusté en moi durant toutes ces semaines ; avait disparu. Je pouvais enfin respirer quasiment normalement.
— Je suis désolé de t'avoir blessé, articulais-je en observant sa réaction.
— C'est ma faute, je n'aurai pas du réagir comme cela. C'est ta vie, ton choix et je n'ai pas mon mot à dire dessus.
— Saches que ma décision, je ne l'ai pas prise car je suis égoïste.
Je m'approchais de nouveau de ma sœur et j'attrapais ses mains. Je les emprisonnais dans les miennes. J'avais besoin de me livrer. De lui parler à cœur ouvert. De lui expliquer mon choix. Je refusais catégoriquement qu'elle se sente délaissé par moi. Car ce n'était pas ce que je voulais ; loin de là.
— J'en ai juste marre de tout ça, de cette vie. Si la vie a décidé que je devais mourir ; tel sera mon sort.
Elle ne répondait rien car il n'y avait rien à répondre.
— Et moi, qu'est-ce que je vais devenir quand tu ne seras plus là ? me questionnait-elle d'un air triste.
— Tu pourrais partir avec Hazel, ou bien rester ici avec Swann, lui expliquais-je.
En réalité, je n'y avais pas vraiment songé. Mais ce qui était sure, c'était qu'avant de mourir, je devais trouver une solution pour Abby. Il était hors de question que je la laisse toute seule sans protection. Certes, elle n'était pas une petite fille fragile. Mais elle n'était pas majeur. Je prenais mon rôle de grand-frère toujours à cœur et je ne la laisserais pas tomber même après ma mort ; je serais toujours là.
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