𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐭𝐨𝐫𝐳𝐞
𝓛e monde ne s'arrêtera jamais de tourner. On aura beau essayer de le rattraper, si tout allait trop vite, on serait destiné à stagner au même stade jusqu'à la fin de notre vie. À moins, de rattraper notre retard. C'était ce que j'essayais de faire en sortant de chez moi. Après avoir passé plusieurs jours enfermées dans mon appartement, j'en avais besoin.
Il ne fallait pas que je me laisse submerger par mes erreurs. Je devais passer outre, c'était ce que mon père m'avait toujours dit. D'après lui, dans la vie, il fallait faire des erreurs et apprendre de celles-ci pour continuer notre chemin vers le bonheur. Il n'avait pas tout à fait tord, je ne connaissais personne qui était parfait. Tout le monde faisait des erreurs, il fallait apprendre à les accepter pour avancer.
Ma main dans celle d'Evy, on faisait notre entrée dans le bar. Cette fois, on ne venait pas pour travailler, mais pour s'amuser. Mon regard se portait sur une table vide, je me remémorais la scène d'il y a une semaine. Gian m'avait humilié en plein milieu du bar et sans aucun scrupule. Et dire que j'avais faillit coucher avec lui, heureusement que Swann nous avait surprit.
Ma respiration était saccadée. L'air se faisait rare, je n'aimais pas l'emprise qu'il avait sur moi. Je devais absolument changer cela. Je ne pouvais pas laisser un garçon comme Gian me contrôler. Non, c'était fini et depuis longtemps. J'étais la seule qui pouvait avoir un contrôle total sur moi.
— Dylan ? Evy ?
Mon amie et moi, on se retournait vers la voix qui venait de nous interpeller. Devant nous, apparaissait la silhouette musclée de Billy. Il nous souriait de toutes ces dents. Qu'est-ce qui lui arrivait ? D'habitude, il était toujours le premier à lancer des piques. Il posait le plateau qu'il avait dans les mains sur le bar avant de s'approcher de nous.
— T'as pas d'autres chats à fouetter, Billy ? lâchait sèchement mon amie.
— Toujours aussi gentille à ce que je vois, récidivait-il avec un sourire en coin.
Avant qu'ils ne montent en grade, je me positionne entre les deux. Peut-être que Billy a changé après tout. Tout peut arriver. Evy lâche ma main pour aller s'assoir à une table un peu plus loin. Je l'entends m'appeler mais je ne bouge pas.
— Ça va mieux depuis l'autre soir ? me demandait-il en incrustant ses iris dans les miennes.
Étonnée qu'il s'inquiète pour moi, je détournais le regard vers le sol. Moi qui voulait oublier cette histoire, je m'étais fourrée le doigt dans l'oeil. Tout le monde s'efforçait à me la rappeler. Si seulement, je pouvais passer à autre chose.
— Je ne veux pas en parler, déclarais-je.
— Je comprends, en tout cas, le gars est revenu tous les soirs à la même place depuis, m'annonçait-il comme si j'en avais quelque chose à faire.
Je ne répondais pas. Le silence s'installait alors entre nous. Billy n'avait jamais été quelqu'un que j'appréciais et ce n'était pas parce qu'il avait été sympathique une fois qu'il allait monter dans mon estime. Bien au contraire, cela prouvait qu'il faisait exprès d'être aussi arrogant avec tout le monde. Au fond de lui, je serai prête à parier que se cache une personne aimable. Il se donnait un air de mauvais garçon, surement pour plaire aux filles.
— Il te demandait à chaque fois.
Comment ça il me demandait à chaque fois ? Impossible. Gian était le pire des connards, il ne pouvait pas s'en vouloir d'avoir fait ce qu'il avait fait. Je ne pouvais pas y croire. Et même si c'était la vérité, moi, je n'avais pas envie de revoir sa tête. Elle ne m'inspirait aucune confiance. Je voulais juste oublier les traits de son visage. Qu'ils disparaissent de mes souvenirs à tout jamais.
— Pourquoi ?
— J'en ai aucune idée, mais je préférais te prévenir car il va surement venir aussi ce soir.
— Merci, disais-je dans un soupir en faisant volte-face.
Je m'attendais à tout sauf à ça. Mais bizarrement, je voulais savoir pourquoi il me cherchait. Je m'installais en face d'Evy qui avait déjà commandé pour nous deux. Devant moi, une chope de bière. Je me saisissais de la poignée et je la penchais. Le contact du verre froid sur mes lèvres me procurait un frisson. Je buvais plusieurs gorgées comme pour me donner du courage.
— Il voulait quoi, Billy ?
Je reposais ma bière en manquant de m'étrangler. J'avais déjà bu la moitié en seulement deux minutes. Je devais me calmer sinon Evy risquait de se poser des questions, auxquelles je n'aurais pas les réponses.
Je racontais à mon amie ce que Billy m'avait dit mot pour mot. Celle-ci fronçait les sourcils lors de mon récit. Elle n'avait pas vraiment l'air sereine face à ce que je lui racontais.
— Ne me dis pas que tu comptes lui adresser la parole ? prononçait-elle choquée.
J'hochais la tête de haut en bas. Son visage changeait du tout au tout. Elle avait l'air déçu. Quand soudain, son regard se détachait de moi pour se poser derrière mon dos. Je n'avais pas besoin d'être devin pour comprendre ce qu'il se tramait dans mon dos.
Je m'agrippais à ma bière et je la finissais en moins de trois secondes. Elle n'était pas assez forte pour me faire perdre pied mais elle l'était suffisamment pour me donner le courage dont j'avais besoin. Dans un bruit sourd, je posais ma chope. Je me levais tout en réajustant mon haut. Je gardais la tête haute. Pas question que je me laisse marcher sur les pieds. Je valais mieux que ça.
Beaucoup mieux.
Je le voyais s'assoir à la même table qu'il y a une semaine. Dos à moi, il croisait les bras sur la table. Il n'avait pas changé depuis la dernière fois ; pas étonnant. D'un pas assuré, j'avançais vers sa table. J'essayais d'ignorer mon coeur qui faisait des bons dans ma poitrine.
Suffisamment proche de lui, je tapais sur son épaule. Mon sang bouillait dans mes veines. Instantanément, il se retournait. Lorsque nos regards se croisaient, un courant d'électricité s'installait entre nous. Alors que je restais impassible, il se levait brusquement pour me faire face. Sa bouche s'ouvrait mais avant qu'il ne puisse dire un mot, je le coupais :
— Je ne veux plus jamais te croiser, tu n'es qu'un crétin qui pense être au dessus de tout et de tout le monde. Mais tu te trompe, tu n'es rien. Ni pour moi, ni pour personne d'autre, m'exclamais-je en le regardant droit dans les yeux.
— Je ne voulais pas te blesser la dernière fois, articulait-il calmement.
Un rire sortait de ma bouche. Tandis qu'il haussait un sourcil, surpris, je continuais :
— Et bien tu l'as fait, et à ta place je ne serais pas fier. Je ne sais pas pourquoi tu tiens à faire mal à tout le monde et je n'ai pas envie de le savoir. Alors maintenant, lâches-moi une bonne fois pour toute !
Alors que j'allais me retourner prise de rage, sa main s'accrochait sur mon avant-bras m'empêchant de partir. Grâce à sa force surhumaine, il m'attirait un peu plus proche de lui. Il fallait que je reste forte, je ne devais pas craquer face à lui.
— Dégage ta putain de main de mon bras ! m'énervais-je en haussant le ton.
— On pourrait parler dans un endroit plus calme ? murmurait-il.
Pourquoi il ne s'énervait pas ? Je ne comprenais plus rien à rien. Il y avait quelque chose de différent dans son regard intense. Mais quoi ? Je ne savais pas.
La véritable question ; c'était est-ce que j'avais réellement envie de parler avec lui ? Et d'autant plus de me retrouver seule avec lui. Je commençais à me remémorer des événements de mon passé. Et je savais que je devais refuser la proposition de Gian. Mais la moi d'il y a quelques mois reprenait le dessus et acceptait.
Je l'amenais dans les vestiaires du bar. À cette heure-ci, ils étaient vides car les employés étaient occupés à servir les clients. Les regrets s'immisçaient dans mon esprit lorsqu'il refermait la porte derrière lui. Est-ce qu'il était comme eux ? C'était ce que je m'apprêtais à découvrir.
Est-ce qu'il allait me sauter dessus et faire de moi son jouet ?
— Je m'en veux tellement de t'avoir humilié, si tu savais. Alors je tenais vraiment à m'excuser. Je sais très bien ce que tu penses de moi, il marquait un pause. D'après toi, je suis le pire des connards et je ne mérites pas tes excuses, pas vrai ?
J'hochais simplement la tête. Il venait de dire exactement ce que je pensais de lui. En vérité, il ne fallait pas être intelligent, pour le comprendre. Mais c'était déjà positif qu'il comprenne.
— Qu'est-ce qu'on fait ici ? lâchais-je sèchement en croisant les bras sous ma poitrine.
— Écoutes Dylan, toi et moi, on est pareil...
— Je ne crois pas non, le coupais-je agacée.
Il tentait de s'approcher de moi mais je reculais à chaque fois. Jusqu'à ce que mon dos se plaque contre le mur du vestiaire. Je n'avais plus aucune issue. Je savais que je n'aurais jamais du venir avec lui, ici. Je jouais avec le feu et je risquais de me brûler les ailes.
— Je t'assure que si, reprenait-il. Tu bois parce que tu souffres, je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé mais j'arrive à percevoir ta douleur. Et tu veux savoir pourquoi ? Parce que je suis comme toi.
Je sentais son souffle chaud dans mon cou. Cela me rappelait de trop mauvais souvenir. Je devais absolument trouver une solution pour me sortir de là et au plus vite. Ma poitrine était sur le point d'exploser d'une minute à l'autre. J'étais prise au piège. Il n'y avait aucunes issues.
— Tu ne me connais pas et je ne te connais pas. Et tu sais quoi ? C'est très bien comme ça !
— C'est là que tu te trompes, on a beaucoup plus de chose en commun que tu ne le crois, argumentait-il.
J'avais de plus en plus de mal à respirer. Même si Gian ne me touchait pas, il était beaucoup trop proche. Le danger régnait dans la pièce. La lumière ne cessait de clignoter à des intervalles réguliers, ce qui donnait une ambiance lugubre à la pièce.
Je me souvenais de la main d'Alec qui avait saisi mon cou. Il l'avait serré tellement fort que je ne pouvais plus respirer. Après quelques secondes, il l'avait retiré et m'avait embrassé. Il avait fait de moi ce qu'il souhaitait.
Mes yeux se fermaient. Je devais absolument balayer ces souvenirs. Gian n'était pas Alec. Enfin, c'était ce que j'espérais au plus profond de mon coeur. Je sentais les larmes arriver mais c'était trop tard. Elles coulaient...
Honteuse, je m'empressais de passer le dos de ma main sous mes yeux. Je n'osais même plus lever le regard vers lui. Il avait surement du les voir ; mes larmes. Il reculait de quelques pas pour me laisser assez d'espace. Je reprenais une respiration à peu près normale.
Je me détestais.
Encore plus lorsque je perdais le contrôle sur mes émotions. Comment il allait me prendre au sérieux maintenant ? Pleurer pour moi, c'était un signe de faiblesse. J'inspirais profondément pour retrouver le courage que j'avais perdu. L'alcool n'avait pas fait long feu dans mon sang. Je détestais me sentir moi. Mon mal-être pouvait remonter à la surface quand cela lui chantait.
— Je suis désolé, chuchotait-il avant de se retourner. Je n'aurais jamais du venir ici, je te souhaite de trouver le bonheur car tu le mérites.
Sans rien ajouter, il ouvrait la porte. Étrangement, je ne voulais pas qu'il parte. Est-ce que j'étais devenue folle ? Certainement. Mais au fond de moi, je savais qu'il avait raison ; on souffrait tous les deux. On était deux âmes égarées et en souffrance continuellement. C'était triste à dire mais ; la vérité.
— Attends ! m'écriais-je sur un coup de tête.
Ma respiration se coupait lorsqu'il se retournait. Il avait le regard triste. J'avais l'impression de me voir en lui. Comme s'il y avait un miroir devant moi et qu'il était mon reflet. Jamais je n'avais eu ce sentiment si fort et profond.
— Tu devrais m'oublier, susurrait-il. Je voulais juste m'excuser.
— Et si je n'en ai pas envie ?
Il arquait un sourcil.
— Et si je ne veux pas que tu partes ?
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NOTE
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Alalaaa chapitre rempli de rebondissements ! J'espère qu'il vous a plu !
Bon par où commencer ? Qu'est-ce que vous pensez du fait que Gian venait tous les soirs pour la trouver ? Un peu louche quand même ? Mais bon on commence a le connaître le petit...
Et de cette altercation pas du tout prévu par Dylan ? Ça lui a rappelé de mauvais souvenirs et pourtant, elle ne veut pas qu'il parte. Vous la sentez comment la suite de cette scène ?
N'hésitez pas à commenter et à liker pour refaire venir Gian ❤️
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