𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐨𝐧𝐳𝐞
𝓐ïe !
— Fais chier putain ! hurlais-je à pleins poumons.
Mon orteil venait de heurter le coin d'un de mes cartons qui trainait. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. En plus d'être en retard au boulot, je venais de me faire mal. Cette soirée commençait vraiment bien dit donc.
Malgré tout, j'essayais de garder mon calme. Je m'asseyais sur mon canapé et je retirais ma chaussette. Du sang affluait sur le côté de mon orteil. Génial. À cloche pied, j'attrapais un mouchoir pour arrêter le saignement puis j'allais chercher un pansement dans ma trousse à pharmacie. Je le collais sur la plaie.
Je ne perdais pas plus de temps et je remettais ma chaussette. J'enfilais mes chaussures. Notre patron nous demandait d'être habillé un peu différemment lorsqu'on travaillait le soir. En effet, je m'étais vêtue d'une robe noire assez moulante. Jamais je n'aurais mis une robe aussi courte et provocante mais je ne tenais pas à perdre mon boulot.
Rapidement, je sortais de mon appartement et je me retrouvais dehors. Le soir était tombé sur la ville et la pluie avait décidé de pointer le bout de son nez. Je commençais vraiment à me demander si la vie ne me faisait pas payer d'exister.
D'un pas rapide, je marchais jusqu'au restaurant qui faisait également office de bar. Il ne se trouvait qu'à quelques mètres de chez moi. Lorsque je faisais mon entrée à l'intérieur, il était déjà bondé de monde. À croire que tout le monde s'était donné rendez-vous ici. Les néons de toutes les couleurs m'éblouissaient légèrement et me rappelait la sulfureuse soirée d'hier.
Je passais derrière le bar où Evy se trouvait déjà. Je jetais un regard vers elle. Elle servait un verre à un client tout en discutant avec lui. J'avais toujours détesté travailler ici le soir. Les clients étaient toujours collants et surtout bourrés. Je partais déposer mes affaires dans la salle de pause.
— T'es comme qui dirait un peu trempé, rigolait une voix agaçante.
Mes yeux se posaient sur Billy. Lui aussi travaillait ici mais je ne l'appréciais pas tellement. Je ne faisais que le supporter. Ses iris vertes s'incrustaient dans les miennes. Sans aucune gêne, il retirait son pantalon pour se changer. Je me mettais dos à lui, embarrassée.
— Fais pas l'innocente, lâchait-il avec un ton qui ne me plaisait pas du tout.
— Comment ça ?
— Ne fais pas comme si tu n'avais jamais vu un garçon nu.
Je décidais de ne rien répondre et de sortir de cette pièce avant que je ne lui mettes mon poing dans le visage. Déjà que j'étais sur les nerfs, grâce à ses remarques déplacées, je l'étais encore plus. J'inspirais profondément. J'avais besoin de ce boulot alors je n'avais pas le droit de tout gâcher. Je devais réussir à faire la part des choses et laisser mes problèmes de côté.
J'avançais derrière le bar et je commençais à faire ce pourquoi j'étais payée : servir les clients. La soirée passait assez rapidement, j'écoutais sans vraiment écouter les hommes se plaindre des difficultés de leur travail. La plupart me faisait des avances auxquelles je ne répondais pas. Qui aurait cru que d'artiste, je passerais à serveuse ?
Personne ; même pas moi.
— Un peu chiants les clients ce soir ? me questionnait Evy alors que j'attrapais une bouteille de vodka.
— Ça tu l'as dit, lui souriais-je.
La bouteille en main, je la regardais quelques secondes. Si Evy n'avait pas été là, j'aurais pu être capable de me servir un shoot. Elle me tentait mais je devais y résister. C'était vraiment très dure de retenir ses pulsions mais il le fallait. Lorsque je buvais, cela ne finissait jamais bien. Pourtant, je recommençais toujours.
J'ouvrais le bouchon et je penchais la bouteille pour déverser un peu de liquide dans chaque verre à shoot. C'était un groupe de jeunes qui m'avait commandé ces shoots. Ils devaient surement passé une bonne soirée ; tout le contraire de moi. J'aimerais être partout mais pas ici ; pas ce soir.
— Regardes par là, déclarait mon amie en me montrant une direction avec son doigt.
Lorsque je posais mon regard sur lui. Je me statufiais sur place. C'était impossible. Quelle était la probabilité pour qu'il soit ici dans le bar où je travaille depuis trois mois ? À moins que quelqu'un ne lui ai dit que je serai ici... Mais c'était impossible également car je ne voyais pas pourquoi il voudrait me voir. On ne se connaissait pas et surtout, la nuit dernière c'était une terrible erreur. Je n'aurais jamais du l'embrasser. Jamais.
— Qu'est-ce qu'il fait là ? j'interrogeais Evy en la regardant à nouveau.
— Comment tu veux que je le saches ? s'extasiait-elle. En faite, maintenant que tu en parles, je lui ai peut-être dit, hier soir, qu'on travaillait toutes les deux ici...
Je lui lançais un regard des plus noirs. J'aurais préféré ne plus jamais le croiser de toute ma vie. J'avais toujours eu tendance à passer au dessus de mes problèmes sans vraiment les résoudre ni les affronter.
— Il est de ton côté, c'est à toi de le servir, complétait-elle en attrapant les verres à shoot que je venais de remplir.
Au lieu de supplier Evy pour qu'elle y aille à ma place, j'inspirais profondément et d'un pas assuré, je me dirigeais vers sa table. J'ignorais d'où me venait cette soudaine assurance. Mais tant qu'elle était en moi, autant que j'en profite pleinement.
Arrivant à la hauteur de sa table, je m'installais devant lui. Ses yeux marrons se levaient vers moi une demi-seconde, puis se baissaient vers le fond de son verre. L'électricité régnait dans l'air et je sentais que notre échange allait faire des éclairs.
— Swann ne me parle plus et c'est de ta faute, lâchait-il de but en blanc.
Il n'y allait pas de main morte. Mais comment osait-il m'accuser d'avoir rompu leur amitié ? Si son soit-disant meilleur ami ne veut plus de lui, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Il aurait très bien pu m'empêcher de finir dans son lit. Rien ne l'empêchait de dire stop. Rien.
— C'est l'hôpital qui se fou de la charité, riais-je en croisant mes jambes sous la table.
Il prenait son verre dans ses mains et faisait tourner le liquide à l'intérieur. Il était comme hypnotisé par l'alcool qui s'y trouvait. Finalement, on était peut-être pas aussi différent qu'il le prétendait. On avait tous les deux un point faible : l'alcool.
— Épargnes-moi tes expressions à la con, articulait-il avec un ton calme. Tu n'aurais jamais du venir à cette fête.
— On est d'accord sur une chose au moins.
Notre discussion n'avait rien de sain et elle n'avait surtout aucun sens. Je voulais simplement qu'il parte. Qu'il sorte de ma vie aussi vite qu'il y avait mis un pied. Je ne voulais pas qu'elle soit d'autant plus compliquée qu'elle ne l'est déjà.
— Fais pas la maline, au final t'as eu ce que tu voulais.
Mais de quoi est-ce qu'il parlait ? Mon petit doigt me disait qu'il n'était pas à son premier verre. Néanmoins, je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il cherchait en venant me parler. Peut-être qu'il voulait reporter toute la faute sur moi. Afin de se soulager d'un poids. Sauf que je n'étais pas la seule responsable, il l'était tout autant.
— Qu'est-ce que tu veux en faite ? C'est quoi ton but ? enchainais-je en haussant légèrement le ton. Tu ne me connais pas et tu débarques ici, tu trouves ça normal ? Pas moi.
J'en avais plus qu'assez d'être prise pour une conne. Je voulais simplement avoir une vie tranquille. Mais je n'y arriverais définitivement jamais. Il fallait toujours que j'ailles fourrer mon nez là où il ne faut pas.
Son poing se fracassait sur la table. Je sursautais. Je ne m'attendais pas à autant de violence de sa part. Mon rythme cardiaque s'accélérait alors qu'il posait ses iris dans les miennes. Celles-ci étaient injectées de sang et de rage. Je pouvais comme comprendre ce qu'il ressentait à travers ses yeux.
La peur s'emparait de mon être tout entier. J'avais l'impression d'avoir remis les pieds dans un passé que je pensais lointain. Je me souvenais alors de toutes ces phrases qu'ils me disaient, de toutes ces choses horribles qu'ils m'avaient faites sans mon consentement.
Je baissais le regard sur la table. Ma poitrine avait énormément de difficultés à se contracter. L'air se faisait rare. Je suffoquais. Mais il fallait que je me reprenne et tout de suite. Je ne pouvais pas me montrer faible face à cet inconnu. Je relevais les yeux vers lui et je prononçais ces mots :
— Tu ne me fais pas peur.
C'était ce que j'avais toujours rêvé de dire à ces quatre garçons. Mais je n'avais jamais réussi. Aujourd'hui je me rendais compte que j'avais fais un grand pas. De nouveau, l'air rentrait dans mes poumons et alimentait mon coeur de façon normale.
En un coup de main, Gian faisait valser son verre sur le sol. Un sourire fier s'affichait sur son visage de brute. Il n'avait pas osé ? Dites-moi que je rêves, que ce n'est que mon imagination qui me joue des tours.
— Tu n'as plus qu'à nettoyer, c'est ton job, pas vrai ?
Sur ces mots, il reculait sa chaise et se levait. Je me sentais comme désemparée. Je le regardais réajuster son blouson en cuir et en sortir une cigarette. Et sans rien ajouter de plus, il disparaissait de ma vue.
Mes mains tremblaient. J'avais l'impression de redevenir la fille que j'étais avant, à Portland. Je m'étais persuadée que je n'étais plus une fille qui se laissait faire par les garçons. Mais je venais de prouver le contraire.
Je n'arrivais pas à comprendre d'où lui venait toute cette haine envers moi. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ? Peut-être que j'étais une des raison pour lesquelles il s'était disputé avec Swann. Mais je n'étais pas la seule coupable. Il l'était bien plus que moi. J'avais vraiment beaucoup de mal à le cerner. Je ne pensais pas qu'il était un garçon à problème. Comme quoi, il faut toujours se méfier des apparences. Cela m'apprendra à réfléchir plus avant d'agir.
Le cerveau et le coeur en vrac, je me relevais de mon assise. Machinalement, j'allais chercher de quoi nettoyer. Je prenais un balais et un sceau. Je rassemblais les nombreux bouts de verres en un tas, puis, je les mettais dans le sceau.
— C'est pas la première fois que ce mec nous cause des dégâts, râlait Billy en venant à ma rescousse. Attends, tu pleures ?
Je passais le revers de ma main sous mes yeux. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'étais en train de pleurer. J'étais arrivée à un stade, où je ne discernais plus la souffrance qui s'immisçait en moi. La voix de Billy qui d'habitude m'était insupportable, me paraissait comme réconfortante.
Il posait sa main sur le balais et me l'extirpait des mains. Je me laissais tomber sur la banquette. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi ? Pourquoi je n'étais tout simplement pas normale ? Il fallait toujours que j'attires les problèmes. Je ne remercierais jamais assez Billy de ne me poser aucunes questions.
J'étais restée là, assise durant plusieurs minutes. J'avais réfléchis à comment j'en étais arrivé là. J'avais remis tous mes choix en question. Quoi que je fasses, cela finit toujours mal. Que ce soit dans mes relations, dans la vie professionnelle ou même dans la vie de tous les jours. Je ne parviendrais jamais à être heureuse. À vivre sans que tout ne tourne au cauchemar.
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NOTE
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Chapitre un peu spécial mais que bizarrement, j'aime beaucoup. On en apprend plus sur Gian ainsi que sur Dylan.
À votre avis pourquoi Gian a réagit comme ça ? (Souvenez-vous du chapitre précédent). Vous lui pardonnez ou pas ?
Et Dylan ? Selon vous, a-t-elle bien fait d'aller à sa rencontre ? Elle me fait de la peine, elle n'a vraiment pas de chance ...
En tout cas, j'espère que l'histoire continue à vous plaire même si je torture mes personnages haha (désolé mdrrr). Non mais plus sérieusement, vous aimez toujours l'histoire ? Et pour quelle raison ?
N'hésitez pas à commenter et à voter pour que mes doigts tape plus vite sur mon clavier ❤️
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