𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐢𝐱-𝐧𝐞𝐮𝐟
𝓛e réveil fut quelque peu difficile. Mon corps était comme courbaturé alors que je n'avais rien fait hier soir. J'ouvrais les yeux lentement pour ne pas me brusquer. Je sursautais lorsque je découvrais la pièce dans laquelle j'avais très certainement passé la nuit.
Mais qu'est-ce que je faisais ici ? Pourquoi je n'étais pas chez moi ? Quelque chose clochait. Je me souvenais être venu le voir mais j'aurais du rentrer dans mon appartement ensuite. Le visage d'Evy apparaissait dans mes pensées. Il fallait absolument que je mettes la main sur mon téléphone avant qu'elle n'appelle les flics.
Complètement paniquée, je sautais sur mes deux jambes. Le sol n'était pas très stable, ou bien, c'était moi qui ne l'étais pas vraiment ; je ne savais plus. Je scrutais du regard l'ensemble de la chambre à la recherche de mon portable. Mais il ne se trouvait pas ici.
Ce qui m'étonnait d'autant plus, c'était l'absence de Gian. J'étais quand même dans sa chambre. Est-ce qu'on avait dormi ensemble ? Qu'est-ce qu'il s'était passé hier soir ? Car après notre petite discussion, je ne me souvenais absolument plus de rien. Je me regardais d'un oeil rapide dans le miroir, j'étais habillée d'un jogging beaucoup trop grand pour moi et d'un t-shirt qui ne m'appartenait pas non plus.
Ne me dites pas qu'il m'a déshabillé ? J'inspirais profondément en essayant de rester la plus calme possible. Cela ne servait à rien de s'énerver. S'il s'était passé quoi que ce soit d'important, j'étais certaine que je m'en souviendrais.
— Qu'est-ce que tu fous dans la chambre de mon frère ?
Mon cerveau avait du mal à comprendre l'information. Je faisais volte-face après un petit temps de bug. Devant la porte de la chambre, se trouvait une fille à la chevelure châtain et aux yeux intensément bleus. Je supposais que j'avais devant moi, la soeur de Gian.
— Salut, murmurais-je. Euh... je suis..., bégayais-je.
— Abby, je te présente Dylan, reprenait une voix grave me venant en aide.
La fameuse Abby fronçait les sourcils. Elle avait l'air plutôt septique. Je la comprenais, trouver une fille comme moi dans la chambre de son frère, c'était louche. Très louche. Même moi, je me posais des questions.
— Vous avez dormi ensemble ? continuait-elle avec une question légèrement déplacée.
— Non, on avait pas mal bu hier soir, alors je lui ai laissé ma chambre, se justifiait Gian.
Je remarquais une certaine tension entre les deux. Je ne savais pas vraiment où me mettre. Heureusement, Abby disparaissait de la chambre assez vite. Il faisait donc son entrée et s'approchait de moi en souriant.
— Désolé pour ma soeur, elle est un peu protectrice.
— Un peu ?
On pouffait de rire en coeur. Cela me faisait tellement de bien de rigoler. L'atmosphère se détendait et je me sentais un peu plus à l'aise. Je croisais mes bras et me laissais tomber sur le rebord du lit. Gian m'imitait.
— Je devrais rentrer chez moi, suggérais-je plus sérieusement.
Le sourire de Gian disparaissait immédiatement. Je m'en voulais. Car je venais en quelques mots de tout gâcher. Je regrettais d'avoir dit cela. Si seulement je pouvais revenir en arrière et retirer cette phrase.
— Si tu restes, je vais te montrer un endroit spécial, me faisait-il du chantage. Après c'est comme tu veux, si tu préfères retourner chez toi toute seule, je ne te retiens pas.
J'avais envie d'accepter sa proposition. Mais d'un autre côté, je ne savais pas si c'était raisonnable. Je n'avais pas donné de nouvelle de moi à Evy depuis hier soir. Elle devait s'inquiéter. Pourtant, d'un autre côté, on avait qu'une vie. Alors autant en profiter et ne pas la gâcher.
— Je restes, seulement si tu me rends mon portable, disais-je finalement.
Il souriait et me le donnait.
Je l'allumais instantanément. Dix appels manqués d'Evy. Quinze messages d'Evy également. Et un message de Tyron. À croire qu'ils s'étaient tous donné le mot. J'envoyais pour commencer un message à mon amie afin de la rassurer.
[Salut Evy, désolé de ne pas
t'avoir donné de nouvelles
mais je suis bien vivante pour
ton plus grand malheur. Je
suis chez Gian et je vais
surement passer la journée
avec lui, on se voit ce soir
pour le service au restaurant.]
Puis je lisais le message de mon frère.
[On t'attend la semaine prochaine,
ne nous fait pas faux bon,
papa serait anéanti.]
Je levais les yeux au ciel. J'aimais plus que tout mon père et Tyron mais en venant ici, je m'étais rendue compte que je n'avais pas besoin d'eux. Ils étaient en quelque sorte un frein à mon bonheur. Je décidais de ne pas lui répondre. J'avais dit que j'irais à Portland et je comptais bien honorer ma promesse. Car j'étais comme cela, une fille d'honneur.
Après avoir refermé mon portable, j'avais rejoins Gian dans la cuisine de son appartement. Sa soeur avait disparu de toute circulation. J'étais un peu rassurée car elle n'avait pas l'air de m'apprécier.
— Ta soeur n'est plus là ? le questionnais-je.
— Elle est partie en cours, il ne reste que toi et moi, souriait-il en posant des pancakes dans deux assiettes différentes.
Le petit-déjeuner s'était passé dans un calme étonnant. On n'avait pas énormément parlé et cela me convenait parfaitement. Parfois le silence valait plus que les mots. Je m'étonnais à apprécier la présence de Gian. Après tout, peut-être que l'on était parti sur de mauvaises bases et que l'on pourrait être ami.
— Ça te dirait que l'on reprenne tout de zéro ? lui demandais-je en débarrassent les assiettes.
— Et qu'on oublie notre première soirée ? me défiait-il.
Je savais très bien de quoi il parlait. Et je n'en attendais pas moins de lui. Ce soir-là j'avais le cerveau complètement envahi par les effets de l'alcool et je ne contrôlais plus mon corps. J'aurais plus coucher avec lui si Swann ne nous avait pas interrompu et j'aurais rompu mon abstinence. Depuis ce qu'il s'était passé à Portland, je m'étais promise de ne plus succomber à la tentation d'un plaisir passager. Plus jamais.
— Quelle première soirée ?
— Très drôle ! ricanait-il en venant m'aider à mettre la vaisselle dans l'évier. Je ne te pensais pas comme ça.
Que voulait-il dire par là ? Est-ce qu'il pensait que j'étais maussade et que je n'avais aucun humour ? Que j'avais l'esprit bouffé par l'alcool ? Que ma personne n'était pas digne d'un quelconque intérêt ?
— Comme quoi ? arquais-je un sourcil en attendant des explications.
— Je pensais que tu étais le genre de fille qui attire les problèmes, qui se prend trop la tête avec les tracas de la vie et surtout, une fille en quête de décadence.
S'il savait... La fille qu'il décrivait était toujours là, au fond de moi. Certes, elle ne me gagnait plus car j'avais changé. Ou du moins, c'était ce que je prétendais. Le fil était fin entre mon passé et mon présent, à tout moment, ; il pouvait rompre.
Oui, j'avais été cette fille il y a quelque temps et je le serais toujours un peu. On n'échappe pas à son passé en un simple claquement de doigt. Malgré tout, j'essayais de me raccrocher autant que je le pouvais aux moments joyeux de la vie. J'essayais...
La passé, c'est comme un chewing-gum. Il est là, il se colle à vous. Il ne partira jamais, il tient tant qu'il peut. Même lorsque l'on essaye de s'en détacher, il ne lâche rien.
Après s'être préparé chacun de notre côté, on est sortit de son appartement et on a marché pendant de longues minutes. J'ai même cru qu'on arriverai jamais à son « endroit si spécial ». Plus on avançait, moins je comprenais où il m'emmenait. Je ne m'étais jamais aventuré de ce côté de la ville. En trois mois, mon cercle de sortie avait toujours été très restreint.
— Rassures-moi, tu ne comptes pas me tuer et laisser mon corps dans un endroit abandonné ?
Un rire s'échappait de sa bouche. Était-il possible d'être autant en admiration devant un simple rire ? Le sien était différent. Il était profond, sincère et communicatif.
— Merde, tu m'as démasqué, je crois que je vais devoir te régler ton compte maintenant, rentrait-il dans mon jeu en avançant un peu plus vite et en se retournant pour marcher à reculons juste devant moi.
Gênée, je croisais les bras sous ma poitrine et affichait un rictus nerveux. Je m'étonnais à fixer ses lèvres. Soudain, j'imaginais sa bouche se poser sur la mienne. Mais rapidement, je me rendais compte que cela était arrivé hier soir... Pourquoi je ne m'en souvenais que maintenant ? Comment on pouvait oublier un tel acte ?
Pourquoi je l'avais embrassé ? C'était une terrible erreur. Je n'aurais jamais du. Et s'il pensait que je voulais plus avec lui ? Et s'il voulait recommencer ? J'essayais de faire disparaitre toutes les questions qui me traversaient l'esprit.
— Tout va bien ? me questionnait-il en continuant de marcher face à moi.
Ses iris transperçantes se baladaient sur mon visage. Mon sang affluait de plus en plus vite dans mon organisme. J'essayais tant bien que mal de fuir son regard.
— Oui, prononçais-je en déglutissant.
Car non, je n'allais pas bien. Ma vie était littéralement en train de me filer entre les doigts et je perdais tout contrôle. Mes sentiments avaient également décidé de se jouer de moi. Donc non, Gian, rien n'allait.
Tout à coup, il manquait de tomber à la renverse. Sans réfléchir je lui tendais la main et l'empêchais de tomber. Il se redressait mais ne lâchait pas ma main. Il baissait les yeux vers celle-ci. Je faisais de même. Nos deux mains étaient collées l'une contre l'autre.
Je détestais la tournure que prenait cette sortie. Je la haïssais du plus profond de mon être. Je retirais ma main jusqu'à présent encrée dans la sienne. Rapidement, je ressentais un vide comme si je voulais de nouveau entrelacer mes doigts dans les siens. Mais que m'arrivait-il ?
Gian se retournait et je ne voyais plus que son dos. Après quelques minutes supplémentaires de marche, il s'arrêtait net. Droit devant nous, se dressait une grande roue. Je n'arrivais plus à détacher mon regard de celle-ci. Je n'en avais jamais vu une aussi immense. Les gens affluaient devant elle ; pour monter à l'intérieur.
Soudainement, je me résoudais à poser les yeux sur lui. Ses yeux étaient remplis de paillettes et ils brillaient plus que tout au monde. J'aimais beaucoup le voir comme cela. Le voir heureux. Le voir émerveillé.
— Tu vois cette roue ? me demandait-il en se rapprochant de moi.
J'hochais simplement la tête.
— Et bien, elle a bercé toute mon enfance. Je venais ici, tous les vendredis sans faute avec ma famille. Je ne pourrais pas t'expliquer pourquoi mais c'était devenue une sorte de tradition.
En parlant de sa famille, sa voix avait légèrement déraillé comme s'il avait du mal à parler de cela. Je ne savais pas ce qu'il lui était arrivé mais être ici, avait l'air de le toucher.
— Hier quand tu m'as demandé de te dire quelque chose que je n'ai jamais dite à personne, je t'ai dit que je détestais le blanc, mais ce n'était pas une réponse, déclarait-il. Je vais donc te donner une vraie réponse, ça me manque de ne plus venir ici tous les vendredis.
Sa confidence me touchait énormément. Il était tellement différent de celui qu'il montrait aux autres. Il n'avait rien à voir avec le mauvais garçon que j'avais rencontré. Non, il était à l'opposé. Il avait tout pour lui. Désormais, je comprenais mieux pourquoi il jouait au dur devant les autres ; il s'était créé une personnalité pour cacher le véritable lui.
— Tu peux toujours changer ça, m'exclamais-je d'une voix étonnement douce.
— Non, je ne peux pas, renchérissait le brun.
Je n'osais pas répondre à sa phrase. Je voyais bien que le problème était plus profond. Et j'avais peur que si je creuse plus, je ne le brusque. Ce n'était aucunement ce que je désirais. Je voulais simplement qu'il se sente bien.
— Tu veux bien m'accompagner ?
Au lieu de lui donner une réponse, je me saisissais de sa main et l'emportais avec moi. On arrivait rapidement devant l'entrée. J'achetais deux tickets puis je me mettais à courir pour monter dans l'une des cabines de la grande roue. Face à celle-ci, on était minuscule. Si petit que nos problèmes paraissaient si minimes.
Assit l'un en face de l'autre, la roue démarrait. Ça y'est, on était parti. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'analyser. J'avais tant de questions à lui poser. Sur lui, sur sa famille, sur son passé, sur ses souffrances. Mais je n'avais pas le droit.
— Tu penses à quoi ? l'interrogeais-je alors que son regard était plongé vers le paysage qui défilait sous nos yeux.
— À rien du tout, tu ne peux pas savoir à quel point ça me libère d'être ici, me confiait-il sans détourner le regard de l'immensité de la ville.
Un sourire se dressait sur mon visage. J'avais comme l'impression de le comprendre. Moi non plus, je ne pensais à rien. L'alcool n'enivrait pas mon esprit, mon passé ne refaisait pas surface et mes démons restaient endormi dans mon corps.
Ces mêmes démons me poussaient dans le néant d'une ivresse endolorie. Ils cherchaient à gagner toujours plus de place dans ce corps rongé par la souffrance. Ils finiraient par parvenir à leur fin car je n'étais pas assez forte. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'ils ne m'envahissent.
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NOTE
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Comment allez-vous depuis une semaine ? J'espère que vous êtes heureux de retrouver Gian et Dylan !
Alors ce chapitre ? Vous pensez qu'Abby n'apprécie pas Dylan ?
Ce petit tour dans la grande roue vous aimez ? Selon vous, que va-t-il se passer par la suite ?
En tout cas, j'espère que ce chapitre un peu plus long que d'habitude vous a plu ! J'aime bien comment leur relation évolue pas vous ? Serait-ce le calme avant la tempête ?
N'hésitez pas à commenter et à voter pour que la suite arrive vite ❤️
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