𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐢𝐱
𝓙e laissais la porte se refermer derrière les deux filles. Si seulement, cette soirée n'avait jamais existé. Si seulement je n'étais tout simplement pas moi. J'étais sans cesse à la recherche de plus de sensations. Et à cause de moi, mon meilleur ami avait le coeur brisé.
Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez moi sérieusement ? Pourquoi je ne pouvais pas m'empêcher d'être un connard ?
La pire dans tout cela, c'était que je me rendais compte de mes actes et que je ne faisais rien pour m'en empêcher. Peut-être qu'au fond, je cherchais à éloigner de moi tous les gens que j'aimais. Pour les protéger...
Malheureusement, en faisant cela, je souffrais. Je ne voulais pas perdre Swann. Il comptait beaucoup trop pour moi. Je ne pouvais pas le laisser m'en vouloir à tord. Je devais à tout prix me rattraper et vite. Avant qu'il ne soit trop tard...
Je me retournais pour être dos à la porte d'entrée. Je voyais Swann s'avançait vers moi, un sac à dos sur les épaules. Je lui barrais la route. Impossible qu'il parte sans que l'on se soit expliqué. Je ne le supporterai pas.
— Barres-toi de mon chemin, me crachait-il en plein visage.
C'était la première fois qu'il se montrait aussi agressif avec moi. Il avait tout à fait raison de m'en vouloir. Je n'aurais jamais du lui faire ça. J'essayais de capter son regard mais sans réel succès.
— S'il te plait ne pars pas comme ça, le suppliais-je d'un calme étonnant.
Un rire s'échappait de sa bouche. Est-ce qu'il était en train de se moquer de moi ? Une part de moi, ne voulait pas croire que notre amitié était en train de voler en éclats. Pourtant l'autre, le savait et s'en voulait plus que tout.
— Tu veux que je reste après cette nuit ? Dois-je te rappeler que tu as coucher avec la fille qui me plait ?
— Faillit coucher, rectifiais-je aisément.
Je m'en voulais déjà de lui avoir répondu ces deux mots. Je comprenais pourquoi je n'avais pas beaucoup d'amis. Je ne pensais qu'à moi. Et c'était un véritable problème. Ce n'était pas l'éducation qu'ils m'avaient inculqué. J'avais de plus en plus l'impression de leur faire honte.
— Quelle différence ça fait ? Tu ne peux donc pas t'empêcher d'être un connard, s'énervait-il.
Je baissais les yeux vers le sol. Il avait raison, et je le savais. J'avais simplement le besoin d'avoir toujours le dernier mot. J'avais besoin d'être la personne la plus détestable qu'il soit. J'avais besoin de très peu d'attache pour ne pas souffrir.
Je n'arrêtais pas de penser à l'après. Je ne devrais peut-être pas. Mais je voulais que personne ne m'aime. Pour ne faire souffrir personne.
— Tu sais quoi, t'as raison, dégages d'ici avant que ce soit moi qui le fasse, m'exclamais-je d'un ton brut.
Étonné, Swann dressait ses iris bleutés dans les miennes. Je soutenais le regard visuel tout en me décalant sur le côté. Dès qu'il avait assez d'espace pour passer, il partait. Il prenait soin de claquer la porte derrière lui. Désormais, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. J'avais détruit tout ce qu'il me restait de bien dans ma vie. Je n'avais plus aucun ami sur qui compter. J'étais seul. Et je le méritais.
J'inspirais profondément. L'air avait du mal à entrer dans ma cage thoracique, comme si quelque chose le bloquait. C'était surement les remords, ils avaient l'habitude de s'incruster dans mon corps sans mon autorisation. Je relâchais la pression et je me laissais tomber sur le canapé dans lequel Dylan avait passé la nuit.
Tous, on avait eu si peur qu'elle perde connaissance. C'était une nuit assez éprouvante que je venais de passer. Je devais sans doute avoir d'énorme cernes qui témoignaient de tout ça. Les coussins sur lesquels j'étais allongés, étaient imprégnés de son odeur. Une douce odeur de cannelle qui me rappelait les Noël que je passais avec ma famille autrefois.
Sans que je ne m'en rende compte, une larme coulait le long de ma joue pour atterrir sur le coussin en velours. Je donnerais tout pour revenir un an auparavant et tout changer. Mais au plus profond de mon coeur, je savais que c'était impossible. Et peu à peu, je laissais les larmes envahir mon visage.
Ma tête posée contre le coussin, je laissais libre court à mes émotions. Il ne m'aura fallu d'une seule soirée pour de nouveau faire un bon dans le passé. N'avais-je pas déjà assez souffert ? Apparement, non.
— Gian ? entendais-je une voix s'approcher.
Je reniflais et me redressais.
— Tu pleures ? me demandait-elle en s'asseyant à côté de moi.
Je n'osais même pas croiser le regard d'Abby. Je devais toujours me montrer fort face à elle. Et au lieu de cela, elle me voyait pleurer. Il fallait absolument que je me reprenne, je ne pouvais pas être vulnérable.
— T'as pas cours aujourd'hui ? je lui demandais en reprenant un comportement tout à fait normal.
— On est samedi, frangin, lâchait-elle. C'est à cause de cette fille ?
Un air dégoutté s'affichait sur mon visage. Ma petite-soeur pensait réellement que je pleurais pour une fille ? Elle se fourrait le doigt dans l'oeil. Jamais au grand jamais, je ne me mettrais dans un état pareil pour une simple fille. À mon expression, elle comprenait que ce n'était pour ça.
— Alors c'est parce qu'on a plus assez d'argent pour le loyer ? Je peux trouver un petit job à côté des cours s'il faut, articulait-elle à une vitesse folle.
Instinctivement, je posais une main sur sa cuisse. Je la regardais droit dans les yeux avant de prononcer :
— Je vais trouver un travail et toi, tu continues comme d'habitude. Il est hors de question que tu travailles.
Alors qu'elle allait récidiver, je lui posais un doigt sur la bouche. Elle ne disait rien. Toute ma vie, j'avais toujours voulu qu'Abby soit plus heureuse que moi. Qu'elle est la vie dont elle rêve. Qu'elle puisse faire tout ce qu'elle veut sans se poser de questions. Alors, je ne la laisserais pas gâcher sa vie à cause de soucis d'argent qui ne concerne que moi. Ce n'est pas son problème; mais le mien.
Abby me sautait dans les bras. Un peu surpris, j'eus un moment d'absence mais je la serrais aussi fort que possible. Je l'aimais et cela jusqu'à la fin des temps. Le lien entre elle et moi avait toujours été si fort et j'espérais qu'il ne se rompt jamais.
— Tu me promets que tu vas faire attention à toi ?
Sa tête était positionnée dans le creux de mon cou et je pouvais percevoir de l'angoisse dans sa question. Abby avait beau aller de mieux en mieux, un rien pouvait la faire replonger dans une période interminable de crises d'angoisse. Et ce n'était pas ce que je voulais. Loin de là.
— Je te le promets.
Elle me serrait d'autant plus fort. J'avais du mal à respirer mais je ne disais rien sinon elle allait s'inquiéter. Tout ce que je voulais, c'était la préserver. Même si il allait bien falloir que je la prépare à l'éventualité que je ne sois plus là.
Après quelques minutes d'étreinte, on se séparait. À nouveau, mes poumons pouvaient absorber l'air de la pièce et mon coeur battre à un rythme plus ou moins normal. Abby avait retrouver le sourire et moi aussi. Finalement, je n'avais besoin de personne dans ma vie pour m'en sortir tant que je l'ai elle.
— On pourrait passer au cimetière, suggérait-elle alors que je me sentais mieux.
Pris de court, j'inspirais un grand coup tout en me levant. Debout sur mes deux pieds, je me rendais dans la cuisine afin de me servir un verre d'eau. Abby avait raison, on devrait y aller. Cela fait un an pile aujourd'hui, qu'ils sont décédés. C'est surement pour cette raison que je me sens aussi ébranlé par tout.
Je me saisissais du verre rempli d'eau fraiche et je buvais le contenu d'une traite. L'eau glissait le long de mon oeusophage et continuait son trajet dans mon corps. Est-ce que je devais accepter la proposition d'Abby ? Surement. Depuis un an, je n'avais été qu'une ou deux fois sur leur tombe alors que ma soeur y allait une fois par semaine. Je me sentais tellement coupable et responsable de tout cela. J'étais rongé de l'intérieur par la culpabilité.
Environ une heure plus tard, Abby et moi, on faisait notre entrée dans l'immense cimetière de Seattle. Des milliers de souvenirs me traversaient alors l'esprit. Mais je faisais tout pour les refouler et les laisser s'évaporer. L'odeur qui régnait ici me donnait la chair de poule. L'hiver et les arbres sans feuilles n'arrangeaient pas l'ambiance pesante.
Une main s'immisçait dans la mienne. Mon coeur s'accélérait de battre. Cela faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas senti comme ça. Comme si je faisais un bon choix ; pour une fois. J'avais souvent tendance à enchainer les mauvaises idées mais pour une fois, c'était comme si, je faisais preuve de maturité.
— Tu vas voir, ça va aller, essayait de me réconforter ma soeur.
Main dans la main, on marchait dans les vastes allées du cimetière. On croisait une vielle dame en train de déposer un bouquet de fleur sur une tombe. À côté d'elle, un chien qui aboyait lorsque je passais devant lui. Saleté de clebard. J'avais toujours détesté les chiens.
Les graviers crépitaient sous nos pas. L'ensemble de mon corps était sous tension. Plus on s'approchait de leur tombe, plus ma respiration était saccadée. La dernière fois que j'étais venu, j'étais seul et dans un état second. Malgré tout, je me souvenais très bien de ce que je leur avais dit:
« Papa, Maman, tout est de ma faute. Je vous jure que je n'ai jamais voulu que tout ça arrive. Abby et moi, on avait tellement besoin de vous. Je ne sais plus quoi faire sans vous. Je n'aurais jamais du insister pour conduire ce jour-là. Jamais. »
On arrêtait de marcher. Mes yeux étaient rivés sur la tombe se présentant à moi. Sur celle-ci était inscrit: Elizabeth et Christian Paterson, décédés le 10 décembre 2019. Je ne pourrais jamais oublier cette date. Elle restera gravée dans ma mémoire à jamais.
— Tu sais, tu n'y es pour rien, murmurait Abby en posant une main qui se voulait rassurante, sur mon épaule.
— Tu ne peux pas dire ça...
Je n'arrivais pas à la regarder dans les yeux. J'avais tellement honte. Je me sentais tellement coupable. J'avais l'impression de ne pas mériter l'amour de ma soeur après avoir causé la mort de nos parents. Comment elle pouvait continuer à m'aimer ?
— Tu vas m'écouter attentivement ok ? disait-elle en posant ses mains sur mes épaules et en me regardant dans les yeux.
J'hochais simplement la tête, je n'avais pas le courage de répondre quoi que ce soit.
— Peut-être que ce jour-là, tu étais au volant mais tu ne pouvais pas contrôler ton corps. Papa n'aurait simplement pas du s'énerver sur toi. Tu n'aurais jamais pu te douter que ton corps aller lâcher, jamais. Tu m'entends ?
Un silence s'installait. Au fond de moi, je savais pertinemment que tout ce qu'elle disait été vrai mais je n'arrivais pas l'accepter. Même si je ne contrôlais pas mon corps, je n'aurais pas du être au volant.
— Alors maintenant, tu vas me faire le plaisir d'arrêter de te rendre coupable. On ne peut pas retourner dans le passé, il faut accepter ce qui s'est passé.
— Comment tu fais ?
— Comment je fais quoi ? me répondait-elle.
— Comment tu fais pour accepter ce qu'il s'est passé ?
Elle fermait les yeux quelques secondes pour respirer profondément.
— Tu vois ce que je viens de faire ? C'est ma psy qui me l'a appris. Elle m'a dit qu'il fallait arrêter de vivre dans le passé, certes, c'est dur à faire. Mais je te promets que ça vaut le coup. Tout ce que tu as à faire, c'est penser à l'instant présent. Je ne te demande pas d'oublier le passé mais simplement de ne pas le laisser te définir.
Abby était tellement mature pour son âge. J'étais tellement fier d'elle. Fier d'avoir une soeur aussi incroyable, aussi intelligente.
— Fais-moi confiance, tout ira mieux, finissait-elle en m'enlaçant.
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NOTE
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Étant donné que mes partiels sont à peu près terminées haha et bien, j'avais envie de fêter ça en vous postant ce chapitre aujourd'hui !
Je dois avouer que c'est l'un de mes préférés ! Et vous, vous pensez quoi de ce chapitre ?
Je trouve qu'on y découvre Gian sous un autre angle, un peu plus sensible et à fleur de peau. Malgré la dispute avec Swann.
Vous avez des théories sur ce qu'il s'est passé le 10 décembre 2019 ? Je vous écoute.
Et sinon, vous en pensez quoi de notre petite Abby ? Moi personnellement, j'adore la relation de ces deux-là ! Je la trouve vraiment forte !
N'hésitez pas à commenter et à voter pour faire arriver le prochain chapitre plus vite ! ❤️
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