𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐢𝐧𝐪
𝓟asser du temps avec Evy m'avait fait un bien fou. Alors lorsqu'il était temps de sortir du restaurant, j'avais le coeur sur la main. J'aurais voulu y rester encore des heures. Même si je n'étais pas parvenue à lui expliquer que je buvais car j'allais mal.
Très mal.
J'avais comme perdu goût à la vie. J'aimerais tant pouvoir le retrouver et me sentir bien. Arrêter de me prendre la tête pour un oui ou un non. Prendre la vie du bon côté, tout simplement. Même si, c'était loin d'être facile pour moi.
Peut-être qu'un jour, je me sentirais prête à en parler. Mais ce jour n'était pas arrivé. J'avais besoin de temps pour réfléchir à la situation dans laquelle j'étais éprise. Après tout, je ne faisais rien de mal en buvant, je ne dérangeais personne et puis, cela m'aidait.
Tandis que je m'apprêtais à ouvrir la porte, quelqu'un la poussait sur moi d'un grand coup. Celle-ci venait alors se cogner contre mon front. Je manquais de tomber mais mon amie me retenait par derrière :
— Et ! m'exclamais-je en me frottant le front, désorientée.
— Tout va bien, mademoiselle ? Vous voulez que je vous emmène à l'hôpital ? paniquait-il.
Étrangement, au lieu de me contenter de lui répondre que je n'avais rien de cassé, je lui riais au nez. J'avais du prendre un sacré coup sur la tête pour réagir de cette manière. Ma vision était encore légèrement flou due au choc, alors je n'arrivais pas à bien discerner son visage.
— Il faut regarder devant soi avant d'ouvrir une porte, ma parole ! jurait Evy en passant son bras sous le mien.
— Je suis vraiment désolé..., je peux peut-être me rattraper ? demandait le garçon en se grattant l'arrière de la nuque.
Je retrouvais peu à peu une vision normale. Je le reconnaissais tout de suite. C'était le garçon qui s'était fait virer tout à l'heure pour être arrivé en retard. Ses iris bleus océan se dressaient sur ma robe rouge sous mon manteau. Mal à l'aise, je croisais les bras pour la cacher. Je ne supportais plus que l'on me regarde.
J'avais l'impression que tous ceux qui posaient les yeux sur moi, me jugeaient. Comme si en un simple regard, ils pouvaient tout savoir sur moi. Au fond de moi, je savais très bien que cela était impossible et que je me faisais simplement des idées. Mais c'était ce que je ressentais depuis quelques temps.
— Ça vous dirait de venir à une fête ? nous questionnait-il avec un léger sourire.
J'entendais Evy soupirer à côté de moi. Elle devait surement le trouver pathétique. Bizarrement, moi, je le trouvais sympathique. Bien qu'il me soit rentré dedans par le biais d'une porte battante, quelque chose me disait qu'il était sincère dans ses propos.
— Si tu étais intéressé par ma copine, tu aurais pu l'aborder d'une autre façon, maintenant, elle va avoir une bosse ! râlait Evy.
— C'est d'accord.
Evy et le garçon se tournaient tous les deux vers moi. Comme si j'avais dit quelque chose qu'il ne fallait pas.
— D'accord pour quoi ? m'interrogeait-elle ne comprenant pas.
— On va venir à ta fête, ajoutais-je avec un sourire timide.
Le garçon me souriait de toutes ses dents en retour. Tandis qu'Evy poussait un second soupire comme si elle détestait déjà mon idée. Le jeune homme sortait un petit bout de papier et notait l'adresse dessus avant de me le donner. Nos doigts s'effleurèrent et je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Quelque chose venait de s'éveiller en moi et ça faisait un bien fou.
— Merci, lâchais-je.
— À ce soir, articulait-il. Au faite, moi c'est Swann.
Avant que je n'ai eu le temps de lui répondre, Evy le poussait sur le côté et m'emportait avec elle à l'extérieur du restaurant. J'avais du mal à comprendre pourquoi elle réagissait comme cela. C'était elle qui trouvait que je ne sortais pas assez alors, elle devrait être contente pour moi.
— Tu comptes vraiment aller à la fête d'un inconnu ? s'esclaffait-elle.
Je me débarrassais de son bras et me détachais d'elle. Qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ? On dirait presque qu'elle voulait me protéger comme si je n'étais pas assez grande pour faire mes propres choix.
Peut-être que je n'ai que vingt-et-un an, mais je suis une adulte et totalement capable de faire prendre des décisions. Elle n'a rien à dire.
— Pourquoi pas ? lâchais-je comme pour la défier.
— Peut-être parce que ça fait plus d'un mois que tu passes ton temps enfermé dans ton appartement et que tes seules sorties c'est pour aller bosser et faire tes courses, s'énervait-elle en avançant dans la rue.
Un pincement au coeur, je la laissais s'éloigner. Je ne la suivais pas. Non, j'étais comme statufiée sur place. Il fallait que je sois réaliste : elle avait entièrement raison. Cela faisait longtemps que je n'étais pas sortie de chez moi. Pourtant, je ne m'en étais pas encore rendu compte.
Voyant que je ne la suivais pas, Evy s'arrêtait un peu plus loin que moi et me faisait un signe. Je la rejoignais et je m'arrêtais à nouveau.
— Je sais que tu ne vas pas bien en ce moment, Dylan, déclarait-elle comme si c'était un scoop.
Je croisais les bras sous ma poitrine. Autour de nous, les passants nous dévisageaient. Mais je n'en avais rien à faire. Tout ce qui m'importait, c'était de savoir pourquoi je ne pourrais pas aller à cette fête d'après elle.
— Avec ou sans toi, j'irais à cette fête.
Elle levait les yeux au ciel. Un pas après l'autre, elle s'approchait de moi. Lorsqu'elle fut suffisamment proche de moi, elle posait ses mains gantées sur mes bras croisés. Un air triste occupait son visage pâle.
— Bien sur que je vais t'accompagner, idiote, riait-elle pour détendre l'atmosphère. Qui dit que ce Swann n'est pas un dangereux criminel ?
Je laissais un rire s'échapper. Tout ce qu'elle voulait, c'était me protéger. Comment lui en vouloir ? Avant, personne ne se préoccupait vraiment de moi ou de ce que je faisais. Mon père passait son temps à regarder les comptes de son restaurant, c'était son obsession. Tandis que Tyron, lui, s'enfermait dans sa chambre à écouter de la musique. Je me retrouvais donc souvent toute seule et je pouvais faire ce que je voulais. Ce qui m'a poussé à enchainer les erreurs.
Ma vie à Portland n'était pas saine du tout. Quand je ne peignais pas, j'étais dans une boite de nuit ou à une soirée avec mes amis. Enfin, je pensais vraiment qu'ils étaient mes amis mais je m'étais trompée. En effet, je trainais avec un groupe de quatre garçons et j'ai finis par coucher avec chacun d'entre eux. Peut-être que la faute venait de moi mais j'ai toujours pensé qu'ils étaient devenus amis avec moi dans cet unique but. Et cela m'avait rendu malade.
Après avoir couché avec le dernier de la bande, je m'étais enfuie de la soirée, complètement bourrée. J'avais passé la nuit seule à marcher dans les rues vides de Portland. Il aurait pu m'arriver n'importe quoi mais je m'en étais sortie indemne. Le lendemain en rentrant chez moi, j'avais tout raconté à Tyron. Celui-ci m'avait promit de garder le secret. Puis, j'ai coupé tout contact avec les quatre garçons.
Je me sentais tellement répugnante et écoeurée par tout ça. J'étais bourrée et eux aussi, alors ils en ont profité. Je m'en voulais d'être tombée dans le panneau. Ma naïveté avait prit le dessus sur moi à l'époque.
Partir de Portland, m'avait donné de nouveau goût en la vie. Et surtout, en mon talent qui était la peinture. Mais arriva ce qu'il devait arriver. Personne n'aimait mes peintures alors j'ai décidé de tout arrêter. Et voilà où j'en suis aujourd'hui...
— Allô ! Dylan ? m'interpellait mon amie alors que je m'étais complètement perdue dans mes douloureux souvenirs.
— Tu disais ?
Elle levait les yeux au ciel avant de m'attraper par le bras et de m'emmener dans son élan. Cette fille savait clairement ce qu'elle voulait, tout le contraire de moi.
— On va chez moi pour se préparer, m'annonçait-elle.
Je ne répondais pas et me laissais porter par Evy. Après une dizaine de minutes de marche, on arrivait dans un des quartiers les plus huppés de Seattle. C'était ici qu'Evy et Alban habitaient tous les deux. On entrait dans l'immeuble à la peinture blanche impeccable. À l'intérieur, une sensation de chaud me saisissait. Ici, ils avaient les moyens de payer le chauffage même dans le hall.
Comme leur appartement se situait au rez-de-chaussée, pas besoin de monter d'escalier. Elle sortait ses clés de sa poche en retournant son sac dans tous les sens. Puis, elle les insérait dans la serrure argentée et les tournait. La porte en bois s'ouvrait sur un sublime appartement. C'était grâce à Alban qu'ils vivaient dans une petite coquille dorée. Et même si, elle ne le disait pas, c'était pour ne pas sortir de cette coquille qu'Evy ne voulait pas le quitter.
Evy refermait la porte derrière nous. Le bruit me faisait sursauter. Tout avait été décoré minutieusement ici. Du salon à la cuisine tout était harmonieux et simple.
— Alban n'est pas là ? la questionnais-je sans détour.
— Non, il travaille aujourd'hui. Comme je te l'ai dit, il a augmenté ses heures au journal.
Je n'avais rencontré Alban que quelques fois. Mais de ce que j'avais vu, ils formaient un très beau couple et s'entendaient plutôt bien. J'espérais sincèrement qu'entre eux, tout finirait par s'arranger.
— Alors, tu comptes t'habiller comment ce soir ?
Prise de cours, je réfléchissais quelques secondes. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir mettre surtout que je n'étais pas chez moi ? Je finissais par répondre de façon logique :
— Je vais rester habillé comme ça.
Evy faisait des gros yeux:
— C'est hors de question ! Suis-moi, je vais te trouver quoi mettre dans ma garde robe.
Sans broncher, je la suivais jusqu'à la chambre qu'elle partageait avec Alban. Celle-ci était deux fois plus grande que la mienne. Au milieu, un lit double aux draps blancs en satin. Juste à côté, une grande baie vitrée qui donnait sur un petit jardin. Evy ouvrait toutes les portes de son armoire.
Je commençais à me poser des questions. Est-ce que c'était vraiment une bonne idée d'aller à cette soirée où je ne connaitrais personne ? Est-ce que cela n'allait pas déraper comme à Portland ?
Peut-être qu'Evy avait raison et que Swann n'était pas un mec bien. Pourtant mon subconscient tenait à me faire penser le contraire. Sa mine d'ange avec ses cheveux blonds m'avait troublé. Malgré tous les efforts du monde, je n'arrivais à me dire que ce garçon pourrait être mauvais comme l'était mes anciens amis.
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NOTE
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Je vous souhaite de passer la plus merveilleuse des années !
Nouveau chapitre de Dylan ! Bon j'avoue, il ne se passe pas grand chose mais il est très important pour la suite alors vous verrez bien hihi.
En tout cas, n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de cette rencontre avec Swann ? Vous pensez qu'elle a raison d'aller à cette soiree ?
Dites-moi tout dans les commentaires ! Et n'hésitez pas à voter pour faire vivre mes personnages ❤️
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