Chapitre 15 Un souvenir du passé et une drôle de boisson
Louen et Rion descendent ainsi, un peu plus tard, ensemble l'escalier de la taverne pour arriver dans la salle centrale particulièrement animée et joyeuse. Très rapidement après s'être installés, ils voient une femme elfe sylvaine entrer dans la salle. Elle se déhanche légèrement, étant très belle et assez peu vêtue, attirant le regard de plusieurs hommes, Louen compris.
Sa voix est forte mais très féminine et chaleureuse.
— Bonsoir messieurs et mesdames. Je suis la grande Lighiha ! La plus belle barde des environs.
Elle finit sa phrase sur un clin d'œil avant de sortir sa harpe et de commencer à jouer une douce mélodie, attendant que les applaudissements ayant commencé à son entrée prennent fin.
Lorsque Rion remarque que le regard de Louen s'est porté sur la barde, elle toussote rapidement en le regardant en souriant. Néanmoins, lorsque elle entend le nom de la barde, son expression change complètement et elle pâlit à vue d'œil, sachant que sa peau est noire, c'est plus que visible.
Louen se retourne vers elle, l'air finalement gêné. Il sourit comme pour s'excuser, semblant prendre l'air de Rion pour la gêne qu'a provoquée son regard vers la barde.
— Rion, excuse-moi, je crains de ne pas avoir rangé nos bourses de pièces, il vaudrait mieux, dans des moments comme ça, de les garder avec nous. Cela te dérangerait de les ramener pendant que je commande ?
Il ne semble vraiment pas voir le trouble de Rion. Derrière sa voix, la musique continue et devient plus dansante.
Rion hoche doucement la tête et se lève pour aller chercher les bourses. Elle essaie de reprendre contenance mais ses mains tremblent un peu.
Rion remonte et récupère rapidement les pièces et les petites bourses. Lorsqu'elle redescend, elle voit le tavernier quitter leur table tandis que Lighiha s'est rapprochée de la table et semble discuter avec Louen tandis que la musique continue.
Elle revient bien vite au niveau de la table qu'elle a prise avec Louen et l'embrasse sur le front.
— C'est bon, je les ai récupérés.
Puis elle regarde la barde.
Aussitôt, la barde se recule et reprend sa chanson après un clin d'œil vers Louen. Celui-ci semble serein et embrasse Rion, la remerciant pour avoir ramené l'argent.
— Tu as commandé ?
Louen hoche la tête à l'affirmative.
— Quelque chose de simple mais copieux, oui.
Il marque une petite pause.
— Ma dame, avez-vous... un projet pour la suite ? Je veux dire maintenant que nous sommes réunis et libres, que ferons-nous ?
Il peut remarquer que Rion suit du regard la barde, il lui semble que c'est vis-à-vis de son clin d'œil mais s'il fait attention il peut voir qu'une autre émotion est présente. Elle soupire.
— Je ne sais pas vraiment... Une partie de moi souhaite vivre tranquillement, et une autre partie a des ambitions.
Il fronce les sourcils.
— Voulez-vous retourner quelque part ? À Dumn peut-être, avant de retourner plus au nord ?
— Pourquoi pas, oui, je pourrais ainsi remercier quelques personnes avant de quitter la ville.
Le tavernier leur rapporte un plat de viande et de patates. Elle remercie le tavernier d'un signe de la tête et commence immédiatement à manger, comme si elle voulait reporter son attention sur son plat plutôt que sur autre chose. Louen se penche vers elle.
— Tu sembles...
Il est interrompu par des cris de joie provenant des clients de la taverne qui tapent des pieds et qui se mettent à taper du pied en suivant une musique de plus en plus entraînante.
Lorsque Louen parle, elle ne relève pas la tête, ni même lorsqu'il est interrompu par les clients. Louen lui pose une main chaleureuse sur l'épaule et semble soucieux. Louen se penche vers elle. Quelque chose ne va pas ? Il marque une petite pause puis sourit en montrant des hommes et quelques femmes commencer à se lever pour danser.
— M'accorderiez-vous cette danse, ma dame ? » Un peu plus bas « Retrouvez le sourire, nous parlerons ensuite.
Elle ne peut refuser une telle demande et lui sourit.
— Avec plaisir.
Cela lui permettra peut-être d'oublier le prénom Lighiha qui ne cesse de tourner dans son esprit. Elle prend son bras avec un petit sourire.
Il l'entraîne et commence à danser au milieu des autres convives de l'auberge. Malgré son manque flagrant de talent pour la danse, ses efforts sont visibles. Rion est à peu près dans le même cas que Louen, n'ayant jamais vraiment dansé.
La danse les oblige à changer pour quelques secondes de partenaires. Et vient le moment où Louen se retrouve à danser avec la barde qui a lâché sa musique.
Lorsqu'ils changent de partenaires et que Rion voit quelle partenaire Louen a, elle ne la quitte plus des yeux, sans forcément en être consciente.
Louen, suivant la danse, rattrape la barde avant qu'elle ne touche le sol dans un mouvement semblant presque trop propre pour Rion en comparaison des ses autres mouvements. La danse semble commencer à ralentir.
Elle continue de les fixer et n'est pas ravie d'avoir dû changer de partenaire, surtout avec le fait que ce soit la barde qui soit avec Louen. Louen retourne vers Rion, laissant la barde à un autre homme, il est légèrement essoufflé.
— Hum, quelle étrange femme décidément.
La danse finit par s'arrêter et Rion et Louen se retrouvent presque collés. Elle lâche un « um » mais l'enlace lorsqu'ils se retrouvent presque collés. Louen l'embrasse alors et lui fait signe de retourner manger.
Du coin de l'œil, elle voit la barde se retirer et récupérer quelques pièces avant d'aller au comptoir.
Elle lui rend son baiser avant de se diriger vers la table, non sans surveiller du regard Louen et la barde.
Louen l'accompagne et s'assoit à nouveau devant elle.
— Tout va bien, Rion ?
— Oui oui, merci pour la danse. Bon appétit.
Elle se remet à manger comme au début et elle semble de nouveau tracassée par quelque chose.
Il fronce les sourcils, presque blessé par l'attitude de Rion, mais il est davantage soucieux.
— Tu es sûr ?
Elle lui sourit et l'embrasse sur la joue.
— Mais oui, ne t'inquiète pas, mange.
Rion finit son plat et reporte son attention sur la barde. Louen finit aussi rapidement. Suivant son regard, il parle d'une voix gênée.
— Tu m'en veux ? Je jure de n'avoir rien fait ni ressenti envers cette femme.
Elle semble sortir de ses pensées et le regarde un peu perdue quelques secondes avant de sourire, amusée.
— Non, ne t'inquiète pas pour ça, ça n'a rien à voir, je sais que tu m'aimes.
Elle remarque son air de réflexion.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Rion, tu sembles loin, perdue, et pourtant tu prétends que tout va bien. Je ne sais pas ce que c'est mais quelque chose attire ton regard vers cette elfe.
Elle lui prend la main mais ne répond pas tout de suite.
— C'est juste que... elle m'a fait penser à quelqu'un, c'est tout. C'était une personne qui m'était chère alors...
Elle ne termine pas sa phrase et baisse la tête. Il penche la tête.
— Vous connaissiez une barde ? Ou une elfe sylvaine ?
— Ce... C'était une elfe noire...
Il hoche la tête.
— Votre passé...
Il laisse sa phrase en suspens, sa voix vibrante de curiosité mais aussi de colère.
— C'était ma sœur.
Louen peut remarquer une larme solitaire qui roule sur la joue de Rion. Il ouvre la bouche l'air ébahi durant quelques instants, puis il retrouve une expression inquiète.
— Ta... ta sœur ? Je ne savais pas que vous en aviez une.
Elle sourit tristement sans rien ajouter. Louen hoche la tête dans le vide. De longues minutes s'écoulent.
— Où est-elle, est-elle.... ?
Elle serre plus fort sa main et sa voix se fait comme un chuchotement.
— Elle n'est plus de ce monde.
Il se lève pour se placer près de son amour et l'enserre de ses bras puissants.
— Je suis navré, Rion. Voulez-vous quelque chose ?
Chose que Louen ne peut plus voir mais que Rion aperçoit est l'arrivée de la barde vers eux. Elle ne répond pas et enfouit juste sa tête dans ses bras en silence, en proie à des souvenirs qui remontent. Elle ne prête pas plus attention que ça à la barde.
Il la serre contre lui en lui caressant les cheveux tendrement. Au bout d'une ou deux minutes, Rion relève la tête de son étreinte. Louen la serre toujours, sa tête posée contre la sienne. La barde semble en réalité être allée voir d'autres convives. Rion embrasse tendrement Louen sur le front.
— N'y pensons plus.
Il la regarde, l'air inquiet.
— Tu es sûr ?
— Mais oui.
Bien que peu convaincu, Louen n'insiste pas et propose à Rion de retourner se reposer à l'étage et lui propose de partir vers Dumn dès demain. Elle répond à l'affirmative avant de rapidement monter à l'étage. Louen sur ses talons, il s'assure que Rion soit bien installée avant de s'asseoir pour poncer son arme, produisant un son calme et apaisant, presque hypnotique. Elle finit par s'endormir.
Le sommeil de Rion est agité par les sons à l'étage inférieur. Le prénom de Lighiha est crié à plusieurs reprises.
Soudain, elle se réveille en sursaut dans une chambre aux murs noirs qui semble vaguement lui donner un effet de déjà-vu. Elle regarde autour d'elle pour essayer de comprendre où elle se trouve.
Une chambre de pierre noire, un lit dur et une table de nuit sont les seules choses qu'elle distingue au début. Puis elle voit une fenêtre et aperçoit la pluie qui tombe dehors.
Elle se lève pour se diriger vers la fenêtre. Ses pas résonnent dans la chambre. À travers la vitre, elle voit plusieurs grands et tristes bâtiments noirs dégoulinant de pluie. Dans la rue, plusieurs silhouettes sont rassemblées devant la maison.
Une voix forte résonne en bas.
— Linesh !
Elle sursaute en entendant ce nom et elle sent ses mains immédiatement se mettre à trembler. Elle reste devant la fenêtre, sans bouger, attendant en silence. L'appel résonne à nouveau, bientôt suivi d'un cri aigu. Une des silhouettes dehors tressaille et se tourne lentement vers elle.
Elle se retourne et sort rapidement de la chambre pour descendre et aller dehors voir ce qu'il se passe.
En descendant, de lointains souvenirs surgissent de son inconscient. Cette maison, ce lieu, ça lui est familier...
Elle avance pour sortir dehors sans trouver les silhouettes visibles depuis l'étage. Seul un petit corps frappé par la pluie est étendu sur le ventre sur la pierre noire et froide de ce qui ressemble à une rue. Soudain, elle reconnaît l'endroit, c'était SA rue.
Elle se fige. Elle sait à qui appartient ce corps et ne veut pas revivre la scène. Pourtant, elle se surprend à marcher lentement vers le corps. La pluie se met à la frapper tandis que résonne un murmure à ses oreilles lui répétant son prénom.
— Linesh, Linesh, Linesh.
Elle continue de s'avancer vers le corps. Elle semble hésiter mais regarde finalement. Une partie d'elle espère que ce ne soit pas sa sœur. Elle retourne donc le cadavre pour se rendre compte qu'il s'agit en effet du corps de sa sœur. Elle est clairement morte, son sang macule depuis un moment le sol sous elle. Lighiha semble pourtant la regarder et ses yeux vitreux et sans vie sont teintés d'effroi.
Rion hurle de douleur et tombe à genoux, en larmes. Son sentiment d'impuissance rejoint celui qu'elle a déjà eu il y a bien longtemps.
Alors qu'elle tombe près du corps froid de sa sœur, elle voit ses lèvres bouger. Elles paraissent articuler un "pourquoi ?" pourtant tout le reste du corps démontre bien que la vie l'a quittée.
Lorsqu'elle voit ses lèvres bouger et articuler, Rion est prise d'un espoir, sa sœur est peut-être encore en vie. Les preuves du décès de sa sœur ne semblent pas la faire comprendre que c'est trop tard. Elle s'approche de Lighiha et lui chuchote doucement :
— La vie est injuste.
Le corps ne semble d'abord avoir aucune réaction mais après quelques minutes, le bras droit se relève et saisit subitement la gorge de Rion. La poigne est étonnamment forte et se resserre inexorablement.
De nouvelles paroles sont articulées silencieusement.
— Tout est de ta faute.
Rion est immobile et c'est à son tour d'articuler "Pourquoi ?" Ses yeux sont toujours baignés de larmes mais désormais écarquillés par la surprise. La poigne continue de se resserrer sur la gorge de Rion, commençant à l'étouffer.
— Tu ne mérites pas ta vie.
Un simple "je..." sort de sa gorge avant qu'elle ne se laisse faire. Oui, elle aurait dû partir avant. Elle aurait dû sauver sa sœur avant tout ça.
L'air commence à lui manquer et bientôt ses yeux se ferment.
Soudain, elle se réveille dans la taverne. Elle se relève de suite, prenant de grandes inspirations, toujours sous le choc.
Elle cherche du regard Louen en essayant de se calmer, mais celui-ci n'est pas dans la chambre. Elle décide de se lever, encore tremblante, pour aller se laver dans la salle d'eau. Elle sent toute la transpiration sur elle et pense que l'eau pourra également la laver de son cauchemar. Elle laisse couler l'eau tiède pendant plusieurs minutes avant d'entendre des pas, puis la porte qui s'ouvre.
— Rion ?
Elle n'entend qu'à moitié, perdue dans ses pensées, et préfère rester sous l'eau tiède.
Louen semble s'avancer dans la chambre et toque à la pièce de la salle d'eau.
— Rion, tout va bien ?
Cette fois, elle répond.
— Oui oui, ne t'inquiète pas. J'ai bientôt fini.
Louen peut néanmoins entendre dans sa voix qu'elle est encore sous le choc de quelque chose. Rion, de son côté, termine de se doucher et se rhabille, tentant tant bien que mal de paraître en forme, comme si de rien n'était.
Lorsqu'elle sort, Louen l'attend en dehors de la salle d'eau, l'air soucieux et presque énervé. Son regard passe sur Rion tandis que sa voix en remplit de doute et il semble soucieux.
— Rion, que se passe-t-il ? Le nom de la barde vous a tant perturbé ?
Le voir presque énervé la fait un peu culpabiliser.
— Ce n'est rien, vraiment, j'ai juste mal dormi alors j'ai pris une douche.
Elle semble vouloir dire quelque chose d'autre mais se tait. Louen ne s'écarte pas de l'embrasure de la porte et continue à la regarder dans les yeux.
Elle s'avance et lui sourit, l'air de demander.
— Tu peux te pousser s'il te plaît ?
Louen la regarde dans les yeux en relevant donc légèrement la tête. Puis il croise les bras sur sa poitrine. Sa voix est forte mais lente.
— Rion, que se passe-t-il ?
— J'ai fait un cauchemar c'est tout, n'en parlons plus.
Elle continue d'essayer de passer. Bien qu'elle essaye de le pousser, il ne bouge pas et soupire plutôt.
— Rion.... J'ai été près de vous les fois où vous avez eu des cauchemars, je suis navré de ne pas l'avoir été cette fois, mais expliquez-moi... Beaucoup moins fort et en penchant la tête, il continue. S'il vous plaît, ma dame, j'ai le droit de pouvoir vous aider.
Elle arrête d'avancer et baisse la tête. Elle reste ainsi en silence pendant quelques minutes avant de parler. Sa voix est faible.
— J'ai revu ma sœur.
Il la regarde l'air peiné.
— Rion...
Il commence à lever sa main probablement pour la poser sur son épaule mais s'arrête et baisse la tête et se décale pour la laisser passer si elle le souhaite. Elle préfère l'enlacer.
— Elle... Elle a été tuée par Velrero... C'est de ma faute...
Il la serre fort contre lui et lui embrasse le cou.
— Une raison de plus pour le tuer s'il réapparaît devant nous.
— Mais c'était de ma faute, j'aurais dû la sauver.
Elle semble essayer de démêler le vrai du faux avec ce qu'elle ressent, ce qu'elle pense et ses souvenirs réels et du cauchemar. Il la serre encore plus fort contre lui.
— Ce n'est pas de votre faute, je suis certain que vous n'y êtes pour rien.
— Si, j'aurais dû insister, j'aurais dû prévoir...
Il marque une pause.
— Racontez-moi, ma dame.
Elle hoche doucement la tête et défait son étreinte pour se diriger sur le lit, sur lequel elle s'assoit, attendant Louen. Il la suit et s'assoit soucieux près d'elle. Elle semble chercher ses mots quelques instants avant de commencer.
— Je suis l'aînée de la fratrie, Lighiha est ma cadette et Velrero mon benjamin. Je vous avais raconté un peu mon histoire avec le culte de Bersesh... Lighiha avait le même avis que moi, mais était un peu plus extrême, j'avais constamment peur qu'elle fasse quelque chose qui puisse la faire être arrêtée...
Il hoche la tête et continue à l'écouter. Elle soupire.
— Mon plan pour aller sur l'Ancien Continent était déjà en cours d'élaboration, et j'avais dit à Lighiha que nous partirions ensemble. Elle a souhaité attendre Velrero, pensant que lui aussi rejetterait Bersesh...
Ses mains commencent à trembler un peu mais elle essaye de le cacher.
— Mais vous connaissez Velrero...
Louen baisse la tête et sa voix devient un murmure.
— Et il l'a tuée... puis vous avez dû fuir.
Elle hoche doucement la tête.
— Elle avait libéré des esclaves, d'autres elfes noirs étaient présents mais c'est lui qui lui a porté le coup de grâce...
Il lui caresse le dos.
— Ce n'était pas de votre faute.
— J'aurais dû insister.
— Vous ne pouviez pas savoir.
Sa voix est chaleureuse et dénudée de jugement, il semble totalement sincère et soucieux du bien-être de Rion.
— C'est vrai... Mais tout de même...
Il reste penché contre elle à lui caresser le dos durant un petit moment.
Après quelques minutes, Louen propose à Rion de descendre prendre une bière pour la remettre d'aplomb, ce qu'elle accepte avec plaisir. On ne refuse pas de l'alcool. Il lui tend donc son bras qu'elle prend rapidement et ils descendent ensemble.
Une fois arrivés en bas, il fait signe au barman et demande d'une voix forte :
— Deux pintes !
Il va se poser à une table, l'entraînant avec lui. Elle s'assoit en souriant. Les bières sont rapidement apportées dans de belles chopes. Une fois la sienne en main, Louen la lève en direction de Rion, un grand sourire sur les lèvres. Elle lève également sa pinte, un grand sourire se dessinant également sur les siennes.
— À la vôtre !
Les deux chopes s'entrechoquent et tous deux commencent à boire. La bière est bonne bien qu'elle n'ait rien d'exceptionnel. Pourtant après juste quelques secondes et une gorgée, les yeux de Louen s'ouvrent en grand. Rion ne remarque l'état de Louen qu'après avoir bu sa bière d'une traite.
— Louen ?
Louen commence à tousser, crachotant sa bière sur la table tandis que de la mousse lui mord la barbe. Très rapidement, il se relève, l'air mal assuré, pour reprendre sa respiration. Ses yeux semblent devenir humides et un sourire bête et béat apparaît sur son visage. Dans le même temps, Rion voit le barman s'approcher.
Rion est perplexe, au vu du sourire elle comprend que c'est l'alcool qui est monté vite mais tout de même, une seule gorgée ? De bière ? Alors qu'il a tenu des triples whiskeys ?
— Louen, vous avez à peine bu une gorgée, on ne me la fait pas.
Elle regarde ensuite le barman.
— Votre ami va bien ?
Louen lui pose sa bière sur la table et tente de reculer jusqu'au mur, manquant de glisser à deux reprises.
— Je suis en train de me poser la même question voyez-vous.
Elle se lève pour prendre le bras de Louen.
— Louen, assieds-toi, tu ne tiens pas debout.
Elle ne comprend toujours pas comment une gorgée a pu le mettre dans cet état. Elle reporte son regard sur le barman.
— C'était bien les deux mêmes bières que nous avions ?
Le barman se gratte la tête, l'air surpris.
— Et bien il me semble oui.
Il se retourne pour partir au même moment où Louen ouvre la bouche pour parler et Rion sent un relent d'alcool extrêmement fort.
— Euh, cette, je, bière est...
Il conclut sa "phrase" sur un rot sonore.
Rion soupire, ça tient des triples whiskeys et ça devient bourré avec une gorgée de bière, elle en est réellement déçue.
—Louen viens, on va remonter et tu vas te coucher, ce sera mieux pour tout le monde.
Elle commence à l'emmener vers l'escalier, en espérant qu'il soit coopératif.
Lorsqu'elle attrape Louen celui-ci titube vers sa bière mais lorsqu'il essaye de la saisir sa main passe à côté.
—Nan, j'veux que, je, boire cette bière.
—Tu la termineras quand tu pourras dire une phrase correcte, allez viens.
Elle décale la bière et continue de l'emmener. Louen se renfrogne et tente de résister ce qui fait qu'il va renverser sa chaise. Le barman revient l'air repentant.
—Madame, eh bien il se trouve que la bière de votre ami a été mélangée à une autre liqueur très forte qui plus est frelatée. C'est une erreur d'un de mes serveurs, je suis terriblement désolé.
— Louen s'il te plaît, viens te reposer.
Lorsqu'elle écoute le barman, un grand sourire illumine son visage.
— Ah mais tout s'explique ! Elle rit. Bonne nouvelle, j'ai cru qu'une simple gorgée l'avait mis dans cet état. S'il y avait une autre liqueur c'est logique.
Elle reprend un air mi désespéré, mi amusé.
— Enfin bon, il faut le monter et ça, ça ne va pas être simple.
Le barman se balance d'un pied à l'autre ne sachant que faire. Louen lui, se penche vers la table.
— Qu'une, hip, liqueur ? C'est juste, que, c'est, euh, bon, hip.
En parlant, il essaye d'attraper sa bière et après plusieurs échecs arrive à récupérer sa chope. Rion se tourne vite fait vers le barman, l'air un peu énervé puis elle essaie de reprendre la chope.
— Donne-moi ça, tu pourras la terminer après.
Le barman se retourne pour partir en disant que vu l'état dans lequel est Louen ce n'est en tous cas pas une boisson pour les clients.
Louen résiste, s'accrochant à la chope sans pouvoir en boire puisque Rion la tient elle aussi.
— Louen, donne-moi ça et viens te reposer.
Elle continue d'essayer de récupérer la chope. Louen la lâche subitement ce qui entraîne sa chute et la perte de la presque totalité du liquide. Rion soupire.
— C'est mieux comme ça, allez hop on se bouge.
Elle recommence à tirer Louen vers les escaliers. Le barman, voyant Rion galérer, revient. Ensemble, ils arrivent à hisser un Louen rigolant béatement jusqu'à la chambre. Elle le rassure en disant que ce n'est pas grave, le remercie une dernière fois et une fois le barman parti et la porte refermée, elle regarde Louen pour jauger de l'étendue des dégâts, les mains sur les hanches. Louen est allongé sur le dos dans le lit, il ne semble pas aller particulièrement mal mais son haleine empeste l'alcool et ses yeux, brillants sous l'effet de celui-ci, fixent le plafond.
Un petit filet de bave coule le long de sa bouche grande ouverte tandis qu'il regarde le plafond. Rion soupire, même si elle ne peut s'empêcher d'être amusée par la situation.
— Bon allez maintenant, dodo.
Louen la regarde sans comprendre.
— Rion... Sa voix est hésitante.
Elle s'approche et se penche vers lui, en gardant une petite distance de peur de devenir bourrée rien qu'en respirant son haleine.
— Oui ?
Louen la suit du regard, toujours très souriant.
— Rion...
Elle soupire une nouvelle fois.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle s'attend à tout et à rien étant donné l'état dans lequel il est. Louen se redresse pour essayer de s'installer près d'elle. Il s'aide d'ailleurs de son épaule pour se relever. Sa voix devient sérieuse.
— Tu sais, cette bière... elle était bizarre.
Et il éclate d'un grand rire et retombe sur le lit. Elle regarde dans la chambre s'il n'y a pas quelque chose comme une couverture qu'elle pourrait lui mettre dessus. Le lit comporte une couette et une couverture et un exemplaire de chaque sert de rechange dans un petit placard. Rion étend donc la couverture sur lui avant de remarquer son état.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Louen bâille longtemps avant de répondre.
— Hein ? Je....
Ses yeux semblent commencer à se fermer. Elle sourit et lui caresse les cheveux.
— Repose-toi, je reste là, d'accord ?
La nuit tombe, entraînant plus tard avec elle le sommeil des deux amants.
Le lendemain matin, elle s'est réveillée en entendant Louen se lever. Lorsque Rion ouvre les yeux, elle le voit en train de se passer la tête sous l'eau. Elle se lève tranquillement et va le voir.
— Bonjour mon Louen, alors, pas trop la gueule de bois ?
Louen a la bouche pâteuse et le visage crispé par le mal de tête. Il grogne.
— J'ai horriblement mal au crâne, c'est atroce, ne pourrais-tu pas faire quelque chose contre ça avec ta magie maintenant que tu connais tous les sorts ?
Elle reste quelques instants silencieuse avant de répondre, un peu hésitante.
— Euh... à vrai dire je ne connais pas encore tous mes sorts...
Louen penche la tête et hausse les épaules l'air bougon.
— Et bien tant pis.
Elle s'approche de lui et lui pose une main sur le front.
— Mais je peux peut-être faire quelque chose pour ton mal de crâne.
Elle utilise un sort de soin. Sa main s'illumine tout comme la tête de Louen. Un sourire apparaît, il est visible sur le champ qu'il va beaucoup mieux.
— Merci Rion.
Elle l'embrasse sur le front.
— C'est normal, pas trop mal dormi sinon ?
Il sourit.
— Étonnamment plutôt bien oui, probablement grâce à ta présence.
Il l'embrasse.
— Il est temps de partir vers Dumn comme vous le vouliez je pense, je nous ai déjà suffisamment retardé.
Elle lui rend son baiser.
— Nous avons du temps devant nous, ce n'est pas un jour qui va vraiment nous retarder.
Elle le laisse pour aller préparer ses affaires.
— Ma dame, j'y pensais, ne pourriez-vous pas nous épargner de très longues journées de marche en nous téléportant sur place ?
Elle réfléchit.
— Probable, mais il faut que je me concentre pour éviter une erreur.
Elle ferme les yeux et se concentre fortement pour utiliser toutes les connaissances nécessaires et ses mains s'illuminent. Elle ouvre les yeux et cherche à poser sa main sur l'épaule de Louen pour s'appuyer un peu dessus.
Louen la soutient.
Elle voit autour d'elle exactement l'endroit qu'elle avait visualisé. Les rues sont encombrées de gardes et de gens de toutes races vagabondant entre les maisons serrées les unes contre les autres. Derrière eux le marché et plusieurs marchands animent le lieu.
Elle-même ne peut réprimer un "waw" de satisfaction.
Louen remarque l'état de fatigue de Rion et lui propose donc d'aller se reposer quelques minutes sur un banc ou dans une taverne. Elle montre un banc d'un signe de la tête.
— Je vais m'asseoir là.
Elle lui sourit.
— Je veux bien un remontant en revanche.
Il sourit.
— Je vais vous chercher ça, nous irons chercher un endroit où dormir ce soir plus tard.
Il part en direction du marché. Louen prend quelques minutes avant de revenir en tenant une bouteille.
Il s'approche et la lui tend en souriant tendrement.
— C'est un breuvage exotique, allez-y doucement mon amour.
— Merci mon chevalier.
Elle l'embrasse avant de prendre la bouteille pour l'ouvrir et sentir. Louen s'installe et la quitte du regard pour observer la ville quelques instants. La boisson sent fort l'alcool et le sucre. Une fois le test de l'odorat passé avec succès, Rion en prend une grande gorgée.
Le breuvage sucré est aussi très fort. La tête de Rion se met presque instantanément à tourner sous le coup de l'alcool. Elle tente tant bien que mal de reposer la bouteille sur le banc pour éviter de la renverser et reporte son regard sur la ville pour essayer de faire passer. Sa vue se trouble par moment et elle semble voir plusieurs personnes se dédoubler.
Un étau cotonneux commence à lui enserrer le crâne, étouffant légèrement les sons, dont la voix inquiète de Louen qui lui demande si tout va bien. Elle pose une main sur son front en essayant de défaire cet étau, en vain. Sa fatigue et l'alcool commencent à se mélanger.
Louen pose une main sur son épaule en se levant.
— Tout va bien ma dame ? Nous devrions aller trouver un lit avant d'aller voir les gens que vous vouliez remercier.
Elle tente de se relever pour regarder Louen.
— C'est vrai que vous êtes vraiment mignon.
Louen la regarde en haussant un sourcil surpris.
— Attendez que j'y regarde un peu.
Elle reprend la bouteille pour reprendre quelques gouttes avant de reporter son regard sur Louen.
— Quel bel homme, franchement.
Louen sourit comme sur le point d'éclater de rire. Il lui reprend la bouteille avant de la reboucher et la ranger. Il lui attrape ensuite le bras.
— Allons ma dame, il semble que ce ne soit pas notre fort, l'alcool, ces derniers temps.
Elle le détaille du regard.
— Si ça ce n'est pas du chevalier, dis donc. Enfin, ce serait mieux sans armure. Ça s'enlève comment ?
Louen éclate de rire sans pour autant répondre. Il traîne Rion avec lui en commençant à avancer dans les rues. Elle paraît agréablement surprise.
— Eh bien, on me kidnappe ? Je ne suis pas contre, loin de là ! Mais vous êtes sûr que vous n'avez pas trop chaud avec votre armure ?
Plusieurs badauds se retournent subitement, l'air surpris, vers eux. Louen perd son sourire pour afficher un air gêné.
— Rion, arrêtez quelques instants, nous sommes en pleine rue. Les gens vont se poser des questions.
Il commence à presser le pas.
— Des questions ? Au moins on pourra réfléchir tous ensemble sur comment enlever une armure, sauf si vous voulez me montrer.
Elle rit.
— Vous êtes adorable quand vous êtes gêné.
Louen prend un air grave et détourne le regard en voyant qu'ils commencent à attirer l'attention. Il serre la main de Rion.
— Ma dame... il laisse traîner le mot, l'air contrarié, taisez-vous, vous me mettez dans l'embarras.
Elle rit de nouveau.
— Pour que je me taise, il faut m'embrasser.
Il s'écarte de la rue pour l'amener dans une ruelle transversale étroite et où il n'y a personne d'autre. Il a l'air sérieux et sévère, pourtant Rion perçoit un petit sourire timide.
— Ma dame, par pitié, taisez-vous, nous ne sommes plus seuls, il y a des gens autour de nous ! Vous semblez atteinte et je ne peux vous en tenir rigueur vu mes actes d'hier mais faites un effort juste le temps que je nous trouve une taverne au prix abordable.
Elle sourit, amusée.
— On sourit, mon magnifique chevalier ?
Elle rit, taquine.
— Vivement que l'on ait une chambre.
Il se force à redevenir sérieux, vérifie qu'il n'y a personne d'autre dans la petite rue, puis reprend la parole.
— Retournons-y, mais taisez-vous.
— Je vous l'ai dit, pour que je me taise, il faut m'embrasser.
Louen grommelle puis se penche pour l'embrasser après avoir vérifié que personne ne les observe. Elle en profite pour l'embrasser langoureusement. Bien qu'il lui rende son baiser au début, il finit par s'écarter.
Elle semble déçue. Lorsqu'il s'en aperçoit, il est gêné. En remarquant sa réaction, elle repasse à une expression taquine.
— J'espère que la taverne n'est pas très loin, si vous voyez ce que je veux dire.
Louen soupire.
Ils arrivent enfin près d'un groupe d'établissements proposant le gîte. Beaucoup sont néanmoins très chers, Louen continue donc à avancer à un rythme plus tranquille, d'une démarche mal assurée, au milieu des citoyens vaquant à leurs occupations.
Rion reste silencieuse quelques instants, non sans enlever son expression taquine du visage. À un moment, Louen peut entendre sa voix amusée reprendre.
— Pourquoi vous gardez votre armure ? C'est bien de rester en tunique, au moins si je pose ma main sur votre torse je peux sentir vos muscles.
Louen semble commencer à être exaspéré des regards que lui jettent les gens en entendant les paroles de Rion. Il siffle presque entre ses dents d'une voix bourrue et agacée.
— Je garde mon armure pour nous protéger, et justement pouvoir éviter ce genre de chose.
— Nous protéger ? Vous savez ma main est protégée sous votre tunique, pas besoin d'armure. C'est encore loin la taverne ? Il me tarde de vous voir sans tout ce fer sur vous. Il en est de même concernant le tissu en dessous, cela va de soi.
Louen se retourne vers elle, l'air énervé. Alors qu'il s'apprêtait à faire une remarque, un homme passe près de lui.
— Eh ! Tenez-la un peu, ses propos sont dignes d'une catin et il y a des lieux pour ce genre de personne.
Louen écarquille les yeux et se tourne vers lui, le visage tiré par la colère. Il s'avance rapidement et le saisit par le col pour le plaquer contre un mur. Rion est d'abord surprise, puis elle semble réfléchir et parler pour elle-même.
— Un peu moins fort pour moi mais sinon j'aime beaucoup l'idée.
L'homme semble manifestement apeuré par Louen et s'excuse en bégayant avant de détaler lorsque Louen le relâche. Celui-ci se tourne vers Rion et l'attrape par le bras sans réagir à sa remarque pour la guider vers une taverne proche.
— Je pensais plutôt à la taille plutôt que le bras, mais pourquoi pas. La taverne est loin ?
Louen entre dans la première taverne. Il jette une bourse de pièces au tenancier.
— Je redescends récupérer le surplus.
Puis il grimpe avec Rion et se dirige vers une chambre qu'il déverrouille et où il rentre avec elle. Elle le regarde, plus qu'amusée.
— Eh bien vous êtes pressé dis donc !
Il rentre, l'air manifestement agacé, et lui intime d'un geste plutôt sec de se taire.
— Restez-là ! Je récupère de l'argent et vous apporte de quoi désaouler.
Il se tourne pour partir. Mais elle le rattrape et lui prend la main.
— Ah oui, vous partez comme ça ? Sans rien faire ?
Il se retourne en soupirant.
— Vous n'êtes pas dans un état normal, restez là. Je n'en ai pas pour longtemps, dormez.
— Si je dors, c'est à vos côtés, et uniquement une fois que je suis fatiguée.
Il se dégage.
— Faites comme bon vous semble mais restez là.
Elle est déçue.
— Vous m'abandonnez c'est ça ?
Il lève les yeux au ciel puis sort en fermant à clé la porte derrière lui et redressant.
Rion entend des éclats de voix énervés appartenant à Louen en bas. Elle tente d'ouvrir la porte, en vain, et finit par se diriger vers la salle d'eau pour se rincer le visage, essayant d'évacuer l'alcool de son esprit. Au bout de quelques minutes, elle entend les pas lourds et métalliques de Louen qui remonte l'escalier. Dans un sursaut d'espoir, elle tente un sort pour se désaouler, ce qu'elle n'arrive pas à effectuer.
Louen rentre dans la pièce, l'air mécontent. Il grommelle et jette un regard boudeur à Rion avant de s'asseoir sur une chaise en se passant une main sur le visage.
Elle sort de la salle d'eau et s'appuie dans l'encadrement de la porte. Du moins dans son esprit. Dans les faits, elle manque de tomber en ratant l'encadrement et finit par s'adosser au mur.
— Alors comme ça on m'abandonne en fermant à clé ?
Il ne relève même pas la tête. Sa voix est lente et fatiguée.
— Pardonnez-moi ma dame, mais vous n'êtes pas dans votre état normal, même pour quelques courtes minutes, il valait mieux être sûr que vous ne fassiez pas n'importe quoi.
Elle s'approche de lui.
— Je vous ai entendu d'en haut, qu'est-ce qui n'allait pas ?
Il hausse un sourcil à sa dernière phrase mais n'ajoute rien et la regarde finalement.
— Vous avez désaoulé ?
— Vous n'êtes pas en double, je considère donc que j'ai désaoulé.
Il la regarde, cherchant à savoir si elle se fiche de lui ou si elle est sérieuse. Il soupire finalement avant de répondre.
— Cette taverne est hors de prix, j'ai donc dû payer avec mes dernières pièces. Votre bêtise, en plus de me mettre mal à l'aise, nous a coûté de précieuses pièces.
Il bouge l'épaule comme s'il était réellement dans une mauvaise position et détourne le regard.
— Je ne voulais pas rester plus longtemps à écouter vos remarques en pleine rue.
— Si les gens n'aiment pas entendre la vérité, qu'ils aillent se faire voir.
Elle avance pour se mettre à sa hauteur et l'embrasser. Il se laisse embrasser sans pour autant lui rendre son baiser. Elle lui caresse doucement la joue.
— Nous trouverons un moyen de récupérer cet argent, n'y pensons plus, nous avons une chambre désormais.
Il soupire.
— En effet.
Elle lui sourit.
— Allons, je n'aime pas quand mon homme a cet air, je le préfère souriant, que puis-je faire pour changer ça ?
Il lui répond qu'elle devrait d'abord désaouler pour éviter de faire et dire des choses à cause de l'alcool. Elle soupire, toujours déçue, et retourne dans la salle d'eau pour prendre une douche tout en restant bien dans l'embrasure de la porte qui est restée ouverte.
Louen reste d'abord de marbre sans bouger. Mais après un instant, il ne peut s'empêcher de jeter un regard vers la salle d'eau. Rion n'y prête pas attention et continue ce qu'elle est en train de faire. Louen se lève en toussant. Il s'écarte un peu et elle peut l'entendre détacher les courroies de son armure et les lourdes pièces d'acier être posées. Elle sourit, bien qu'il ne puisse la voir.
— Vous avez dû avoir chaud, vous voulez prendre une douche ?
Il s'approche après quelques instants supplémentaires mais reste dans l'embrasure de la porte, l'air toujours un peu râleur. Elle tourne la tête vers lui.
— Qu'est-ce qui pourra vous faire sourire ?
Il soupire doucement et force un sourire. Elle prend une serviette, l'entoure rapidement autour d'elle et s'approche de lui.
— Je veux un vrai sourire, mon chevalier, qu'avez-vous ?
Il pose son regard dans le sien et un petit sourire amusé, tout à fait réel, finit par apparaître sur son visage. Elle sourit à son tour.
— Voilà un sourire que je préfère.
Elle l'embrasse. Il l'embrasse aussi puis demande.
— Vous avez fini de vous nettoyer ?
Elle le regarde, faussement innocente.
— Tout dépend de la suite de vos pensées.
Il soupire mais en réalité, il commence à se détendre et le sourire s'élargit sur son visage.
— Et bien je ne me suis pas encore nettoyé moi.
Une petite lueur brille dans ses yeux.
— Il faut juste que je me rince.
Elle lui sourit avant de se retourner et de défaire sa serviette.
— Vous n'en avez probablement pas pour longtemps.
Il retire sa propre tunique avant d'avancer sous l'eau, posant ses mains sur la taille de son aimée.
— Ça dépend...
Lorsqu'il arrive, elle le regarde avec un grand sourire.
— Ah bah voilà quand vous voulez, c'est mieux sans tissu tout de même.
Il sourit en regardant Rion de haut en bas et en laissant ses doigts caresser sa peau douce.
— Vous êtes aussi très bien sans vos habits... mais uniquement lorsque nous sommes que tous les deux.
Elle pose les mains sur son torse et elle se laisse attirer.
— Ce que vous êtes beau tout de même.
Il ne dit rien et commence à se dire qu'elle est vraiment encore bourrée. Elle le regarde avec une passion naissante.
— Vous vous souvenez dans la rue tout à l'heure ? Il y a quelque chose que je voulais faire...
Il la regarde, l'air un peu étonné et en même temps un peu inquiet devant son état mais ne bouge pas ni ne dit rien.
— Vous ne vous souvenez pas ?
Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres.
— Je vous passe la partie sur l'armure puisque vous ne l'avez plus, en revanche cela ne me dérange pas de redire que vous êtes un bien bel homme.
Elle le regarde avec passion.
— Un homme fort et musclé...
Elle l'embrasse dans le cou.
— Qui pourrait se rapprocher de moi...
Il sent sa respiration s'accélérer un peu.
— Et qui pourrait me tenir contre un mur pour que je puisse bénéficier d'un nouveau cours.
Il sourit passionnément et sa propre respiration s'accélère aussi, sa voix est d'ailleurs plus grave et traînante quand il répond.
— Vous êtes décidément unique, Rion.
Il s'approche jusqu'à la pousser contre le mur et vient la soulever par la taille et les cuisses, plus précautionneusement que l'homme dans la rue. Elle l'embrasse langoureusement pour toute réponse...
Après un petit moment, il la dépose sur le lit où elle s'endort rapidement. Louen, une fois l'avoir déposée sur le lit, s'assoit et commence à aiguiser son épée. Passée une petite heure, il commence à somnoler lui aussi.
Au boutd'une bonne heure, Rion semble émerger peu à peu, avec un sublime mal de crâne.Lorsqu'elle se réveille avec son beau mal de crâne, elle reconnaît la chambre,voit Louen assis les yeux fermés non loin du lit. Par contre, elle ne sesouvient pas de tout ce qui s'est passé depuis qu'elle les a téléportés à Dumn.
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