Mon sommeil est agité, peuplé de cauchemars, je rêve que l'on me refuse l'adhésion au groupe, que le médecin me retrouve, et me force à avaler la pilule X. Je meurs alors dans d'atroces souffrances, car mon organisme tente de rejeter le médicament. 

Une fois bien réveillée, je décide de me préparer pour accueillir mes amis qui ne devraient pas tarder à arriver. Je mange quelques fruits afin de calmer ma faim puis me dirige vers le salon ou je prends place sur le canapé. Au même moment mon téléphone portable sonne, c'est Naresh.
Je réponds avec une certaine appréhension :
- Bonsoir Naresh, tu as du nouveau ? demandé-je directement .
- Bonsoir Ava, oui mon contact s'appelle Kalyel et il est prêt à te recevoir .
- Vraiment, et quand ? répondis-je avec entrain .
- Demain soir au bar Luminosa à 18 h 00 .
- Aussi tôt ? J'ai peur Naresh !
- Ne crains rien, c'est un bon ami et un homme charmant ! 
- Qu'est-ce que je vais lui dire ? Lui demandé-je un brin d'appréhension dans la voix.

- La vérité rien de plus, je n'ai pas tari d'éloges à ton sujet, ne me déçois pas .

-Je ferais de mon mieux. 

On sonne à la porte. 

- J'arrive, m'écriai-je.
En reprenant le combiné je m'exclame :

- Je dois te laisser mes amis sont arrivés .

 - A bientôt, j'ai confiance en toi mais fais attention tout de même.
-Bien sûr, à bientôt et merci encore . 
Je raccroche lentement et me dirige d'un pas incertain vers la porte .
- Ava, quel plaisir de te revoir, tu nous as manqué ! s'écrient-ils tous les deux en choeur dès que cette dernière est ouverte.
Je souris et réponds :

 - Entrez, vous savez que ce n'est pas sûr de rester dehors à cette heure tardive .
- Toujours aussi craintive à ce que je vois, réponds Urias sur la défensive.
- Tu sais pourquoi je suis ainsi, après ce qui est arrivé à mes parents répondis-je malheureuse.
Il y a quelques années mes parents ont été cambriolé et laissé pour mort dans ce même appartement par une bande de malfrats organisés. À l'heure d'aujourd'hui ils courent toujours, cette histoire a été étouffé par peur des retombées politiques néfastes qu'elle pourrait engendrer en cette période d'instabilité sociale. J'aurais préféré quitter cet endroit, mais faute de moyens je n'ai pas pu m'y résoudre .
- C'était un accident reprend Urias, me ramenant ainsi à l'instant présent.
- Permets-moi d'en douter, répliquai-je durement.
- Les amis nous ne sommes pas là pour nous disputer, reprends Laysla d'une voix calme et claire.

 - Effectivement, je suis désolé, je suis un peu sur les nerfs, m'excusai-je timidement . 

Nous nous installons sur le sofa.
- Alors que se passe-t-il ? Pourquoi cette invitation précipitée ? demande mon ami.
Je prends mon courage à deux mains et me lance :
- Les amis, j'ai une confession à vous faire .
- Quoi ? Tu vas te marier ? réponds du tac au tac Urias. Lui et son sens de l'humour ...
- Enfin non ! Bien sûr que non, vous devez me jurer de garder le secret, c'est une question de vie ou de mort .
- Tu me fais peur Ava, réponds Laysla avec une certaine crainte.
- Vous devez me le promettre.
- C'est juré s'écrient-ils tous les deux en levant la main droite.
- Alors voilà, je suis malade, je suis devenue intolérante aux gélules et aux médicaments .

Un silence de plomb s'installe . Après un moment de flottement Laysla reprend :
- Attends ... comment est-ce possible ? 
- Depuis trois jours, je ne peux plus me nourrir de gélules protéinées, on m'a donné quelques fruits et des conserves mais ça ne suffira pas .
- Oh non, que vas-tu faire ? s'écrie Laysla les larmes aux yeux .
- J'espère pouvoir rejoindre un groupe de la résistance .
Urias voit rouge, son visage se déforme sous les traits de la colère, il se lève brusquement et s'exclame :
- Tu ne peux pas faire ça, c'est dangereux et inconscient ! 
Je ne comprends pas sa soudaine crise de colère et réplique aussitôt :
- Non c'est faux, j'ai des contacts tout ira bien pour moi. De toute façon je n'ai pas le choix !
- Si, au contraire on a toujours le choix , reprend t-il sûr de lui.
- Tu sais bien que non, m'exclamé-je à nouveau .  Je le soupçonne d'avoir secrètement le béguin pour moi, ce qui pourrait expliquer sa soudaine crise de colère .

Je reprend la parole afin d'essayer d'apaiser la tension qui s'est soudainement installée :

- Écoutez, il est possible que je doive m'en aller, pour un temps indéfini. Je ne veux pas que vous vous inquiétiez pour moi .
- Comment pourrions nous rester serein ?  Tu es notre meilleure amie, reprends Laysla d'une voix à peine audible.
- Tout va bien se passer, j'ai rendez-vous demain avec mon contact, je vous raconterais .

- Tu as intérêt à nous raconter reprirent-ils en chœur .
- Oui, enfin dans la mesure du possible... ce groupe est sensé rester secret je ne pourrais pas tout vous dévoiler . Quoi qu'il en soit, vous savez que c'est ma seule option, vous avez entendu les informations comme moi, ce que l'on fait à ces misérables gens ... 
- Oui, nous savons, c'est la folie dehors en ce moment, ne sors pas la nuit, fais très attention et apprend les gestes de défense élémentaires, me liste Urias.
- Oui chef, c'est promis .
- Nous avons très peur pour toi,  reprends Laysla en me lançant un regard tendre .
- Ça ira, ne vous en faites pas .
Ils me prennent tous deux dans leurs bras. Après de douloureux au revoir ils finissent par partir, mon cœur est lourd mais je me dois de rester brave, mon rendez-vous approchant à grand pas.
Le jour d'après, je décide de m'habiller très simplement, mon apparence est le cadet de mes soucis. Après un brin de toilette rudimentaire, je décide de partir avec un peu d'avance à mon rendez-vous, bien que très angoissée à l'idée de rencontrer un parfait inconnu .
J'arrive au bar une demi-heure avant l'heure prévue. 

Les restaurants et les bars ont pratiquement disparus suite à l'explosion du marché des comprimés protéinés. Bien souvent ces endroits ne sont qu'un prétexte pour se retrouver entre amis dans un lieu public et pouvoir bénéficier de l'éclairage public. Le bar est désert, le serveur me regarde du coin de l'oeil, l'air hagard, cela ne fait qu'accroître ma nervosité.