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Chapitre 1 - Sous drogues

(Poème d'Alphonse de Lamartine, "Le papillon")

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« Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes... »

{ 8 ans plus tard. }

C'était bruyant. A cette heure tardive, le restaurant accueillait de nombreux clients. Les assiettes, couverts et verres se cognaient, leur cliquetis emplissait l'endroit. Les discussions allaient d'entrain, on débattait, on prenait des nouvelles. Les lumières tamisées rendaient le tout encore plus chaleureux et agréable. L'odeur de plats et d'épices se faufilait à travers les narines, appelait à la tentation et à la gourmandise. A une table, on riait aux éclats. On plissait les yeux, haussait les zygomatiques au maximum et dévoilait les dents blanches. L'humeur était toujours au mieux de sa forme. D'après le chef, c'était grâce à ses plats. Il le disait toujours avec un clin d'œil et ça faisait toujours grandement sourire Baekhyun. C'était vrai qu'ici on mangeait bien, on était bien accueilli. L'ambiance était toujours sereine et insouciante. C'était ce qui lui plaisait autant.

Une main s'éleva à une table. Baekhyun saisit son carnet et son stylo, arbora son plus beau sourire et s'y dirigea rapidement. Il connaissait ces clients-là, c'était un couple dans la quarantaine qu'il appréciait plutôt bien. Il lui arrivait de prendre de leurs nouvelles, car il savait qu'ils passaient tous les deux une épreuve difficile avec leur fils. Il s'avérait en effet que le jeune garçon avait un déficit mental. L'unique fois où Baekhyun l'avait aperçu dans la rue en rentrant du travail, il poussait des cris terribles, presque inhumains. Les parents, à bout de force, essayaient tant bien que mal de le garder calme. Ce soir-là, Baekhyun n'avait pas su dormir malgré le souffle rassurant de Chanyeol.

- Bonsoir, vous avez choisi ? demanda-t-il.

Il prit note des commandes en gardant le sourire, puis, d'un ton se voulant doux, il ajouta:

- Comment va le petit ?

La mère soupira lentement, le regarda et finalement répondit:

- Tout ce qu'on peut faire pour oublier un instant tout ça, c'est venir ici, manger et recevoir ce si joli sourire que tu nous offres à chaque fois, Baekhyun.

Baekhyun espérait de tout cœur qu'ils s'en sortent. Ils ne les comprenait que trop bien.
Une fois la commande prise, il alla vers les cuisines et attacha le bout de papier à la hauteur des yeux des cuisiniers, lorsqu'il sentit soudain son portable vibrer. Il se dépêcha de sortir et passa dans le couloir privé pour atteindre la porte qui donnait sur une ruelle calme, à l'arrière de l'immeuble. C'était là où les conteneurs à poubelles du restaurant étaient disposés, et où les fumeurs fumaient leur cigarette à l'abri du bruit et des regards. Il faisait froid, on était en plein hiver, et il faisait déjà sombre depuis un moment déjà. Habillé d'un tablier et d'une simple chemise blanche, Baekhyun frissonna. Puis il sortit le téléphone de sa poche et jeta rapidement un œil sur le correspondant avant de décrocher.

- Chanyeol ?

- Je ne te dérange pas ?

La voix de Chanyeol le réchauffa aussitôt.

- Non non, dis-moi.

- Je ne pourrai pas venir te chercher et je rentrerai plus tard. Ne m'attends pas, d'accord ?

- Entendu.

Il y eu un bruissement dans le microphone. Baekhyun toucha l'anneau qu'il portait à la main gauche, ne cessant de le faire tourner à son doigt.

- Baekhyun ?

- Hm ?

- Je donne un cours d'appui, c'est pour ça.

- Tu n'avais pas besoin de te justifier. Je te fais confiance.

Chanyeol poussa un léger soupir.

- On se voit ce soir alors, je t'aime.

- A ce soir.

Le son du bip retentit. Les cheveux de jais de Baekhyun furent secoués par une légère brise. Il leva le regard au ciel, le portable sur le cœur, dans ses pensées.
Soudain la porte s'ouvrit, un de ses nouveaux collègues, Jongdae, apparut sur le seuil de la porte, un briquet déjà en main. Il montra derrière lui de sa main.

- On t'appelle, dit-il la cigarette entre les lèvres tout en approchant le briquet allumé du bout.

Baekhyun s'y amena immédiatement, sans accorder un seul regard à Jongdae, qui le toisait d'un regard méprisant. La porte coupe-feu claqua derrière lui.
A l'intérieur, c'était le même brouhaha qu'auparavant. Rien n'avait changé. Baekhyun alla vers la cuisine, chercha une personne du regard avant de trouver le chef et de s'en approcher.

- Vous me cherchiez ?

L'homme se tourna vers lui, la casserole en main.

- Ah, Baekhyun, oui. J'aurais besoin que tu ailles à la réserve me chercher deux assiettes neuves, deux sont abîmées et il faut les remplacer.

Baekhyun acquiesça.

- Pas de souci.

Il expira fortement. Il avait un mal de crâne qui ne voulait pas le laisser en paix. Il se mit en marche vers la réserve, un petit cagibi avec des étagères sur lesquelles se trouvaient des aliments et des matériaux. Avec sa carte d'employé, il ouvrit la porte et alluma ensuite le néon. Il grésilla en émettant un son désagréable. Baekhyun se mit sur la pointe des pieds pour pouvoir voir les boîtes tout en haut des étagères. Puis, ayant trouvé ce qu'il cherchait, il tendit les bras pour attraper le carton. Alors qu'il avait presque réussi à le saisir, la porte s'ouvrit soudainement, le faisant sursauter. Le carton vacilla d'abord, puis s'écroula sur lui. Le choc était tel qu'il perdit l'équilibre et tomba au sol. Le tout dans un horrible fracas.
Son mal de tête n'en fut pas soigné.

Tout en ayant une main sur sa nuque, il regarda qui avait été la cause de sa frayeur et constata que c'était encore Jongdae, le serveur engagé il y a à peine trois jours. Son odeur de cigarettes ne mentait pas. Il se trouvait encore une fois sur le seuil de la porte, cette fois-ci les mains dans les poches.

- Tu pourrais m'aider ? demanda Baekhyun en même temps énervé, fatigué et essoufflé.

C'était bientôt la fin de son service et tomber sur Jongdae et causer des dégâts étaient les dernières choses qu'il désirait. Pourtant Jongdae ne bougea pas d'un poil et Baekhyun dut se résigner à remettre le carton en état seul. Heureusement aucune assiette ne semblait brisée. Alors qu'il en avait sorti deux et remis le carton pour se diriger à nouveau vers la cuisine, Jongdae se mit enfin à parler.

- T'es pédé ?

Baekhyun s'immobilisa et fronça les sourcils. Il ne sut comment réagir. Se sentir insulté par le terme utilisé ou être étonné de la question. Il observa le visage de Jongdae. Celui-ci avait gardé cette expression impassible. Baekhyun toucha son anneau un bref instant avant de frotter cette main sur son tablier noir.

- Pourquoi ? réussit-il à dire.

Jongdae croisa les bras sur son torse.

- Parce que j'aime pas les pédés et je croyais que tu parlais à ton mec au téléphone.

Baekhyun sentit son cœur battre plus fort. Il se tut. La pièce parut soudainement plus sombre. Il eut l'impression que tout se jouait désormais sur sa réponse. Il ouvrit la bouche, mais aucun son ne parvint à sortir. Le regard de Jongade était très calme et pourtant si menaçant et agressif. Et jamais de sa vie Baekhyun aurait cru qu'il aurait dû avoir honte de son homosexualité comme à l'instant. Sa salive avait un goût acide. Il aurait vraiment aimé assumer jusqu'au bout. Mais ces yeux...c'était comme si quelqu'un lui mettait un couteau à la gorge.

- Non, c'était mon frère, dit-il avant de briser leur contact visuel.

Il aurait préféré qu'on lui tranche la langue que de dire ces mots. Chanyeol n'était pas son frère, c'était celui qu'il aimait plus que tout, celui à qui il offrait sa peau et sa vie depuis presque dix ans maintenant. Et dire cela lui parut comme s'il venait de cracher sur ce qu'ils avaient construit au fil du temps. Comme s'il venait de gifler et renier celui qui comptait le plus pour lui et d'écraser son cœur. C'était douloureux, d'autant plus qu'il ne savait pas mentir. Dire ces mots n'aurait servi à rien puisque Jongdae avait sûrement discerné le mensonge.
Il poussa celui-ci hors du chemin, les assiettes en main et un sentiment indescriptible pesant dans son cœur.
.

.

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Lorsque le restaurant ferma ses portes, tard dans la nuit, Baekhyun n'avait plus de forces. Après s'être changé et avoir pris son sac en bandoulière, il sortit dans la rue, accueilli par un vent froid et piquant. Il fourra ses mains dans les poches de son caban et cacha un peu plus son cou dans son écharpe.
C'était calme. La rue était déserte et il marchait vite. En temps normal, il ne rentrait pas seul la nuit. Chanyeol venait toujours le chercher. Toujours, sauf ce soir-là et quelques autres fois. L'ombre de ses fines jambes était projetée au sol par les lampadaires. Son nez coulait et il était fatigué. Ses paupières étaient lourdes et ses muscles endormis.
Le regard penché sur le sol à fixer son ombre qui se mouvait, il aperçut soudainement une seconde ombre. L'ombre de cette silhouette tenait celle d'une arme blanche. Baekhyun résista à l'envie de se retourner. Il compta dans sa tête.
Puis il se mit à courir de toutes ses forces.

Les poumons torturés et essoufflé, il arriva devant la modeste maison où il vivait avec Chanyeol. En hâte et maladroitement, il ouvrit la porte et la ferma aussitôt à double tour derrière lui. Son souffle était bruyant, son cœur battait à une allure folle. La maison était plongée dans la pénombre. Il sortit immédiatement son portable et appela sur celui de Chanyeol. Il tremblait tellement qu'il dut s'y reprendre à deux fois. Alors que la sonnerie retentissait, il clôt ses paupières et passa une main dans sa chevelure.

- Réponds... s'il te plaît...

Ce fut la messagerie qui répondit. Il cria et jeta le téléphone à travers le salon. Les larmes lui montèrent aux yeux. Après un moment à fixer la porte d'entrée, il monta les escaliers en trombe, manquant de rater des marches et entra dans leur chambre. Il s'empara de l'oreiller de Chanyeol et se laissa tomber dans un coin de la pièce. Les jambes ramenées contre son torse, le corps qui tremblait violemment et l'oreiller dans les bras, il inspira profondément l'odeur des cheveux de Chanyeol. Il aimait ses cheveux. Il aimait passer ses doigts entre ses mèches ondulées. Quand il faisait cela, Chanyeol le regardait avec son regard intense. Il pouvait passer des heures à toucher ses cheveux. Penser à cela l'apaisa.
Il sentait que la chaleur de son corps tombait considérablement, qu'il tremblait de plus en plus fort.

- Chanyeol, Chanyeol, Chanyeol... répétait-il sans cesse, les yeux fermés et la mâchoire serrée.

La chambre était plongée dans la pénombre. Il n'avait pris la peine d'allumer aucune pièce. Le souffle toujours erratique, il écoutait les moindres bruits suspects. Il sentit ses muscles se tendre, puis la circulation du sang ralentir. Le corps trempé de sueur froide, ses doigts se crispaient et bougeaient de manière anormale, faisant saillir les tendons. Il claquait des dents et ses cheveux étaient mouillés par la transpiration. Il toussa une fois, puis deux, et s'écroula sur le parquet. Il sentit de la bile remonter son œsophage.
Alors qu'il tentait de cracher cette salive acide, il entendit le son d'un moteur et le bruit de la porte d'entrée. Il n'ouvrit pas les yeux. Il voulut se tourner sur le côté pour pouvoir vomir, mais il n'avait plus une seule force. Il resta sur le dos. Il perçut les pas pressés de Chanyeol dans les escaliers malgré ses oreilles qui bourdonnaient. Des couleurs de toutes sortes passaient devant ses yeux. Bleu, rose, jaune, vert, comme un cercle vicieux. Ses paupières papillonnèrent, il aperçut brièvement le visage de Chanyeol.

- Baekhyun !

Des mains le tournèrent sur le ventre. Il put enfin recracher ce qui l'encombrait. Chanyeol caressa son crâne et retira ses cheveux de son visage. Son corps était glacial. Chanyeol lui enleva sa veste, son écharpe, tous ses vêtements, puis le souleva. Il ne dit rien et l'amena simplement à la salle de bain. Ensuite il déposa son corps ballant dans la baignoire et ouvrit le robinet d'eau chaude. Baekhyun tremblait tellement que ses dents faisaient un bruit d'entrechoc.
Plus le niveau d'eau bouillante montait, moins il tremblait et ses muscles se détendirent. Il gardait les yeux fermés et il avait les lèvres bleues. Chanyeol ne cessait de caresser son front. Puis il se saisit d'un gant de toilette, le mouilla et le passa lentement sur son visage livide pour le nettoyer. Il frotta délicatement ses lèvres et ses paupières.

- Tu dois ouvrir les yeux maintenant Baekhyun.

Il passa le tissu également derrière ses oreilles, les massa doucement et descendit sur sa nuque. De son autre main, Chanyeol prit la main droite de Baekyhun qui gesticulait bizarrement et la coinça dans son poing pour l'immobiliser. Son regard tomba sur les plusieurs cicatrices mystérieuses qui se dessinaient sur le bas-ventre de Baekhyun. Il ne lui en avait jamais dit mot. Elles ne venaient pas d'une blessure normale, Chanyeol le savait. Il avait pu les observer souvent. Elles semblaient intentionnelles, trop longues et trop nombreuses pour venir d'une blessure. Comme une marque, un dessin trop effacé pour qu'il puisse déterminer ce dont il s'agissait. Baekhyun les cachait dès qu'il les observait.
Chanyeol en décrocha le regard. Il déposa sa main sur son front. Baekhyun semblait avoir repris sa température initiale. Puis il se baissa sur lui et amena son oreille près de ses lèvres pour pouvoir entendre sa respiration. Elle s'était calmée. Il coupa l'eau et aida Baekhyun à se redresser. Il était habitué désormais à faire ce genre d'intervention.

- Ton médicament, Baekhyun, pourquoi tu ne le prends jamais quand je ne te surveille pas ? Tu vois, c'est ce qui se passe sans. Tu trouves que c'est bien ? Tu trouves que m'inquiéter et te torturer de cette manière pour que je reste près de toi est une bonne idée ? Si je ne peux pas venir, c'est que je ne peux pas, Baekhyun, c'est que j'ai une bonne raison. Tu vas devoir l'apprendre, tu vas devoir apprendre à te débrouiller sans moi. Tu n'as plus seize ans. J'ai un boulot, comme toi, et parfois je n'ai pas le temps de venir te chercher, et c'est possible que ça arrive plus souvent à l'avenir. Comment veux-tu que je fasse si tu ne prends pas ton médicament et que tu fais une crise par la suite ? C'est ingérable.

Baekhyun avait décidé à enfin ouvrir les yeux. Il fixait l'eau.

- Ce n'est pas de ma faute... dit-il la voix cassée.

Chanyeol leva les yeux au ciel.

- Et c'est de la mienne peut-être ? Tes crises sont de plus en plus violentes. Je ne voudrais pas te retrouver un jour au sol, mort étouffé dans ton vomi, tu comprends ça ?! J'ai peur chaque jour pour toi ! J'ai peur de rentrer et te voir mort parce que je ne suis pas venu te chercher !

Chanyeol s'était levée, tout son corps était tendu de colère. Baekhyun sourit discrètement, ce qui l'énerva encore plus.

- Non, Baekhyun, non, ce n'est rien de drôle. Je ne sais pas pourquoi tu fais ça, mais j'ai l'impression que tu le fais exprès. Tu ne supportes pas que je sois occupé ailleurs avec quelqu'un d'autre au lieu de venir te chercher, c'est ça ? Tu ne me dis jamais rien, tu ne me dis jamais comment tu te sens, ce que tu ressens et ce à quoi tu penses ou ce qui t'inquiète. Comment je suis censé savoir ce qui se passera à l'avenir ? Ça me blesse que tu ne te confies pas totalement à moi. Alors oui, aujourd'hui je n'ai pas pu venir te chercher, mais ce n'est pas pour autant que tu dois oublier de prendre ton médicament et me cacher des choses.

Baekhyun resta silencieux, il ne souriait plus. Chanyeol eut l'impression d'avoir affaire à un enfant.

- Je veux que tu retournes consulter la psychiatre, dit Chanyeol en essayant que Baekhyun le regarde.

- Non, s'il te plaît ! s'écria celui-ci. Je ne veux pas retourner à l'hôpital !

- Alors prends tes médicaments, Baekhyun. C'est vraiment important.

- Ne me fais pas ça, s'il te plaît !

L'air de Baekhyun avait quelque chose de presque pitoyable.

- Qu'est-ce que tu as vu en rentrant ? demanda Chanyeol d'un ton qui ne tolérait pas les discussions.

Baekhyun leva lentement le regard, les épaules basses.

- Une ombre comme la mienne...avec l'ombre d'un couteau...

Chanyeol leva une nouvelle fois les yeux au ciel.

- Mais cette fois-ci c'est différent, je t'assure ! contesta Baekhyun.

- En quoi c'est différent, Baekhyun ?! s'éleva la voix grave de Chanyeol.

- Ne me crie pas dessus s'il te plaît ! se lamenta Baekhyun en plaquant ses mains sur ses oreilles.

Ils se regardèrent enfin. Et comme toujours pendant une dispute, Baekhyun se mit à pleurer. C'était dur pour Chanyeol, mais la psychiatre avait dit qu'il fallait qu'il soit sévère. Les cas comme Baekhyun refusaient souvent de prendre leur traitement. Baekhyun ne réagissait pas ainsi normalement – en pleurant et en se lamentant – sauf quand il ne prenait pas cette fichue pilule. Comme à l'instant. Et c'était dur pour Chanyeol de le voir pleurer alors qu'il était d'ordinaire si courageux.
Il lui tendit un verre d'eau et le médicament. Baekhyun le regarda, les yeux rouges et les sourcils froncés. Puis finalement il arracha le verre des ses mains et avala le médicament. Chanyeol sourit puis se pencha pour le serrer dans ses bras. Baekhyun voulu se débattre mais il accentua son emprise.

- Tu as beaucoup de courage.

Baekhyun ferma les paupières, soudainement très lourdes. Il s'endormit peu de temps après, éprouvé plus par la pilule que par tous les évènements.
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Le matin, il se réveilla et il ne se rappela de rien. Il avait les membres lourds, tout pesait plus et il eut l'envie de soupirer très fort pour se débarrasser de ce poids. Chaque matin c'était comme cela, une envie irrépressible d'arrêter de respirer tellement il se sentait mal. Gorge sèche, goût amer sur la langue, crâne comme comprimé, et mentalement c'était pire. Il n'avait envie de rien du tout dans ces moments-là, il ne voulait voir rien ni personne. Il voulait juste que ce sentiment désagréable disparaisse au plus vite. Dans ces moments-là, même Chanyeol ne pouvait rien changer. Il fronça les sourcils et entrouvrit la bouche, inspira et expira lentement. La pulpe des doigts de Chanyeol passa sur sa joue, mais il le repoussa. La main se retira aussitôt et Baekhyun sentit le matelas s'alléger du côté droit. Chanyeol s'était levé. Baekhyun soupira et ferma les paupières.

- Je n'aime pas ce médicament... Je n'aime pas perdre conscience de ce qui se passe autour de moi. Je n'aime pas me réveiller le matin et avoir ce sentiment horrible à chaque fois. Je n'aime pas ce médicament, parce qu'il me fait oublier que je-

Baekhyun ouvrit les yeux, poussa un énième soupir.

- ...parce qu'il me fait oublier que je t'aime. Je n'aime pas ça, cette impression d'être sous drogues. J'oublie tout, je perds tout quand je le prends. Je n'ai plus envie de tes baisers, de tes caresses, de ton odeur, de toi tout entier avec cette ordure. Je ne suis plus moi-même, je ne me contrôle pas. Tu ne sais pas ce qui se passe en moi quand je la prends. Des cauchemars, des visions et des souvenirs, de l'angoisse, des choses que je ne contrôle plus du tout, comme livré à ce que je fuis, pire que quand je ne le prends pas. Hier la crise était plus forte, parce qu'il s'est passé quelque chose qui m'a angoissé. Je sais que cette ombre est fausse, mais il s'est passé quelque chose qui a alimenté cette hallucination. Je ne te dis jamais ce que je ressens parce que je n'en trouve pas les mots et que je n'ai pas envie que ça t'empoisonne. Alors voilà je t'en parle là maintenant, parce qu'hier même si je suis resté silencieux, j'ai pleuré intérieurement quand tu m'as dit que ça te blessait. Tu as raison, Chanyeol, après tout, j'ai toujours pu te faire confiance et c'est ingrat de ma part de te faire ça.

Chanyeol se retourna et se dirigea vers son côté de lit. Puis, il tendit le bras, hésita et finalement déposa sa main sur sa joue. Baekhyun tourna la tête vers lui et le regarda intensément.

- Abruti, dit Chanyeol, je ne sais même pas si je dois te gifler ou t'embrasser pour m'avoir autant inquiété. Pourquoi tu ne m'as pas dit ça plus tôt, hein ? Pourquoi tout ce temps tu ne dis rien et gardes ça pour toi ?

Baekhyun sourit légèrement et posa sa paume sur la main de Chanyeol.

- Je ne sais pas. Je préfèrerais être seul un instant.

- Dis-moi quand tu vas mieux, dit Chanyeol avant de retirer sa main et de sortir lestement de la chambre.

Il ferma la porte derrière lui, soupira et alla à la salle de bain. Pourquoi avait-il cette impression grandissante que Baekhyun lui cachait bien plus de choses ? Lors de leur première rencontre, jamais il n'aurait imaginé que cela aurait été si compliqué. Jamais il n'aurait pensé que cela laisserait aurait de traces en Baekhyun. Ils avaient une maison, un travail, l'amour, mais Chanyeol avait l'impression qu'il manquait quelque chose d'important. Pourtant il faisait de son mieux pour qu'ils soient heureux.

Il se regarda dans le miroir, s'appuyant sur le lavabo. Baekhyun aimait ce visage. Il le lui disait souvent.
Chanyeol tourna la tête vers la petite horloge de salle de bains. Il devait aller travailler, les cours allaient commencer. En tant que professeur de littérature, il se devait d'arriver à l'heure.
C'était sans compter sur l'apparition discrète de Baekhyun. Sans sourire, sans mots, il se déshabilla calmement et alla dans la douche. Chanyeol fit de même et le rejoignit sous le jet d'eau chaude. Il entoura tendrement le corps de Baekhyun de ses bras. Celui-ci posa sa tête contre son torse et tous deux laissèrent l'eau ruisseler sur leur peau. Il leur arrivait souvent de se doucher ainsi, ensemble et dans le silence. Le moment en était bien meilleur.
Et ainsi, tous deux partaient travailler avec le souvenir de leur peau l'une contre l'autre et cette odeur de rassurance constante.
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Quand Baekhyun fit passer sa carte d'employé face au scanner à son arrivée, il y avait très peu de monde. Il était toujours parmi les premiers et il montrait une attitude productive et positive. Il faisait chaque fois bonne impression, on l'aimait bien dans le restaurant. On le connaissait, du moins extérieurement. Personne ne se doutait de ce qu'il avait déjà enduré. Et c'était bien mieux ainsi.

Ici, il se sentait comme chez lui. Il connaissait du monde, il parlait, il riait même parfois avec eux. Le chef était une personne très généreuse, il lui était également très reconnaissant d'avoir accepté le jeune garçon sans aucune expérience qu'il avait été. À vrai dire, il avait été troublé la première fois. Comment cela se faisait-il qu'on l'ait engagé ici, alors qu'en ville personne n'avait voulu de lui ? Pourquoi lui qui n'avait jamais rien connu d'autre que la prostitution pour s'en sortir ? Cela avait été troublant et déboussolant au début, mais grâce à sa volonté à s'adapter, il avait vite collecté cette expérience manquante. Au début, on a dû tout lui montrer, comment faire ceci, cela, comment accueillir convenablement un client. Maintenant c'était lui qui montrait aux nouveaux, à qui on demandait de l'aide. Il en était fier. Il était heureux qu'au niveau professionnel, il avait su se débrouiller.

Il était fier de ne plus devoir se vendre pour arriver à subvenir à ses besoins. Fier aussi de ne pas être dépendant financièrement de Chanyeol et de pouvoir participer au paiement de leur logement. Mais si tout se passait bien à ce niveau-là, le reste en était plus compliqué. Car niveau santé mentale et physique, il avait beaucoup moins de chance.

- Salut Baekhyun !

L'interpellé sortit de ses pensées et se tourna là d'où provenait l'appel. Baekhyun sourit aussitôt qu'il aperçut Mei Lin, également serveuse du restaurant. C'était une jeune femme pétillante, avec les cheveux courts teints en châtain clair. Dans son sourire se trouvait toujours une touche de tendresse et de provocation. Au fil du temps, les deux s'étaient lié d'amitié. C'était une jeune femme avec beaucoup de caractère, qui détestait qu'on lui dicte des choses, ce qui contrastait complètement avec le caractère introverti de Baekhyun. Parfois elle lui faisait peur en sursautant soudainement dès qu'elle avait une idée. Elle riait beaucoup, comme à l'instant.

- Salut Mei Lin, nouvelle journée.

- Toi, tu n'as pas bien dormi ! rit-elle.

Baekhyun tira une moue. Elle le connaissait bien aussi, elle observait tout. De ce côté-là, elle lui rappelait Chanyeol.

- On peut dire ça comme ça.

- Problème de cœur ?

- Ah non ! s'écria Baekhyun. De ce côté-là, tout va bien.

Elle sourit. Baekhyun n'avait parlé à personne de sa sexualité, ce qu'il trouvait totalement normal. Mei Lin partait alors de l'idée qu'il avait une compagne.

- Tant mieux. Bon, allez, je dois aller m'occuper de quelque chose qu'on me dit de faire depuis des lustres.

Baekhyun lui sourit avant qu'elle ne s'en aille. Il attacha son tablier, remonta les manches de sa chemise blanche, referma son casier, puis alla vers la salle où les tables étaient disposées. Il s'empara de verres sur le comptoir et commença à dresser les tables une à une. Il faisait des allers et retours sans arrêt pour prendre les couverts et les menus, prenait agilement plusieurs verres dans une même main.
Quand il eut fini de disposer les serviettes, c'était tout juste l'heure d'ouverture. Désormais, tout le monde était là, soit occupé dans les cuisines, soit dans le nettoyage de dernière minute. Baekhyun réarrangea son tablier avant d'aller ouvrir aux premiers clients. Il les accueillit, leur proposa une table avant de disparaître à la réserve pour prendre une chaise d'enfant. Il revint la leur mettre autour de la table.

- Appelez-moi dès que vous avez choisi, sourit-il au couple.

Les deux adultes acquiescèrent et Baekhyun effleura gentiment la tête de l'enfant qu'ils accompagnaient.
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C'était le soir et il y avait – comme toujours – beaucoup de monde. C'était beaucoup de boulot pour les serveurs. Baekhyun ne cessaient de marcher, de se presser d'une table à une autre, de nettoyer une table avant que quelqu'un ne vienne s'y installer. Il continuait d'ignorer Jongdae, qui, décidément, lui inspirait de moins en moins confiance. Il se demanda s'il devait en parler à Mei Lin. Mais il décida finalement que non, tant que rien de dérangeant ne se passait, il ne dirait pas de choses le concernant. Baekhyun n'était pas du genre à propager des mauvais propos. Cependant, il savait qu'il ne lui parlerait pas ou ne s'approcherait pas de lui. Il l'avait tout de suite compris.

Il aperçut l'assiette vide d'un homme et se dirigea vers sa table.

- Vous avez fini ? demanda-t-il comme à son habitude muni d'un sourire.

L'homme lui sourit en retour et hocha la tête.

- Oui, je voudrais payer.

Baekhyun se baissa légèrement pour prendre son assiette et son verre.

- Tout de suite. Par carte ou en espèces ?

- En espèces.

- Je reviens.

Baekhyun se dépêcha d'aller déposer la vaisselle. Il s'arrêta devant le plan de travail où étaient déposée les assiettes sales et fronça légèrement les sourcils avant de sourire avec gêne. Il passa sa main dans la nuque puis prit le petit pot de médicaments qu'il gardait dans la poche de son tablier. Il en avala un et le remit à sa place. Baekhyun avait cette impression gênante que l'homme le draguait. Il le remarquait à son sourire et son regard. Il avait l'œil pour voir cela. Mais il en fit abstraction et retourna à la table. Il prit son portefeuille.

- Alors, c'était 8000₩ ?

L'homme sourit une nouvelle fois et tendit un billet de dix mille won.

- Vous pouvez garder le reste.

Les joues de Baekhyun s'empourprèrent. Il prit le billet et se courba poliment.

- Merci beaucoup, j'espère que cela vous a goûté.

- Oui, beaucoup.

Le regard de l'homme ne le quittait pas. Baekhyun se sentit vraiment gêné. Pas une gêne de timidité, mais plutôt parce qu'il avait du mal avec ce genre d'abord. Il n'aimait pas vraiment cela, qu'on lui fasse des avances ou qu'on le drague. Quoique subtilement. Cela lui rappelait vraiment de mauvaises choses et il s'en sentit gêné. Surtout par un homme alors qu'il était au travail. Par réflexe, il frotta ses mains sur son tablier avant de sourire une dernière fois et de se diriger vers une autre table. De plus, la bague qu'il portait à son annuaire, l'homme l'avait bien vue.
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Le soir, à la fermeture du restaurant, lorsque tout le monde fut parti et tout clôturé, il sortit lentement du restaurant car il savait que Chanyeol n'arriverait pas tout de suite. Il finissait un peu plus tard et l'université n'était pas proche. Baekhyun avait pris ses médicaments et la fatigue se faisait ressentir. La veille il avait dû en prendre deux, ce qui l'avait plongé dans un profond sommeil désagréable. Lorsqu'il en prenait un seul, il était simplement plus fatigué qu'il ne l'était déjà avant.
Alors qu'il frottait le sol du bout de sa chaussure, il reconnut les phares de la voiture de Chanyeol et s'approcha de la route. Le véhicule s'immobilisa, il ouvrit la portière et s'installa sur le siège tout en refermant derrière lui. Il mit sa ceinture de sécurité.

- Ça s'est bien passé ?

Baekhyun hocha la tête avant de se tourner vers le conducteur et de se pencher vers lui pour quémander un baiser. Chanyeol y répondit tendrement et passa sa main dans le cou de son conjoint. Puis, il alluma la radio et aussitôt la musique emplit l'habitacle.
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Garés devant la maison, le moteur éteint, ils se regardaient tous les deux. Un très léger sourire était dessiné sur leur visage. Ils sortirent du véhicule après un certain moment et rentrèrent à leur domicile. Baekhyun alluma les lumières tandis que Chanyeol déposa les clés sur une commode et retirait son manteau.

Puis, celui-ci rejoignit Baekhyun et déposa ses mains sur sa taille. Chanyeol posa un baiser dans son cou et Baekhyun, qui avait déjà la télécommande dans la main, frémit violemment. Tout en souriant et en laissant Chanyeol continuer, il alluma la télévision, diminua le son et se tourna ensuite vers son visage. Tous deux souriaient et Chanyeol poussa délicatement Baekhyun sur le canapé pour qu'il s'allonge. Il lui enleva son manteau. Baekhyun se coucha sur le ventre et tourna la tête vers l'écran. Chanyeol se mit alors sur son dos et débuta de lents mouvements avec ses mains sur les épaules de Baekhyun. Il savait que celui-ci passait ses journées debout, à marcher et à se dépêcher. Alors Baekhyun appréciait quand il le massait. Il découvrait son dos en enlevant sa chemise et faisait des cercles doux et répétitifs sur sa peau laiteuse. C'était un moment calme et doux, comme ils l'aimaient.

Soudain, l'attention de Baekhyun fut captée par une annonce à la télévision. La journaliste expliquait que trois criminels étaient activement recherchés par la police pour des méfaits graves. Il ne comprit pas exactement quoi, mais il ne présagea rien de bon lorsque les photos des recherchés passèrent à l'écran. Ils étaient dangereux, on devait prévenir la police s'il on le apercevait car il se pouvait qu'ils soient plus.
Baekhyun se redressa soudainement quand il entendit le mot « organisation criminelle ».

- Chanyeol... Ils vont me retrouver, murmura-t-il.

« S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
Voilà du papillon le destin enchanté !
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté ! »

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Le poème est d'Alphonse Lamartine. J'espère que vous avez pu vous remettre dans la lecture et que le deuxième tome vous plaira. ^^

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