Prologue
" Je m'appelle Mari Manaka. D'un point de vue externe, je ne suis qu'une simple jeune fille de campagne, née de parents américano-japonais. Cependant, lors de ma première visite à Tokyo lorsque j'avais cinq ans, j'ai découvert que j'étais différente. Je peux les voir. Personne dans mon entourage n'est capable de les voir. J'ai vite appris avec le temps que je devais garder ce secret pour moi-même. Aujourd'hui encore, je les vois. Bien sûr, ils se font rares dans une petite ville comme la mienne, mais j'étais loin d'imaginer qu'un deuxième voyage à Tokyo allait changer ma vie à ce point. "
En effet, la vie monotone de Mari Manaka n'avait en aucun point changé depuis son premier voyage à Tokyo. Née dans une famille aisée d'un père japonais et d'une mère américaine, elle avait été éduquée avec rigueur telle une demoiselle de bonne famille. Étant une enfant calme et réservée, elle avait toujours joué seule dans son coin en école maternelle. Préférant les jeux de réflexion et le dessin aux jeux collectifs, et réglant les conflits de ses camarades telle une adulte, elle avait été considérée trop mâture pour son âge par les professeurs. Durant sa première année en primaire, un voyage à Tokyo avait été organisé par le corps enseignant. C'était durant ces quelques jours qu'elle avait découvert leur existence. Bien sûr, les professeurs avaient été surpris qu'on leur demande s'ils pouvaient voir des créatures imaginaires, surtout venant d'une enfant mâture, mais avoir des amis imaginaires était une chose courante chez les enfants. Depuis ce voyage, elle avait continué de les voir, mais n'en avait parlé à personne. De ses cinq ans, Mari avait compris qu'elle ne devait en parler à personne sous peine d'être rejetée.
" Les gens rejettent ce qu'ils ne comprennent pas. C'est une manière de se protéger. "
Cette phrase déduite du comportement de son entourage l'avait aidée à ne pas faire d'erreur. Elle avait travaillé dur pour intégrer le collège de son choix, pour ensuite être acceptée dans un prestigieux lycée de Tokyo. Ayant refusé de faire déplacer ses parents depuis la tranquille ville de Miyako vers la capitale agitée qu'était Tokyo, elle avait préféré choisir une option qui serait plus convenante pour ses parents. Son deuxième voyage vers la capitale était d'un tout autre registre que le premier. La lycéenne avait loué un petit appartement dans un quartier calme de Tokyo appelé Jiyugaoka, situé dans l'arrondissement appelé Meguro. Il y avait un petit salon, une salle d'eau et une chambre. C'était peu spacieux, mais suffisant pour une lycéenne et à un prix abordable, sans compter que dans l'arrondissement de Meguro se trouvait une rivière portant le même nom, bordée d'imposants mais splendides cerisiers japonais. Le lycée se trouvait à une demi-heure de son appartement en empruntant le chemin de fer électrique. Il s'agissait d'un grand lycée, et elle n'eut aucun mal à s'y intégrer. Mari était une jeune fille plutôt grande, mesurant un mètre soixante-cinq tandis que la taille moyenne des femmes au Japon était d'un mètre cinquante-huit. Elle tenait de son père ses cheveux noirs, lisses et soyeux, coupés droit au niveau de ses omoplates. Ses yeux étaient d'un marron si foncé qu'on distinguait difficilement les iris des pupilles, mais ils étaient mis en valeur par sa frange coupée droite juste au-dessus. Cependant, ils n'étaient pas bridés, trait qu'elle tenait de sa mère américaine. Sa peau était d'une pâleur semblable à celle d'une poupée, et il en allait de même pour tous ses traits. Elle était élancée, fine et musclée comme il le fallait grâce aux activités sportives qu'elle pratiquait régulièrement, variant du patin à glace aux danses traditionnelles japonaises en passant par le kendo, le tir à l'arc et les arts martiaux. Bien qu'elle ne se considérait pas comme belle, son entourage la surnommait " yamato nadeshiko ", un terme désignant la femme japonaise idéale, ou encore la beauté féminine pure, notamment à cause de sa manière très polie de s'exprimer. Mari n'aimait pas ce surnom, premièrement par modestie, et deuxièmement puisqu'elle ne se considérait pas comme telle. L'inscription à un club d'activité extra-scolaire étant obligatoire dans son lycée, l'adolescente avait opté pour le club de judo ainsi que celui de calligraphie.
Après quelques semaines, une sortie scolaire dans le quartier d'Akihabara avait été organisée pour les étudiants. Il était six heures du matin quand Mari se réveilla. Elle prit son premier repas de la journée avant de préparer sa boîte repas pour le midi. Après s'être préparée, elle enfila son uniforme qui consistait d'une chemise blanche accompagnée d'un ruban autour du col, d'un cardigan bleu nuit qu'elle avait préféré au blazer, et d'une jupe plissée bleu marine qu'elle portait au-dessus de collants noirs. En été, les manches de la chemise devenaient plus courtes et le cardigan était remplacé par un chandail sans manches. La lycéenne attrapa son sac de cours avant de se diriger vers la station de train. Après une demi-heure de voyage, elle arriva devant son lycée pour commencer le trajet vers Akihabara. Le centre de Tokyo était très peuplé, et les classes devaient impérativement rester ensemble pour ne pas se perdre. Mari retrouva rapidement sa classe avant d'entendre deux voix familières l'appeler.
- Manaka !
Elle se retourna à l'entente de son nom. Au Japon, les camarades de classe ne s'appelaient non pas par leurs prénoms mais par leurs noms de famille. Appeler quelqu'un par son prénom signifiait que cette personne était un ami proche, puisqu'il s'agissait d'une manière très familière. La première personne à avoir appelé son nom était Nanami Miyazawa. C'était une fille de taille moyenne avec des cheveux marron foncé ondulés et une personnalité très énergique. Ma deuxième était Koharu Moritani, elle était très petite et timide, et avait les cheveux marron clair coupés en un carré plongeant.
- Bonjour ! firent-elles en choeur.
- Bonjour. Akihabara est un vaste endroit, n'est-ce pas ?
- Oui, j'ai peur de me perdre... Et si on perd le reste du groupe ? paniqua Koharu.
- Moritani... Ne t'inquiète pas, le professeur nous a donné une carte pour éviter ce genre de situation.
- Tu n'auras qu'à me suivre ! Guide Nanami, ça sonne plutôt bien, non ?
- Miyazawa, tu n'es jamais venue à Akihabara, si je ne me trompe pas. Il serait préférable d'éviter de s'éparpiller... dit Mari d'une voix calme.
- Comment tu as deviné ?! C'est bien notre Manaka.. !
- Je pense qu'elle a juste vu que tu tenais ta carte à l'envers... fit remarquer Koharu.
- Mais, j'ai toujours voulu savoir depuis le début de l'année scolaire... Manaka, tu viens d'une famille riche ? Et tu n'es pas de Tokyo, pas vrai ?
- Eh bien... Je n'irai pas jusqu'à dire que mes parents sont riches, mais nous avons de quoi subvenir à nos besoins. Je viens de Miyako.
- Miyako ?
- Dans la préfecture d'Iwate, au nord.
- Quoi ?! C'est super loin !!! Et tes parents ?
- Ils sont restés là-bas. Je loue un appartement à Jiyugaoka.
- Tu vis donc toute seule ? demanda Koharu.
- C'est exact. Ce n'est pas aussi déplaisant qu'il y paraît, et puis je vois mes parents pendant les vacances scolaires, sans compter qu'ils m'appellent régulièrement sur mon téléphone portable.
- Passe à la maison quand tu veux, mes parents tiennent un restaurant de ramen ! Ça doit être dur d'être seule à table. lui proposa Nanami.
- Mes parents dirigent une auberge avec des bains publics, n'hésite pas à venir profiter de l'eau chaude après les cours. ajouta Koharu.
- C'est très aimable à vous, mais je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité.
- On dirait une adulte... La beauté féminine de notre lycée mérite bien son surnom de yamato nadeshiko !
- Miyazawa, ce surnom est un peu embarrassant... Je ne suis pas digne d'être appelée ainsi...
- Miyazawa, tu la mets mal à l'aise. fit Koharu à Nanami.
La jeune fille s'excusa avant d'entraîner ses amies vers la classe qui partait. La visite s'étendit sur la matinée ainsi que la moitié de l'après-midi, avant que les professeurs ne donnent quartier libre aux élèves jusqu'au repas du soir. Il était quatre heures de l'après-midi, et le repas aurait lieu à l'hôtel à huit heures tapantes. Les trois amies se mirent en route après avoir finalement obtenu leur temps libre.
- Moritani, tu vas visiter quoi ?
- Je vais aller dans des boutiques de souvenirs. Et toi ?
- Je veux visiter un maid-café ! Les uniformes des serveuses sont tellement adorables. Et toi, Manaka ?
- Je vais visiter le temple Kanda Myojin. C'est un sanctuaire shinto très populaire.
- Je vois... Dans ce cas à tout à l'heure !
Mari salua ses amies avant de se diriger vers le temple. Elle dut passer devant l'imposant bâtiment UDX, sur lequel un écran affichait un groupe de jeunes filles de son âge chantant en effectuant des chorégraphies d'un style plutôt mignon.
" Ces filles doivent avoir mon âge... C'est vrai que ce type de chanteuses est très en vogue en ce moment. "
Elle continua sa route vers le temple, pour trouver à sa droite un grand escalier de pierre grise qui la mènerait à destination. Cependant, un bruit assourdissant provenant du bout de la rue se fit entendre. Mari leva les yeux droit devant pour voir ce qu'elle redoutait le plus en face d'elle. Ils étaient là.
Bonsoir :3 Voici donc le long prologue du deuxième volume d'UPALD ;)
J'attends avec impatience vos avis,
M.
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