Chapitre XIII - Pas à pas
Owain se posta sur l'épaule de Mari, arborant un regard méfiant.
- Et d'où il sort ?
- Eh bien.. en fait, je ne sais pas vraiment. Il m'a sauvée pendant un voyage scolaire, et maintenant que j'y repense il s'est invité sur le balcon de ma chambre d'hôtel.
Le jeune homme soupira.
- Tu me fais passer pour un psychopathe. Je voulais te prévenir pour les sans-nom, mais je n'ai pas trouvé de moment opportun.
- Et qui es-tu pour être au courant de ces affaires ? fit Owain, toujours suspicieux.
- Un simple esprit, et capable de les voir en tant que tel.
- C'est vrai que tu n'es pas humain, mais j'ai du mal à deviner ce que tu es. Enfin, va pour un esprit, ils sont tous différents, c'est sûrement la raison pour laquelle je n'arrive pas à te cerner.
Mari, qui semblait être perdue dans ses pensées depuis quelques instants, se tourna soudainement vers Lucas.
- Lucas, j'ai quelque chose à te demander. J'aurais besoin de ton aide pour trouver Lucifer. Je dois d'abord trouver les dieux, et je pourrai en même temps les mettre au courant pour les sans-nom, ce qui pourrait t'aider puisqu'ils te posent également problème. Enfin, tu es toujours au bon endroit, au bon moment, donc je me suis dit que tu serais un allié important...
Le visage surpris du garçon prit vite une expression moqueuse.
- Ah bon ? Tu as besoin de mon aide ? Et comment comptes-tu me rémunérer pour mes services ?
- Quoi ? Non, ce n'est pas ce que je voulais dire--
- Je ne suis pas difficile, un petit bisou suffira--
- Même pas en rêve.
- Tu fais une de ces têtes. Je plaisantais, pas besoin de prendre cet air prude. Enfin, toute personne normalement constituée refuserait de s'allier à une fille comme toi sans rémunération.
- Ah, parce que tu rentres dans la catégorie "normale" ? répliqua Mari, piquée par sa remarque.
- Déjà plus que toi. Premièrement, tu es un aimant à sans-nom. Deuxièmement, tu es complètement folle, à taper un cabanon en tôle jusqu'à te couper à sang pour sortir alors que les portes étaient bloquées... En plus tu portes des lunettes.
- Est-ce que c'est une raison ? Si on en va par là, tu ne fais pas meilleure figure. Quel genre de personne s'invite sur le balcon d'une fille en lui disant la connaître sans l'avoir rencontrée une seule fois ?
- Comment ça "connaître sans l'avoir rencontrée" ? demanda Owain avec un air lucide.
- Mari peut voir les sans-nom, alors je surveillais qu'ils ne s'approchent pas trop d'elle. Elle est aussi la réincarnation d'Anastasia White, comme beaucoup de gens le savent, donc c'est une raison de plus.
- Donc tu refuses de devenir mon allié alors que tu t'improvises garde du corps depuis une durée de temps que je n'ai pas envie de connaître ?
- C'est dans mon propre intérêt.
- Bien sûr, et qu'est-ce que tu en tires ?
- Des intérêts. Peut-être que bientôt on me remerciera d'avoir protégé la réincarnation d'Anastasia White.
- C'est ta seule motivation...?
- Ça me suffit amplement.
- Maintenant que j'y penses, tu es français, c'est ça ?
- Exactement. fit-il dans sa langue maternelle, ce qui fit grimacer Owain qui ne le comprenait pas.
- Donc, si tu comptes avoir une renommée bientôt, ce serait mieux de nous rejoindre plutôt que de rester dans l'ombre, non ?
- C'est vrai. Enfin, je ne le fais pas vraiment pour toi.
- Je l'ai bien compris. Nous allons à Coney Island, est-ce que tu nous suis ?
- Coney Island ? Je ne savais pas que tu aimais ce genre de fête.
- Non, je déteste les grands rassemblements.
- Tu es déjà allée en boîte ?
- Non, ça ne me fait vraiment pas envie. Être collée aux gens avec une musique assourdissante en fond, ça ne m'inspire pas beaucoup.
- On dirait bien que tu ne sais pas où tu vas.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Parce que le rassemblement auquel tu te rends équivaut à une boîte de nuit, mais puissance dix.
Le visage de Mari afficha une expression dépitée avant qu'elle ne soupire.
- Je n'ai pas vraiment le choix quoiqu'il arrive.
- Pourquoi tu te rends là-bas ?
- Je dois trouver Aphrodite.
Lucas retint un rire nerveux.
- Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
- Tu délires complètement.
- J'ai déjà rencontré Hermès !
- Non, je veux dire, tu veux vraiment trouver une personne au milieu du plus grand rassemblement de Coney Island ? C'est comme chercher une aiguille dans un tas de foin.
- On ne peut qu'essayer.
- Ça grouille de sans-noms par ici.
- Oui, mais on peut s'en débarrasser. On doit trouver les dieux, et les mettre au courant.
- Tu comptes vraiment chercher les dieux ? Tu n'arriveras pas à grand chose toute seule.
- Je ne suis pas seule. J'ai Owain. On m'a appris à utiliser une sorte de magie, et même si j'ai encore du mal à y croire, j'arrive à me défendre. Dois-je en déduire que tu ne viens pas ?
- Je n'aime pas trop ce genre de fête. Je verrais ce que je ferai après.
- Je vois.
Elle lui tourna le dos pour continuer son trajet vers Coney Island, sans même lui accorder un regard. La nuit commençait à tomber, et elle entendait déjà une chanson, dont les paroles qu'elle devina espagnoles s'accompagnaient des voix d'un grand nombre de personnes.
Alors qu'elle arrivait vers la plage, la jeune fille vit une masse noire ondulant au rythme de la musique. Elle s'arrêta, observant au passage deux jeunes en train de vomir dans un buisson.
- Mari ? Qu'est-ce que tu attends ?
- Je.. fais un repérage aérien.
- Mari.
- Ça me fait peur. Ne me perds pas de vue, s'il te plaît.
- Je ne lèverai pas un coussinet de ton pull.
Elle prit une grande inspiration, avant de s'avancer vers la foule. La musique était assourdissante, et au bout de quelques minutes, l'adolescente eut besoin de trouver un endroit isolé pour faire une pause. Sa respiration était saccadée, et elle tenait à peine debout.
- Mari ? Tu tiens le coup ?
- Ça.. ça va..
- Non, je n'en ai pas l'impression.
- Je n'aime pas la foule..
- Assieds-toi un instant. Désolé, je ne peux rien faire à part rester caché avec toi. Je ne peux pas vraiment me montrer quand il y a des humains..
- Ne t'inquiète pas.. je préfère encore quelques humains ivres aux sans-nom.
- En parlant de gueules de bois, regarde là-bas..
- Owain, surveille ton langage.
- Ils s'approchent.
- Je ne compte pas rester ici de toutes façons. Je n'ai pas toute la nuit.
Elle se leva avant de repartir, s'enfonçant de nouveau dans la masse noire de jeunes. Plus Mari regardait autour d'elle, plus elle se sentait mal. La plupart des filles étaient en petite tenue, certaines en maillots de bain. Une jeune fille attrapa soudainement son épaule, et l'adolescente se fit violence pour ne pas reculer à cause de la forte odeur d'alcool qui émanait d'elle.
- Pourquoi tu fais cette tête ? T'as pas l'air de t'amuser.
- Non, je.. je cherche quelqu'un.
- Pourquoi tu es habillée comme ça ? Retire ce pull, tu dois avoir chaud !
- Non, je n'ai pas besoin de--
- Laisse tomber Lara, y a pas grand monde au balcon, c'est pour ça. fit une autre, aussi alcoolisée que la première.
Mari serra les dents avant de se dégager, avançant parmi la foule avant de frotter ses yeux. Elle n'était jamais été à l'aise avec son corps, surtout lorsque des jeunes filles de son âge plus volumineuses qu'elle ne le serait jamais se trémoussaient en petite tenue près d'elle.
- Mari, ne les écoute pas.. miaula Owain. Moi je trouve que t'es pas mal fichue pour une asiatique.
- Tu ne m'aides pas vraiment, mais merci..
La jeune fille sentit un bras entourer son épaule. Deux garçons la suivaient, de manière trop persistante à son goût.
- Fais pas trop attention à ce que Lara a dit. Nous tu nous plais bien comme ça.
- Je suis désolée, je n'ai pas vraiment le temps--
- Attends, tu crois qu'elle a quel âge ? On va avoir des problèmes si elle est trop jeune.
- Ça va, c'est parce qu'elle est jeune qu'on doit la ramener à la maison. C'est dangereux ici.
- Non, je ne veux pas--
- Allez, par ici la sortie.
Mari n'arrivait pas à savoir s'ils étaient ivres ou non, mais la poigne de l'un d'eux sur son bras n'était pas bon signe. Elle tenta de lui faire lâcher prise, sentant les larmes lui monter aux yeux, avant d'entendre un bruit sourd et de sentir son poignet se libérer. Lucas venait de pousser brutalement l'un des deux jeunes hommes, qui lancèrent un juron avant de faire demi-tour. Le jeune homme soupira avant de poser sa main sur le sommet du crâne de la jeune fille.
- Je ne peux vraiment pas te laisser deux secondes. Attends, tu pleures ?
- Je ne pleure pas. Mari répliqua en se tournant, bien que sa voix tremblante la trahissait.
- Je vois.
Elle le vit marcher pour se tenir en face d'elle, puis il l'entoura de ses bras en soupirant.
- C'est bon, je vais venir avec toi.
- Heu.. Lucas ?
Owain planta lentement ses griffes dans le bras de Lucas tout en le fixant droit dans les yeux.
- Bas les pattes beau gosse.
- Du calme, je ne vais pas te la voler. Donc tu cherchais les dieux ?
- Aphrodite plus précisément.
- Elle ne peut être qu'à un seul endroit. Suis-moi.
Lucas la mena au pied d'une sorte de tente, où deux hommes surveillaient l'état des visiteurs.
- C'est une sorte de tente V.I.P. Les vigiles surveillent juste que les guignols ivres ne rentrent pas.
Mari avança, et après un bref contrôle, elle put entrer. La foule était moins dense qu'à l'extérieur, ce qui l'aida à se détendre. Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer la déesse, qui fut exactement comme elle l'avait imaginée. Aphrodite était grande, avenante, très légèrement vêtue ; ce qui mettait en avant ses atouts féminins. Elle avait un regard envoûtant, et ses longs cheveux dorés épousaient les contours de ses hanches. La déesse était entourée de plusieurs jeunes hommes, et il fallut un certain temps avant que la jeune fille ne se décide à l'aborder.
- Excusez-moi... Madame ? fit Mari, essayant d'être courtoise avec un anglais hésitant.
Aphrodite la regarda avec des yeux ronds.
- Madame ? Tu es nouvelle, toi. C'est vrai que les femmes viennent moins souvent me demander ce genre de service, enfin...
- Euh.. pardon ?
- Elle n'est pas venue demander ce genre de service. soupira Lucas.
- Qu'est-ce que tu désires alors, jeune fille ?
- J'ai besoin de votre aide, enfin.. dans un autre contexte.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- J'essaie de trouver un moyen de le dire sans vous mettre dans l'embarras.. disons dans un contexte professionnel. Par rapport à la profession que vous exercez en temps normal, dans un certain endroit où personne ici ne travaille en temps normal. répondit-elle le plus allusivement possible.
- Oh. Je vois. La déesse se tourna. La fête est terminée. Tout le monde dehors.
La tente se vida dans la déception, jusqu'à ce qu'il ne reste que les trois voyageurs à ses côtés.
- Toi aussi. fit-elle à Lucas. Il me semble que c'est elle qui souhaite me parler.
- Je vois. Je t'attendrai devant. souffla Lucas à Mari avant de sortir.
La déesse soupira.
- Toi aussi, Cait Sith.
Owain soupira après avoir fait mine de ne pas entendre. Il sortit lentement, l'œil fixé sur sa maîtresse. Un long moment de silence passa. L'adolescente était quelque peu intimidée par l'aura qu'émettait la déesse.
- Alors, qu'est-ce que tu voulais me demander ? D'ailleurs, qui es-tu ?
- Je m'appelle Mari. C'est au sujet de Lucifer.
- Le démon ? J'ai entendu quelques ragots, mais je n'ai pas été vérifier moi-même.
- Oui, je dois le retrouver. Hermès m'a dit qu'il était retenu prisonnier, et que Zeus saurait où le trouver.
- Zeus ? Tu vises haut. Tu crois pouvoir le trouver aussi facilement ?
- Non, j'ai besoin de votre aide.
- Et qu'est-ce que j'y gagne ?
- Eh bien... ma reconnaissance éternelle ? Je n'ai pas grand chose d'autre à offrir...
- En général les dieux attendent une offrande en échange d'un service, mais comme tu es mignonne je le ferai gratuitement cette fois. Donc, qu'est-ce que cet idiot d'Hermès t'a raconté ?
- Il m'a dit que vous sauriez trouver Athéna, qui saurait trouver Poséidon ou Héra, qui sauraient trouver Zeus.
- Quel problème. Athéna.. ça doit bien faire un moment que je ne l'ai pas vue. Désolée mais je ne sais pas où elle est.
Mari se figea. Son voyage venait de prendre une brusque pause. Sans l'aide des dieux, elle ne trouverait pas Lucifer. Le problème des sans-nom ne serait pas réglé.
- Cependant, je sais où se trouve Poséidon. Héra ne sera pas disponible avant des mois, donc tu ferais mieux de rendre visite au vieillard pour lui demander s'il sait où est Zeus. D'ailleurs, tu trouveras sûrement Hadès, ces deux grincheux traversent une période d'entente et passent des vacances ensemble.. pour une fois. S'il l'un ne sait pas, l'autre le saura. Après tout, Zeus est leur frère aussi.
- Où se trouvent-ils ?
- Sur une petite île abandonnée au large du Pacifique. Poséidon la garde à l'abri des regards humains, mais si tu as réussi à trouver deux dieux jusqu'à présent, tu devrais y arriver.
- Est-ce qu'il existe un moyen de s'y rendre sans risquer de se perdre en plein océan Pacifique ? Je n'ai jamais voyagé en mer...
- Bien sûr, il y a la Navette. C'est un moyen de transport que seuls les dieux utilisent. L'équipage est particulier, mais tu devrais t'en sortir.
- Je vois.. merci. En revanche, je ne suis qu'une humaine, est-ce que l'équipage m'acceptera quand même à bord ?
- Prends cette carte. Ne la perds pas, c'est une sorte de passeport divin. Tu n'auras qu'à dire où tu souhaites te rendre, et tu y seras. D'ailleurs, tu peux utiliser la Navette depuis n'importe quel rivage. Il te suffira de sortir cette carte de ta poche et fixer l'horizon. Tu seras invisible aux yeux des humains à partir de ce moment. Plutôt convenant, n'est-ce pas ?
- Merci infiniment.
- Encore une chose, Mari. Pourquoi est-ce que tu cherches ce démon ? Peu de personnes remueraient ciel et terre pour eux.
- Il a joué un rôle important dans une vie antérieure... mais maintenant je dois le retrouver pour m'en souvenir.
- Juste pour te rappeler de ta vie antérieure ? Qu'est-ce que tu faisais avec un démon ?
- Je ne sais pas vraiment.. je sais juste que la personne qui s'est réincarnée en moi était importante, et c'est parce que je ne me souviens de rien que Lucifer est emprisonné.
- Anastasia White ?
- Oui..
- Dans ce cas quand tu auras retrouvé ta mémoire, reviens me voir, Anya. J'ai beaucoup entendu parler de toi, et je ne dis jamais non à quelques ragots.
- D'accord. D'ailleurs, Aphrodite. Les sans-nom deviennent un vrai problème pour nous. Est-ce que vous pourriez m'aider à mettre les dieux au courant pour trouver une solution à ce problème ?
- Ces choses.. je me demandais pourquoi elles étaient ici, mais je comprends maintenant. Tâche de mettre les trois frères au courant, je me charge du reste. On ne peut plus fermer les yeux sur ce problème. Sur ce, bon voyage, Mari.
Mari cligna des yeux, se retrouvant soudainement hors de la tente. La déesse ne se trouvait plus à l'intérieur, et les jeunes aux alentours semblaient avoir oublié qu'il y avait eu quelqu'un sous cette structure en toile.
- Mari ?
Elle sursauta, se tournant vers Owain, posté sur l'épaule de Lucas.
- Tu n'es pas fatiguée ? demanda le jeune homme.
- Non, ça va. Désolée, j'étais perdue dans mes pensées. Je sais comment trouver Poséidon et Hadès. Allons-y.
- À vos ordres, Mademoiselle. miaula le familier en sautant d'une épaule à l'autre, rejoignant sa maîtresse.
Lucas les suivit en soupirant, jusqu'à ce qu'ils quittent finalement Coney Island. Mari soupira, fixant les alentours.
- Bien, maintenant on doit trouver une plage.
- On était sur une plage. fit remarquer le jeune homme.
- Une plage moins peuplée. répliqua-t-elle alors. Enfin, il suffit juste de marcher un peu et il y aura moins de monde.
Le littoral s'étendait en effet sur des kilomètres, contrairement à la foule qui était concentrée en un seul endroit. Il ne fallut que quelques minutes au petit groupe pour trouver un rivage plus calme. Mari sortit de sa poche la carte d'Aphrodite, et posa son regard sur la ligne séparant mer et cieux. Elle vit bientôt un grand navire se profiler à l'horizon, qui s'arrêta au large. Il fallut quelques instants pour qu'un plus petit bateau à moteur atteigne le rivage. Un homme le conduisait, et ne répondit pas aux passagers lorsqu'ils le saluèrent. Mari sursauta après avoir remarqué un trait frappant chez cet individu ; il n'était pourvu que d'un œil. Ce fut d'ailleurs le cas de tout l'équipage, aussi silencieux que le premier matelot. Après leur avoir donné leur destination, Mari fut conduite sur une passerelle abritée du vent par des vitres. Elle se réjouissit alors de pouvoir contempler l'océan pendant la traversée. Owain s'était roulé en boule sur les jambes de la jeune fille qui s'était assise à côté d'une fenêtre. Lucas était en face d'elle, profitant du siège mœlleux. La paysage défilait de manière étrange, ce qu'il remarqua.
- Mari, tu ne trouves pas que--
Il s'arrêta, fixant l'adolescente. Elle dormait paisiblement, appuyée contre le verre, une main posée sur le pelage de son familier qui ronronnait fortement.
"Pas fatiguée, tu parles." pensa-t-il.
- Ne t'avise pas de la réveiller. Elle n'a pas beaucoup dormi ces derniers jours. murmura Owain entre deux ronrons.
- Bien sûr, je ne comptais pas la réveiller..
Lucas resta fixe un moment, observant Mari. Sa respiration était lente. Elle dormait profondément. Son visage était légèrement marqué par la fatigue, et elle semblait être bercée par les vagues. Elle semblait fragile, telle une poupée de porcelaine, alors qu'elle effectuait depuis quelques jours une odyssée épuisante.
- Qu'est-ce que tu fixes comme ça ? demanda le félin, malicieux.
- R-Rien. répliqua le jeune homme en se tournant brusquement vers le paysage.
Owain émit un soupir satisfait avant de reposer sa tête contre sa propriétaire, tout en continuant de veiller sur elle.
- Avec un gardien pareil, elle ne risque rien.
- Je ne peux pas interagir avec les humains. J'ai du mal à te cerner, mais tu l'as protégée tout à l'heure, alors je vais te tolérer pour le moment.
Lucas soupira intérieurement, tandis que la jeune fille se réveilla, s'émerveillant immédiatement devant les eaux turquoises du Pacifique. Elle abandonna ses deux compagnons pour profiter de la vue depuis le pont. Owain avait fixé ses pupilles rétrécies sur le jeune homme, qui soutenait son regard. La tension était palpable.
- Bravo, tu l'as réveillée. fit Lucas d'un ton sarcastique.
- Si tu ne l'avais pas fixée avec ces yeux de prédateur, ce ne serait pas arrivé.
- Je ne la regardais pas comme ça. Tu as trop d'arrière-pensées.
- Bien sûr, et mes coussinets sont faits de poulet.
- C'est toi qui t'es couché sur elle sans permission.
- Je suis un chat.
- Il y a des endroits que même les chats ne peuvent pas occuper.
- En tant que chat, je suis partout chez moi.
- Sale bête.
- Crétin des Alpes.
- Qu'est-ce que vous faites ?
Mari venait de les interrompre, un regard exaspéré sur le visage.
- Rien. répondirent-ils en chœur.
- On peut voir l'île depuis le pont.
Elle partit sur ces mots, ne cherchant pas à interférer dans la dispute enfantine qui prenait place. L'adolescente fut bientôt rejointe par les deux autres passagers. Alors qu'ils observaient la terre qui se dessinait sous leurs yeux, le bateau s'arrêta soudainement dans une violente secousse. Mari perdit l'équilibre, rattrapée de justesse par Lucas.
- M-Merci. C'était soudain. dit-elle avant de se diriger vers la cabine du capitaine.
Le jeune homme se mit en marche derrière elle, tournant légèrement la tête pour lancer un sourire satisfait au félin qui pensa un instant à lacérer ce visage provocateur.
Mari s'arrêta à l'arrière du bateau, remarquant que l'équipage semblait avoir disparu. Il n'y avait qu'un morceau de papier épinglé au mur, leur disant de rejoindre le rivage grâce à la barque située derrière eux. Il y avait en effet une plaque de fer posée sur le rebord du navire, permettant aux passagers de rejoindre la barque de bois où un cyclope muni de rames les attendait.
- Quel équipage chaleureux. lança Owain. Les dames d'abord, Mari.
- Mais qu'il est courtois.. pouffa Lucas, aussitôt réprimandé par la jeune fille.
Mari s'avança sur la plaque de fer, qui fut à sa surprise relativement stable. Alors qu'elle atteignait la barque, elle fut éclaboussée avant d'être percutée par une créature qu'elle reconnut lorsqu'elle perdit l'équilibre. C'était un dauphin.
"... Ah. Il ne manquait plus que ça..." soupira-t-elle intérieurement en tombant lourdement dans l'eau.
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Bonsoir,
Je publie enfin ce chapitre avec des mois de retard, je m'en excuse. Je dois dorénavant consacrer beaucoup de temps aux maths et j'ai donc beaucoup moins de temps pour écrire ; j'avoue que le manque d'inspiration est l'un des plus grands responsables de ce retard. Cependant, après la mauvaise vient une bonne nouvelle : l'inspiration est enfin revenue, et je compte bien finir cette histoire avant la fin de l'année pour pouvoir peaufiner les brouillons que j'ai en réserve pour les futures histoires que j'ajouterai sur ce compte. Le rythme de publication dépendra de ma réussite en maths ( au moins il y a quelque chose à blâmer. ) :')
Si vous n'avez pas perdu la foi en cette histoire, je vous remercie infiniment d'avoir attendu tout ce temps et de continuer à la suivre. Le prochain chapitre ne se fera pas attendre aussi longtemps, promis.
M, un peu fatiguée.
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