• chapitre 44
— Tu sais que tu es le bienvenu si tu as le moindre problème ?
Jisung sourit et remercia Dayoung, non pas sans une pointe de culpabilité qu'il n'avait pas ressentie depuis un moment. Mais il se détourna bien vite d'elle afin de saisir sa valise et son sac de cours qu'il avait rempli d'autres bricoles. Minho avait pris d'autres affaires pour l'aider à tout descendre dans la voiture. Il s'était proposé de le déposer à sa résidence qui ne se trouvait pas très loin plutôt que d'obliger son père à se déplacer.
— On se reverra sans doute bientôt, je crois que papa veut organiser un repas pendant les vacances.
— Oui, il m'en a parlé.
La jeune femme esquissa un sourire et s'approcha de Jisung pour l'étreindre une dernière fois. Il se laissa faire, mais ne put pas répondre avec ce qu'il avait dans les mains. D'un côté, ça l'arrangeait car il se sentait mal d'avoir ce genre de geste affectueux envers sa demi-sœur. Dans d'autres circonstances il aurait accepté mais là, il couchait avec son mari, c'était vraiment déplacé. Elle finit par se détacher de lui et ils purent grimper dans l'ascenseur.
Pendant le trajet qui les menait au parking souterrain, Minho et Jisung ne cessèrent de se lancer des regards, jusqu'à ce que l'un d'eux brise la glace.
— C'était gênant, lança le jeune homme.
Minho leva les yeux au ciel.
— Elle en fait toujours des tonnes, mais elle t'aime, c'est pour ça.
Jisung grimaça, ça ne l'arrangeait pas vraiment de savoir ça. Il aurait presque préféré que Dayoung le haïsse, tout aurait été un peu plus simple. Cependant qu'elle l'aime n'effaçait pas ce qu'elle avait pu lui faire, et il n'oubliait pas le soir où elle était entrée dans sa chambre sans frapper. Il n'avait toujours pas avalé le fait que la jeune femme se soit empressée de raconter à Minho ce qu'elle avait vu, et il ne comprenait toujours pas pourquoi elle avait agi ainsi. Mais il n'y avait pas que ça. Ces derniers temps, après qu'ils soient revenus un peu trop tard lorsque Minho lui avait payé sa nouvelle caméra, elle s'était montrée plus froide, plus rude, plus présente aussi. Plus suspicieuse peut-être ?
— Tu sais, je suis un peu soulagé, dit Jisung.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et ils en sortirent pour rejoindre le véhicule de Minho. Ils ne continuèrent pas tout de suite la conversation car quelqu'un se trouvait à proximité. Ils déposèrent les affaires du jeune homme dans le coffre et allèrent s'installer à l'avant.
— Soulagé de ?
— De plus vivre avec elle, même si ça veut dire ne plus vivre avec toi.
Minho mit le contact et sortit de sa place de parking.
— Moi aussi. Pas que ça ne me plaisait pas de te voir tous les jours, mais c'était difficile de me retenir de te sauter dessus.
Jisung rit.
— T'en as envie ? demanda-t-il.
— Ça fait combien de temps ? Bien sûr que j'en ai envie. Pas seulement de te faire l'amour mais…
Minho marqua une pause et soupira longuement avant de reprendre :
— Juste de passer un moment avec toi.
Jisung sentit son cœur fondre un peu plus à chaque mot. Malgré les complications de leur relation, il savait que ce lien entre eux était profond et sincère. Il y avait seulement des obstacles qui n'étaient pas faciles à contourner, mais ils savaient à quoi s'attendre en s'engageant dans cette voie. Ils étaient deux hommes, avec dix ans d'écart, chose que la société aurait du mal à accepter. Minho était marié à sa demi-sœur célèbre et même si ce n'était pas par amour, ils ne pouvaient pas simplement oublier cela. Si quelqu'un venait à découvrir leur secret, ils risquaient gros, l'un comme l'autre. Minho mettait en péril sa carrière, sa réputation, mais aussi celle de Dayoung. Et Jisung verrait sa famille se déchirer, ou le rejeter.
— Moi aussi, dit Jisung. J'ai envie de passer du temps avec toi.
Ils échangèrent un regard, puis un sourire. Sur le trajet, Jisung se remémora tout depuis le début. Cette première fois où ses yeux s'étaient ancrés dans ceux de Minho, ce moment où il avait su qu'il deviendrait important. Ce soir où, après un diner chez ses parents, il l'avait raccompagné à son studio et où, pour la première fois, il avait vu ses lèvres légèrement se retrousser. Puis il était allé vivre chez lui et à partir de là, son obsession s'était intensifiée. Il avait travaillé pour lui, ils s'étaient cherchés, puis ils s'étaient trouvés. Ils avaient succombé au désir ardent qui les consumait depuis leur rencontre.
Une fois arrivés à la résidence de Jisung, Minho lui proposa de l'aider à porter ses affaires jusqu'à son studio. Il accepta sans hésiter, parce qu'il avait envie de passer davantage de temps avec lui et ce même s'il avait un peu honte de montrer dans quel endroit il vivait. Mais il savait que Minho ne le jugerait pas. Il ne l'avait jamais jugé d'ailleurs, que ce soit sur son style aux antipodes du sien ou sur ses craintes. Il l'avait toujours accepté tel qu'il était et c'était pour cela qu'il l'appréciait tant. Il n'était pas dans la critique, mais dans la compréhension de l'autre.
Dans le hall de l'immeuble, ils furent accueillis par la concierge qui arborait un grand sourire. Elle expliqua ce qui avait été fait durant les travaux ; l'isolation, la plomberie, les peintures, puis le laissa rejoindre l'étage où se trouvait son studio. Arrivés devant la porte, Jisung se tourna vers Minho, l'air un peu hésitant.
— Est-ce que tu veux entrer ? Je veux dire, vraiment ?
Minho hocha la tête avec un sourire.
— Oui, bien sûr que je veux entrer.
Jisung sortit son badge magnétique et inspira tout en le passant devant le boîtier. Ils franchirent la porte et entrèrent dans le petit espace qui avait été le foyer de Jisung pendant un certain temps. Minho jeta un rapide coup d'œil autour de lui et déposa des affaires sur le bureau alors qu'il observait les murs nus et le mobilier simple.
— C'est modeste, comme je m'y attendais, commenta-t-il.
Jisung haussa les épaules, un peu gêné.
— Ouais, c'est juste un endroit où je peux étudier et dormir. Rien de spécial.
L'homme s'approcha de lui et posa les mains sur ses épaules.
— Oui peut-être, mais pour moi, c'est un endroit où je peux te retrouver.
Jisung le regarda, ému par ses paroles pleines de signification. Un endroit où Minho pouvait le retrouver. Où ils pouvaient se retrouver.
Sans un mot de plus, l'homme se pencha vers lui et captura ses lèvres dans un baiser à la fois tendre et passionné. Jisung eut aussitôt l'impression de revivre, de reprendre son souffle et il répondit avec la même intensité, se laissant emporter par le moment. Ses bras s'enroulèrent autour de la taille de son partenaire tandis que ce dernier attrapait son visage en coupe. Il lui fit lentement basculer la tête en arrière, changeant l'angle et l'intensité de leur baiser.
Leurs lèvres se mouvaient avec une synchronisation parfaite, comme si elles avaient été conçues pour se rejoindre. Les souffles entremêlés, Jisung sentait son cœur battre à tout rompre et son estomac se tordre. Cela faisait un moment qu'ils n'avaient pas pu s'embrasser ainsi, avec autant de fougue et d'affection. Entre deux baisers passionnés, des soupirs et des murmures s'échappaient, chargés d'affection et de désir.
Quand ils se séparèrent enfin, Jisung regarda Minho, les yeux brillants d'un mélange d'admiration et de tristesse. Il esquissa un sourire et renifla pour tenter de ravaler les larmes qui menaçaient de couler.
— Merci d'être venu.
Minho lui caressa la joue et déposa un baiser, plus chaste, sur ses lèvres. Le contact fut bref, bien trop bref au gout de Jisung qui revint l'embrasser comme si sa vie en dépendait. Il s'agrippa à son manteau et se laissa emporter par l'élan de passion qui les submergeait tous les deux. Leurs échanges étaient à la fois brûlants et tendres, chargés d'une émotion qui transcendait les mots. Ils étaient tous les deux conscients que chaque instant passé ensemble était précieux, mais aussi entaché par le poids des secrets. Ils essayaient de ne pas y penser, ils étaient désormais dans un lieu où rien ni personne ne pouvait les empêcher de vivre leur histoire, mais c’était comme une menace qui planait sur eux.
Les mains de Minho se calèrent sur la taille de Jisung et ce dernier vint enrouler les bras autour de son cou.
— Minho… soupira-t-il entre deux baisers.
— Oui ?
Il l'embrassa à nouveau avant de se reculer.
— Tu veux… rester un peu ?
L'homme haussa un sourcil, surpris par le ton incertain mais empli de désir de son partenaire. Il jeta un coup d'œil au canapé-lit qui était fermé avant de se reconcentrer sur Jisung.
— Pour le tester ? demanda-t-il avec amusement.
— Oui, si tu en as envie bien sûr.
Minho se détacha de lui et ôta sans hésiter son manteau qu'il déposa sur un des crochets à l'entrée. Il revint vers Jisung tout en retirant les premiers boutons de sa chemise. Le jeune homme cligna des yeux à plusieurs reprises, Minho s'arrêta.
— On parlait bien de…
Jisung rit et hocha la tête.
— Oui, oui ! C'est juste que… ça fait un moment qu'on a pas… fait l'amour.
Minho lâcha à son tour un rire. Il s'approcha de son amant et le débarrassa de sa veste qu'il abandonna sur une chaise à proximité, puis vint l'embrasser encore une fois.
— Ça va aller, d'accord ? dit-il pour tenter de le rassurer.
— Je sais que ça va aller. Mais j'étais surpris que tu te déshabilles aussi vite !
— Oh… tu voulais le faire ?
À cette question, Jisung se mordit la lèvre. Il adorait quand Minho retirait chacun de ses vêtements sous ses yeux, mais il avouait aimer s'en charger aussi. Découvrir son corps petit à petit, pouvoir l'effleurer du bout des doigts, l'embrasser, le choyer.
— Hm, je voulais juste prendre mon temps pour te déshabiller.
Minho lui lança un regard complice avant de s'approcher de lui lentement, presque délibérément, comme s'il voulait prolonger l'attente. Jisung sentit son souffle chaud se glisser contre sa peau, faisant courir des frissons le long de son échine. Il ferma les yeux et sa respiration s'accéléra.
— Alors, prends ton temps, murmura Minho d'une voix rauque.
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