1 octobre 2024, 21h27.

Je terminais de ranger les derniers livres que j'avais empruntés dans la journée alors que le calme de l'immense pièce résonnait autour de moi. Cela m'arrivait souvent de venir ranger mes livres tard, lorsque plus personne n'était là. J'aimais énormément le silence qui habitait les murs de l'école les soirs d'automne. C'était relaxant, et entouré de tous ces livres, j'étais dans mon élément. Monsieur Song m'avait plusieurs fois dit de ne pas ranger les livres moi-même, que c'était son travail, mais j'adorais le faire, cela ne me dérangeais pas.

Après avoir déposé le dernier livre à sa place, je sentis une présence dans mon dos. Un pressentiment me traversa alors que je n'eu pas le temps de bouger que je sentis un bras entourer ma gorge. L'air se coupa soudain et je sentis une main glisser quelque chose dans ma poche. Je fus, tout de suite après, violemment projeté en avant, l'arrière de ma tête heurta une surface dur et me plongea dans l'inconscience

Lorsque mon esprit se réveilla enfin, après une durée que j'ignorais complètement, je ressentais une violente douleur à la tête et dans ma cage thoracique. Une pression forte était exercée et me compressait, rendant difficile ma respiration. J'essayais de bouger mais mes muscles étaient complètement endoloris. Une voix que je distinguais à peine me parvenais, étouffée et confuse.

— Ne bougez pas, j'appelle les secours...

J'ouvris alors les yeux, difficilement, mais je compris la situation à une vitesse folle. On avait encore essayé de m'intimider et si mon élève appelait les secours maintenant cela ne ferait qu'empirer la situation. Je ne devais pas perdre le contrôle maintenant.

— Non...Raccrochez...

— Quoi ? Non, vous avez besoin de soins... et-

Je ne lui laissai pas l'occasion de me contredire, et attrapa d'une main faible son téléphone pour raccrocher.

— Monsieur, vous étiez inconscient et vous ne respiriez plus, je pense vraiment que vous devriez voir un médecin...

Je me redressais en massant l'arrière de ma tête dans un râle de douleur que j'essayais de masquer de mieux que je le pouvais. Il ne fallait surtout pas qu'il s'inquiète de mon état, je devais lui assurer que j'allais bien. J'irais voir mon médecin demain si besoin.

— S'il vous plaît, laissez-moi vous conduire à l'hôpital...

— Ce n'est pas nécessaire, je vais bien... Merci de votre aide, Jeon.

Après m'être enfin relevé, je m'éloignai pour récupérer mes affaires, mais un vertige me prit et me déséquilibra. Je faillis retomber mais Jungkook arriva immédiatement pour me soutenir. Moi qui voulait éviter de l'inquiéter encore plus...

— Je pense que vous avez encore besoin de moi. Pouvez-vous au moins me laisser vous ramener chez vous ? Je ne serais pas tranquille tant que je ne vous saurais pas en sécurité...

Comprenant bien que je ne me débarrasserais pas de lui tant qu'il ne serait pas rassuré, j'acquiesçai, résigné et inquiet de la suite de cette situation.

~

Après avoir passé le portillon de mon jardin, les doutes envahissaient mon esprit. Devais-je le laisser entrer ? Mais était-ce vraiment prudent de le laisser dormir dehors ? J'étais certain que je n'arriverais pas à fermer l'œil de la nuit, mais le laisser dormir chez moi était une énorme faute professionnelle et je risquais gros si cela venait à s'apprendre.

En arrivant sur le pas de ma porte, je me tournai vers lui et tendis là main.

— Merci pour tout ce que vous avez fait ce soir.

Il comprit ce que j'attendais avec un temps de retard, bredouilla des excuses et me rendit mes affaires.

— Bonne nuit, monsieur Jeon...

Lorsque je me tournai pour ouvrir la porte, mes doutes étaient toujours là. Que devais-je faire ? Écouter ma raison ? Ou ma conscience ? Ah, c'était infernal comme décision, je commettais une erreur peu importait le choix que je ferais.

— Monsieur, attendez-.. !

Lorsqu'il m'appela, la curiosité me piqua à vif. Pourtant son regard était égaré et presque vide lorsque je le croisais. C'était comme s'il m'avait retenu sans raison, n'avait-il rien à me dire ?

— Vous vouliez me dire quel-

Ma phrase fut coupée par le miaulement de mon chat, qui accouru vers nous et n'hésita pas une seule seconde pour venir se frotter contre les jambes de mon élève, me laissant presque sans voix. Minhee était un chat sauvage, il préférait fuir les inconnus et ne me snobait jamais de la sorte.

Jungkook ne sembla pas perturbé par l'arrivée de mon animal, s'accroupissant presque immédiatement pour venir le caresser. C'était presque comme s'ils se connaissaient déjà... ?

— Tiens, c'est étrange...

Il releva les yeux à l'entente de ma voix.

— Il n'aime pas trop les inconnus en temps normal..

Mon aveux sembla l'étonner et le ravir en même temps. Mon cœur s'apaisa soudain comme jamais auparavant. C'était comme si, voir mon chat accepter mon élève, m'avait libéré d'un poids. Mais quel poids ? Pourquoi étais-je soulagé ?

Ah, sûrement parce que j'avais ma réponse.

Il était certain que je me prenais trop la tête avec cette histoire, il valait mieux que je le laisse dormir ici pour la nuit, je serais plus serein et ce n'était pas comme si quelqu'un pourrait le savoir alors que personne ne nous avait vu ce soir.

Je me penchai alors pour prendre mon animal de compagnie dans mes bras, avant de poser mon regard dans celui de mon élève.

— Entrez.

Il n'hésita presque pas, comme s'il avait secrètement espéré que je l'invite. Après avoir relâché Minhee, je me déchaussai et retirai ma veste, imité par Jungkook, derrière moi.

— Je vais faire une exception pour aujourd'hui étant donné que vous m'avez aidé... Vous pouvez dormir ici, mais il sera préférable que personne ne le sache, qui sait quelle autre rumeur courrait sinon..

Je n'avais malheureusement qu'un canapé et une couverture à lui offrir, n'invitant jamais personne chez moi, je n'avais pas d'autre chambre ou d'autre lit pour l'installer. Mais c'était sûrement mieux ainsi. Il fallait que je conserve le maximum de distance que je pouvais malgré la situation. J'étais son professeur et il était mon élève.

— J'espère que ça vous conviendra.

— Oui, bien sûr, merci beaucoup de m'héberger.

Mes yeux se perdirent un instant sur la pièce, cherchant mon chat avant de répondre.

— Je reste votre professeur, même en dehors des murs de l'institut, ce serait faillir à mes responsabilités de vous laisser dormir dehors. Je serais également plus serein de vous savoir ici.

Son regard se teinta d'un sentiment étrange que je ne parvins pas à identifier, mais je ne m'en formalisai pas, préférant couper court à cet instant.

— La salle de bain est au fond du couloir à droite et vous trouverez le nécessaire dans les placards.

— D'accord...Merci beaucoup..

Je lui répondis d'un simple hochement de tête avant de me rendre à la cuisine pour nourrir mon chat, qui devait être affamé, vu l'heure à laquelle je rentrais. Cela m'arrivait de rester tard pour travailler, mais jamais à ce point, ce qu'il s'était passé ce soir, ne faisait que me conforter encore plus dans mes idées. Je ne craignais pas ce que l'on pouvait me faire, ces menaces et tentatives d'intimidations ne m'atteignaient pas. Je préférais même qu'elles soient dirigées contre moi plutôt que contre les étudiants.

— Désolé d'être rentré si tard..

J'avais entendu les pas de Jungkook approcher, il semblait attendre quelque chose, même si j'ignorai quoi. Alors, je me contentai de combler le vide.

— La veille de la rentrée, il avait disparu. Il ne s'éloigne jamais vraiment de la maison alors j'étais inquiet. Je l'ai cherché toute la nuit avant qu'il ne rentre enfin le matin.

— Comment s'appelle-t-il ?

— Minhee. C'était un chat errant qui traînait dans le quartier quand je suis arrivé. Il ne semblait appartenir à personne alors je l'ai recueilli.

Un court instant de silence plana, avant qu'il ne reprenne la parole.

— Monsieur... À propos de toutes ses histoires à l'Institut...

Je me relevai pour l'écouter finir sa phrase, intrigué par ce qu'il allait dire.

— Des gens m'ont dit que c'était Oh Yuji sur la photo... Et... Et je vous crois quand vous nous dites que cette rumeur était fausse mais... mais j'aurais voulu comprendre ... et puis ce qu'il s'est passé ce soir aussi, ce n'était pas anodin, n'est-ce pas ?

Je soupirai en avançant vers lui. Je n'aimais pas qu'il s'investisse autant dans cette histoire. J'avais d'abord cru qu'il s'agissait d'une nouvelle tentative pour essayer de me faire renvoyer mais mademoiselle Oh avait soutenu la version originale alors j'avais plus ou moins pris cet évènement pour un élément isolé.

— Il s'agissait bien de mademoiselle Oh sur la photo, mais elle a été sortie de son contexte. Votre camarade voulait simplement me parler d'un devoir, il n'y avait rien d'ambiguë et elle l'a confirmé à la direction hier. Et en ce qui concerne l'incident de ce soir, j'ai simplement glissé, ce n'était qu'un accident, rien de plus. Ne cherchez pas des problèmes là où il n'y en a pas.

— Mais-

— Monsieur Jeon. Je pense que nous avons assez dépassé le cadre professionnel pour aujourd'hui.

Je voyais bien qu'il ne croyait pas à mes histoires, mais je n'allais pas lui dire la vérité pour ce qu'il s'était passé ce soir. Il était plus sage qu'il ne sache rien et ne se mêle pas de tout cela. Je devais à tout prix le tenir à l'écart, c'était ce qu'il y avait de mieux pour lui.

— Vous devriez aller vous reposer, vous commencez tôt demain. Vous pouvez laisser votre uniforme dans la salle de bain, je ferai en sorte qu'il soit prêt quand vous vous lèverez. Je vais vous chercher des vêtements de rechange.

— D'accord, merci..

Lorsqu'il s'en alla pour rejoindre la salle de bain, je récupérai le papier que l'inconnu avait glissé dans ma poche, tout à l'heure.

"Vous feriez mieux d'arrêter de vous mêler de ce qu'il ne vous regarde pas si vous ne voulez pas le regretter."

Je retins un soupir en froissant la feuille pour la jeter à la poubelle. Ce n'était pas la première lettre de menace, et sûrement pas la dernière. Je ne m'en formalisais plus, désormais.

C'était devenu mon lot quotidien.

∼

2 octobre 2024, 14h03.

« Le fort qui asservit le faible sera toujours perdant. »

Dire que j'avais été surpris d'entendre ses mots franchir la barrière des lèvres de mon élève, serait un euphémisme. J'avais presque perdu mes moyens, troublé de le voir citer mon livre en plein cours.

La curiosité me piquait désormais ; comment était-il au courant ?

— Je peux vous parler ?

Il fallait que je me renseigne afin de savoir comment il avait découvert l'existence de ce livre. Je n'en parlais jamais, à personne. Alors s'agissait-il d'une simple coïncidence ? Cela me semblait étrange car mon ouvrage n'était pas renommé, il n'avait gagné aucun prix et figurait sur un nombre très limité de plateformes.

Je me retrouvais idiot devant mon élève, les mots ne voulants s'extraire de mes lèvres et les craintes naissant au creux de mon ventre.

Ce livre était très personnel. Il retraçait une longue partie de ma vie et de mon passé. Passé que j'avais eu beaucoup de mal à mettre derrière moi.

Il me fallu prendre toute ma contenance pour pouvoir prononcer ces simples mots.

— Vous-... La citation que vous avez donné pendant le cours...

Je laissais ma phrase en suspens, espérant qu'il n'ait pas besoin de plus pour comprendre ce que j'attendais de lui. Mais il n'en fit rien, patientant sagement que je ne formule une question complète et cohérente. C'était presque comme s'il attendait de moi cet effort.

Mais pourquoi ?

— Ce pourrait-il que vous l'ayez lu... ? demanda-t-il, finalement, sans pour autant énoncer le fait le plus important.

— Si vous parlez de votre livre, en effet, je l'ai lu.

Je tentai de masquer mon étonnement, gardant le minimum de dignité qu'il me fallait pour rester crédible devant mon étudiant.

— Je vois...

Je perdis mon regard dans la pièce, essayant de comprendre comment il l'avait découvert, mais je n'aurais cette réponse que d'une seule manière ; en lui posant directement la question.

— Comment vous avez su...?

—C'est Taehyung qui me l'a donné. Il pensait qu'il pourrait m'intéresser.

Je masquai mon étonnement. Taehyung lui avait parlé de mon livre ? Mais pourquoi ? J'aurais aimé pouvoir lui poser encore cette question, mais j'aurais franchi une limite que je m'interdisais complètement.

Je devais rester à ma place, comme lui restait à la sienne.

— Pardonnez-moi pour les questions, je ne parle jamais de ce livre alors je ne m'attendais pas à ce que l'un de mes élèves le connaisse.

Je retint un soupir en me tournant pour ranger mes affaires lorsque sa voix fendit à nouveau l'air.

— Mais vous en aviez parlé à Taehyung-si...?

Il touchait à une corde sensible. Un sujet extrêmement délicat. Mais il n'avait pas tort, c'était étrange de dire que je n'en parlais à personne alors que Taehyung le savait.

Mais je ne pouvais pas lui dire la raison pour laquelle Taehyung connaissait l'existence de mon ouvrage.

— En effet, il est le seul à qui j'en avais parlé.

Parce que lorsque je l'avais rencontré, je pensais qu'il pourrait en avoir besoin.

~

28 octobre 2024, 7h45.

Alors que j'arrivais près de la salle de classe pour le premier cours de la journée, un spectacle troublant se dessina face à moi. J'eu un immense doute l'espace d'un instant avant de m'avancer pour m'assurer que tout allait bien.

— Monsieur Kim ? Monsieur Jeon ? Que faites-vous ?

Taehyung soupira en tournant la tête pour me regarder alors que ses mains s'étaient mises en mouvement sur le corps de Jungkook. Cette proximité m'étonna, car, même si je connaissais bien les habitudes de monsieur Kim, cela ne ressemblait pas du tout au caractère du plus jeune.

— Désolé prof', mais je ne crois pas que cela vous regarde.

Le première année se tortilla, me rendant encore plus perplexe quant à la situation qui se présentait devant moi.

— Laissez-moi en douter. Monsieur Jeon n'as pas du tout l'air à l'aise.

— Ah oui ? plaisanta Taehyung en ramenant son corps vers le sien. Pourtant, nous avions une discussion très intéressante. Pas vrai, mignon ?

Mon expression se ferma malgré moi. Je n'aimais pas du tout ce qui était entrain de se passer. Je croyais connaître Taehyung, mais je m'étais peut être fourvoyé.

Le silence de mon élève m'inquiéta.

— Kim, lâchez le. Immédiatement.

Le blond ne m'obéit pas tout de suite, soufflant quelque chose à l'oreille de Jungkook. Je m'impatientais alors.

— Monsieur Kim !

Il recula enfin, libérant le brun de son étreinte forcée.

— Ça va, c'est bon !

J'esquissai un pas en avant par automatisme mais le regard que me lança Jungkook m'arrêta sur le champ. Il ne voulait pas que je m'en mêle.

— Monsieur Jeon, est-ce que tout va bien ?

Il prit un instant pour réfléchir, puis releva enfin la tête pour tenter de me rassurer.

— Tout va bien, monsieur. Nous discutions juste.

Il évitait mon regard, encore et toujours.

— Vous êtes sûr ?

Il acquiesça d'un mouvement de tête dont je me contenterai pour le moment, mais j'avais bien l'intention de dire deux mots à Taehyung.

— Vous voyez, m'sieur ?

— Tant qu'il n'y a pas de problème... Mais à l'avenir il serait plus convenable de garder une telle proximité pour un lieu plus approprié.

— Oh vous me connaissez... Vous savez à quel point je suis tactile avec les belles choses.

Je n'aimais pas le ton avec lequel il avait dit ça. Il donnait implicitement des raisons de croire que nous nous connaissions en dehors du cadre de l'école. Avait-il envie de faire courir de nouvelles rumeurs ? Était-il moins blanc que ce que j'avais cru jusqu'à présent ?

— Faites attention à vos mots, monsieur Kim.

— J'énonce de simples faits, monsieur.

Je retins un soupir devant son comportement qui me semblait des plus limites. Je devais impérativement lui parler.

Seul à seul.

—Monsieur Jeon, le cours va bientôt commencer vous devriez aller rejoindre la salle désormais... Monsieur Kim, puis-je vous parler un instant ?

Une fois Jungkook partit, j'esquissai un regard autour de nous pour vérifier que la plupart des autres élèves avaient rejoint leurs classes.

— On peut savoir ce que c'était que ça ?

Un sourire fendit ses lèvres, m'irritant au plus haut point.

— Hm... Pourquoi ? T'es jaloux ?

— Ça suffit Taehyung, nous avons déjà eu cette conversation, et ne me tutoie pas ici.

— Personne n'est là pour nous entendre, alors je ne vois pas le problème...

Il avança d'un pas pour se pencher près de mon visage, testant ma patience, testant mes limites.

— Je suis ton professeur et tu es mon élève, ce qui s'est passé avant n'a pas sa place ici, alors je te prierais d'arrêter tes allusions.

— Ça te manque pas ?

Je récupérai le peu de self contrôle qu'il me restait pour ne pas élever le ton. Je connaissais son tempérament, cela ne servirait à rien que l'on se dispute maintenant.

— Taehyung, s'il te plaît, arrête de faire ça.

Il râla en se reculant, levant les yeux au ciel comme si je l'exaspérais.

— Il te plaît ?

Je fronçai les sourcils d'incompréhension. De quoi parlait-il ?

— Jungkook, il te plaît ?

Mes yeux durent s'exorbiter, ronds comme des soucoupes, devant sa question plus qu'improbable.

— Pardon ? Tu me poses sérieusement cette question.. ? Non, attends et puis même si c'était le cas, cela ne te regarderais pas.

Il pouffa en se rapprochant de moi. Il le faisait toujours, lorsqu'il voulait que je fasse, ça.

— Pourtant je suis sûr qu'il adorerait se mettre à genoux pour toi.

Son sourire en coin m'irrita, autant que sa réflexion parce que je savais exactement ce qu'il attendait.

— Tu n'auras pas ce que tu cherches, Taehyung. J'ai été très clair avec toi l'année dernière. Il n'y aura plus rien.

— Ts, t'es vraiment pas drôle quand tu fais le prof... alors que dans un lit.. souffla-t-il tout bas, en se penchant près de mon oreille.

Il avait ce profil provocateur et joueur, autant dans la vraie vie que dans une chambre d'hôtel. Il cherchait à raviver quelque chose que nous avions enterré depuis longtemps et il n'obtiendrait pas de moi ce qu'il voulait.

— Arrête de faire ça. Je ne vais pas craquer pour ton petit numéro, de plus tu n'as jamais été le profil que je préférais, tu le sais très bien.

Il esquissa un sourire avant de souffler dans le creux de ma nuque. Mais cela ne me fit ni chaud, ni froid.

— Je t'ai connu plus autoritaire.... bouda-t-il en se reculant pour que nos regards se croisent à nouveau.

— Je l'étais seulement parce que c'était ce que tu voulais, rien de plus.

Son regard me sonda un instant avant qu'il ne hausse les épaules dans un profond soupir.

— Alors c'est mort de chez mort ?

— Oui, Taehyung.

Il pesta dans sa barbe en boudant comme un enfant. Ces nombreuses facettes m'impressionnaient toujours autant. Il avait cette bipolarité que je ne comprenais pas toujours.

— Je ne comprends pas pourquoi tu es déçu alors que tu peux avoir qui tu veux.. soupirais-je en croisant mes bras contre mon torse.

— Je suis un homme d'exigence, et tu savais ce dont j'avais besoin, quand j'en avais besoin, avant même que je ne le sache moi même. Personne n'est comme toi, Jimin.

Tout le sérieux de son propos me toucha. C'était un garçon sensible et j'avais adoré m'occuper de lui, quelques années plutôt, mais ce n'était plus possible aujourd'hui. Il fallait qu'il avance malgré ça. Je n'aurais pas pu être là jusqu'à la fin de sa vie, de toute manière.

Je soupirai en tentant un faible sourire.

— Tu trouveras quelqu'un de bien, il suffit juste que tu t'ouvres aux autres. Et arrête de me tutoyer...

Il fit la moue en haussant les épaules. Je tentai de sortir de mon esprit son idée que je puisse être attiré par mon élève en repensant à ce dont je voulais lui parler depuis un moment.

— D'ailleurs, pourquoi as-tu parlé de mon livre à Jungkook ?

— Parce que je savais que tu l'intriguais, et je n'avais pas tort. Tu l'intrigues beaucoup... Il s'inquiète même pour toi, si c'est pas trop mignon !

— De quoi est-ce que tu-

La sonnerie annonçant le début des cours retentit soudain, me rappelant qu'il était l'heure d'aller retrouver mes élèves. Et avant que je ne puisse avoir les réponses à mes questions, Taehyung était parti en me faisant signe de la main, un grand sourire aux lèvres.

~

14 novembre 2024, 18h21.

— MONSIEUR, ATTENTION !! cria soudainement la voix de Jungkook, lointainement derrière moi.

En me retournant, je vis une silhouette sombre, toute vêtue de noir qui tenait une batte en main. Sûrement interpellé par l'arrivée de mon étudiant, l'inconnu prit la fuite, me doublant avant de disparaître dans la nuit.

Jungkook arriva quelques secondes plus tard, tandis que j'étais encore perturbé par ce qu'il venait de se passer, ou bien par ce qui avait failli se passer.

— Vous allez bien ??

Je pris un instant pour reprendre mes esprits, inspira puis lui répondis faiblement.

— Oui.. Je vais bien..

— Vous avez pu voir son visage ? Il faut aller voir la police, cette fois-ci je ne fermerais pas les yeux.

Je paniquai. C'était tout ce qu'il ne fallait pas faire. J'avais peur de qui empathirait encore à cause de moi, à cause de mes erreurs, à cause de mon impuissance. Je ne pouvais pas mêler encore plus de gens innocents dans toutes ses histoires.

— Non, ne faites pas ça.

— Sauf que je ne vous demande pas votre avis. Cette fois vous ne pouvez pas prétendre qu'il s'agissait d'un simple accident, j'ai tout vu. s'obstina-t-il, déterminé.

— Monsieur Jeon, arrêtez ça. Rangez votre portable.

Je tentai de lui reprendre son téléphone pour l'arrêter mais il évita ma main de justesse.

— Pourquoi est-ce que vous refusez d'appeler de l'aide ?! Je ne comprends pas !

Je réfléchissais à toute vitesse à ce que je pouvais faire pour le convaincre de ne pas plus s'en mêler. Était-ce qu'avait voulu me dire Taehyung la dernière fois ? Depuis combien de temps Jungkook était-il impliqué dans cette histoire ? Le coup de la convocation chez le directeur faisait également partie de leur plan ?

Rah, je perdais patience. J'étais frustré de ne pas avancer dans mon enquête et inquiet de ce qui pourrait arriver à mon élève à cause de moi. J'allais imploser.

— Parce que sinon un innocent se fera accuser à la place du véritable coupable !!

Un silence flotta quelques instants.

— Quoi..? Qu'est-ce que vous voulez dire par là...?

Mon visage se crispa alors que je tentais de rassembler mes esprits. Je devais rester rationnel, ne pas perdais le contrôle.

Je me battais sans cesse pour le garder.

— Je ne sais pas ce que vous faites ici à cette heure-là, mais vous devriez rentrer. Oubliez ce qu'il s'est passé ce soir, je vous assure que c'est le mieux pour vous.

— Non. Cette fois je refuse. Si vous ne voulez rien faire, alors je préviendrais la police moi même.

Son obstination m'acheva. Je n'arriverais pas à le convaincre de ne pas s'en mêler une seconde fois, il avait vu ce qu'il s'était passé. S'il avait déjà des doutes jusqu'à présent, ce qu'il venait de se passer ne faisait que lui confirmer ses craintes. Je serais plus rassuré de l'avoir sous mon contrôle plutôt que de le laisser seul dans la nature.

Je devais rendre les armes pour mieux me relever.

— Très bien. Vous avez gagné, raccrochez et suivez moi.

Je le ramenai alors chez moi, dans l'optique de tout lui révéler. Il me suivit sans poser de questions, sûrement soulagé que je décide d'enfin me confier.

Et lorsque nous fûmes enfin en lieu sûr, j'avouai mes mensonges et lui révélais la vérité qu'il avait tant voulu avoir depuis des semaines. Je lui expliquai mes doutes, mes craintes, et lui parlais des fantômes après lesquels je courais depuis presque deux ans maintenant.

Il m'avoua également ses torts, que je pouvais comprendre. C'était en partie de ma faute s'il en était arrivé là, je devais l'assumer, c'était mon rôle.

Un certain soulagement naquit en moi. Je ne m'étais jamais confié sur toutes ses histoires à l'Institut, du moins jamais entièrement parce que je ne savais pas à qui faire confiance et je n'avais pas de véritable preuve à proprement parler. Tout ce que j'avais, c'était mes doutes et mon intuition.

Je faisais peut être une erreur en mêlant Jungkook à tout ça, mais j'étais certain qu'il serait plus en sécurité à mes côtés que seul face aux harceleurs.

— Laissez-moi vous épauler dans votre enquête. Je pourrais essayer d'interroger Yuji quand elle reviendra, si vous pensez qu'elle peut être une victime de ces personnes, je pourrais être la bonne personne pour la faire parler, elle a confiance en moi.

Sa demande me toucha, il voulait bien faire, j'en avais conscience. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter. Et s'il lui arrivait la même chose qu'à moi ? Qu'on s'en prenne à lui de la même manière ? Je ne me le pardonnerais jamais. C'était mon élève et mon rôle était de le protéger.

Mais je ne pouvais plus le tenir à l'écart, alors peut-être qu'avoir un allié m'aiderait dans ma quête ? Peut être que j'avais échoué jusqu'à maintenant parce que j'avais essayé de tout résoudre seul ?

Peut-être bien.

— D'accord, alors faisons équipe pour mettre en lumière ce qu'il se passe dans l'ombre de l'Institut Viktor Andris. répondis-je en lui tendant une main, comme pour sceller notre union.

Il sembla surpris quelques secondes, puis releva enfin le bras pour serrer ma main de la sienne.

Nos regards s'étaient naturellement accrochés, mais comme à son habitude, il me fuit, détournant les yeux quelque part sur sa gauche. Je ne comprenais pas, tantôt il ne me lâchait plus et tantôt je devenais un rayon lumineux trop puissant pour être regardé.

Mes yeux étaient rivés sur son profil, alors qu'une seule phrase mourrait au bout de mes lèvres :

Tes yeux me cherchent sans cesse mais finissent toujours par me fuir.

De quoi as-tu si peur ?

C'était ce que j'aurais eu envie de lui dire, si je ne craignais pas la réponse qui en aurait découlé.

∼

Hello, mes amours ! 🤎

Voilà donc la deuxième partie de l'interlude hehe ! On en apprend un peu plus, j'espère que vous avez aimé la scène avec Taehyung parce que moi je l'adore ! Elle révèle pas mal d'informations sur la relation Vmin en plus de dévoiler un peu plus le personnage de Taehyung ! Nous arrivons touuuut doucement à la fin du tome, il devrait rester environ 5 chapitres (normalement) qui vont me permettre d'introduire la suite de l'histoire qui sera beaucoup plus intense que le premier tome, j'espère vraiment que ça vous plaira !! 

J'espère que ce chapitre vous à plu, comme d'habitude n'hésitez pas à me laisser vos avis, ça fait toujours plaisir ! 🫶🏼

Je vous dis à la semaine prochaine,

Tendrement, Lunie. 🖋️